Cadre (art)

Cadre (art)
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Dans le domaine de l'art pictural, le cadre est la limite de l'image.

Initialement, il fait références aux bords du tableau en peinture. Par extension, il désigne ce qui est montré à l'intérieur de ces limites mais aussi souvent l'encadrement réalisé par une bordure.

Dans le domaine audiovisuel et en photographie, ce terme, étendu au cadrage, désigne ce que l'artiste capture durant la prise de vue.

Sommaire

Cadrage

La notion de cadre remonte néanmoins aux premières représentations visuelles en ce que tout artiste reproduisant la réalité procède à un choix dans ce qu'il représente. Les éléments qui ne figureront pas dans l'œuvre sont « hors-cadre ». Ce choix est appelé « cadrage ». En cinéma, si le plan est fixe, le cadre et le champ correspondent. Si la caméra bouge, le champ est plus large que le cadre car le mouvement de caméra dévoile progressivement des éléments qui étaient hors-cadre.

Le cadrage est un choix artistique : il montre une partie de la scène et en cache une autre. Il attire l'attention et met en valeur certains éléments de la composition. À travers le cadrage, l'artiste décide de ce que le spectateur voit et ce qu'il ignore. Il peut ainsi faire jouer l'imagination du public et créer le doute, la crainte, la surprise.

Choix du format

Dans tout cadrage, quel que soit le support, la première décision concerne le choix du format. Si le peintre a une maîtrise totale des dimensions de sa toile, le photographe doit, lui, réaliser un « recadrage » (suppression d'une partie de l'image après la prise de vue) pour parvenir au format choisi. En effet, la pellicule lui impose généralement des proportions de 4/3. Le cinéaste dispose d'un choix limité de formats, mais peut parvenir à plus de liberté grâce au split screen.

Orientation

Le format le plus courant est le format horizontal (dit également « paysage »). C'est le plus naturel car il correspond au champ de vision humain et est tout à fait adapté à la représentation de scènes larges, de plusieurs personnages. L'image est stable et équilibrée. Le format plus grand dans sa dimension horizontale, plus panoramique, est appelé « marine ».

L'orientation verticale (ou « portrait ») est moins spontanée. Elle permet de représenter un sujet en hauteur, tel qu'un personnage ou un immeuble. Ce cadrage donne une sensation d'action et de proximité.

Échelle des plans

Cadre plan.png

Le terme « échelle des plans » correspond au rapport entre le cadre de l'image et les personnages ou objets représentés.
Les abréviations correspondent à l'usage français, notamment dans les scénarios.

Plan général (PG) Il situe l’action et montre tous les protagonistes dans leur contexte topologique. En cinéma ou vidéo, il doit durer assez longtemps pour que le spectateur puisse avoir assez de repères pour assimiler les informations que le réalisateur a voulu donner : comme indiquer une situation géographique dans laquelle l'action va évoluer par la suite, un groupe de personnes...
Plan d'ensemble (PE) On prend la totalité du décor et des personnages qui s'y trouvent. C'est le plan de l'exposition par excellence. Les plans d'ensemble sont souvent utilisés comme introduction ou comme conclusion d'un film, reportage... car ils permettent de situer le cadre de l'œuvre (de même que dans un texte, l'introduction va souvent du général vers le particulier, et la conclusion rouvre vers le général).
Plan de demi-ensemble (PDE) Il ne couvre qu'une partie du décor ou de l'action. Il concentre l'attention sur un groupe bien particulier.
Plan moyen ou plan pied
(PM ou PP)
Il cadre un ou plusieurs personnages en pied. Il concentre l'attention du spectateur sur le ou les personnages, éventuellement dans un espace qui les situe.
Plan italien Plan montrant un personnage jusqu'aux genoux.
Plan américain (PA) Il cadre les personnages à mi-cuisses. Il rapproche encore davantage le spectateur des personnages. Le plan américain a été ainsi dénommé car c'est le plan typique des films américains des années 1930 et 1940. Ce type de plan permet également de montrer plusieurs personnages lors d'un dialogue sans nécessiter de modifier la position de la caméra.
Plan rapproché taille (PRT) Ce plan cadre les personnages à la ceinture et montre principalement ce qu'ils disent et font sans pour autant attirer exagérément l'attention sur un détail précis de leur jeu. Il place les acteurs à la distance qui sépare les interlocuteurs d'une conversation, il accentue l'intimité, permet de lire les réactions psychologiques, le jeu du visage et des épaules. La durée de ce plan est en fonction du dialogue et de l'action en cours.

Le plan rapproché sur un personnage introduit une certaine intimité, il empêche le spectateur de voir les éléments alentours (le hors-champ). Il peut laisser la liberté d'imaginer ce qui se trouve hors du cadre, ou au contraire forcer l'attention à se porter sur le personnage (comme dans Rosetta des frères Dardenne, 1999).

Plan rapproché poitrine (PRP) Il a les mêmes fonctions que le plan rapproché taille, en accentuant un peu plus les traits du visage du personnage. C'est, par excellence, le plan du journaliste derrière son bureau. La durée - souvent importante - de cette valeur de plan est liée au dialogue.
Gros plan (GP) On ne voit qu'une partie d'un personnage sur laquelle on veut attirer l'attention. Il permet de lire directement la vie intérieure d'un personnage, ses émotions, ses réactions les plus intimes. C'est le plan de l'analyse psychologique.
Très gros plan Il montre un seul objet, un détail du visage, par exemple. Généralement très bref, il sert la progression du récit ou du suspense en attirant l'attention sur un détail dramatiquement frappant.

