Bo-bo

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Bourgeois-bohème

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Le terme bobo, contraction de bourgeois-bohème, traduction de l'anglais bourgeois bohemian, est issu d'un livre de David Brooks intitulé Bobos in Paradise (ISBN 0-684-85378-7) publié en 2000 ; l'auteur entendait caractériser et regrouper sous ce terme l'évolution et la transformation du groupe des yuppies des années 1980. Fréquemment utilisé en Europe francophone depuis le début du XXIe siècle, et ce à des fins sociologiques ou d'analyse culturelle ou politique, ce terme trouve son approximatif équivalent anglo-saxon dans celui d'Hipster.

Sommaire

Origine et invention du terme

Le terme a été créé pour remplacer plus précisément l'utilisation du terme « yuppies » qui avait selon Brooks pris une connotation péjorative. La théorie de Brooks est que cette nouvelle classe supérieure est un croisement entre l'idéalisme des années 1960 et les comportements libéraux et individualistes de la période Reagan.

Les critiques de l'ouvrage de Brooks lui reprochent notamment de n'avoir pas expliqué en quoi cette élite serait nouvelle, et que les tendances qu'il stigmatise comme caractéristiques des bobos ne seraient que l'expression des changements généraux de goûts d'une classe moyenne supérieure préexistante.[réf. nécessaire]

Aujourd'hui, le terme d'Hipster s'est imposé dans le discours anglo-saxon pour désigner plus particulièrement les codes culturels volontairement éclectiques et superficiels (mêlant des éléments de culture de masse à des éléments de contre-culture ainsi plus ou moins dépolitisés) de cette catégorie sociale plutôt issue des couches supérieures des classes moyennes.

Autour des années 1960, une nouvelle forme de bourgeoisie voit le jour, issue du secteur tertiaire. Loin de la figure de l'austère bourgeois, celui-ci est « créatif » et « bohème », et s'il cherche toujours une justification morale, celle-ci est désormais colorée d'écologisme ou de citoyennisme, selon un modèle venu de la côte ouest américaine et de la contre-culture.[1] Elle se cherche alternative, mais son idéologie est en accord avec les mutations du capitalisme et correspond au modèle du néo-libéralisme, dans lequel la propriété n'est plus une valeur fondamentale.[2] En parallèle avec la disparition du lien social, qui ne correspond plus au nouveau modèle bourgeois, la société libérale a alors tendance à se tribaliser. La bourgeoisie essaye de faire croire à sa disparition derrière sa nouvelle allure.[3]

En France

D'après Pierre Merle, l'expression « Bourgeois-bohème » est apparue en France le 15 juin 2000 dans un article du Courrier international[4]. Ce terme est assez flou. Il a pris cependant en France une valeur plutôt péjorative comme dans la chanson de Renaud Les Bobos, désignant un type de conformisme : des personnes aisées, parisiennes et parisianistes, bien pensantes, de sympathies allant plutôt à la gauche écologiste, ayant de l'affection pour la figure du révolté (Che Guevara, mai 68)[5]. Le terme s'éloigne fortement de son sens original aux États-Unis et on peut affirmer qu'il s'est complètement réinventé en France.

Dans cette optique, on relève la « facilité » entre la « vie bohème » (ne pas se soucier du lendemain, d'argent ni de sécurité) et la position bourgeoise, qui l'offre matériellement. À Paris, ces bobos résideraient dans les arrondissements aisés du centre (IIe, IIIe, IVe, IXe) mais leur venue dans les arrondissements autrefois populaires de l'est (Xe, XIe, XIXe, XXe arrondissements par exemple) y a contribué à une forte hausse du prix de l'immobilier ces dernières années[6],[7]. À Lyon, ils occupent les quartiers anciens de la Croix-rousse ou encore le Vieux Lyon

