Catherine Noël Worlee

Catherine Noël Worlee

Noëlle-Catherine Verlée (ou Catherine Noele Worlée), (21 novembre 1761 - 10 décembre 1834), princesse de Talleyrand, était originaire des Indes orientales danoises, bien que d'ascendance bretonne. Elle était la deuxième fille de Jean-Pierre Verlée, natif en 1724 de Vannes, lieutenant de frégate et capitaine de port à Chandernagor et de Laurence Alleigne. Elle naquit le 21 novembre 1761 à Tranquebar (ou Trinquebar), dans les Indes danoises, non loin de Pondichéry.

Portrait par E. Vigée-Lebrun
Portrait de Noëlle-Catherine Worlée (ou Verlée) épouse de G.-F. Grand, future épouse en secondes noces de Charles-Maurice de Talleyrand-Périgord, par Elisabeth Vigée-Lebrun, peint en 1783

Sommaire

De l'Inde coloniale aux salons parisiens

Noëlle-Catherine Verlée se maria en juillet 1777 à Chandernagor (Indes françaises) avec Georges-François Grand, né à Genève dans une famille huguenote française, naturalisé anglais pour rentrer au service de la Compagnie anglaise Indes. Le couple s'établit à Calcutta, mais quelque temps plus tard, les rumeurs d'une liaison amoureuse de Catherine avec un officier irlandais Sir Philip Francis conduisirent Georges-François Grand à reconduire son épouse à Chandernagor, avant pour finir de la renvoyer en Europe par bateau. Elle embarquait le 7 décembre 1780

Après un séjour londonien, au cours duquel elle retint l'attention successive de deux riches anglais qui lui versèrent dès lors une rente, Madame Grand s'établissait à Paris en 1782. Elle devient rapidement une figure des salons littéraires parisiens, courtisée autant que courtisane. Élisabeth Vigée Le Brun, la célèbre portraitiste de la famille royale, peintre favori de la reine Marie-Antoinette, fit d’elle un portrait à l'huile et ce tableau fut exposé au salon de peinture de Paris de cette même année 1783. Elle fut la familière de plusieurs banquiers ou hommes d'affaires, comme Valdec de Lessart, Contrôleur général des Finances en 1790.

Mariage avec Charles-Maurice de Talleyrand-Périgord - Princesse de Talleyrand

Le 10 septembre 1802, elle épouse Charles-Maurice de Talleyrand-Périgord (1754-1838) qu'elle connait depuis trois ans. Homme politique et diplomate de premier plan, ancien évêque d'Autun, Talleyrand est l'héritier d'une grande famille. Son habileté politique et son pied-bot le font surnommer « le diable boiteux ». En 1802 lors de son mariage avec Catherine Noël Worlee, Talleyrand est le Ministre des Affaires étrangères du Consulat.

Le mariage est célébré à l'Hospice des Incurables, rue de Verneuil à Paris. Le témoin du mariage fut Pierre-Louis comte Roederer (1754-1835). Par ce mariage Catherine Noël Worlee - ex Madame Grand - devint princesse de Talleyrand en 1806 lorsque l'empereur Napoléon nomme Talleyrand prince de Benevento.

Talleyrand étant toujours considéré comme évêque par l'Église (serment du 14 janvier 1789) et ne pouvant être rendu à la vie civile (aucun précédent historique), ce mariage n'aurait pas dû avoir lieu. source: "Talleyrand. Le prince immobile" d'Emmanuel de Waresquiel, Fayard, 2003.

Figure du Tout-Paris

Noëlle-Catherine Verlée, princesse de Talleyrand, fut une figure du Tout-Paris impérial et les méchantes langues disaient qu'elle était la femme la plus stupide de Paris car elle s'était rendue célèbre pour avoir dit beaucoup de « bêtises » (dont le fameux : « Je suis d'Inde ») et fait de nombreuses gaffes publiques, ce qui amusait beaucoup l'empereur Napoléon. Ses contemporains disaient d'elle que « c'était la Belle et la Bête réunies en une seule personne ». Mais peut être tout cela a-t-il été exagéré dans le but de nuire à Talleyrand. Durant ses dernières années, elle habitait au 80, rue de Lille à Paris où elle recevait à sa table des écrivains anglais. L'académicien Viennet venait chez elle lire ses tragédies inédites. Tout cela ferait croire qu'elle n'était ni si sotte ni si ignorante.

