- Événements du 8 novembre 2010 à Laâyoune
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Événements du 8 novembre 2010 à Laâyoune
Carte du Sahara OccidentalLocalisation Laâyoune, Territoire du Sahara occidental, sous contrôle du Maroc Coordonnées Date 8 novembre 2010 Type Émeute Mort(s) 13 (Autorités marocaines) Blessé(s) 159 (Autorités marocaines) modifier Les « événements du 8 novembre 2010 à Laâyoune » sont des affrontements qui se sont tenus à la ville de Laâyoune et qui ont opposé des manifestants sahraouis et les forces de l'ordre marocaines, après que ces dernières eurent démantelé le campement de « protestation » de Gdim Izik, situé à 12 km de la ville.
Selon les autorités marocaines, ces émeutes ont fait 11 morts et 159 blessés parmi les forces de l'ordre ainsi que 2 civils tués[1],[2]. Pour le Front Polisario, 36 Sahraouis ont été tués et 163 autres emprisonnés[3].
Sommaire
Contexte
Article connexe : Histoire du Sahara occidental.Le 10 octobre 2010, plusieurs dizaines de personnes installent des tentes, en signe de protestation contre leurs conditions de vie, au camp Gdim Izik, à 12 km à l'est de Laâyoune, Chef-lieu de la région de Laâyoune-Boujdour-Sakia el Hamra dans la direction de la ville de Smara, situées dans le territoire du Sahara occidental. Après quelques semaines, ils étaient jusqu'à 3 000 tentes abritant 15 000 personnes selon les observateurs des Nations unies. Leurs revendications étaient exclusivement d'ordre socio-économique (Logements, emplois dans la fonction publique, distribution des cartes de l’Entraide nationale[4]), selon les autorités marocaines et des militants locaux. Sur cette base, un dialogue a été établi avec les autorités[5].
Cependant, la tension est montée d'un cran le 24 octobre 2010 quand un adolescent de 14 ans, Al-Nagem Al-Qarhi, est tué par la gendarmerie alors qu'il essaie de s'introduire dans le camp[6]. Selon les autorités marocaines, la gendarmerie aurait été contrainte de riposter[7] : « Les individus en question étaient à bord de deux voitures. Une balle a été tirée à partir de l'un des véhicules, ce qui a contraint les forces de l'ordre à riposter »[8]. Selon Amnesty International, les jeunes ne faisaient qu'apporter des vivres à leurs familles et la balle fatale a été tirée à bout portant[9].
Les discussions entre les responsables du campement et les autorités, sous la tutelle du ministre de l'Intérieur, ont finalement pris fin à cause de l'infiltration du camp par des séparatistes qui manipulaient l'issue des négociations à des fin politiques ainsi que des criminels qui empêchaient les gens de quitter librement le camp, selon le wali de la région Mohamed Guelmous : « Le Polisario avait de plus en plus la main sur le camp, on ne pouvait plus attendre et on a alors réfléchi à la solution forte »[10].
Déroulement
Le lundi 8 novembre 2010, l'assaut par les gendarmes marocains et forces auxiliaires en tenue anti-émeute est donné à 6h45 du matin (heure locale) pour démanteler le camp[11]. Les forces de l'ordre n'ont pas fait usage d'armes à feu, selon les observateurs de l'ONU (seuls les matraques, canons à eau et tirs de gaz lacrymogènes ont été utilisés)[10].
Les affrontements ont alors éclaté dans le camp, les émeutiers étaient quelques dizaines, le visage dissimulé, armés de pierres, sabres, bâtons, cocktails Molotov, bonbonnes de gaz et circulant à bord de véhicules tout-terrain conduits à grande vitesse pour faucher les forces publiques[12].
Selon le wali, cette opération a permis à 3 000 membres des forces de l'ordre d'évacuer un camp de 6 000 personnes en moins d'une heure[11].