L'écrivain François d'Épenoux décrit les bobos comme « les nouveaux maîtres de Paris, stars des gazettes et chouchous des pubards, leaders d'opinion et des dîners en ville, nouvelle volaille qui, comme dans la chanson de Souchon, fait l'opinion. [...] Ce sont quelques poignées de vrais bourgeois mais faux bohèmes, connus ou inconnus, fricotant dans la pub, la presse, la musique ou le cinéma, bref, dans des métiers bien, qui prônent leurs idées et prêchent leurs discours avec d'autant plus de légèreté mondaine qu'ils n'en subiront jamais les conséquences, planqués qu'ils sont dans leurs donjons bardés de digicodes. [...] Ce sont les nouveaux gardiens de la Pensée unique qui déversent sur le moindre assaillant l'huile tiède d'une soupe idéologique ressassée, entre deux flèches trempées dans le fiel mortels de leurs propres erreurs »[8].

On peut trouver un emploi précurseur du terme dans le roman Bel-Ami, de Guy de Maupassant, publié en 1885 : « Ce fut elle alors qui lui serra la main très fort, très longtemps ; et il se sentit remué par cet aveu silencieux, repris d'un brusque béguin pour cette petite bourgeoise bohème et bon enfant, qui l'aimait vraiment, peut-être. »

Les bobos dans l'art

Le chanteur Renaud a écrit et interprété une chanson intitulée Les Bobos, qui dépeint les caractéristiques des bourgeois-bohèmes types, chanson qu'il achève par les vers suivants « ma plume est un peu assassine / pour ces gens que je n'aime pas trop / par certains côtés j'imagine / que je fais aussi partie du lot » , reconnaissant ainsi qu'il peut aisément être assimilé à ce groupe parfois qualifié de « fourre-tout ». Cette chanson rappelle dans un autre genre Mon beauf du même auteur.

Diverses parodies ou déclinaisons du terme ont ponctuellement été créées comme les « bonobos » (« bourgeois non bohèmes »)[9]. Le terme « beurgeois » (pour « beurs embourgeoisés ») est en revanche plus ancien que « bobo » : c'est notamment le titre d'une bande dessinée de Farid Boudjellal, sortie en 1997.

Les bobos parisiens sont les héros de Bienvenue à Boboland, une bande dessinée de Dupuy-Berberian parue en 2008 aux éditions Audie-Fluide Glacial.

Bibliographie

David Brooks, Les Bobos, F. Massot, Paris, 2000 (trad., par Marianne Thirioux et Agathe Nabet, de Bobos in Paradise: the new upper class and how they got there, Simon & Schuster, 2000) (ISBN 2-84588-018-9)

Dupuy-Berberian, Bienvenue à Boboland : le comportement humain et urbain par Dupuy & Berberian, Audie-Fluide Glacial, Paris, 2008 (ISBN 978-2-85815-862-1)

François d'Épenoux, Les Bobos me font mal : bourgeois bohèmes : minorité mal intégrée à qui l'on doit une droite un peu gauche et une gauche maladroite, A. Carrière, Paris, 2003 (ISBN 2-84337-239-9)

Notes

  1. Joseph Heath et Andrew Potter, La Révolte Consommée, Naïve, 2005
  2. Michel Clouscard, Néo-fascisme et idéologie du désir
  3. Jacques Ellul, Métamorphose du bourgeois, Paris: Calmann-Lévy, 1967. Paris: La Table Ronde, 1998.
  4. Pierre Merle, Les mots à la con, Mots & Cie, 2005, p. 19.
  5. Pierre Merle, op cit., p. 19-20.
  6. "La lutte des classes revient à Paris ! Des bourgeois bohèmes à la ségrégation"
  7. Cahier supplément sur l'immobilier à Paris, numéro 2851 de l'Express du 23 février au 1er mars 2006, p
  8. François d'Epernoux, Les Bobos me font mal, A. Carrière, 2003, p. 11-12.
  9. 100 licenciements de Schneider, D. page 291, 2008. http://editions.negatif.online.fr/

Articles connexes

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