Ceaulin

Ceaulin

Ceawlin

Ceawlin, également orthographié Ceaulin ou Caelin (mort v. 593) est un roi du Wessex, dans le sud-ouest de l'actuelle Angleterre. Il était peut-être le fils de Cynric et le petit-fils de Cerdic, celui qui conduisit les premiers Saxons de l'Ouest en Angleterre d'après les sources anciennes. L'époque de Ceawlin correspond à l'achèvement de l'invasion anglo-saxonne de la Bretagne ; à sa mort, les Bretons étaient presque entièrement chassés du sud de l'Angleterre.

La Chronique anglo-saxonne documente plusieurs batailles de Ceawlin entre 556 et 592, parmi lesquelles le premier affrontement connu entre différents groupes d'Anglo-Saxons. La chronologie de sa vie est très incertaine : selon les sources, il régna sept, dix-sept ou trente-deux ans, et l'exactitude, voire la véracité de certaines dates de la Chronique ont été remises en questions. Il semble néanmoins que sous le règne de Ceawlin, le Wessex ait connu une expansion territoriale importante, bien qu'elle fût en partie perdue par la suite au profit d'autres royaumes anglo-saxons. La Chronique le liste également comme l'un des huit bretwaldas, nom donné aux souverains ayant exercé la suzeraineté sur tout le sud de l'Angleterre ; on ignore cependant l'étendue exacte du pouvoir de Ceawlin.

Ceawlin mourut vers 593, un an après avoir été déposé, peut-être par son successeur Ceol. Diverses sources lui donnent deux fils, Cutha et Cuthwine, mais les généalogies présentant ce détail ne sont pas fiables.

Sommaire

Contexte

Au Ve siècle, les offensives des peuples continentaux sur la Grande-Bretagne évoluaient en migrations à grande échelle. Parmi les nouveaux arrivants, on comptait des Angles, des Saxons, des Jutes, des Frisons, et sans doute d'autres peuples également. Ils conquirent des territoires dans le sud et l'est de l'Angleterre, mais vers la fin du siècle, la victoire bretonne du mont Badon porta un coup d'arrêt à leur avancée pour un demi-siècle[1],[2]. Vers 550, les Bretons recommencèrent à perdre du terrain, et en l'espace d'un quart de siècle, il semble que tout le sud de l'Angleterre soit passé aux mains des envahisseurs[3].

La paix qui suivit la bataille du mont Badon est attestée en partie par Gildas, un moine qui rédigea, vers le milieu du VIe siècle, De Excidio Britanniae (« De la Ruine de la Bretagne »), un texte s'attaquant à la corruption. Gildas cite peu de noms et de dates, mais il indique clairement que la paix avait duré de l'année de sa naissance jusqu'à la date où il écrivait[4]. L'autre source principale pour cette période est la Chronique anglo-saxonne, et notamment l'entrée pour l'année 827 qui liste les rois ayant porté le titre de bretwalda. Cette liste présente un trou au début du VIe siècle, ce qui correspond à la version de Gildas[5].

Le règne de Ceawlin correspond à la période d'expansion anglo-saxonne de la fin du VIe siècle. La chronologie et les faits et gestes des premiers rois des Saxons de l'Ouest restent en grande partie obscurs, mais il est clair que Ceawlin fut l'un des personnages-clefs de la conquête finale du sud de l'Angleterre par les Anglo-Saxons[6].

Sources

Les deux principales sources écrites pour les débuts de l'histoire des Saxons de l'Ouest sont la Chronique anglo-saxonne et la West Saxon Genealogical Regnal List. La Chronique est un ensemble d'annales compilé vers 890, sous le règne d'Alfred le Grand[7]. Les entrées les plus anciennes se basent sur des annales antérieures qui n'existent plus à ce jour, ainsi que sur des éléments de sagas peut-être transmis oralement[8],[9]. L'arrivée des Saxons de l'Ouest en Grande-Bretagne est datée de 495 dans la Chronique, lorsque Cerdic et son fils Cynric accostent à « Cerdices ora », ou « Cerdic's shore ». Les campagnes de Cerdic et de ses descendants sont décrites dans près de vingt entrées réparties sur les annales pour le siècle suivant[10],[11]. Si ces annales fournissent l'essentiel de nos informations sur Ceawlin, leur historicité reste pour certaines douteuse[12].

