- Boucle de rétroaction
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Rétroaction
La rétroaction (on utilise aussi couramment le terme anglais feedback), est, au sens large, l’action en retour d’un effet sur le dispositif qui lui a donné naissance, et donc, ainsi, sur elle-même. C’est-à-dire que la valeur de sortie (à une date antérieure) fait partie des éléments de la commande du dispositif.
Dans un sens plus restreint, Norbert Wiener, Arturo Rosenblueth et Julian Bigelow parlent de feedback pour signifier qu’« un objet est contrôlé par la marge d’erreur qui le sépare à un moment donné de l’objectif qu’il cherche à atteindre »[1].
L’automatique est une discipline qui étudie systématiquement les rétroactions.
Les rétroactions sont très importantes dans de nombreux domaines :
- une rétroaction positive amplifie le phénomène,
- une rétroaction négative le réduit, provoque un amortissement,
- la rétroaction peut avoir un effet variable (la rétroaction est parfois positive, parfois négative) selon les conditions et notamment selon le délai de transmission (paramètre important) et l’inertie du système, ce qui induit des effets très variés (cycle, comportement chaotique, etc.).
Sommaire
Origine et histoire
La rétroaction est un concept dont les origines se perdent dans l'histoire, mais on peut trouver les origines directes de la notion actuelle de feedback depuis l'industrialisation avec, par exemple, au XIXe siècle, le servomoteur de Joseph Farcot, utilisé pour les machines à vapeur.
La théorisation des logiques mécaniques, en particulier avec la cybernétique, a mis en évidence le principe de feedback et, par voie de conséquence, les logiques d'évolution des systèmes étudiées en systémique.
Le feedback est aussi utilisé sur les sites web : il permet par exemple aux visiteurs de laisser des commentaires sur un article.
Boucle, chaîne et oscillation
Une boucle de rétroaction est un dispositif qui lie l'effet à sa propre cause, avec ou sans délai.
La répétition de la réaction (réaction itérative) entraîne :
- son amplification continuelle (cercle vertueux ou vicieux, selon que cette amplification est jugée favorable ou non), dans le cas de rétroaction positive,
- son extinction progressive ou non (avec pompage ou non) en cas de rétroaction négative.
Les comportements des systèmes se répartissent en cinq grands types :
- en emballement effet boule de neige, (effet Larsen, explosion nucléaire...),
- en régulation stable (aéronautique, aérospatial, régulation des processus industriels par l'automatique),
- en amplification contrôlée : c'était le cas de la détectrice à réaction dans les anciens postes de TSF. Le risque d'emballement reste cependant présent,
- en fonctionnement cyclique, avec ou sans amortissement : clignoteur, sonnette électrique, thermostat ...
- en fonctionnement chaotique. Il arrive qu'un comportement chaotique débouche sur un des trois autres types de comportement, qui est dit alors émergent. Un exemple de comportement émergent est donné par la fourmi de Langton.
Domaines d'application
La rétroaction existe dans de nombreux systèmes tant physiques, biologiques (équilibre des écosystèmes,endocrinologie) que sociaux (finance comportementale, psychologie sociale, sociologie). Elle est essentielle en communication avec la notion de processus de communication.
Régulation
Le premier mécanisme de régulation par rétroaction automatique est bien antérieur au régulateur à boules de James Watt cité généralement comme exemple. Les mécaniciens grecs ont conçu une lampe à huile qui met en œuvre le principe du feed-back. Plus tard Francesco di Giorgio Martini fixera des masses sur l'axe en rotation dans le système bielle-manivelle. Le baille-blé des moulins est un autre exemple d'utilisation de ce principe d'autorégulation. C'est son usage qui fera apparaître l'effet de pompage dont l'étude mathématique conduira à terme à la discipline nommée automatique.
Le régulateur rétroactif le plus familier au grand public est probablement le thermostat.
