- Chapelle De Bermont
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Chapelle de Bermont
La chapelle-ermitage de Bermont se situe dans le Bois de Greux, à peu de distance au nord de Domrémy-la-Pucelle.
Au nombre des domaines que possédait l'hôpital de Gerbonvaux (près de Martigny-lès-Gerbonvaux dans les Vosges) se trouvait celui de Bermont.
Cette chapelle est intimement liée à Jeanne d'Arc. Accompagnée de sa sœur, elle y venait en pèlerinage tous les samedis et y portait des chandelles qu'elle allumait devant l'image de la sainte Vierge.
Le 30 juin 1998, la chapelle de Bermont a été inscrite à l’inventaire supplémentaire des monuments historiques, "en tant que témoin de l’épopée johannique", après la découverte de peintures murales du XVe siècle représentant Jeanne d’Arc.
On peut lire ce qui suit dans un article paru dans le pouillé du diocèse de Toul, « La chapelle de Bermond étoit autrefois un hôpital pour lépreux ; elle dépend de Gerbonval (hôpital de Gerbonvaux, près de Martigny-lès-Gerbonvaux, Vosges), hôpital uni à la maison de l'Oratoire de Nancy. Cette chapelle àtoit dédiée à saint Thiébau et à la vierge. » La « maison » de Bermont appartenait, vers la fin du XIIIe siècle, à l'abbaye de Bourgueil (diocèse d'Angers), qui y entretenait un religieux, comme le faisaient les Prémontrés à Gerbonvaux. Or Bermont était fort éloignée du monastère de Bourgueil et plus onéreuse que profitable à ce dernier ; aussi les Bénédictins jugèrent-ils avantageux de s'en défaire et c'est ce qu'ils firent en faveur de Geoffroy de Bourlemont le lundi avant la Saint-André en l'an de grâce 1263. Conformément à l'acte de vente de Bermont, Geoffroy de Bourlémont donna, en 1265, à la maison de Gerbonvaux celle de Bermont avec ses dépendances, rentes et revenus, à condition que le maître et les frères feraient célébrer l'office divin, au moins trois fois la semaine dans la chapelle de Bermont qui devint comme une succursale de l'hôpital.
On sait par un titre de 1269 qu'il y avait dans le voisinage une tuilerie et deux étangs mais aucun document ne fait connaître ce que fut Bermont comme établissement hospitalier ni comme lieu de pèlerinage. Une note d'un compte rendu par l'amodiateur de Gerbonvaux nous apprend seulement que c'est en 1595 qu'on fit recouvrir toute l'église de Bermont.
Vers cette époque, le maître de Gerbonvaux tenta de s'affranchir des obligations de Bermont. Le promoteur général de l'Officialité, faisant fonction de ministère public, se porta opposant aux fins de la requête du maître de Gerbonvaux, et l'affaire étant venue devant ce tribunal ecclésiastique, l'official rendit le 8 janvier 1601 une sentence ainsi conçue :
« Dominique de Trossey (Troussey), prebtre, maistre ez artz, chanoyne en l'église collégiale Nostre Dame de Vaucouleurs, curé et official audict lieu, estant en jugement en la cour de ladicte officialité, le lundy, huitième jour du mois de janvier mil six centz et ung, contre maistre Guillaume Guarin, maistre de l'hospital de Gerbonvaulz et de la chapelle de Bermont, demandeur,...contre le promoteur général en ceste officialité, défendeur,... ; ledict demandeur a ramené à effect le contenu en sa requeste, conclud aux fins d'icelle et, en cas de procès, demande despens. À quoi ledict promoteur a dit que ledict demandeur doibt et est tenu de faire célébrer trois messes par chacune sepmaine en ladicte chapelle, suyvant l'intention des fondateurs, ce qu'il requèroit que ledict demandeur ait à y satisfaire à l'avenir, et que ledict ait incessamment à faire restablir les démolutions et ruynes qui sont en ladicte chapelle ; à quoi il conclut et demande despens. Et, pour n'avoir pas ledict sieur Guarin faict faire le service par cy devant, il requéroit que ledict demandeur soit condampné en une amande de vingt escus, applicable aux œuvres pieuses de Monseigneur l'évesque et Comte de Toul. Et ledict sieur demandeur a dict que le revenus dudict Bermont n'est suffisant pour faire celébrer les trois messes requises par ledict sieur promoteur, et qu'il offre, comme il a toujours faict, de faire célébrer une messe par chacune sepmaine en l'église dudict Bermont, qu'est autant que le revenus dudict Bermont peult porter, et que le service qui est destiné en ladicte chapelle a esté faict ou faict faire par ledict sieur Guarin ; partant demande renvoy pour ce chef.