La West Saxon Genealogical Regnal List est une liste des rois du Wessex avec la durée de leurs règnes. Elle existe sous plusieurs formes, y compris en préface du manuscrit [B] de la Chronique[13]. Comme la Chronique, elle fut composée sous le règne d'Alfred le Grand, et les deux documents témoignent du désir de leurs auteurs de faire remonter la lignée des rois du Wessex en droite ligne par Cerdic jusqu'à Gewis, ancêtre légendaire des Saxons de l'Ouest. Le résultat correspondait aux volontés politiques du chroniqueur, mais se révèle plein de contradictions pour l'historien[14].

Ces incohérences deviennent évidentes en comparant des dates obtenues par des calculs basés sur différentes sources. Le premier événement de l'histoire du Wessex que l'on puisse dater avec une certitude raisonnable est le baptême de Cynegils, qui eut lieu vers la fin des années 630 ou peut-être en 640. La Chronique date l'arrivée de Cerdic de 495, mais en additionnant les durées des règnes données par la West Saxon Genealogical Regnal List, on trouve que le règne de Cerdic dut commencer en 532, soit une différence de trente-sept années. Toutefois, ni 495 ni 532 ne peut être considérée comme l'année exacte : cette dernière date se base sur l'idée que la liste est exacte dans sa présentation des rois du Wessex en succession exacte, sans roi oublié ni rois conjoints, et que les durées sont exactes, deux affirmations que l'on ne peut soutenir[10].

La durée du règne de Ceawlin varie également selon les sources. D'après la Chronique, il régna trente-deux ans, de 560 à 592, mais la liste donne sept ou dix-sept ans, selon les versions. Une récente étude détaillée de la liste date l'arrivée des Saxons de l'Ouest en Angleterre de 538, et estime que la durée la plus probable du règne de Ceawlin est de sept ans, proposant les dates 581-588[10],[15]. Les sources s'accordent à faire de Ceawlin le fils de Cynric, et il est généralement identifié comme le père de Cuthwine[16]. Il existe ici une incohérence : dans le manuscrit [A] de la Chronique, l'entrée pour l'année 685 donne à Ceawlin un fils, Cutha, mais dans l'entrée pour 855 Cutha est présenté comme le fils de Cuthwine. Cutha est également présenté comme le frère de Ceawlin dans les manuscrits [E] et [F] de la Chronique, dans les entrées pour 571 et 568 respectivement[17].

Il est difficile de dire si Ceawlin était ou nom un descendant de Cerdic. Le regroupement de différentes lignées saxonnes donne l'impression de groupes distincts, dont la lignée de Ceawlin. Les incohérences des généalogies du Wessex proviennent peut-être de tentatives d'intégrer la lignée de Ceawlin avec les autres : pour les Saxons de l'Ouest, il était très important de pouvoir rattacher son ascendance jusqu'à Cerdic[18]. Une autre raison de douter de l'exactitude de ces généalogies provient de l'étymologie : certains noms parmi les premiers membres de la dynastie ne semblent pas d'origine germanique. Le nom Ceawlin est de ceux-là : il semble plus probable qu'il soit d'origine brittonnique[19].

Les plus anciennes sources n'emploient pas l'expression « Saxons de l'Ouest ». D'après Bède le Vénérable, elle est interchangeable avec Gewissae, qui désigne les descendants de Gewis. « Saxons de l'Ouest » n'apparaît qu'à la fin du VIIe siècle, après le règne de Cædwalla[20].

