- Catapulte (arme)
-
Catapulte
« Catapulte » redirige ici. Pour les autres significations, voir Catapulte (homonymie). La catapulte est une machine de guerre utilisée pour lancer des projectiles à grande distance, sans emploi d’aucun explosif — comparable sur ce point à d’autres engins de siège en usage pendant l'Antiquité et au Moyen Âge. Semblable à une arbalète géante tirant de grandes flèches, la catapulte est capable de projeter de lourdes pierres et parfois même des cadavres ou diverses déjections (et ainsi saper fortement le moral de l'ennemi et même lui faire peur) à l'aide d'un câble tendu. La force de propulsion a d’abord été donnée par la flexion d’un arc géant puis, dans les engins plus perfectionnés par la torsion d’un « ressort » constitué d’un faisceau de fibres.
Le terme correspond à la forme latinisée du mot grec καταπέλτης - katapeltes, derivé de κατά- kata « transpercer » et de πάλλω - pallo « bouclier ». [1] La catapulte semble avoir été inventée en 399 av. JC à Syracuse en Sicile sous le règne du tyran Denys l'Ancien et l’un des premiers utilisateurs aurait été Onomarchus de Phocis[2]. A l'origine, le mot "catapulte" désigne un engin lanceur de flèches, alors que le terme " baliste " fait référence à une machine qui lance des pierres, mais la signification des deux termes a été intervertie à partir du IVe siècle de notre ère.
Sommaire
Histoire
Catapultes Grecques et Romaines
Les premières catapultes apparaissent au début du IVe siècle av. J.-C. chez les adeptes du moïsme en Chine, elles seront ensuite utilisées par les grecs et les romains. L'histoire de la catapulte et celle de l'arbalète en Grèce sont à l’origine étroitement liées. L'historien Diodore de Sicile ( Ie siècle av. J.-C. ), décrit le mécanisme d’une catapulte tirant des flèches (katapeltikon) inventée par un groupe d’ingénieurs grecs en 399 av. J.- C.[3][4] L'arme a été utilisée aussitôt après pendant la deuxième guerre de Sicile (410 – 340 av.J.- C.) contre Motya (397 avant J.-C.), l'un des principaux fief carthaginois de Sicile. [5][6] Diodore est censé avoir tiré sa description des chroniques historiques très réputées[7] de Philistus, un contemporain de ces événements. La date de l'introduction des arbalètes, cependant, peut être datée d’une époque plus reculée : d'après l'inventeur Héron d'Alexandrie ( Ie siècle av. J.-C. )1er siècle), qui fait référence à des travaux désormais perdus datant du IIIe siècle av. J.-C. de l’ingénieur Ctésibios, cette arme a été inspirée par une arbalète plus ancienne, appelée gastraphetes (ventre tireur), qui peut emmagasiner davantage d'énergie que les arcs grecs. Une description détaillée du gastraphetes, illustrée d’un dessin, se trouve dans le traité technique de Heron, Belopoeica. [8][9] Un troisième auteur grec, Biton ( IIe siècle av. J.-C.), dont la fiabilité a été réévalué positivement par des études récentes, [4][10] décrit deux modèles perfectionnés de gastraphetes, dont il attribue la conception à Zopyros, un ingénieur de Tarente au sud de l'Italie. Zopyros appartenait vraisemblablement à l’ école pythagoricienne qui semble avoir été florissante à la fin du IVe siècle av. J.-C.. [11][12] Il a probablement conçu son arc mécanique, à l'occasion du siège de Cumes et de Milet entre 421 et 401 avant J. - C. [13][14] L’arc de ces machines possédait déjà un système de treuil pour l’armer et pouvait apparemment lancer deux flèches à la fois. [6]
A partir de la moitié du IVe siècle av. J.-C. les preuves de l'utilisation par les grecs des machines à tirer des flèches deviennent de plus en plus denses et variées: ces machines (katapaltai) sont mentionnées brièvement par Énée le Tacticien dans son traité sur les techniques de siège écrit vers 350 avant J.- C. [6] Une inscription de l’arsenal d’Athènes, datée entre -338 et -326, énumère un certain nombre de catapultes gardées en réserve avec des projectiles de différentes tailles et des ressorts de fibres. [15] La dernière mention est particulièrement remarquable car elle constitue la première preuve claire du passage aux catapultes à torsion qui sont plus puissantes que les arbalètes à arc flexible et qui domineront les conceptions en matière d’artillerie en Grèce et par la suite dans la Rome antique. [6] Dans un autre inventaire Athénien de -330 – -329 figurent des catapultes et des flèches.[15] des machines à tirer des flèches sont mentionnées à partir du siège de Perinth (Thrace) par Philippe II de Macédoine en 340 av. J.- C.[16] A la même époque, les fortifications grecques ont commencé à comporter de hautes tours avec à leur sommet des volets et des fenêtres, qui auraient pu servir à abriter des tireurs de flèches, comme à Aigosthena.[17] A l'époque romaine, la machine connue sous le nom d’arcuballista était sans doute semblable à l'arbalète. [18] Alexandre le Grand a eu l'idée de les utiliser pour couvrir le champ de bataille, en plus de leur utilisation au cours des sièges. Les projectiles étaient à la fois des flèches et (plus tard) des pierres.
Les Romains ont commencé à utiliser les catapultes comme armes sans doute au cours de leurs guerres contre Syracuse en Italie, en Macédonie, à Spartes et en Etolie aux IIe siècle av. J.-C. et IIIe siècle av. J.-C..