A partir de 8h30, les émeutiers envahissement les quartiers de la ville de Laâyoune et procèdent à l'incendie et la destruction de plusieurs voitures, bâtiments administratifs et privés. Certains d'entre eux scandent des propos séparatistes[13].
Vers 15h, les forces de l'ordre parviennent à contrôler la situation et à sécuriser la ville[14].
Le lendemain, les autorités déclarent que le calme est revenu à la ville et à ses alentours[15].
Par ailleurs, les forces marocaines agissent en représailles. Plusieurs personnes arrêtées sont passées à tabac jusqu'à perdre connaissance. La police ainsi que des civils ont attaqué des sahraouis dans leurs maisons à Laâyoune[16].
Ces événements ont survenu le même jour de la tenue de la 3e réunion informelle, préparatoire au 5e round de négociations entre le Maroc et le Front Polisario à Manhasset près de New York, visant à trouver une solution politique et définitive au différend au sujet du Sahara Occidental[17].
Bilan
Le bilan officiel communiqué par les autorités marocaines (Ministère de l'Intérieur[18]) fait état de onze morts dans les rangs des forces de l'ordre (éléments de la Gendarmerie Royale et des forces auxiliaires) et de la protection civile, et 70 blessés parmi celles-ci, alors que quatre civils ont été blessés. Une vidéo publiée par le Ministère de l'Intérieur ainsi que des photos et vidéos circulant sur internet montrent des manifestants se livrant à des actes de violence et de lynchage sur les forces de l'ordre, dont particulièrement un élément des forces auxiliaires jonchant le sol, égorgé à coups de couteau[19] ou encore des dépouilles d'éléments de la protection civile souillées par des manifestants[20].
Toujours selon la même source, un seul civil (Baby Hamadi Buyema, un cadre de l'Office Chérifien des Phosphates (OCP)), a trouvé la mort durant la même journée à son heurt par un véhicule dans l'une des artères de la ville de Laâyoune où se sont déroulés les troubles. Le ministère espagnol des Affaires étrangères et de la Coopération a demandé que des éclaircissements soient apportés concernant les circonstances de ce décès, vu que la victime possède une carte d'identité espagnole[21].
Un deuxième civil devait décéder suite aux complications d'une pneumonie aiguë selon un rapport médico-légal.
Ce bilan est contesté par le Front Polisario qui évoque un grand nombre de victimes civiles, sans les identifier pour autant[22].
Dans une lettre adressée le lundi 15 novembre 2010 au Conseil de sécurité de l'ONU, le représentant du Polisario, Ahmed Boukhari, précise que plus de 36 Sahraouis avaient été tués et que 163 autres ont été détenus[23].
Pour l'envoyée spéciale du quotidien Le Monde, ces chiffres sont « invérifiables »[24].
Le Directeur de la division urgences au sein de l'Organisation internationale Human Rights Watch (HRW), Peter Bouckaert, « soutient largement » le bilan des morts fourni par les autorités marocaines, en liaison avec les événements qu'à connus la ville de Laâyoune, rapporte le Washington Post[25]. Dans une déclaration par téléphone depuis Laâyoune, M. Bouckaert a laissé entendre que « les chiffres avancés par le Polisario sont exagérés », indique le journal américain. Le même responsable a tenu à préciser au Washington Post que « les rumeurs faisant état de cadavres dans les morgues sont dénuées de tout fondement » insistant que « des interviews réalisées à ce sujet avec des individus (à Laâyoune) n'étayent pas ces assertions »[26].
Dans son rapport sur les évènements, l'Association marocaine des droits humains confirme le décès de 13 personnes, dont onze dans les rangs des forces publiques et deux civils. Elle relève des cas de disparitions, tortures, garde à vue prolongées au-delà du délai légal de la part des forces marocaines. Des défenseurs des droits de l'homme ont été attaqués par la police, qui a par ailleurs commis un viol par l’introduction d'une bouteille d'une boisson gazeuse selon l'AMDH. Des enfants ont été exploités pour causer des troubles et ont également été victimes de la violence des forces publiques. Elle confirme aussi que des journalistes dont Ali Lmrabet ont été écartés. L'AMDH constate aussi les destructions matérielles[27].