Expansion

Le royaume du Wessex finit par occuper tout le sud-ouest de l'Angleterre, mais les premières étapes de son expansion ne sont pas évidentes dans les sources[14]. Le débarquement de Cerdic, quelle que soit sa date, semble avoir eu lieu près de l'île de Wight, et les annales datent la conquête de l'île de 530. En 534, d'après la Chronique, Cerdic mourut et son fils Cynric lui succéda ; elle ajoute que « ils donnèrent l'île de Wight à leurs neveux, Stuf et Wihtgar ». Cela entre directement en contradiction avec Bède le Vénérable, qui affirme que l'île de Wight fut colonisée par les Jutes et non par les Saxons, une version que les traces archéologiques semblent assez corroborer[11],[21].

Les entrées ultérieures de la Chronique détaillent quelques-unes des batailles ayant permis l'expansion du royaume des Saxons de l'Ouest. Les campagnes de Ceawlin n'eurent pas lieu le long de la côte : elles s'étendent le long de la vallée de la Tamise et au-delà, jusqu'au Surrey à l'est et à l'embouchure de la Severn à l'ouest. Ceawlin fut clairement un acteur de l'expansion des Saxons de l'Ouest, mais l'histoire militaire de la période est difficile à comprendre[14]. Les dates données plus bas sont celles de la Chronique, bien qu'elles soient probablement trop anciennes, comme indiqué plus haut.

556 : Beran byrg

La première trace d'une bataille livrée par Ceawlin est en 556, lorsque lui et son père Cynric affrontèrent les Bretons à « Beran byrg », soit le Fort de Bera, aujourd'hui identifié à Barbury Castle, un fort de l'Âge de pierre situé dans le Wiltshire, près de Swindon. Cynric aurait été roi du Wessex à cette date[11],[22].

568 : Wibbandun

La première bataille livrée par Ceawlin en tant que roi est datée de 568 par la Chronique, lorsqu'il affronte Æthelberht de Kent avec Cutha. L'entrée indique : « Alors Ceawlin et Cutha affrontèrent Aethelberht et le repoussèrent dans le Kent ; et ils tuèrent deux ealdormen, Oslaf et Cnebba, à Wibbandun ». L'emplacement de Wibbandum (« Mont de Wibba ») n'a pas été définitivement identifié ; on estimait qu'il s'agissait de Wimbledon, mais on sait à présent que cela est impossible[23],[24]. Cette bataille est particulière : il s'agit de la première connue mettant aux prises les envahisseurs. Toutes les batailles antérieures que recense la Chronique opposaient les Anglo-Saxons aux Bretons[11].

Il existe de nombreux exemples de royauté partagée dans l'histoire anglo-saxonne, et il s'agit peut-être là d'une autre : la relation entre Cutha et Ceawlin n'est pas claire, mais il est possible qu'il ait été lui aussi roi. L'entrée pour 577, ci-dessous, constitue un autre exemple possible[25].

571 : Bedcanford

L'entrée pour 571 est la suivante : « Alors Cuthwulf affronta les Bretons à Bedcanford, et prit 4 villages : Limbury et Aylesbury, Benson et Eynsham ; et la même année il mourut. » Le lien entre Cuthwulf et Ceawlin est inconnu, mais l'allitération, fréquente dans les familles royales anglo-saxonnes, suggère que Cuthwulf était membre de la lignée royale du Wessex. L'emplacement de la bataille est inconnu. Bedford a été proposé, mais ce que l'on sait de l'histoire des noms de Bedford va à l'encontre de cette idée. Cette bataille est intéressante, car il est surprenant qu'une région aussi orientale soit encore aux mains des Bretons à une date aussi tardive : il existe de nombreuses preuves archéologiques d'une implantation antérieure des Angles et des Saxons dans les Midlands, et les historiens interprètent généralement le De Excidio de Gildas comme impliquant que les Bretons avaient perdu le contrôle de cette région dès le milieu du VIe siècle. Une explication possible consisterait à dire que cette annale marque la reconquête d'un territoire que les Anglo-Saxons avaient perdu lors de la campagne qui culmina à la bataille du mont Badon[22].

