Château d'Azay-le-Rideau

Château d'Azay-le-Rideau
Château d'Azay-le-Rideau
Image illustrative de l'article Château d'Azay-le-Rideau
Période ou style Renaissance française (à inspiration italianisante)
Type Château
Début construction 1518
Fin construction 1523
Protection  Classé MH (1905)
Coordonnées 47° 15′ 33″ N 0° 27′ 58″ E / 47.2592, 0.466147° 15′ 33″ Nord
       0° 27′ 58″ Est
/ 47.2592, 0.4661
  [1]
Pays Drapeau de France France
Anciennes provinces de France Touraine
Région Centre
Département Indre-et-Loire
Commune française Azay-le-Rideau

Géolocalisation sur la carte : France

(Voir situation sur carte : France)
Château d'Azay-le-Rideau

Le château d'Azay-le-Rideau est un monument classé appartenant à l'État et situé dans la commune du même nom, en Indre-et-Loire, en France.

On peut y accéder par la ligne TER Tours - Chinon qui marque systématiquement l'arrêt dans la commune.

Le château fait l'objet d'un classement au titre des monuments historiques depuis le 11 août 1905[2].

Sommaire

Histoire

Création du château

Le premier château médiéval d'Azay fut construit aux alentours de 1119 par l'un des premiers seigneurs du lieu, Ridel (ou Rideau) d'Azay, chevalier de Philippe Auguste, qui édifia une forteresse défensive censée protéger la route entre Tours et Chinon.

Il fut brûlé par Charles VII en 1418 lorsque le roi, de séjour à Azay sur la route de Chinon, est provoqué par les troupes bourguignonnes qui occupent la place forte.

Le capitaine et 350 soldats sont exécutés, et le village gardera d'ailleurs jusqu'au XVIIIe siècle le nom d'Azay-le-Brûlé, encore porté par une commune des Deux-Sèvres.

Cour intérieure du château.

Le domaine est acquis à la fin du XVe siècle par Martin Berthelot, maître de la Chambre aux Deniers du roi, qui le cède à son fils Gilles.

Le château actuel fut bâti entre 1518 et 1523 par le maire de Tours et trésorier du roi François Ier, Gilles Berthelot et par sa femme, Philippa Lesbahy; il s'agit d'un des chefs-d'œuvre de la première Renaissance française. Les fondations à base de pilotis et de pierres de Saint-Aignan sont réalisées sous la direction de Denis Guillourd. Philippa Lesbahy aidée par l'abbé Guillaume Artault, dirige l'essentiel des travaux en l'absence de son mari[3].

Lorsqu'en 1527, le cousin de Gilles Berthelot, Jacques de Beaune-Semblançay, est exécuté, le couple décide de vider les lieux et de se rendre à Metz. Gilles Berthelot décèdera en 1529 à Cambrai.

En juin 1523, le roi confisque le château inachevé. Bien que Philippa Lesbahy insiste pour garder son château, elle le perdra définitivement en 1535 lorsque le roi l'offre à l'un de ses compagnons d'armes, Antoine Raffin, capitaine des gardes, qui l'a accompagné à Pavie. Le château encore inachevé ne reçoit de son nouveau propriétaire que quelques aménagements et l'idée de fermer le château en quadrilatère est abandonnée. L'édifice conservera désormais une forme en L[3].

Le château ne sera en réalité occupé qu'à partir de 1547.

La petite-fille d'Antoine Raffin, Antoinette, ancienne dame d'honneur de Marguerite de Valois, s'y installe en 1583 et entreprend d'actualiser les décors de l'édifice avec l'aide de son époux, Guy de Saint-Gelais.

Son fils Arthus en hérite avec sa femme Françoise de Souvré, qui sera la gouvernante du futur Louis XIV. Louis XIII sera reçu par la suite au château le 27 juin 1619 et après lui, Louis XIV.

Les Raffin puis leurs alliés en 1751, les Vassé, en seront propriétaires jusqu'en 1787 où le château est vendu à Charles de Biencourt, un maréchal de camp.