Surquoy, les parties ouyes, avons ordonné que à l'advenir ledict sieur demandeur fera célébrer la sainte messe en ladicte chapelle de Bermont tous les dimenches et festes solempnelles de l'année, que déclairons estre les jours de Pasques, Penthecostes, Assention, Saint Jean-Baptiste, Toussainctz, le jour du Saint Sacrement, Noëln et toutes les festes de Nostre Dame, et ès jours de feste Monsieur Sainct Thiébault, soub l'invocation duquel Sainct ladicte chapelle est fondée, et que, l'ffect dudict Sainct service, ledict demandeur fournira ladicte chapelle d'ornemens propres et nécessaires pour célébrer ladicte messe, et le tout par provision et jusques ad ce que autrement par nous soit ordonné; après dheue information faicte du revenus de lacdite chapelle. Et sy avons ordonné que ledict sieur fera, dedans six mois, réfectionner les ruynes qui sont en ladicte chapelle, et mentionnés en nostre procès verbal (qui a disparu), contenant la visitation par nous faicte d'icelle, en condampnant ledict demandeur ès despens de ceste instance et de ladicte Visitation, la taxe à nous réservée. Et sy l'avons en oultre condampné en l'amande de deux escus pour avoir dàlaissà le service de ladicte chapelle par l'espace de deux mois ; et saulf audict sieur demandeur son recors contre qui bon luy semblera. Faict et ordonné comme dessus. »
Un bail des revenus de Bermont passé en 1618 par Jean Gravel, se qualifiant maître et gouverneur de Gerbonvaux et Bermont, fait voir que ces revenus consistaient en terres arables, prés, grains, jardins, vins, chapons et cire ; lesdites terres situées proche de la chapelle, et les prés, bans de Greux (Vosges), Goussaincourt (Meuse), Sauvigny (Meuse), Brixey, Bras, et généralement ailleurs.
L'entretien des ornements de l'église n'était pas bien onéreux pour les maîtres de Gerbonvaux et de Bermont si l'on considère l'inventaire suivant (mis entre les mains de Toussainct Calbotin, ermite dudit lieu) :
- une bourse, deux corporeaux, un purificatoire ;
- un calice avec sa platine d'estin ;
- une chasuble ;
- une aube avec la ceinture et l'amict ;
- deux nappes d'autel ;
- un vieux missel en gotique à l'usage de Toul ;
- une serviette ;
- Le vingt quatrième juin 1670
- T. Calbotin
La chapelle de Bermont est donc bien un ermitage et celui ou ceux qui l'habitaient avait, probablement, la garde de la chapelle. La tombe d'un ermite mort en 1583 est visible dans la chapelle. L'état dans lequel se trouvait la chapelle au début du XVIIIe siècle est indiqué dans le procès verbal rédigé à la suite d'une visite faite par ordre de l'autorité ecclésiastique :
« Cejourd'hui, douzième de juillet mil sept cents deux, le soussigné René Mercy, prêtre, ... député par M. de Laigle, ... vicaire général de Toul, pour, de sa part, visiter la chapelle de Bermont, en reconnoître l'ltat et en dresser procez verbal, s'étant transporté au lieu dudit Bermont, accompagné de Me Jean Jacob, prêtre, curé de Greux (la chapelle de Bermont se trouve située sur le territoire de Greux) dans la paroisse duquel ladite chapelle est située, il a remarqué; ce qui suit :
- Que la chapelle est placée sur un coteau, au coin d'un bois, et distante d'une demie lieue dudit Greux et de tout autre village.