577 : la basse Severn

L'entrée pour 577 est la suivante : « Alors Cuthwine et Ceawlin affrontèrent les Bretons, et ils tuèrent 3 rois, Coinmail et Condidan et Farinmail, en l'endroit qui a pour nom Dyrham, et prirent 3 villes : Gloucester et Cirencester et Bath[26] ». Ces rois bretons ne sont mentionnés nulle part ailleurs ; la forme archaïque de leurs noms laisse à penser que cette entrée provient d'une source écrite nettement plus ancienne. La bataille en elle-même est considérée comme un tournant de l'avancée saxonne : en atteignant le canal de Bristol, les Saxons de l'Ouest coupèrent les Bretons de l'ouest de la Severn de ceux de la péninsule au sud du Canal[27]. Ce territoire fut très certainement perdu au profit de Penda de Mercie en 628, date à laquelle la Chronique note que « Cynegils et Cwichelm affrontèrent Penda à Cirencester, puis parvinrent à un accord »[28],[29].

Il est possible qu'en prenant Bath, Ceawlin et Cuthwine aient trouvé les thermes romaines encore en fonctionnement, à un certain degré. L'historien du IXe siècle Nennius mentionne un « Lac Chaud » au pays des Hwicce (le long de la Severn), et ajoute : « Il est entouré par un mur de briques et de pierre, et les hommes peuvent s'y rendre pour s'y baigner quand ils le souhaitent, et chaque homme peut avoir le genre de bain qu'il aime. S'il le veut, ce sera un bain froid, et s'il veut un bain chaud, il sera chaud. » Bède décrit également les bains chauds dans l'introduction géographique de son Histoire ecclésiastique, dans des termes très proches de ceux de Nennius[30].

Le Wansdyke, ouvrage défensif en terre, s'étend du sud de Bristol aux alentours de Marlborough, passant non loin de Bath. Il fut probablement édifié au Ve ou au VIe siècle, peut-être par Ceawlin[31].

584 : Fethan leag

La dernière victoire connue de Ceawlin eut lieu en 584. L'entrée est la suivante : « Alors Ceawlin et Cutha affrontèrent les Bretons en l'endroit qui a pour nom Fethan leag, et Cutha fut tué ; et Ceawlin prit de nombreuses villes et un butin innombrable, et, furieux, il rentra sur ses propres [terres][11] ». Un document du XIIe siècle concernant Stoke Lyne, dans l'Oxfordshire, mentionne un bois nommé « Fethelée », et on estime aujourd'hui que que la bataille de Fethan leag dut avoir lieu dans la région[27].

Le passage « et, furieux, il rentra sur ses propres [terres] » indique probablement que cette annale provient d'une saga, comme peut-être toutes les annales des débuts du Wessex[31]. Il a également été employé pour proposer que Ceawlin ne remporta en fait pas la bataille, et que le chroniqueur préféra ne pas en exprimer clairement l'issue ; un roi ne rentre généralement pas « furieux » lorsqu'il a pris « de nombreuses villes et un butin innombrable ». Il est possible que la suzeraineté de Ceawlin sur le sud de l'Angleterre ait pris fin avec cette bataille[6].

Bretwalda

Vers 731, le moine et chroniqueur northumbrien Bède rédigea son Histoire ecclésiastique du peuple anglais. Bien que son sujet ne soit pas l'histoire séculière, il fournit de nombreuses informations sur l'histoire des Anglo-Saxons, parmi lesquelles une liste de sept rois qui, selon son expression, exercèrent « l'imperium » sur les autres royaumes au sud de l'Humber. La traduction usuelle de ce terme est « suzeraineté ». Ceawlin est le deuxième de cette liste, sous le nom de « Caelin », Bède précisant qu'il « était connu dans le langage de son peuple comme Ceaulin ». En outre, il indique clairement que Ceawlin n'était pas chrétien : « le premier à entrer au royaume des cieux » fut Æthelberht de Kent[32].

La Chronique anglo-saxonne reprend la liste de Bède dans son entrée pour l'année 827, y ajoute Egbert de Wessex, et précise que ces souverains étaient également connus sous le nom de « bretwalda », ou « souverain de la Bretagne »[5]. Le sens exact de ce mot a fait l'objet de nombreux débats. Il a été décrit comme un terme « de poésie eulogique »[33], mais des éléments indiquent qu'il impliquait assurément un rôle de commandement militaire[34].