Selon la légende, Aristote utilisait pour se tenir éveillé une boule métallique dans sa main gauche, la boule tombant bruyamment dans un cuvier s'il la lâchait en cas d'assoupissement, le réveillant donc. Le système 'VACMA (Veille Automatique à Contrôle de Maintien d'Appui) de la SNCF (parfois appelé dispositif de l'homme mort) qui arrête immédiatement un train si son conducteur est resté plus de quinze secondes sans toucher ou lâcher quelque chose (fût-ce un simple contact ne faisant rien hormis réarmer la VACMA) constitue également un exemple de rétroaction.
Finance
Les études de Benoît Mandelbrot sur les cours de la bourse révèlent un comportement chaotique des cours. En d'autres termes, les cours ne seraient pas indéterministes, ce qui signifie que des causes (notamment des informations financières, économiques, technologiques, géopolitiques et psychologiques) impactent les cours de manière déterministe (avec toujours la même conséquence), entrainant une dynamique du processus de formation des prix dépendante de conditions initiales. Certains organismes se sont ainsi intéressés à la finance comportementale, et notamment aux sur-réactions des agents à des informations sur la santé de l'entreprise à court terme. En sur-évaluant ou sous-évaluant les prix, les prix s'écarterait de leur "vraie" valeur d'équilibre à court terme, amorçant par la suite un repli plus gradué vers leur "vraie" valeur.
Économie
En économie (sujet non indépendant, mais tout de même distinct, de la finance), Nicolaï Kondratieff suggère vers 1920 l'existence de cycles liés aux phases de chaque innovation technologique (recherche, production, adoption progressive par le marché correspondant à une expansion (voir croissance exponentielle, saturation des besoins conduisant à un simple marché de renouvellement (voir courbe logistique), voire à une décroissance rapide quand l'ancienne innovation est supplantée par une autre, pour laquelle le cycle recommence. Deux exemples typiques sont le cas du charbon en France, ou du chemin de fer aux États-Unis. Ce modèle a reçu une approbation enthousiaste dès les années 30 de Joseph Schumpeter qui a popularisé le modèle et le nom de son inventeur. Il relève aujourd'hui plus de l'histoire de l'économie que de sa pratique : le phénomène, sans être nié, apparait maintenant plus chaotique que réellement cyclique.
Plus généralement, en économie il est rare qu'un élément n'agisse pas sur l'économie en général, et donc sur lui-même. On peut citer des éléments aussi importants que le niveau des prix (l'inflation peut se nourrir elle-même), le chômage, le niveau des impôts, etc.
Modélisation
Jay W. Forrester créera un langage pour fabriquer facilement sur ordinateur des simulations de modèles de rétroaction : le langage DYNAMO (dynamic models). Il s'en servira pour construire un modèle industriel décrit dans son livre Industrial dynamics. Il en arrivera ensuite à modéliser le monde lui-même, d'abord dans un premier modèle de 1973 manquant de détail (il considérait le monde comme une entité unique, sans le régionaliser) et utilisé par le Club de Rome, puis en segmentant le monde en régions homogènes pour un meilleur réalisme. Ces modélisations sont décrites dans son livre World dynamics.
L'étude de la rétroaction dans des cas simples peut se faire aussi au moyen d'équations différentielles comme celle de Bernoulli qui modélise un équilibre entre proies et prédateurs dont l'étude introduit deux notions importantes : celle d'espace des phases et celle de domaine de stabilité.
Notes et références
- ↑ (en) The term feed-back is also employed in a more restricted sense to signify that the behavior of an object is controlled by the margin of error at which the object stands at a given time with reference to a relatively specific goal. Norbert Wiener, Arturo Rosenblueth et Julian Bigelow, Behavior, Purpose and Teleology, dans Philosophy of Science, 1943
Voir aussi
- autorégulation
- percolation
- systémique
- cybernétique
- théorie de l'information
- théorie des systèmes
- théorie du chaos
Liens externes
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