Parisianiste

Le parisianisme est une attitude française consistant pour un habitant de Paris (et par extension, un habitant de la région Île-de-France), à distinguer systématiquement ce qui se passe dans la capitale de ce qui se passe dans les autres villes et départements. La capitale nationale centralisant une part importante du pouvoir administratif, politique, économique et culturel. Honoré de Balzac a beaucoup décrit et étudié cette attitude dans la Comédie humaine (Scènes de la vie de province, Scènes de la vie parisienne)^[1],[2]

Généralités

C'est une mentalité sinon un système de pensée qui tend à hiérarchiser la qualité des évènements, productions artistiques, mais aussi des écoles, voire des personnes et leur niveau culturel et intellectuel selon qu'ils se situent à Paris ou dans le reste de la France (désigné par certains parisiens sous le terme de province). Au-delà d'aspects anecdotiques, le parisianisme pose un problème politique, lié à celui du centralisme. Les effets en sont nombreux ; par exemple, le parisianisme est vraisemblablement responsable du fait que Paris et sa banlieue reçoivent 80% des aides culturelles de l'État^{[réf. nécessaire]}, alors qu'ils ne concentrent qu'1/6e de la population du pays. Le système de transport ferroviaire est aussi centralisé.

Dans les médias

Le parisianisme se ressentirait fortement dans les médias aux yeux d'un grand nombre de « provinciaux » ; un exemple en est la médiatisation énorme de la fermeture de La Samaritaine, à laquelle la télévision française a consacré des heures, voire des émissions entières, quand par exemple la fermeture d'une usine qui va toucher une autre région, et au moins autant de personnes, n'est évoquée qu'une seule journée.

On peut également citer l'épisode des Jeux Olympiques de Paris 2012, au cours duquel les journalistes français arboraient des épinglettes publicitaires, multipliaient les sondages favorables des jours durant et évoquaient sans relâche l'« amour des jeux » qu'avaient les Français pour cet événement - à mettre en parallèle avec la médiatisation extrêmement faible du projet « Lille 2004 » pour les Jeux Olympiques.

Enfin, la couverture journalistique de l'arrivée du Vélib' dans la capitale a été très importante, présentée comme un système novateur et révolutionnant la vie quotidienne, alors que celui-ci existait à Lyon depuis plusieurs années et qu'il fut pour la première fois étrenné à Rennes en 1998, soit neuf ans plus tôt.

Les médias français privilégient généralement les faits divers et des événements qui se déroulent à Paris ; la France étant un pays fortement centralisé, le pays éprouve souvent le sentiment d'être « étouffé » ou ignoré par la capitale. Ainsi, lors de manifestations nationales (anti CPE, les enfants de Don-Quichotte), on assiste régulièrement à une sur-médiatisation des évènements parisiens, et donc, à une sous-médiatisation des évènements nationaux (le plus gros des manifestants ne se trouvent en effet pas en région parisienne, et pourtant, ceux qu'on voit dans les médias sont très majoritairement parisiens).

Le terme province et ses dérivés sont largement utilisés dans des discours qui relèvent du parisianisme. L'expression en province est utilisée sur un mode similaire à l'expression sur le continent pour les Corses, dans le civil pour les militaires ou à l'étranger. Elle dénote en creux une exception à la région parisienne. Un évènement concernant l'ensemble du pays est souvent situé à Paris et en province. Une certaine prise de conscience de l'abus de ce terme a conduit ces dernières années une part des journalistes à tenter d'éviter l'expression en province, parfois remplacée à tort par en région qui reprend le contenu sémantique de l'expression en province.

Citations

« Pour moi, je tiens que hors de Paris, il n'y a point de salut pour les honnêtes gens. »

— Marquis de Mascarille, dans Les Précieuses ridicules de Molière (scène IX)

« On ne peut vivre qu’à Lutèce, tu sais. Le reste de la Gaule, c’est bon pour les sangliers. »

— René Goscinny, réplique d'Homéopatix, caricature du parisien, dans Les Lauriers de César.