Selon Bède, ces rois exerçaient leur autorité « au sud de l'Humber », mais elle s'étendait vraisemblablement sur une zone nettement plus réduite, du moins pour les premiers d'entre eux[35]. Dans le cas de Ceawlin, l'étendue de son pouvoir est difficile à déterminer avec certitude, mais son inclusion dans la liste de Bède, et la liste de batailles qu'il est censé avoir remportées, suggèrent un chef de guerre énergique qui, à partir d'une base dans la haute vallée de la Tamise, domina une bonne partie des territoires alentours et exerça sa suzeraineté sur le sud de l'Angleterre pendant un certain temps[12]. Malgré ses victoires, les conquêtes réalisées par Ceawlin au nord ne purent pas être toutes conservées : la majeure partie de la haute vallée de la Tamise passa à la Mercie, et les villes du nord-est conquises en 571 furent par la suite contrôlées par le Kent ou la Mercie[27].

Il faut également considérer la vision de Bède comme un produit de son époque : au moment de la rédaction de l’Histoire ecclésiastique, Æthelbald de Mercie dominait l'Angleterre au sud de l'Humber, et le point de vue de Bède sur les rois antérieurs est sans doute fortement teinté par la situation à son époque. Pour les premiers bretwaldas, comme Ælle de Sussex et Ceawlin, la description de Bède est probablement anachronique à un certain degré[34]. Il est également possible que Bède fasse uniquement référence à une suzeraineté sur les autres royaumes anglo-saxons et pas sur les Bretons insulaires[35].

Ceawlin est le second roi dans la liste de Bède. Tous les bretwaldas ultérieurs se suivent plus ou moins consécutivement, mais il y a un long intervalle, peut-être cinquante ans, entre Ælle et Ceawlin. L'absence d'intervalle entre les autres bretwaldas a été utilisé comme preuve que les dates de Ceawlin correspondent aux dernières entrées de la Chronique avec une précision raisonnable. D'après cette analyse, le bretwalda suivant, Æthelbert de Kent, devait déjà exercer sa domination lorsque le pape Grégoire le Grand lui écrivit en 601, étant donné que Grégoire n'aurait pas écrit à un sous-roi. D'après la Chronique, Ceawlin battit Æthelbert en 568. Les dates d'Æthelberht sont sujettes à débat, mais le consensus actuel estime que son règne ne put débuter avant 580. La date de 568 pour la bataille de Wibbandun est considérée comme improbable, en raison de la durée de sept ou dix-sept ans pour le règne de Ceawlin donnée dans diverses versions de la West Saxon Genealogical Regnal List. Si l'on place cette bataille vers 590, avant qu'Æthelberht ait assis son pouvoir, alors les annales ultérieures relatant la défaite et la mort de Ceawlin peuvent être assez proches des dates exactes. Quoi qu'il en soit, la bataille avec Æthelberht ne peut clairement avoir eu lieu qu'autour de l'an 590, à quelques années près[36]. Par ailleurs, l'intervalle entre Ælle et Ceawlin a été considéré comme corroborant l'histoire du De Excidio de Gildas, selon laquelle la victoire bretonne du mont Badon fut suivie d'une paix d'une génération ou plus[37].

Æthelberht de Kent succède à Ceawlin dans la liste des bretwaldas, mais leurs règnes se chevauchent peut-être : de récentes évaluations estiment les dates de Ceawlin comme 581-588, et placent l'avènement d'Æthelberht vers 589, mais ce ne sont guère que des estimations[15],[38]. La chute de Ceawlin en 592 fut peut-être l'occasion pour Æthelberht de devenir le souverain proéminent du sud de l'Angleterre, ce qu'il était de façon quasi-certaine en 597[39]. Il est possible que l'ascension d'Æthelberht ait eu lieu plus tôt : l'annale de 584 a beau faire état d'une victoire, c'est la dernière de Ceawlin que mentionne la Chronique, et elle fut peut-être suivie de l'ascension d'Æthelberht et du déclin de Ceawlin[6].

