- Bordages à clin
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Sur les bateaux de bois, on dit que les bordages sont disposés à clin lorsqu'ils se recouvrent comme les ardoises d'un toit.
On parle de :
- border à clin
- d'embarcation à clin.
Sommaire
Origine du terme
Bien que la technologie soit connue dans la construction navale des côtes française de la Manche depuis la fin de l'âge des vikings au moins, le terme pour la désigner n'est pas attesté avant le XIVe siècle et encore, non pas sous la forme clin, mais dans des dérivés. On ignore donc si cette dénomination est ancienne ou non, et si un autre terme a pu être utilisé antérieurement.
L'orthographe actuelle du mot clin est influencée par le déverbal de cliner, terme signifiant « incliner » issu du latin clinare, que certains dictionnaires[1],[2]donnent également pour étymon du mot clin. Cependant, Le compte du clos des galées de Rouen au XIVe siècle mentionne des outils spécialement associés à la construction à clin, comme "des pieces de fer appelleez desclinques" et des "platines de fer pour desclinques" qui pourraient être des sortes de ciseaux destinés à sectionner la tête des rivets métalliques assemblant les bordages pour permettre leur démontage[3]. On trouve également : y fault une neusve quille, et ycelle reclinquier, relier, requevillier, calefestrer, braier et roisnier.
Plus tard, en 1515-22 le terme clin est mentionné dans la locution vesseaulx à clinc (Ant. de Conflans, Les faits de la marine et navigaiges).
Les dérivés en [k] et la forme avec < c > nous font douter de l'origine latine du terme, d'autant plus que la technique est d'origine germanique. Les saxons, les frisons ou encore les Jutes l'auraient inventé bien avant l'ère viking. Le mot pourrait être issu du bas-allemand ou du néerlandais klinken : river, boulonner et klinkwerk : bordage à clin[4]. L'anglais clinker procède en partie du néerlandais sur la base de l'anglais clinch[5].
Dérivés et apparentés : déglinguer, clenche, déclencher, enclencher.
Noms de bateaux : clinque ou clinquart (clincart), bateaux utilisé à Etretat, Dieppe, etc. pour la pêche aux harengs, jusqu'au milieu du XIXe siècle environ.
Origine de la technique
Au Danemark, dans les marais de Nydam fut mis au jour en 1863 une grande barque à clin. Ce navire, exposé au château de Gottorp en Allemagne, a été daté en utilisant la dendrochronologie de 310-320 après J.C. Il s'agit du plus vieil exemple de ce type de construction actuellement connu.
Il est construit entièrement en bois de chêne, les bordés se recouvrent et sont maintenues par des rivets de fer. La propulsion semble avoir été à rame.
Conçu à l'origine pour la navigation d'île en île (Frise, Danemark), un navire de 30 rameurs comme celui de Nydam a pu partir à la conquête de la Grande-Bretagne. En effet, c'est sans doute sur des bateaux de ce type que les héros semi-légendaires Hengist et Horsa ont abordé sur ses côtes.
Il est probable que les pirates saxons et frisons, dont les chroniques romaines et franques renvoient l'écho apeuré, utilisaient des embarcations analogues.
Notes et références
- Le Petit Robert, Les Dictionnaires LE ROBERT édition 1985.
- Albert Dauzat, Jean Dubois, Henri Mitterand, Nouveau dictionnaire étymologique et historique, Larousse 1974.
- Eric Rieth, CNRS, La construction navale à clin en Normandie dans L'héritage maritime des vikings en Europe de l'Ouest, PUC 2002.
- lexicographiques et étymologiques de « clin » du CNRTL. Définitions
- ISBN 0-19-283098-8. T. F. Hoad, English Etymology, OUP 1993.
Bibliographie
- Robert Gruss, Petit Dictionnaire de Marine, Éditions Maritimes et d'Outre-Mer, 1978
- L'Héritage maritime des vikings en Europe de l'Ouest, sous la direction d'Elisabeth Ridel, Presses universitaires de Caen, 2002 (ISBN 2-84133-142-3)
Voir aussi
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