Le « très gros plan » est de plus en plus utilisé au cinéma comme introduction. La perception de la réalité à cette échelle est très différente de la nôtre (voir par exemple le film Microcosmos : le peuple de l'herbe, Claude Nuridsany et Marie Pérennou, 1996), ceci crée donc une interrogation, un sentiment d'étrangeté ; le réalisateur peut par exemple s'en servir pour introduire le thème de la vérité cachée (comme dans Bienvenue à Gattaca d'Andrew Niccol, 1997) ou de la distorsion du point de vue sur la réalité (comme dans Pink Floyd The Wall d'Alan Parker, 1982).

Plan de détail C'est l'équivalent d'un gros plan mais pour un objet. Il est souvent utilisé pour mettre en valeur un détail du décor comme une carte de visite oubliée sur le lieu d'un meurtre etc.
Plan d'insert Cette notion est une notion de montage et pas de tournage. Il possède alors une dynamique propre et présente souvent un plan de détail.

Composition

La notion de cadrage inclut parfois également la composition de l'image, c’est-à-dire l'agencement des différents éléments représentés dans le cadre. Diverses règles classiques de composition existent. Comme toutes règles, elles peuvent être transgressées mais leur connaissance est très utile pour décrypter les œuvres ou réaliser ses propres images.

Règle d'unité

On considère en général qu'une image doit avoir un sujet principal et quelques éléments secondaires qui soutiennent la composition.

Règle des tiers

Il est recommandé de ne pas centrer le sujet. Les architectes antiques avaient découvert que les constructions dont les proportions faisaient appel au nombre d'or étaient particulièrement harmonieuses. On retrouve aujourd'hui ces proportions notamment dans le format standard des photographies. Appliquée à l'image elle même, il découle qu'une répartition de l'espace suivant le ratio 1/3 - 2/3 (proche du nombre d'or) assure un équilibre agréable ainsi qu'une certaine dynamique. Cette proportion permet en effet de hiérarchiser les éléments qui composent l'image, de casser la symétrie et la monotonie.
Pour analyser la composition d'une image, on peut faire apparaître les lignes horizontales et verticales qui partagent chaque dimension en trois (appelées « lignes de forces »). Les croisements de ces lignes sont considérés comme des « points forts » de l'image sur lesquels on retrouve souvent les éléments clés que l'artiste a voulu souligner. Il est généralement préférable de ne pas placer d'éléments mineurs sur les points forts ou d'éviter de situer plusieurs éléments importants sur la même ligne de force.

Sens de lecture

L'œil humain peut difficilement apprécier globalement une image, en particulier si celle-ci est de grande dimension. Il la parcourt donc du regard et la reconstitue mentalement. Une image expose une situation et fournit différents indices pour sa compréhension. Afin de permettre à celui qui la visionne de la décrypter, il est nécessaire d'agencer ces informations de manière logique. Il est fréquent qu'à cet effet, les éléments clés d'une image soient placés suivant le sens de lecture (en occident de haut en bas et de gauche à droite, en orient de droite à gauche et de haut en bas). Cette structure correspond à la façon dont le spectateur décode naturellement l'image, la balayant suivant une « lecture en Z ».

Ce sens de lecture peut impliquer une dimension temporelle, la partie gauche de l'image indiquant le passé proche ou le présent et la partie droite, le futur. Il peut également prendre une valeur symbolique, le bas de l'image représentant le « matériel » et le haut, le « spirituel ». En outre le regard est attiré par les contrastes et les couleurs. Les zones les plus claires ou aux couleurs chaudes sont ainsi privilégiées. Enfin, les regards ou les mouvements des personnages guident également le spectateur dans la lecture de l'œuvre (voir par exemple Le Massacre des Innocents de Guido Reni).

Lignes directrices

Les lignes orientent l'image et dirigent le regard. Ce sont les lignes directrices qui permettent notamment de donner du rythme.

Horizontales

Les lignes horizontales sont généralement symbole de stabilité, elles sont rassurantes et reposantes. Elles permettent de donner à l'image une certaine profondeur. L'horizontal est par exemple la dimension privilégiée du paysage.

Verticales

Les lignes verticales évoquent la puissance. North by North-West (La Mort aux trousses, 1958) d'Alfred Hitchcock est construit essentiellement autour des lignes verticales.

Diagonales

La Cène de Léonard de Vinci

La composition suivant des lignes obliques est plus dynamique :

  • croisées, elles créent l'instabilité et le déséquilibre ;
  • convergentes, elles renforcent la perspective et l'impression d'éloignement et concentrent l'attention vers le point de fuite (voir par exemple la Cène de Léonard de Vinci).

Formes

L'agencement des sujets et des lignes directrices forme des figures sur l'image. Ces compositions géométriques ont un impact sur la façon dont l'image est perçue :

  • carré : force, calme et stabilité ;
  • triangle : dynamique, mouvement ;
    • ascendant : équilibre, spiritualité,
    • descendant : insécurité ;
  • rectangle :
    • horizontal : calme, froideur, lourdeur,
    • vertical : puissance, force et solidarité.

Annexes

Articles connexes

Liens externes


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