Le Wessex à la mort de Ceawlin

Ceawlin perdit le trône du Wessex en 592. L'entrée pour cette année est la suivante (en partie) : « Alors il y eut un grand massacre à Woden's Barrow, et Ceawlin fut chassé. » Woden's Barrow est un tumulus, aujourd'hui appelé Adam's Grave, à Alton Priors, dans le Wiltshire[11]. L'adversaire de Ceawlin est inconnu. D'après le chroniqueur médiéval Guillaume de Malmesbury, qui écrivait vers 1120, c'était « les Angles et les Bretons conspirant ensemble[40] ». Il est également possible qu'il s'agisse de Ceol, censé être son successeur à la tête du Wessex, qui régna six ans selon la West Saxon Genealogical Regnal List[39]. D'après la Chronique, Ceawlin mourut l'année suivante : « Alors Ceawlin et Cwichelm et Crida périrent[11] ». On ne sait rien d'autre de Cwichelm et Crida, mais ils étaient peut-être membres de la lignée royale du Wessex[6],[41].

D'après la liste, Ceol était le fils de Cutha, qui était le fils de Cynric ; et son frère Ceolwulf régna dix-sept ans après lui. Il est possible que la domination des Saxons de l'Ouest se soit fragmentée à la mort de Ceawlin : Ceol et Ceolwulf étaient peut-être basés dans le Wiltshire, en opposition avec la haute vallée de la Tamise. Cette division contribua peut-être également à faciliter la montée en puissance d'Æthelberht de Kent. Toutefois, les Saxons de l'Ouest restaient une puissance militaire non négligeable : la Chronique et Bède indiquent une activité militaire continue contre l'Essex et le Sussex dans les vingt ou trente années qui suivirent la mort de Ceawlin[34].

