- Château de Pisy
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Château de Pisy Période ou style Médiéval Type Château fort Architecte Inconnu Début construction 1235 Fin construction XVIe siècle Propriétaire initial Guy d'Arcy Destination initiale Ouvrage militaire, seigneurie. Destination actuelle Propriété privée Protection Monument historique (1944)[1] Coordonnées Pays France Région Bourgogne Département Yonne Commune française Pisy modifier Le château de Pisy est situé à Pisy dans l'Yonne, en Bourgogne.
Pour l'historien Victor Petit : « Le château de Pizy est, après la forteresse féodale de Semur, l'édifice le plus important qui soit resté dans nos contrées »[2]. Il représente pour lui « un ensemble architectural militaire remarquable ».
Sommaire
Histoire
Origines : famille d'Arcy
En 1189 apparaît dans une charte le nom de Jean d'Arcy, sire de Pisy.
En 1235, Guy d'Arcy obtient de son suzerain Anséric de Montréal l'autorisation de bâtir une maison-forte à Pisy[3]. Ses successeurs sont Jean II et Jean III d'Arcy, fils et petit-fils de Guy y résident dans la seconde moitié du XIIIe siècle. A la fin du siècle, la liste des seigneurs devient confuse. Sont cités Milon, Guillaume, Jeanne et Reine d'Arcy.
La fortification : familles de Grancey et de Montot
Guillaume de Grancey, lieutenant du duc de Bourgogne à Dijon[4], devient seigneur de Pisy à cause de sa femme Jeanne d'Arcy [5].
La seigneurie échoit en 1370 à Guy de Grancey, gouverneur de Bourgogne [6].
En 1373, celui-ci obtient des subsides de Marguerite de Flandre, duchesse de Bourgogne, pour faire restaurer la maison-forte [7].
En 1410, le domaine appartenait à Milon de Grancey, (évêque d'Autun de 1401 à 1414[5]. Le 12 novembre 1412, celui-ci en fit la donation, avec sa seigneurie et toutes ses dépendances en faveur de Pierre de Montot, seigneur de Saint-Phal (Champagne) [7]. Les ducs de Bourgogne lui confièrent plusieurs missions importante pendant la querelles des Amagnacs et Bourguignons[8].
La reconstruction : familles de Surienne et de Ragny
En 1450, François de Surienne, dit L'Aragonais ou Polyorcète (« preneur de villes »), chambellan du duc de Bourgogne, en fait l'acquisition de Louis de Chalon, seigneur d'Arquel [9]. Sa fille Jeanne de Surienne épouse Claude de Ragny.
C'est à Eudes de Ragny que l'on doit la reconstruction du château en 1480[10]. Il obtint alors de Louis XI la tenue de quatre foires annuelles à Pisy (1482) ; le fief de Pisy relevait alors du « donjon de Semur », c'est-à-dire directement du roi de France, et ce depuis 1477, date du retour à la Couronne de l'apanage bourguignon[11].
Le château-fort puis la ferme : familles diverses
Au cours des guerres de religion, les combats font rage dans la région. En 1590, les ligueurs parviennent à s'emparer de Pisy, d'où ils ravagent et pillent la région. Mais François de la Magdelaine, marquis de Ragny, le reprend quelques mois plus tard. De cet épisode datent les traces d'incendie sur la porte du château[12] (il faut toutefois être très prudent sur cette anecdote, en effet, la porte est neuve dans le "Procès verbal de visite de l'état actuel du château de Pisy... le 6 aout 1802"[13] et dans celui de 1781, il y a un pont-levis!).
Au XVIe siècle, la seigneurie appartenait à la famille Aux-Épaules, d'origine normande. En 1580, elle était pour moitié dans les mains de François Aux-Épaules, seigneur de Sainte-Marie-du-Mont, à cause de sa femme Gabrielle de Laval, dame de Pisy, marquise de Nesles, dont il prit le nom et les armes, brisées d'une fleur de lys en cœur[14]. L'une de ses filles, Claudine, hérita de Pisy, le transmit dans la famille des Brulart de Genlis par son mariage avec Gilles Brulart, seigneur de Genlis.
René Brulart de Genlis (+1696), marquis de Genlis, ne réside pas non plus à Pisy, dont il possède la moitié, puis les trois-quarts. Il racheta la quatrième part du fief en 1646 à son cousin René de Laval. Il semble pourtant, d'après certains documents d'époque, que les de La Magdelaine Ragny sont toujours (ou de nouveau) seigneurs de Pisy dans la première moitié du XVIIe siècle.