Les Biencourt au XIXe siècle

Vue du château et des douves.

En 1791, le château « abandonné et très dégradé » est vendu pour 300 000 livres par Henry de Courtemanche au marquis Charles de Biencourt (1747 - 1824), page des écuries de la reine en 1761, maréchal des camps et armées royales, député de la noblesse aux États Généraux de 1789, puis de la Constituante, dont les descendants le conserveront un siècle. Celui-ci lui donne son aspect actuel en procédant à de profonds changements intérieurs et extérieurs. Époux en 1770 de Marie-Jeanne Chauvelin de Beauséjour, le marquis avait un hôtel rue de Richelieu à Paris. En 1824 il fit ajouter au rez-de-chaussée Sud du château un « pavillon chinois » (détruit vers 1860 ?) et vers 1825 ou 1826, aménager la bibliothèque qui, comme le salon situé à l'opposé, fut décorée de lambris bas en bois mouluré surmontés d'une toile peinte à grands motifs végétaux (conservée).

Quelques œuvres de la collection du marquis :

  • un tableau de Salomon van Ruysdael, Vue de fleuve avec la ville de Weep (vers 1650), ayant fait partie au XVIIIe siècle de la collection, a figuré à la XXVème Biennale des Antiquaires de Paris en septembre 2010[4] ;
  • Louis XIV franchissant le Rhin, de Adam François van der Meulen et une paire de tableaux, Louis XIV à la bataille de Bruxelles (?), et La défaite du comte Marsin près le canal de Bruges, atelier de Martin dit des batailles, les trois toiles portant une étiquette gravée aux nom et armes du marquis et restés dans sa descendance dans la région, ont passé en vente aux enchères publiques à Cheverny les 6, 7 et 8 juin 2009[5].

Son fils Armand-François-Marie (1773 - 1854), garde de Louis XVI qui participa à la défense des Tuileries le 10 août 1792, et qui, du fait de son mariage en 1800 avec Antoinette-Marie d'Apchon, put constituer un des premiers patrimoines fonciers de France, fut maire de la commune d'Azay de 1825 à 1830; il entreprit la première grande restauration du château : rétablissement des voûtes et des lucarnes, restitution des médaillons et insignes royaux de l'escalier - bûchés sous la Révolution ? - construction d'une nouvelle tour de style Renaissance « remplaçant le vieux donjon », par l'architecte Dusillon. Il fait aussi élargir le terre-plein dominant la rivière au Sud, créant ainsi une grande terrasse desservie depuis le salon par un perron, qui furent supprimés lors de la restauration du XXe siècle. Dès 1840, le château est inscrit sur la liste des Monuments Historiques, mais en 1845, les derniers vestiges médiévaux sont démolis pour laisser place à deux nouvelles tours d'angle sur cour.

En 1870, il sert de logement au prince Frédéric Charles de Prusse, neveu du roi de Prusse, qui occupera aussi pendant six semaines avec ses soldats le village de Saint-Patrice (Indre-et-Loire) et le château de Rochecotte.

Au XXe siècle

G. Touchard-Lafosse rapporte que : « M. le marquis de Biencourt entretient avec beaucoup de soin son château (...) on y visite surtout avec intérêt une collection de portraits historiques attribuée aux meilleurs maîtres » [6].

Cette série unique de 300 effigies, selon un inventaire réalisé au décès du marquis (1802 - 1862), constituée en partie grâce à la fortune de son épouse depuis 1824, Anne-Elie-Marie de Montmorency (+ 1882), fait alors du château l'un des plus beaux musées de France de l'époque, ouvert aux visiteurs.

En 1898, des revers de fortune causés entre autres par le krach boursier de l'Union Générale (1882) l'empêchant d'assurer l'entretien du domaine, Charles-Marie-Christian (1826-1914), 4ème du nom et propriétaire depuis 1862, veuf jeune et sans héritiers directs, est contraint de vendre le château, son mobilier et 540 hectares de terres. le domaine est acquis pour 517 000 francs par l'homme d'affaires Achille Arteau, ancien avocat de Tours, qui veut démembrer l'ensemble avec profit.