Notes et références

  • (en) Cet article est partiellement ou en totalité issu d’une traduction de l’article de Wikipédia en anglais intitulé « Ceawlin of Wessex ».
  1. Hunter Blair, An Introduction to Anglo-Saxon England, p. 13-16
  2. Campbell et al., The Anglo-Saxons, p. 23
  3. Hunter Blair (Roman Britain, p. 204) propose 550-575 comme dates de la conquête finale.
  4. Stenton, Anglo-Saxon England, p. 2-7
  5. a  et b Swanton, Anglo-Saxon Chronicle, p. 60-61
  6. a , b , c  et d Stenton, Anglo-Saxon England, p. 30
  7. Keynes et Lapidge, Alfred the Great, p. 41
  8. Swanton, Anglo-Saxon Chronicle, p. xix
  9. Yorke, Kings and Kingdoms, p. 132
  10. a , b  et c Kirby, Earliest English Kings, p. 50-51
  11. a , b , c , d , e , f  et g Swanton, Anglo-Saxon Chronicle, p. 14-21
  12. a  et b Kirby, Earliest English Kings, p. 55
  13. Elle en est à présent séparée, si bien que les manuscrits sont enregistrés séparément à la British Library : MS Cotton Tiberius Aii, f. 178 pour la Liste, MS Cotton Tiberius Avi, ff. 1-34 pour le manuscrit de la Chronique. Voir Swanton, Anglo-Saxon Chronicle, p. xxii, et Lapidge, Encyclopedia of Anglo-Saxon England, p. 388.
  14. a , b  et c D.P. Kirby (Earliest English Kings, p. 49) qualifie l'ensemble constitué par la Chronique et la liste de « fiction politique ».
  15. a  et b D. N. Dumville, « The West Saxon Genealogical Regnal List and the chronology of Wessex, 1985, cité dans Yorke, Kings and Kingdoms, p. 133
  16. Voir les arbres généalogiques en appendice à Swanton, Anglo-Saxon Chronicle.
  17. Swanton, Anglo-Saxon Chronicle, p. 18-19. Voir aussi Kirby, Earliest English Kings, p. 223-224.
  18. Yorke, Kings and Kingdoms, p. 133
  19. C. Hills, Origins of the English, Duckworth, 2003, p. 105 ; B. Ward-Perkins, « Why did the Anglo-Saxons not become more British? », The English Historical Review 115.462, juin 2000, p. 513
  20. Kirby, Earliest English Kings, p. 48, 223
  21. Stenton, Anglo-Saxon England, p. 22-23
  22. a  et b Stenton, Anglo-Saxon England, p. 26-28
  23. Plummer, Two Saxon Chronicles, vol. 2, p. 16
  24. English Place-Name Society (1926), p. xiv, cité dans Hodgkins, A History, p. 188 note 2
  25. Yorke, Kings and Kingdoms, p. 143-144
  26. Swanton, Anglo-Saxon Chronicle, p. 18-19
  27. a , b  et c Stenton, Anglo-Saxon England, p. 29
  28. Stenton, Anglo-Saxon England, p. 45
  29. Swanton, Anglo-Saxon Chronicle, p. 24-25
  30. Campbell et al., The Anglo-Saxons, p. 40-41
  31. a  et b Fletcher, Who's Who, p. 25-26
  32. Bede, Ecclesiastical History, II 5, cité dans la traduction de Sherley-Price, p. 111
  33. Stenton, Anglo-Saxon England, p. 34-35
  34. a , b  et c Kirby, Earliest English Kings, p. 17
  35. a  et b Campbell et al., The Anglo-Saxons, p. 53-54
  36. Pour plus de détails à ce sujet, voir Kirby, Earliest English Kings, p. 56. Voir aussi p. 50-51 pour un examen des éléments concernant la durée du règne de Ceawlin.
  37. Stenton, Anglo-Saxon England, p. 19
  38. Kirby (Earliest English Kings, p. 31-34) donne une analyse très détaillée de la chronologie du règne d'Æthelberht.
  39. a  et b Kirby, Earliest English Kings, p. 56
  40. Cité dans Plummer, Two Saxon Chronicles, vol. 2, p. 17
  41. Yorke, Kings and Kingdoms, p. 143

Bibliographie

Sources primaires
Sources secondaires
  • James Campbell, Eric John, Patrick Wormald, The Anglo-Saxons, Penguin Books, Londres, 1991 (ISBN 0-14-014395-5)
  • Richard Fletcher, Who's Who in Roman Britain and Anglo-Saxon England, Shepheard-Walwyn, Londres, 1989 (ISBN 0-85683-089-5.)
  • H. R. Hodgkins, A History of the Anglo-Saxons, Oxford University Press, Oxford, 1952 [1935] (OCLC 59000682)
  • Peter Hunter Blair, An Introduction to Anglo-Saxon England, Cambridge University Press, Cambridge, 2003 [1960] (ISBN 0-521-83085-0)
  • Peter Hunter Blair, Roman Britain and Early England: 55 B.C. – A.D. 871, W.W. Norton & Company, New York, 1966 (ISBN 0-393-00361-2)
  • Simon Keynes, Michael Lapidge, Alfred the Great: Asser's Life of King Alfred and other contemporary sources, Penguin Classics, New York, 2004 (ISBN ISBN 0-140-44409-2)
  • D. P. Kirby, The Earliest English Kings, Routledge, Londres, 1992 (ISBN 0-415-09086-5)
  • Michael Lapidge, The Blackwell Encyclopedia of Anglo-Saxon England, Blackwell Publishing, Oxford, 1999 (ISBN 0-631-22492-0)
  • Charles Plummer, Two Saxon Chronicles Parallel, Clarendon Press, Oxford, 1972 (OCLC 2697415)
  • Frank M. Stenton, Anglo-Saxon England, Clarendon Press, Oxford, 1971 (ISBN 0-19-821716-1)
  • Barbara Yorke, Kings and Kingdom in Early Anglo-Saxon England, Seaby, Londres, 1990 (ISBN 1-85264-027-8)
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