C'est son fils Florimond Brulart,chevalier, comte de Thenelle et autres lieux, qui hérite de Pisy[15] (avec sa soeur Anne-Geneviève). Il semble y résider (pas forcément dans le château), au moins épisodiquement. Il y décède le 9 mars 1723 et est inhumé le 10 dans le caveau réservé au seigneur de Pisy de l'église St-Germain[16]. Sa sépulture sera pillée et ses restes dispersés à la Révolution de 1789.
Sa cousine Marie-Anne-Claude Brulart (+ 1750), fille de Claude Brulart (+1673), récupère Pisy, après pas mal de péripéties, en 1739. C'est à ce moment que ce fief entre dans la famille d'Harcourt, en effet elle avait épousé en 1687 Henri d'Aveourt, duc d'Harcourt, marquis de Beuvron[17].
En 1779, leur fils, Anne Pierre d'Harcourt, pair de France et chevalier de l'ordre du Saint-Esprit, vend le domaine à Antoine-Louis-Marie Destiennot de Vassy, sa famille s'en sépare en 1794[18] pour un groupe de spéculateurs qui le revendent à Jacques-Emmanuel Laugier[19] en 1795, ce dernier gardera le château (avec celui de Vassy) jusqu'à son décès en 1820.
Transformé en bâtiment agricole depuis au moins le début du XVIIIe siècle, cette utilisation pour des raisons économiques, même si elle peut choquer aujourd'hui (2010), l'a sauvé d'une destruction certaine. Son état exceptionnel de conservation, tout en étant délabré, est dû au manque d'intérêt de ses différents seigneurs et propriétaires à le faire évoluer en habitation digne de ce nom.
Il est à noter que ce lieu n'a jamais été une ferme fortifiée, mais un château-fort transformé en ferme.
Histoire des XX et XXIe siècles
Après Laugier, le château a continué à être loué en exploitation agricole (on peut voir sur certaines cartes postales un hangar agricole dans l'avant-cour) jusque dans les années 1980 où il a été vendu à un artiste peintre de renom pour y installer son atelier. Il l'a revendu au début des années 2000 à la comtesse Liliane de Marenches, descendante des Harcourt, qui après divers projets, avait opté pour un complexe hôtelier de standing dont l'étude avait été confiée au cabinet de Jean-Michel Wilmotte[20]. En 2010, tout reste figé…, entre deux décors de film…
Architecture
La maison-forte est composée de trois grands bâtiments en U qui donnent sur la cour intérieure et son puits, fermée sur le quatrième côté par une longue muraille crénelée[21], et à laquelle on accède par une avant-cour. Un fossé, peu profond, jadis rempli d'eau renforçait les défenses sur deux côtés.
Ces diverses constructions, souvent remaniées, constituaient une vaste demeure féodale qui permettait de mettre en sécurité hommes et troupeaux, lorsque les villages alentours étaient menacés de pillage.
Le corps de logis possède deux étages, desservis par les escaliers à vis situés dans des tourelles. La plus ancienne (XIIIe siècle) est rectangulaire, tandis que l'autre est hexagonale et percée de fenêtres à meneaux. Les salles du rez-de-chaussée pouvaient accueillir la garnison du château, tandis que le premier étage était réservé au seigneur, à sa famille et à sa suite. Dans la chambre rouge figurent les armoiries d'Eudes de Ragny, peintes sur une cheminée. Le troisième étage, avec un chemin de ronde ménagé dans l'épaisseur du mur, abritait de vastes greniers.
Perpendiculaire à ce bâtiment, l'aile nord, traversée par la porte d'entrée, abrite une chapelle, aujourd'hui (2010) débarrassée des planchers et cloisons qui la divisaient. On trouve sa trace dès 1537.
Face au corps de logis, s'élève une succession de constructions : écuries, étables, bergeries, granges. Un pigeonnier carré surmonte la courtine qui ferme la cour.
Une tour ronde placée à l'angle du sud-ouest (voir plan) fut démolie au XIXe siècle. Une tourelle carrée qui surmontait les communs a également disparu (? pas de trace de cette tourelle carrée dans les descriptions de la deuxième moitié du XVIIIe siècle, par contre dans la basse-cour un colombier carré[22] !).
