Choseng Trungpa Rinpoché

Choseng Trungpa Rinpoché

Chögyam Trungpa Rinpoché

Le monastère Kagyu Samye Ling et le Centre Tibétain à Eskdalemuir, près de Langholm, Dumfries et Galloway, en Écosse

Le Vidyadhara Chögyam Trungpa Rinpoché (1939 - 1987) fut considéré comme la 11e réincarnation de la lignée des tulkous Trungpa, maîtres importants de la lignée Kagyu, l'une des quatre écoles du bouddhisme tibétain, renommée pour l'importance particulière qu'elle accorde à la pratique de la méditation. Chögyam Trungpa a été aussi formé dans la tradition Nyingma, la plus ancienne des écoles, et adhérait au mouvement Rimé (non-sectaire). Il a fait œuvre de pionnier en apportant les enseignements bouddhistes du Tibet en Occident.

Sommaire

Biographie

Chögyam Trungpa est né dans la province de Kham, au Tibet oriental, en 1940. Il n'avait que 13 mois lorsqu'il fut reconnu, selon la tradition, comme maître réincarné. Après avoir été intronisé supérieur suprême du monastère de Surmang et gouverneur du district de Surmang, il commença une période de formation de 18 ans, basée sur la pratique de la méditation et l'étude théorique de la philosophie bouddhique.

À 8 ans, Chögyam Trungpa est ordonné moine novice et aborde l'étude et la pratique intensive des disciplines monastiques, de même que celles des arts, dont la calligraphie, la peinture de thangka et la danse monastique.

En 1958, il reçoit les titres de kyorpön (docteur en théologie) de khenpo (maître des études). La même année, il est ordonné moine.

Du fait de l'invasion militaire chinoise du Tibet en 1950, Chögyam Trungpa dut fuir son pays en 1959.[1] Il partit avec un groupe de 300 personnes, dont Akong Rinpoché, pour un dangereux voyage à travers l'Himalaya jusqu'en Inde. Seulement 13 personnes atteindront saines et sauves l'Inde. De 1959 à 1963, Chögyam Trungpa fut nommé par le 14e Dalaï Lama, Tenzin Gyatso, conseiller spirituel de la Young Lamas Home School, à Dalhousie en Inde. En 1963, Chögyam Trungpa partit pour l'Angleterre afin d'étudier les religions comparées, la philosophie et les beaux-arts à l'Université d'Oxford, grâce à une bourse Spaulding. A la même époque, il étudia aussi l'arrangement floral japonais (Ikebana) et reçut la qualification d'enseignant de l'école Sogetsu.

En 1967, il se rendit en Écosse où il fonda, avec Akong Rinpoché, le centre de méditation Samye Ling, 1er centre de pratique du bouddhisme tibétain en Occident.

Peu après, divers événements - y compris un accident de voiture qui lui laissa une hémiplégie gauche partielle - conduisirent Chögyam Trungpa à prendre la décision d'abandonner ses vœux monastiques et de devenir un enseignant laïc.

En 1969, il publia Méditation et Action, le 1er d'une série de livres sur le chemin spirituel qui furent publiés pendant sa vie. L'année suivante se présenta un autre tournant dans la vie de Trungpa, lorsqu'il épousa Diana Pybus (Diana J. Mukpo) et partit aux États-Unis d'Amérique, où il établit son 1er centre de méditation en Amérique du Nord, Tail of the Tiger (la Queue du Tigre) à Barnet dans le Vermont, aujourd'hui connu sous le nom de Karmê Chöling.

Dans les années 1970, Chögyam Trungpa dirigea 6 séminaires Vajradhatu de trois mois, pendant lesquels il présenta un vaste corpus d'enseignements bouddhistes dans une ambiance de méditation intensive. Les séminaires ont contribué à l'importante fonction de former ses élèves à devenir eux-mêmes enseignants. Chögyam Trungpa a aussi invité d'autres maîtres, y compris le 16e Karmapa, chef de la lignée Kagyupa, à venir enseigner en Occident.