- Que, joignant ladite chapelle, il a un petit corps de logis où demeurent présentement deux hermites.
- Etant entré dans la chapelle, et en ayant pris les dimensions, elle s'est trouvée avoir environ cinquante pieds de longueur sur vingt de largeur.
L'autel, placé dans le chœur et tourné vers l'orient, est de pierre et en bon état ; il ne paroit néanmoins aucune marque de crécration. Il est vray qu'au-dessus de la pierre d'autel, au milieu et vers le bord de la surface..., il y a une entaillure, laquelle tant ferme d'une pierre, ledit Mercy, commissaire, l'a fait ouvrir pour reconnaître si ce n'étoit pas le sépulcre où peutêtre on auroit mis les reliques, quoy que ce ne soit pas l'endroit ordinaire où l'on a coutume de les placer; mais il ne s'y est rien trouvé du tout, et il a été remarqutqu'il n'a pu même y avoir de reliques, à cause du peu de profondeur de cette entaillure...
Au devant du dessous de la pierre d'autel, il n'y a point de sacrarium ou sépulture, ni aucune ouverture pour y mettre des reliques.
L'autel, pris tant pour la pierre ou table que pour les pied et soutiens, ne paroit pas ancien et semble avoir été démoli et rétabli depuis trente ou quarante ans. On y a cependant dit la sainte messe jusqu'à présent, sans marbre.
Dans la nef de l'église il y a six croix aux murailles, semblables à celles qui se font aux consécrations des églises,quoi qu'il y ait une forte présomptions que ce n'est là; qu'une preuve équivoque et même incertaine que la chapelle ait été consacrée, car :
- il n'y a point de ces croix dans le chœur, ni même dans la partie de la nef attenante au chœur,
- ces croix ne sont pas uniformes, les unes sont plus basses, les autres plus hautes, et les croisons sont entremêlez de fleurs de lys
- il n'y a point de ces chandeliers placez ordinairement au-dessus des croix, comme il se faisoit et se voit encore dans les églises consacrées,
- ces croix ne paroissent pas anciennes à proportion de la chapelle.
Les murailles de la chapelle et la toiture sont en assez bon état. À l'égard du service et des charges attachées à cette chapelle, l'usage est, depuis longues années d'y célébrer la sainte messe une fois par mois, quoy qu'anciennement on l'y disoit chaque dimanche. On n'en sait pas au vrai le patron ou titulaire, savoir si c'est la sainte Vierge ou saint Thiébaut, ou tous les deux ensembles, dont l'un soit patron et l'autre titulaire... »
Dans cette description de la chapelle de Bermont, le point le plus remarquable est la présence des fleurs de lys entre les croisillons des croix. La raison de la présence des ces fleurs de lys est imprécise. Il est prouvé que Jeanne d'Arc venait en ce lieu tous les samedis pour prier la sainte Vierge. Il est permis alors de penser que les du Lys, descendants du second frères de Jeanne – ils portaient des fleurs de lys dans leurs armes – soient à l'initiative de ces fleurs de lys dans la chapelle. L'un de ces descendants, Claude, curé de Greux et Domrémy, par son testament date du 8 novembre 1549, fit don à « Nostre Dame de Beaumont » de six gros pour une fois.
Liens externes
- Association Notre-Dame de Bermont
- SteJeannedArc.net (voir notamment le dossier sur la chapelle Notre-Dame de Bermont)
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