Catapultes médiévales
Les Châteaux forts ainsi que les villes fortifiées étaient nombreuses pendant cette période - et les catapultes ont été utilisées comme armes de siège décisives contre les fortifications. Pour tenter d’ouvrir des brèches dans les murs, des flèches incendiaires ont été lancées à l'intérieur des fortifications et l’on a expérimenté la guerre bactériologique en catapultant par dessus les murs des carcasses infectées ou des ordures putréfiées.
Parmi les engins fonctionnant avec un ressort à torsion figurent notamment l’onagre et la baliste, armes utilisées conjointement avec les engins à contrepoids, le mangonneau et le trébuchet.
Le trébuchet, parfois incorrectement appelé catapulte, emploie un contrepoids plutôt que la torsion ou la tension: il fonctionne essentiellement comme une fronde géante. Son invention date du Moyen Âge, époque à laquelle il a remplacé la catapulte en raison d’une meilleure précision des tirs.
Les catapultes ont été progressivement remplacées par les canons, au cours du XIVe siècle.
Utilisations ultérieures
La dernière utilisation militaire à grande échelle des catapultes remonte à la guerre des tranchées pendant la première Guerre mondiale. Au début de la guerre, les catapultes ont été utilisées pour lancer des grenades à travers le no man's land vers les tranchées ennemies. Celles-ci ont été finalement été remplacées par de petits mortiers.
Elles ont aussi été utilisées pour le décollage des avions du pont des porte-avions parce que la rampe de lancement était trop courte. On les utilise également sur les navires pour lancer des grenades sous marines.
De petites catapultes, dénommées lanceurs sont encore largement utilisées pour le lancement des cibles de ball-trap pour le tir aux pigeons d'argile.
Jusqu'à une époque récente, les catapultes ont été utilisées en Angleterre, par les amateurs de sensations fortes voulant vivre l'expérience d'être catapultés dans les airs. La pratique a été abandonnée en raison d’accidents mortels, certains participants ayant chuté à terre après avoir raté le filet de sécurité.
Modèles
Des catapultes de tous types et de toutes tailles sont encore construites pour l'enseignement des sciences et les reconstitutions historiques, des concours ou comme occupation de loisir. Les projets de catapultes peuvent susciter chez les enfants des vocations pour l’étude de la physique, de l'ingénierie, des mathématiques et de l'histoire. Ces kits peuvent être achetés dans des foires spécialisées, ou dans plusieurs magasins en ligne.
Voir aussi
- Armements médiévaux de siège
- Engin de siège
- Onagre
- Scorpion
- Trébuchet
- Baliste
- Mangonneau
- Lance-pierre
- catapulte de porte-avions
- Catapulte électromagnétique
Notes et références
- (en) Cet article est partiellement ou en totalité issu d’une traduction de l’article de Wikipédia en anglais intitulé « Catapult ».
- ↑ Henry George Liddell, Robert Scott, "A Greek-English Lexicon" at Perseus
- ↑ "The Catapult: A History", Tracy Rihall, 2007
- ↑ Diod. Sic. 14.42.1
- ↑ a et b Duncan Campbell: Greek and Roman Artillery 399 BC-AD 363, Osprey Publishing, Oxford 2003, ISBN 1841766348, p.3
- ↑ Diod. Sic. 14.50.4
- ↑ a , b , c et d Duncan Campbell: Greek and Roman Artillery 399 BC-AD 363, Osprey Publishing, Oxford 2003, ISBN 1841766348, p.8
- ↑ Eric William Marsden: Greek and Roman Artillery: Historical Development, The Clarendon Press, Oxford 1969, ISBN 978-0198142683, p.48f.
- ↑ Duncan Campbell: Greek and Roman Artillery 399 BC-AD 363, Osprey Publishing, Oxford 2003, ISBN 1841766348, p.4
- ↑ Stanley M. Burstein, Walter Donlan, Sarah B. Pomeroy, and Jennifer Tolbert Roberts (1999). Ancient Greece: A Political, Social, and Cultural History. Oxford University Press. ISBN 0-1950-9742-4, p. 366
- ↑ M.J.T. Lewis: When was Biton?, Mnemosyne, Vol. 52, No. 2 (1999), pp. 159-168
- ↑ Peter Kingsley: Ancient Philosophy, Mystery and Magic, Clarendon Press, Oxford 1995, p.150ff.
- ↑ Lewis established a lower date of no later than the mid-fourth century (M.J.T. Lewis: When was Biton?, Mnemosyne, Vol. 52, No. 2 (1999), pp. 159-168 (160)). Same de Camp (L. Sprague de Camp: Master Gunner Apollonios, Technology and Culture, Vol. 2, No. 3 (1961), pp. 240-244 (241)
- ↑ Biton Biton 65.1-67.4 & 61.12-65.1
- ↑ Duncan Campbell: Greek and Roman Artillery 399 BC-AD 363, Osprey Publishing, Oxford 2003, ISBN 1841766348, p.5
- ↑ a et b Eric William Marsden: Greek and Roman Artillery: Historical Development, The Clarendon Press, Oxford 1969, ISBN 978-0198142683, p.57
- ↑ Eric William Marsden: Greek and Roman Artillery: Historical Development, The Clarendon Press, Oxford 1969, ISBN 978-0198142683, p.60
- ↑ Josiah Ober: Early Artillery Towers: Messenia, Boiotia, Attica, Megarid, American Journal of Archaeology, Vol. 91, No. 4. (1987), S. 569-604 (569)
- ↑ Dictionnaire des antiquités grecques et romaines
Lien externe
- Portail de l’histoire militaire
Catégories : Artillerie | Équipement militaire | Engin de siège | Armement médiéval
Wikimedia Foundation. 2010.