Le mobilier, œuvres et objets d'art sont alors dispersés en plusieurs ventes où certaines pièces de la collection de portraits purent être achetés par la famille, ce qui permit à la vicomtesse de Montaigne de Poncins, arrière-petite-fille du marquis, d'offrir en 1939 au musée Condé de Chantilly 52 portraits dessinés par les Clouet, Corneille de Lyon, Holbein, Memling, Pourbus, Cranach, Rubens, Stella, don qui devint effectif le 8 septembre 1946 (Henri Malo, Une journée à Chantilly, Braun, 1946, pp.14 et 15).

Le château resta vide jusqu'à son achat par l'État le 11 août 1905 pour 250 000 francs grâce à un legs de l'industriel Léon Dru, et fut aussitôt classé Monument Historique, depuis 1907, il fait l'objet de profondes restaurations. Il est aujourd'hui géré par le Centre des Monuments nationaux[7].

Extérieur

Vue du château d'Azay-le-Rideau par le côté de la cour intérieure

Décrit par Balzac qui vint y déjeuner une fois, comme « un diamant taillé à facettes serti par l’Indre », Azay-le-Rideau est l'un des châteaux les plus célèbres de la Loire.

Relativement petit, le corps de logis s'articule en un corps principal et une aile en équerre, quadrillés de bandeaux horizontaux, entourés par l'Indre et par un parc boisé. Chaque angle est pourvu d'une tourelle. Le centre du bâtiment est désigné par l'entrée monumentale, ainsi que par l'escalier d'honneur à rampes droites qui dérègle le rythme des fenêtres : il dispose en effet de trois étages de baies jumelées formant des loggias et un fronton ouvragé, décalés par rapport au réseau des fenêtres du reste de l'édifice. Cet élément à grande valeur décorative est composé de plusieurs ornements à la mode italienne : colonnes, pilastres, coquilles, médaillons, etc.

La salamandre de François Ier et sa devise : « Nutrisco et extinguo »

La porte d'entrée, semblable aux arcs de triomphes romains est orné des initiales de Gilles Berthelot et de sa femme, tandis que la partie inférieure des baies est décorées de la salamandre et de l'hermine, en référence au roi François Ier et à son épouse Claude.

Le plafond de l'escalier, quant à lui, est sculpté de portraits antiques et des profils se faisant face des rois et reines de France de Louis XI à Henri IV. Les clé d'arc présentent des sculptures très travaillées.

Mais cette inspiration italianisante alterne avec des références féodales devenues éléments de décor. Ainsi, on observe la trace d'un chemin de ronde sur les murs extérieurs ou encore des mâchicoulis sur les toits. Tout cela mêlé à de hautes toitures, ornées de poivrières effilées et de longues lucarnes.

Intérieur

Une chambre au premier étage du château. Au-dessus de la cheminée, un portrait du marquis de Beringhen, par Mignard.

L'intérieur reste celui d'un château de la Renaissance italienne, avec ses décors sculpturaux riches, où restent des traces de la Renaissance flamande avec les tapisseries du XVIe siècle et XVIIe siècle exposées dans plusieurs pièces du château.

On note des « verdures » d'Anvers et Tournai, des scènes de 'L'Ancien Testament tissés à Audenarde,'l'Histoire de Psyché' réalisée à Bruxelles, ou encore la tenture de 'Renaud et Armide', exécutée à Paris, dans les ateliers du faubourg Saint-Marcel d'après des cartons de Simon Vouet. Le mobilier et le décor est également très riche : chaire à dais en chêne de la fin du XVe siècle, crédences, etc. ainsi que plusieurs tableaux, dont une Dame au bain (Diane de Poitiers?) de François Clouet, le portrait de Catherine de Médicis, ou encore un tableau représentant la scène du 'Camp du Drap d'Or'.