C'est aussi pendant cette période que Chögyam Trungpa a fondé Vajradhatu, une organisation qui chapeaute les nombreux centres qui s'établissaient à travers le monde sous sa direction et dont le siège central est établi à Boulder dans le Colorado.

En 1976, il nomma Thomas Rich son Régent Vajra, fonction traditionnelle qui confère la responsabilité de poursuivre la tâche d'enseignements léguée par un maître. Le Régent Vajra Ösel Tendzin a été le 1er Occidental reconnu comme détenteur de la lignée Shambhala de la tradition Kagyupa.

Vers la fin des années 1970, Chögyam Trungpa réalisa le désir qu'il avait depuis longtemps d'offrir une pratique contemplative aux personnes qui ne s'intéressaient pas nécessairement à l'étude du bouddhisme. Il mit au point un programme appelé Apprentissage Shambhala, fondé sur le légendaire royaume éveillé du même nom.

Pendant les années 1980, tout en continuant ses tournées d'enseignement, les séminaires Vajradhatu et la publication de livres - à quoi s'ajoute l'établissement d'un monastère bouddhiste à Cap Breton en Nouvelle-Écosse, au Canada - Trungpa orienta son attention de plus en plus vers la propagation d'enseignements qui s'étendaient au-delà du canon bouddhiste. Ces activités ne comprenaient pas seulement l'Apprentissage Shambhala, qui attiraient des milliers d'élèves, mais aussi le tir à l'arc japonais, la calligraphie, l'arrangement floral (Ikebana), la cérémonie du thé, la santé, la danse, le théâtre et la psychothérapie, entre autres. En semant les graines de ces nombreux domaines d'activités, Chögyam Trungpa cherchait à apporter, selon ses propres termes, « l'art dans la vie quotidienne ». Il établit en 1974 la Fondation Nalanda pour servir de tutelle à ces activités.

L'essence de l'organisation fondée par Chögyam Trungpa était d'offrir des programmes d'enseignement et d'instruction de méditation dans plus d'une centaine de centres (Dharmadhatu) établis dans des villes à travers le monde et dans les quelques centres contemplatifs ruraux où se tenaient des programmes de méditation et d'étude intensifs. Dans ces divers centres, qui formaient un réseau assez vaste et quelque peu informel, on présentait aux élèves la possibilité d'intégrer l'étude et la pratique de la méditation dans leur vie quotidienne. Selon leur intérêt et leurs affinités, les élèves s'engageaient dans une des nombreuses activités contemplatives qui font aujourd'hui partie de l'organisation Shambhala, depuis la méditation traditionnelle jusqu'à l'arrangement floral et à la danse.

Stupa de Dharmakaya dans le Colorado, où ont été déposées les cendres de Chögyam Trungpa

En 1986, suivant son désir d'établir le centre de son organisation dans une ambiance moins agressive et matérialiste, Chögyam Trungpa partit pour la Nouvelle-Écosse, où quelques centaines de ses élèves s'étaient déjà établis. Peu de temps après, en avril 1987, la vie de Chögyam Trungpa arriva à son terme.

Chögyam Trungpa Rinpoché a été l'un des enseignants du bouddhisme les plus dynamiques du XXe siècle. Il a fondé plus d'une centaine de centres de méditation à travers le monde dont la première université d'inspiration bouddhiste en Amérique du Nord : l'Université Naropa. Il est l'auteur de plus de 20 livres sur la méditation, le bouddhisme, la poésie, les arts et la voie Shambhala de l'art du guerrier.

Le Stupa de Karme Chöling

Ses obsèques, auxquelles assistèrent plus de 3000 personnes, se déroulèrent sur une journée entière au cours d'une cérémonie élaborée, sur la terre du Vermont où il posa le pied pour la première fois aux États-Unis. Quelques années plus tard, le Régent Vajra mourut aussi. Dans la période suivant ces décès, la communauté et ses dirigeants se tournèrent vers un des maîtres les plus vénérés de Chögyam Trungpa et le seul vivant, Dilgo Khyentse Rinpoché, chef de la lignée Nyingmapa.

