- Centre national d'études des télécommunications
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Le Centre national d'études des télécommunications (CNET) était un laboratoire de recherche français en télécommunications.
Le 1er mars 2000, les changements économiques intervenus dans ce secteur ont conduit l’État et France Télécom à fusionner le CNET avec diverses autres entités pour former France Télécom R&D, devenu Orange Labs en 2007.
Historique
Dans les années 1930, au sein de l'administration des PTT, seuls deux petits organismes ont vocation à mener des recherches en télécommunications : Le « Service d'études et de recherches techniques » (SERT) et le Laboratoire national de radioélectricité (LNR). Avec quatorze ingénieurs, le SERT est une sorte de bureau d'études chargé d'établir les cahiers des charges. Le LNR, créé en 1931 et issu du laboratoire de télégraphie militaire créé par le général Ferrié en 1926, ressemble plus à un laboratoire de recherches car il regroupe des scientifiques reconnus dans un certain nombre de domaines comme la physique de la haute atmosphère ou la métrologie. Ce laboratoire interministériel rattaché aux PTT est sollicité pour l'affectation de fréquences entre les différents acteurs, privés ou publics de la radiodiffusion[1].
En 1940, après la défaite de juin 1940 et l'instauration de ce que l'on appellera le régime de Vichy, un comité de coordination des télécommunications impériales (CCTI) fut créé pour organiser les politiques de télécommunications. Au cours de la période 1940-1944, l'administration des PTT sera d'ailleurs complètement remaniée, notamment dans le secteur des télécommunications. Le premier organe créé spécifiquement pour la recherche est la « Direction des recherches et du contrôle technique » qui regroupe l'ancien SERT et le service de vérification du matériel. Elle compte en 1941 314 personnes dont 28 ingénieurs, dirigées par Jean Dauvin assisté de Charles Lange. Jean Dauvin s'emploie à développer un puissant centre de recherches PTT avec des ingénieurs dont la compétence doit égaler celles de leur collègues d'entreprises privées comme la Société française radio-électrique (SFR)[1].
À la suite de l'armistice du 22 juin 1940, les corps d'ingénieurs militaires ont été dissous et 80 ingénieurs et 100 agents des transmissions militaires trouvent refuge dans les diverses administrations des PTT dont certaines, comme le SERT de Lyon, n'étaient qu'une couverture pour effectuer des tâches militaires. L'invasion de la zone libre, en novembre 1942, conduira le SERT à abandonner les recherches militaires. La voie est alors ouverte pour que Jean Dauvin accélère l'évolution qui va mettre un terme aux pratiques d'avant-guerre où les techniciens de l'État se cantonnaient dans l'énoncé des problèmes, l'orientation des études et le contrôle des réalisations. Pour que les techniciens des administrations soient excellents, il faut qu'ils disposent de leurs propres laboratoires. pour Dauvin et Lange, avec l'expansion rapide des télécommunications, un laboratoire d'État ne ferait pas concurrence aux laboratoires industriels privés. Finalement, avec l'appui du ministre à la Production industrielle Jean Bichelonne, le CNET, créé le 4 mai 1944, regroupe la plus grande partie des services rattachés jusqu'alors à la DRCT, et reste, en principe, un organe interministériel[1].
En octobre 1944, à la Libération, Jean Dauvin, trop lié au régime de Vichy, est remplacé par Henri Jannès, responsable des télécommunications en Afrique du Nord en 1943 et proche de la CGT et du parti communiste. Le décret de validation signé par le général de Gaulle le 25 janvier 1945 conserve le caractère interministériel du CNET, mais jusqu'en 1954, le CNET dirigé par Jannès devra coexister avec le Service des recherches et du contrôle technique (SRCT), créé par le ministère des PTT le 25 avril 1946, et dirigé par Pierre Marzin, ancien adjoint de Dauvin. Le SRCT deviendra vite un centre de recherches plus important que le CNET. La Direction générale des Télécommunications (DGT) poussera à partir de 1953 à l'abandon par le CNET de son caractère interministriel et à son absoprtion de fait par le SRCT. Les deux organismes fusionnés prendront le nom de CNET[1].
La première tâche du CNET est de rétablir un réseau de télécommunications (téléphone et télégraphe) en France. Sa première réalisation visible par le grand public est, en 1953, la retransmission par voie hertzienne du couronnement de la reine Elisabeth II.
Néanmoins, ces dix premières années ont aussi permis au CNET d'inventer des solutions innovantes, comme la technique des courants porteurs en 1949.
