- Can-can (danse)
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Cancan
Pour les articles homonymes, voir Cancan (homonymie).Le cancan ou coincoin, est une danse, exécutée en couple, dans les bals et cabarets, inventée au début du XIXe siècle, qui apparut d'abord sous le nom de chahut ou chahut-cancan. Elle faisait partie des danses très mal vues par les autorités et les défenseurs de la morale traditionnelle. À l'époque, les femmes portaient, sous leurs jupons, des culottes fendues. Par la suite, on a dérivé du cancan une forme touristique et très édulcorée, baptisée french cancan, que les femmes sont aujourd'hui seules à danser, en rang, face au public, en portant des culottes fermées.
Sommaire
Origines
Le dictionnaire de la danse de Desrat[1] fait remonter l'origine du Cancan à l'année 1830. Il en donne la définition suivante : « On a donné ce nom à une sorte de danse épileptique ou de delirium tremens; qui est à la danse proprement dite ce que l'argot est à la langue française ».
Cancan, espèce de danse ainsi nommée, soit parce que les exécutants imitaient la démarche et le cri de l'oie, soit par suite du bruit qu'ils faisaient. est la définition que donne Franscique Michel en 1856[2].
Une autre version donne pour origine au cancan également appelé coincoin la danse pratiquée dans leurs fêtes par les blanchisseuses de Montmartre, introduite ensuite vers 1840 par Philippe Musard au bal de l'Opéra, célèbre bal du Carnaval de Paris.
À Paris en 1850 Céleste Mogador, danseuse vedette du Bal Mabille invente une nouvelle danse, le quadrille naturaliste. Vers 1885, Grille d'Égout ouvre un premier cours de cancan à Montmartre. La Goulue[3] le crée dans ses règles modernisées. Nini Pattes en l'air, après 1894, l'enseigne. Parmi les danseuses de cancan les plus connues,Jane Avril et La Goulue sont passée à la postérité grâce au peintre Henri de Toulouse-Lautrec.
Si le compositeur Jacques Offenbach écrivit ses œuvres (à la réputation vivace et légère) à cette même époque, les cancans qu'on veut lui attribuer ne sont que des détournements de ses morceaux. Le cas le plus célèbre est celui du galop infernal, issu de son Orphée aux Enfers, que les arrangeurs se permettent souvent de renommer French cancan. Ils le font de manière abusive, car le French cancan (fabrication touristique d'origine anglaise, concoctée à partir du cancan original), n'existait pas quand Offenbach composait. Il est aussi l'auteur de musiques de danses de bals, qui ne sont plus jouées depuis très longtemps. Certains airs, extraits de ses œuvres, ont également servi de thèmes pour l'écriture de quadrilles, par des compositeurs de musique festive de danses de Paris au XIXème siècle, ce qui était une pratique alors courante et acceptée.
Règles
Les règles du cancan, par le fait qu'il est issu de la culture populaire, sont assez souples suivant les danseuses. Il n'y a d'ailleurs pas d'école qui l'enseigne hormis celles de Grille d'Égout et Nini Pattes en l'air : cela ne fait que participer à l'éparpillement des styles, des intentions.
Cependant, les figures principales s'installent durablement. On peut ainsi citer celles dont le nom est issu du vocabulaire militaire : le port d'armes, la mitraillette, l'assaut, le pas de charge, ou des jeux enfantins : le saute-mouton, les petits chiens, etc.
L'ensemble reste d'ailleurs uniforme : une danse exclusivement féminine, basée sur le célèbre pas, cuisse remontée et jambe vers le bas, dessiné sur l'affiche ci-contre.
Tout le monde peut pratiquer le cancan a condition d'avoir une certaine souplesse
L'image du cancan
Le cancan cristallise l'image d'une société parisienne frivole et canaille, proche de celle décrite caricaturalement dans La Vie parisienne d'Offenbach. Sur une scène, des femmes montrent leurs dessous, soulèvent leurs dentelles : la provocation mêlée de complicité fait fureur.
Les bas noirs, jarretelles et frou-frou prennent des surnoms très imagés et largement connotés sexuellement. Le cancan peut être vu par certains comme symbolisant une première ébauche de libération sexuelle et d'émancipation de la femme, qui est cette fois-ci celle qui séduit. Il peut aussi être vu par d'autres comme un simple aspect annexe et spectaculaire de la prostitution[4]. Quantité de caricatures et textes du XIXe siècle soulignent souvent de manière appuyée le caractère vénal des femmes qui participent aux bals du Carnaval de Paris. Certes celles qui étaient émancipées pouvaient être considérées de façon péjorative comme des prostituées mais la prostitution était certainement également présente dans les bals.
Le Guide des plaisirs de Paris de 1898, quant à lui, donne cette description des danseuses :
« Une armée de jeunes filles qui sont là pour danser ce divin chahut parisien, comme sa réputation l'exige [...] avec une élasticité lorsqu'elles lancent leur jambe en l'air qui nous laisse présager d'une souplesse morale au moins égale. »L'artiste français Henri de Toulouse-Lautrec peignit plusieurs tableaux et un grand nombre d'affiches de cancan et de danseurs. D'autres peintres ont traité le cancan, comme Georges Seurat, Georges Rouault, et Pablo Picasso.
En musique, outre Jacques Offenbach, plusieurs compositeurs intégrèrent le cancan dans leurs œuvres, comme Franz Lehár dans La Veuve joyeuse (1905), ou encore Cole Porter dans sa comédie musicale Can-Can (1954), dont s'est inspiré Walter Lang pour son film Can-Can (1960).
Bibliographie
- Alexandre Dumas, Mes mémoires, éd. Alexandre Cadot, 1852.
- Heinrich Heine, Lutèce : lettres sur la vie politique artistique et sociale de la France, éd. Lévy, 1866.
- Aimée Librizzi, Folies, raconte-moi : la fabuleuse histoire des folies bergère, éd. L'Harmattan, 2008.
- David Price, Cancan !, éd. Cygnus Arts, 1998.
Notes
- ↑ Dictionnaire de la Danse, G. Desrat, ed. Imprimeries Réunies, Paris, 1895
- ↑ Études de philologie comparée sur l'argot, Francisque Michel, ed.Firmin Didot frères, 1856
- ↑ Moi, La Goulue de Toulouse-Lautrec, Les mémoires de mon aieule., Michel Souvais, ed. Publibook, Paris 2008.
- ↑ Beaucoup de danseuses au XIXe siècle se prostituaient, notamment à l'Opéra. Cette pratique a laissé dans la langue française l'expression « entretenir une danseuse » pour désigner une dépense excessive et superflue.
Articles connexes
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