Censure
De nombreux journalistes ont été empêchés de se rendre sur place par les autorités marocaines [28]:
- Le ministère marocain de la Communication retire son accréditation au correspondant du quotidien ABC et de la radio espagnole RNE, Luis de Vega, pour « pratique de l'animosité et la falsification des faits », dans la couverture de la crise au Sahara.
- Le 25 octobre 2010, la RAM, compagnie aérienne gouvernementale, bloque l’embarquement à Casablanca de sept journalistes espagnols.
- Le ministère de la Communication annonce, le 29 octobre 2010, la fermeture des locaux de la chaîne qatarie d’information en continu Al Jazeera, ainsi que du retrait des accréditations de tous ses journalistes.
- Le 8 novembre au matin, le correspondant du journal émirati The National, John Thorne, ainsi que le collaborateur marocain de l'ONG Human Rights Watch, ont été pris pour cibles par la police.
- Le député européen Willy Meyer, et trois journalistes espagnols du quotidien Canarias 7 qui l'accompagnaient, ont été interdits de débarquer à l'aéroport de Casablanca le 8 novembre 2010.
- Aux alentours du 8 novembre 2010, 11 correspondants de journaux espagnols se sont vu refuser de se rendre à Laâyoune par voie aérienne.
- Le 11 novembre 2010, une journaliste française et deux journalistes espagnols du quotidien la Vanguardia et de la Catalunya Radio, ont été empêchés d’embarquer pour Laâyoune.
- Trois journalistes de la chaîne espagnole SER, Angels Barceló, Nicolás Castellano et Angel Cabrera, ont été expulsés le 12 novembre 2010.
Réactions
- Le 9 novembre 2010 : Le ministre français des affaires étrangères, Bernard Kouchner, a qualifié ces heurts de « très graves ». « Il y a un problème d'urgence : à Laâyoune, les chocs ont été très violents ; les incidents, très graves. On ignore, à la fois dans le camp de toile et dans la ville, le nombre des blessés et le nombre des morts », a déclaré le ministre lors d'une séance de questions à l'Assemblée nationale française[29].
- La ministre des Affaires étrangères espagnole Trinidad Jimenez a appelé à « la retenue et au calme », depuis la Bolivie où elle était en visite. Elle a souligné la nécessité de reprendre le dialogue « pour éviter que le conflit ne dégénère »[30].
- Le 12 novembre 2010 : L'agence de presse espagnole EFE diffuse une photo d'enfants blessés à la tête recevant des soins dans un hôpital, prétendant qu'il s'agit de « victimes de la répression marocaine », une photo reprise par les grands journaux espagnols (dont les journaux El País[31] et El Mundo[32]). Or, il s'est avéré par la suite que cette photo est celle d'enfants de Gaza, victimes d'une opération israélienne en 2006[33]. La responsable du service "Photo" d'"EFE", Rosario Pons, a reconnu, dans un entretien téléphonique avec L'agence de presse Andalus Press qu'EFE ne dispose d'aucun photographe à Laâyoune, et qu'elle a alimenté sa couverture de ces incidents, sur le plan de l'image, en téléchargeant certaines photos de sites électroniques et de blogs de ce qu'elle a appelé des militants sahraouis[34].
- Le 13 novembre 2010, la chaîne TV espagnole Antena 3 diffuse dans un journal télévisé une image montrant trois cadavres amoncelés et qui sont attribués aux événements de Laâyoune[35]. En fait, cette photo était prise lors d'un fait divers de l'assassinat d'un individu de ses proches dans le quartier de Sidi Moumen à Casablanca, publiée par le journal marocain Al Ahdath Al Maghribia en date du 26 janvier 2010[36],[37].