En 1954, le Laboratoire national de radioélectricité (LNR), situé à Bagneux dans les Hauts-de-Seine, est intégré au CNET. La mise au point, à la même époque, du Tecnetron par Stanislas Teszner, préfigure le transistor à effet de champ. La même époque voit l'émancipation des structures issues des PTT et l'éloignement, budgétaires et humains, des entités liées aux armées[2].
La décennie suivante, de 1955 à 1965, marque l'essor des télécommunications spatiales, illustré en 1962 par la première liaison télévisée intercontinentale entre Pleumeur-Bodou en Bretagne et Andover. Le CNET lance sa première fusée, Véronique, en 1957. La recherche spatiale s'est ouverte, avec le premier Spoutnik et, en 1959, un nouveau département est constitué au CNET avec François du Castel. Bientôt un groupe du CNRS, le GRI, est aussi hébergé au CNET. Les deux groupes fusionneront ultérieurement pour constituer le CRPE, premier laboratoire commun CNET-CNRS. En recherche spatiale, le CNET ajoute à ses compétences en radioélectricité sa technicité en matière de fusées puis de satellites. Il est ainsi capable de proposer rapidement au CNES naissant de premières réalisations, avec le premier satellite scientifique français FR-1 et avec le sondeur ionosphérique à diffusion incohérente. La complémentarité science-technologie donne au CRPE un poids considérable dans la recherche spatiale et il acquiert une très bonne réputation mondiale. Il est responsable du projet de satellite franco-soviétique Roseau, le premier satellite à ordinateur embarqué, malheureusement abandonné en 1968. Il lance le projet européen de sondeur à diffusion incohérente EISCAT en zone polaire.
En mars 1957, les laboratoires Bell invitent dans leurs laboratoires de Murray Hill, dans le New Jersey, tous les organismes et sociétés publics ou privés qui ont des accords de brevets avec Western Electric. Une démonstration d'une première maquette de central téléphonique électronique est effectuée devant les participants à ce colloque : des exposés sont faits et une abondante documentation est remise aux invités. Pierre Marzin, qui avait tenu à participer en personne à ce symposium, en revint enthousiasmé.
Dès 1966, un séminaire international ISS (International Switching Symposium) rassemble les experts du domaine. En mai 1965 Bell labs met en exploitation le premier système à commutation électronique temporel.
En 1972, le CNET réalise son système de commutation électronique temporelle, PLATON (Prototype Lannionais d'Autocommutateur Temporel à Organisation Numérique), qui va permettre de simplifier les centraux téléphoniques, teste les premières transmissions par fibre optique et débute ses travaux sur la visiophonie.
1974 apporte une remise en cause profonde du CNET, tel qu'il s'est constitué depuis la Libération, non sans conflit avec son nouveau tuteur, la direction des Affaires industrielles. L'entité atteint alors son développement maximum avec environ 3 500 ingénieurs et techniciens.
Entre 1975 et 1985, le CNET continue ses recherches sur la numérisation du réseau de communication, avec en particulier la création de Transpac en 1978. Les travaux du CNET permettent de proposer en 1980 un avant-goût d'Internet : le Minitel. Les travaux portent, cependant, essentiellement, sur la promotion de la norme X.25, ce qui entrainera par contre coup, l'échec du projet concurrent Cyclades de l'INRIA. Le Télétexte, encore utilisé aujourd'hui, date aussi de cette époque, ainsi que Numéris (RNIS), l'ATM, les premiers écrans plats à matrice active, et les publiphones à télécarte.
Le changement de majorité en France, en 1981, se répercute sur les télécommunications. La nouvelle direction du CNET s'efforce de redonner au CNET son dynamisme, émoussé par les remises en cause antérieures. De nouvelles formes d'études coordonnées et finalisées, les projets-CNET se mettent en place ; un prix-CNET est institué, récompensant la meilleure étude. Le CNET retrouve sa place au sein de la DGT et sa crédibilité au sein de la recherche.
Après 1985, le CNET prépare l'arrivée des communications par l'image et la vidéo, avec entre autres, le haut débit, le multimédia, et la reconnaissance de la parole (en continuant des travaux entamés dès 1969). Les premiers services mobiles sortent en 1990 avec le Bi-Bop ; la première télévision numérique terrestre est testée en 1993.
Lien externe
- Site du CNET archivé archivé 2008, archivé 1999
Notes
- [1] Michel Atten, La construction du CNET (1940-1965), Chapitre 2 du numéro hors-série 14 n°1 de Réseaux,1996, p. 43-71,
- Les télécommunications, F. du Castel, éditons Berger-Levraut, p. 30
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