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Plan de Victor Petit
Voir aussi
Articles connexes
- commune de Pisy
Bibliographie
AVERTISSEMENT : le texte « historique », rédigé ci-avant (jusqu'à Florimond Brulart), est basé sur les écrits des érudits des XVIIIe et surtout XIXe siècles. Des recherches récentes, pour la période où il appartenait aux mêmes propriétaires que le château de Vassy-sous-Pisy (1779-1821), font mentir les historiens du passé...et les historiens du XXe siècle ont malheureusement recopiés sans chercher...
- Ernest Petit, « Recherches sur Pisy et ses seigneurs », Bulletin de la Société des sciences historiques et naturelles de l'Yonne, vol. 13, Société des sciences historiques et naturelles de l'Yonne, p. 458-484., 1859 (réimpr. Perriquet et Rouillé, éditeurs, Auxerre, 1859)
- Victor Petit, Description des villes et campagnes du département de l'Yonne, 1870 (réimpr. librairie Voillot, Avallon, 2001)
- Le Guide des châteaux de France : YONNE, Hermé (ISBN 2-86665-028-X)
- Breuillard (abbé), Mémoires historiques sur une partie de la Bourgogne, Chez Mademoiselle Chamerot Libraire, Avallon, 1857 (réimpr. Res Universis, 1993, sous le titre "Guillon et ses environs")
- Ph. Henrion, Autopsie d'une recherche, Arlimont n°21 juin-2005 et n°22 décembre-2005
Notes et références
- Notice no PA00113782, sur la base Mérimée, ministère de la Culture, consulté le 1er août 2009
- Victor Petit, Description des villes et campagnes du département de l'Yonne, 1870 (réimpr. librairie Voillot, Avallon, 2001)
- Ernest Petit, « Recherches sur Pisy et ses seigneurs », Bulletin de la Société des sciences historiques et naturelles de l'Yonne, vol. 13, Société des sciences historiques et naturelles de l'Yonne, p. 460, 466, et n. 1.
- Henri Beaune, Jules d'Arbaumont, La noblesse aux états de Bourgogne de 1350 à 1789, p. 202.
- Ernest Petit, « Recherches sur Pisy et ses seigneurs », Bulletin de la Société des sciences historiques et naturelles de l'Yonne, vol. 13, Société des sciences historiques et naturelles de l'Yonne, p. 468.
- Abbé Breuillard, Mémoires hist. sur une partie de la Bourgogne.
- Ernest Petit, « Recherches sur Pisy et ses seigneurs », Bulletin de la Société des sciences historiques et naturelles de l'Yonne, vol. 13, Société des sciences historiques et naturelles de l'Yonne, p. 461.
- Dom Urbain Plancher, Histoire générale et particulière de Bourgogne, t. IV, p. 163-164.
- Ernest Petit, « Recherches sur Pisy et ses seigneurs », Bulletin de la Société des sciences historiques et naturelles de l'Yonne, vol. 13, Société des sciences historiques et naturelles de l'Yonne, p. 469.
- Ernest Petit, « Recherches sur Pisy et ses seigneurs », Bulletin de la Société des sciences historiques et naturelles de l'Yonne, vol. 13, Société des sciences historiques et naturelles de l'Yonne, p. 461 et 472.
- Ibidem.
- Constat fait par Ernest Petit vers 1850.
- Vassy-sous-Pisy (89). Dossier "Laugier Jacques-Emmanuel, château de Pisy 1794-1821", aux archives du château de
- La Chesnaye-Desbois, Dictionnaire de la noblesse, vol. 2, col. 94.
- Vassy-sous-Pisy. A partir de Florimond "Archives du château de
- Registres Paroissiaux de Pisy à la date.
- La Chesnaye-Desbois, Dictionnaire de la noblesse, vol. 4, col. 94.
- Biens nationaux ». Voir, ci-dessus, en bibliographie Ph. Henrion...dans Arlimont. Contrairement à ce que prétend Ernest Petit, les Destiennot n'ont pas émigré en 1792 et le château de Pisy (comme celui de Vassy) n'a pas été vendu comme «
- Vassy-sous-Pisy rubrique : personnalités liées à la commune. Voir une mini bio. sur ce personnage à la page
- Article de M. L., dans l'Yonne Républicaine du jeudi 30 octobre 2003.
- XIXe siècle (tradition orale, confirmée par le manque de hauteur du mur et par leur appareillage sur place) Ces créneaux datent de la moitié du
- Dossiers "Antoine-Louis-Marie Destiennot, Pisy 1779-1783" et "Les enfants Destiennot, Pisy 1783-1794" aux archives du château de Vassy-sous-Pisy (89).
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