Chékib Arslan

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Chekib Arslan (18691946) (شكيب ارسلان) est un prince (émir) druze originaire du Liban surnommé « prince de l'éloquence » pour sa maîtrise de la langue arabe. C'était un historien, un politicien, un poète et un écrivain influent. Ce célèbre nationaliste arabo-islamique est à l'origine du journal « La Nation Arabe » qui influença beaucoup de chefs nationalistes arabes, en particulier les indépendantistes maghrébins.

Issu de l'école réformiste de Al Afghani et de Mohammed Abdou (dont il a suivi les cours), il était tout d'abord un fervent supporter de l'ottomanisme et du panislamisme; c'est pour cela qu'il s'opposa à la révolte arabe de 1916. Pour lui, la division de l'Empire ottoman marquerait du même coup la division de l'Oumma (communauté musulmane) au profit des puissances européennes. Il pensait qu'une réforme de l'Islam mènerait à une renaissance de l'Empire Ottoman.

Il dut s'exiler à Genève en Suisse, après l'invasion du Levant par l'armée française. Il passa les années d'entre-deux-guerres comme rédacteur de plusieurs journaux et influença particulièrement les indépendantistes maghrébins. Il prit également la présidence de l'académie arabe de Damas. Il était par ailleurs le représentant officieux de la Palestine et de la Syrie au sein de la Société des nations. Il était à la tête de la délégation permanente à Genève du Comité syro-palestinien, fondé au Caire en 1921.

C'était un compagnon du célèbre cheikh panarabe, Rachid Rida, dont il a écrit une biographie. Il possédait également un journal « La Nation Arabe » distribué du Maroc à Java, ou il exprimait sa conviction de la prochaine renaissance de la nation arabe. Il est à l'origine du « Pacte Arabe » voté au Congrès de Jérusalem en 1931. Ce pacte inspira très largement les nationalistes maghrébins. Dans les années 1930, il publie un livre, « Pourquoi les Musulmans ont-ils pris du retard et pourquoi les autres ont-ils pris de l’avance ? » Il y plaide pour l'adoption des sciences occidentales, tout en condamnant l'occidentalisation des mœurs. Car pour lui, « aucune société au monde n’a encore connu une démocratie aussi réelle que celle qui exista sous les quatre premiers khalifes de l’Islam. »

Arslan au Maghreb

La plupart des chefs nationalistes maghrébins ont été influencés par Arslan; il entra très tôt en relation avec le cheikh tunisien Salah Chérif, et un notable marocain, El-Hadj Abdelssalam Bennouna; il prit comme collaborateur aux travaux de l'Association des peuples d'Orient, fondée par lui à Berlin, le Tunisien Mohammed Bach Hamba, le frère d'Ali Bach Hamba, l'un des fondateurs en 1907 du mouvement Jeune Tunisien.

En Tunisie, il établit des relations intimes avec les chefs du mouvement destourien, dont Bourguiba. En Algérie, il influença surtout Messali Hadj, leader de l'étoile nord-africaine qui le fréquenta assidument lors de son exil à Genève. Arslan contribua à éloigner Messali Hadj du parti communiste, et à le dresser contre le projet Blum-Viollette. Il rapprocha l'étoile nord-africaine des Oulémas réformistes.

Au Maroc, Chékib Arslan est à l'origine de la campagne lancée contre le dahir berbère, par la voix de son journal « La Nation Arabe ». Il devint un membre important de l'Action marocaine et prit en 1932, pour secrétaire du mouvement, Mohamed Hassan El Ouazzani.

Il contribua à l'essor du panarabisme dans les pays du Maghreb, convainquant les Maghrébins de leur appartenance à la communauté arabo-musulmane. Il est,

« L’artisan de la transformation du panislamisme maghrébin en un nationalisme arabe à tendance islamique.[1] »

L'enseignement de la langue arabe est ainsi hautement revendiqué par les indépendantistes. Le panarabisme trouva un large crédit de la Libye au Maroc.[2] Dans son livre, Histoire du nationalisme algérien, Mahfoud Kaddache explique

« Cette approche du nationalisme arabe, sa prudente réserve à l'égard du communisme sont importantes, à notre avis, si l 'on veut saisir la complexe évolution du nationalisme algérien qui puisait sa source idéologique dans les deux courants, prolétaire et spirituel. Les travailleurs émigrés formés au dur combat de la réalité ouvrière, restaient sensibles au message qui venait de ce qui représentait leur passé et leur attachement à la civilisation arabo-islamique. Ce qui évoquait Damas, Bagdad et le Caire restait pour eux sacré. On le verra plus concrètement lorsque Chekib Arslan, guide du nationalisme arabe, accueillera à Genève Messali et prendra fait et cause pour l'Étoile Nord Africaine...[3] »

Références

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