Décès à Paris en 1834 : le dernier souci du Prince de Talleyrand ?

Elle décéda à son domicile 80,rue de Lille, le 10 décembre 1834 à Paris, à l'âge de 73 ans. Voici comment fut rédigée la déclaration du décès sur les registres de l'église Saint-Thomas d'Aquin :

« Le 12 décembre 1834 fut présenté à cette église le corps de Catherine, veuve de Georges François Grand, connue civilement comme princesse de Talleyrand, âgée de soixante-quatorze ans, décédée l'avant-dernière nuit, munie des sacrements de l'Église, au numéro 80 de la rue de Lille. Ses obsèques furent faites en présence de Mathieu-Pierre de Goussot et de Charles Demon (agent du prince), amis de la morte, qui ont signé avec nous. »

Thomas Raikes fils (1777 - 1848), banquier et célèbre mémorialiste anglais qui se trouvait alors à Paris faisait partie de ses familiers et était présent lors de son agonie et de son décès. Il a reproduit ce document dans son journal, ajoute gravement : « Il est curieux qu'après toutes les allusions diaboliques faites à Talleyrand, son agent principal s'appelle tout justement Demon. » Mais il fait cette autre remarque, moins saugrenue, que la forme même de la déclaration inscrite sur les registres de l'Église prouve combien Talleyrand avait le souci d'effacer le souvenir de son mariage. Il préparait déjà sa suprême réconciliation avec l'Église.

Un incident éclata au chevet du lit de la défunte Mme de Talleyrand. Les journaux de Paris n'en dirent rien ; mais le récit en fut publié par les journaux anglais. Durant son agonie, la princesse avait remis à l'archevêque de Paris une cassette pour la comtesse d'Esclignac[1]. Celle-ci s'étant présentée dans la chambre où la princesse de Talleyrand venait de mourir, l'archevêque s'acquitta de son mandat. Mais survint un agent du prince qui réclama la cassette. Une violente querelle s'éleva sur-le-champ. Un juge de paix dut intervenir.

Que contenait cette cassette, si l'incident relaté est exact ? Pouvait-il s'agir de papiers sur lesquels le Prince de Talleyrand voulait remettre la main, telles des pièces relatives à Elisa-Alix-Sara, dite Charlotte, qui naquit à Londres le 4 octobre 1799, de parents prétendus inconnus, et que d'aucuns prétendent fille des futurs époux Talleyrand, née avant l'heure - en tout cas, Mme Grand était divorcée depuis le 7 avril 1798. On ne l'a jamais su. L'affaire fut arrangée : la comtesse d'Esclignac reçut 200 000 francs en échange de la mystérieuse cassette.

Quant à Charlotte qui avait été placée judiciairement sous la tutelle officieuse de Talleyrand depuis le 6 octobre 1807, alors que depuis plus de quatre ans, elle vivait sous le toit du prince et de la princesse, elle épousa vers 1815 le cousin germain du prince, Alexandre-Daniel, baron de Talleyrand (1776-1839), lequel fut successivement préfet et député du Loiret en 1815, réélu en 1816; préfet de l'Aisne, de l'Allier, de la Nièvre. Plus tard, après un dernier poste de préfet du Pas-de-Calais, il embrassa la carrière diplomatique comme ministre plénipotentiaire à Florence puis ambassadeur à Copenhague. Mère de cinq enfants, dont deux morts en bas âge, Charlotte baronne de Talleyrand-Périgord mourut à Florence, le 22 janvier 1873.

On peut voir encore de nos jours la tombe de Noëlle-Catherine Verlée, princesse de Talleyrand, au cimetière Montparnasse à Paris.

Notes

  1. Il doit s'agir de Georgine Louise Victoire de TALLEYRAND-PÉRIGORD, née vers 1801, qui avait épousé en 1819 le Comte Charles Philippe de PREISSAC d'ESCLIGNAC (1798 - 1873), futur deuxième et dernier Duc d'Esclignac à la mort de son père en 1837. Georgine de TALLEYRAND-PÉRIGORD était la nièce de Charles Maurice de TALLEYRAND-PÉRIGORD, fille unique de son frère cadet Boson de TALLEYRAND-PÉRIGORD (1764 - 1830)

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