« Il n'est bon bec que de Paris. »

— François Villon, Ballade des femmes de Paris.

« La France traverse une phase de vulgarité. Paris, centre et rayonnement de bêtise universelle. [...] Le grand homme est bête. »

— Charles Baudelaire, Préface des Fleurs du Mal.

« Cela fait, Pantagruel vint à Paris avec ses gens. Et à son entrée tout le monde sortit dehors pour le voir, comme vous savez bien que le peuple de Paris est sot par nature : & ils le regardaient en grand ébahissement. »

— François Rabelais dans Pantagruel

« Il serait beau que les jeunes gens de ce siècle ramenassent le sang et la chaleur dans les membres engourdis de cette pauvre France provinciale; que l'absurde préjugé fût détruit, qui fait de Paris la patrie obligée de tous les citoyens d'élite; et qu'en un mot, la France cessât d'avoir son cœur dans sa tête. »

— Victor Hugo

« Les Parisiens, en général, ne voient que leur cité ; on dirait qu'à peine se doutent-ils que la France ait d'autres villes, ou du moins qu'à leurs yeux ce sont des points imperceptibles : ils ont l'ineptie de prétendre, et la généralité des Français a l'ineptie de croire qu'à Paris seul on trouve de grands talents. Une conséquence de ce préjugé est de vouloir accaparer tous les monuments, et comme cet esprit domine dans les académies et comités littéraires de la capitale, composés de membres, la plupart habitant Paris, des relations habituelles avec le ministère leur facilitent les moyens d'extraire de tous les dépôts qui sont en France, ce qui tente leur convoitise. J'avais sans relâche combattu cette manie, aussi injuste qu'impolitique, de dépouiller tous les départements. Les productions du génie et les moyens d'instruction sont la propriété commune ; ils doivent être répartis sur la surface de la France comme les réverbères dans une cité ; mais on veut tout accumuler ici. Arras possédait une Bible des premières éditions de Mayence ; j'avais empêché qu'Arras ne fût volé ; pendant mon absence, le comité décida en faveur du vol. (...) N'a-t-on pas vu le Comité de salut public enjoindre à tous les dépôts nationaux d'expédier pour Paris toutes leurs cartes géographiques ? On a peine à concevoir un tel délire ; (...) N'ai-je pas ouï des sculpteurs, des peintres, émettre en principe que tout ce qui est unique en son genre doit être à Paris ? d'où il résulte qu'ici doivent s'accumuler tous les tableaux et toutes les statues, à moins qu'on ne trouve le secret de les multiplier comme les livres et d'en donner des éditions. De là cet entassement de chefs-d'œuvre, dont la multitude est telle qu'on leur accorde à peine un léger coup d'oeil. On faisait le voyage d'Anvers pour voir les Rubens ; ici ils sont presque oubliés dans la foule. A la tribune des Cinq-Cents je me souviens d'avoir mécontenté les Parisiens, en disant que s'il était en leur pouvoir, ils feraient venir ici le Pont du Gard, la Maison Carrée et les Arènes de Nîmes. »

— Abbé Grégoire dans ses Mémoires (1808)

Définition par extension

En langage parlé le terme "parisianisme" désigne un ensemble d'attitudes associées au mode de vie et à la culture particulière des parisiens. Il définit le snobisme voire l'élitisme, et le mépris, des parisiens lié au sentiment de la suprématie économique, politique et intellectuelle de leur ville. Pour beaucoup, le "parisianisme" est à l'origine de l'image "arrogante" de la France dans certains pays, notamment aux États-Unis, en Belgique et en Grande-Bretagne.

Bibliographie

• Le Séparisianisme Claude Champaud
• Les Parisiens Alain Schifres

Notes et références

Voir aussi

• Jacobinisme
• Centralisation | Centralisme
• communautarisme
• Discrimination
• Bourgeois-bohème
• Province
• Francis Marmande

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