XIIe réincarnation

Choseng Trungpa Rinpoché est le 12e et actuel Trungpa Rinpoché. Il est né le 6 février 1989 dans le village de Pawo, à Dege, dans l'Est du Tibet, le Kham. Il fut reconnu par Taï Sitou Rinpoché en 1991. Il a été intronisé une année plus tard au Monastère de Surmang par son oncle, Damkar Rinpoché, un haut lama Kagyupa. Il a étudié les traditions de Surmang sous la tutelle de Kenla, un moine avancé et âgé, et a reçu son éducation monastique primaire au shedra au Monastère de Palpung.

Le nom Choseng est une contraction de Chokyi Sengay, qui signifie le « Lion du Dharma ».

En 2001, il a rencontré pour la première fois Sakyong Mipham Rinpoché, le fils de son incarnation précédente, le Vidyadhara Chögyam Trungpa Rinpoché.

Folle sagesse

Chögyam Trungpa était un maître spirituel iconoclaste dont les comportements (la création d'une cour royale), les habitudes (sa consommation d'alcool), et les méthodes (dans l'esprit de Dorje Drolö, la manifestation de la "folle sagesse") ont soulevé des controverses sans pourtant affecter le respect de la plupart de ses disciples ou d'autres maîtres tibétains pour son enseignement, y compris de la part de sa femme, Diana J. Mukpo, qui fut témoin et participante, parfois embarrassée, des activités de son mari[2].

Voir aussi

Références

  1. Chögyam Trungpa, Né au Tibet, Ed Buchet/Chastel 1968, Ed. Seuil 1991.
  2. Ma vie avec Chögyam Trungpa, Le rugissement du dragon par Diana J. Mukpo

Liens externes

Bibliographie

  • Né au Tibet, Préface Marco Pallis, Ed Buchet/Chastel 1968, Ed. Seuil 1991.
  • Méditation et Action, Causeries au Centre Tibétain de Samyê-Ling mises en français par Armel Guerne, Fayard, 1973.
  • Pratique de la voie tibétaine : au-delà du matérialisme spirituel Paris : Seuil, 1976.
  • Le mythe de la liberté et la voie de la méditation collection "Points - Sagesses", Paris : Seuil, 1979.
  • L'Aube du Tantra, Albin Michel, 1982
  • Shambhala : la voie sacrée du guerrier Paris : Seuil, 1990.
  • Le Coeur du sujet Paris : Seuil, 1993.
  • Folle sagesse Paris : Seuil, 1993.
  • Mandala : un chaos ordonné Paris : Seuil, 1994.
  • Bardo : au-delà de la folie Paris : Seuil, 1995.
  • Tantra : la voie de l'ultime Paris : Seuil, 1996.
  • Jeu d'illusion : vie et enseignement de Naropa Paris : Seuil, 1997.
  • L'entraînement de l'esprit : et l'apprentissage de la bienveillance Paris : Seuil, 1998.
  • Padmasambhava, Karma Lingpa, Francesca Fremantle, Chögyam Trungpa Rinpoché Le livre des morts tibétain : la grande libération par l'audition pendant le bardo Courrier du livre, 1998. (ISBN 2702901476)
  • Regards sur l'abhidharma d'apres un seminaire sur la philosophie bouddhique Editions yiga tcheu dzinn, 1999.
  • La sagesse de Shambala : Soleil du Grand Est Paris : Seuil, 2002.
  • Chögyam Trungpa Rinpoché et Fabrice Midal (2004) Pour chaque moment de la vie Paris : Seuil.
  • Dharma et créativité Paris : Seuil, 2003.
  • Enseignements secrets : l'incandescence du réel Ed. du Relié, 2003.
  • Le chemin est le but : manuel de base de méditation bouddhique Ed Vega, 2005.
  • Enseignements secrets : l'incandescence du réel Paris : Seuil, 2006.
  • Ma vie avec Chögyam Trungpa, Le rugissement du dragon par Diana J. Mukpo (épouse de Chögyma Trungpa Rinpoché), La Table Ronde 2008.

Ouvrages sur Chögyam Trungpa

  • Chögyam Trungpa, une révolution bouddhiste par Fabrice Midal, Editions du grand est 2007.
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