L'intérieur est notamment constitué de plusieurs salons et appartements d'apparat, dont la plupart ont été redécorés dans le style néo-Renaissance au XIXe siècle :

  • Une "chambre blanche", meublée d'un lit de satin brodé de la fin du XVIIe siècle et de tapisseries représentant des scènes de chasse du XVIIe siècle. ainsi qu'un portrait ornant la cheminée;
  • La « chambre bleue », au deuxième étage, qui fut occupée par Louis XIII. Elle est notamment meublée d'un cabinet en poirier noirci orné de scènes gravées sur ivoire, représentant la guerre de Trente Ans;
  • La bibliothèque possède une cheminée, des lambris bas un riche décor mural, et abrite un ensemble de gravures plans et dessins montrant les différentes restaurations menés par les Biencourt;
  • La salle à manger;
  • Le salon, ouvert par des vitraux des XVIe et XVIIe siècles, et orné de portraits royaux et tableau de la Renaissance et du XVIIe siècle, dont un portrait de Diane de Poitiers tiré de l'atelier de François Ier, un portrait du duc et de la duchesse de Longueville, un portrait de Marie d'Autriche, sœur de Charles Quint, et de Catherine de Médicis. Cette salle possède une cheminée monumentale décorée d'une salamandre;
  • Les appartements royaux, composés d'une antichambre dans laquelle sont exposés des portraits représentant certains rois de France comme François Ier, Henri III ou encore Louis XIII, et murée de tentures rouge et or; la grande chambre royale, décorée d'une tapisserie du début du XVIIe siècle;
  • La grande salle du premier étage, ornés de tapisseries des XVIe et XVIIe siècles, et dont la cheminée est ornée de la salamandre de François Ier et d'une frise de feuillages. Le murs sont teints de bleu;
  • Cabinet espagnol du XVIe siècle et un autre portugais du XVIIe siècle;
  • La vaste cuisine voûtée en croisée d'ogives, rehaussé au XIXe siècle, dont la cheminée est ornées du sceau des Berthelot.;
Cöté jardin
  • Chambre du maître de maison, meublé et tapissé à la mode du XVIe siècle;
  • La salle de billard (beau meuble du XIXe siècle), avec sa cheminée du XVIe siècle, moulage dont l'original est au château de Montal (Lot). Cette salle est ornée de deux tapisseries de Beauvais du XVIIIe siècle : Chasse au canard et Chasse au cerf.

Jardins

Les jardins actuels ont été profondément réaménagés au XIXe siècle par les Biencourt, qui les redessinent en un grand parc paysagé.

Au Sud et à l'Ouest, ils sont dotés de deux miroirs d'eau dans lesquels se reflètent les façades.

Protection

Le château a tout d'abord été classé monument historique sur la liste de 1875, il a été déclassé en 1888[réf. nécessaire] avant d'être re-classé par arrêté du 11 août 1905 avec son parc et ses dépendances[2].

Photographies

Notes et références

  1. Coordonnées vérifiées sur Géoportail et Google Maps
  2. a et b Ministère de la Culture, base Mérimée, « Notice no PA00097546 » sur www.culture.gouv.fr.
  3. a et b Jean Des Cars La véritable histoire des châteaux de la Loire Ed. Plon, 2009
  4. reprod. ds "L'Estampille-L'Objet d'Art", n°460, sept. 2010, p.56
  5. reprod. sous les n° 31 et 32 du cat.
  6. (G. Touchard-Lafosse, 'La Touraine historique, pittoresque et biographique', Tours, Lescene, 1856, p.289)
  7. Site des Monuments nationaux

Voir aussi

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Bibliographie

  • Philippe de La Genardière, le château d'Azay ou le corps perdu - photographies de Stanislas Stanojevic (Caisse Nationale des Monuments Historiques et des Sites, 1994)
  • L'ABCdaire des châteaux de la Loire, collectif, (Flammarion, 1996)
  • Azay-le-Rideau, collectif (hors-série de « Connaissance des Arts »/éditions du Patrimoine-Centre des Monuments Français, 2007)

Articles connexes

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