Suite à ces publications, le gouvernement marocain (Ministère de la Communication, porte-parole du gouvernement) a fait part de sa condamnation des dérives de certains médias espagnols de s'être livrés à déformer la réalité des informations relatives au dossier du Sahara de façon systématique, non professionnels et malintentionnée sur le plan journalistique[38].
- Le 15 novembre 2010 : Le Front Polisario réclame une enquête des Nations unies sur ces incidents et menace de revoir son rôle dans les pourparlers de paix avec le Maroc, dans l'hypothèse où ces derniers ne débouchent pas rapidement sur des résultats. Il souhaite que le Conseil de sécurité de l'ONU dépêche au Sahara occidental une mission d'information afin de « procéder à un compte rendu autorisé des événements de la semaine dernière ». « La mission devra établir si le démantèlement du campement, installé pour demander des emplois et de meilleurs services, a violé le cessez-le-feu de 1991, conclu sous le patronage de l'ONU, entre le Maroc et le Polisario » ajoute le représentant du Polisario[39]. Le gouvernement marocain, par la voix de son ministre de la Communication Khalid Naciri, avait déjà fait savoir qu'il s'opposerait à une telle enquête[40]. Le 17 novembre 2010, le Conseil de sécurité de l'ONU a « déploré » les violences lors du démantèlement du camp de Gdim Izik mais n'a pas ouvert d'enquête comme le réclamait le Front Polisario[41].
- Le 25 novembre 2010 : Le parlement européen adopte une résolution exprimant « sa profonde préoccupation » face à la nette détérioration de la situation au Sahara occidental et « condamnant fermement » les violents incidents. Tout en faisant observer que le parlement marocain a mis en place une commission d'enquête, les députés estiment que l'Organisation des Nations Unies est l'organe le plus approprié pour mener une enquête internationale et indépendante sur les événements, les décès et les disparitions[42]. Cette résolution a été rejetée par le gouvernement marocain qui l'a jugée « précipitée et partiale »[43].
- Le 26 novembre 2010 : Le roi du Maroc nomme Khalil Dkhil au poste de gouverneur de Lâayoune en remplacement de Mohamed Jelmouss[44]. Khalil Dkhil est le premier sahraoui à accéder à cette position dans la capitale du Sahara[45].
- Le 18 novembre 2010 : Une manifestation, regroupant 3 millions d'individus (2,5 millions selon la police), est organisée dans la ville de Casablanca pour protester contre le vote du parlement européen en faveur d'une enquête de l'ONU. A cette occasion, Le parti de l'Istiqlal du premier ministre Abbas El Fassi et quinze autres formations politiques ont publié un communiqué conjoint condamnant le Parti populaire espagnol pour son « activisme effréné contre le Maroc »[46].
- Le 29 novembre 2010, Le gouvernement marocain a dénoncé « le comportement malhonnête » des journaux espagnols El País et El Mundo qui refusent de publier les démentis et mises au point adressées par les autorités marocaines, tout en précisant que leurs deux correspondants espagnols, présents à Laâyoune à cette date, n'ont cessé de publier « un torrent de contrevérités sur les événements de Laâyoune et refusent délibérément de reconnaître leurs errements passés »[47].
- Le 7 janvier 2011, le gouvernement espagnol indique qu'un groupe de 20 immigrés sahraouis, arrivés mercredi d'avant par mer sur l'île espagnole de Fuerteventura aux Îles Canaries, ont demandé l'asile politique aux autorités espagnoles : "Il y a 20 Sahraouis qui ont demandé l'asile politique" a déclaré le numéro deux du gouvernement espagnol et ministre de l'Intérieur Alfredo Pérez Rubalcaba. "Le gouvernement traitera ces demandes conformément à la loi", a-t-il ajouté à l'issue d'un conseil des ministres. La presse espagnole avait fait état de 16 demandes d'asiles parmi ce groupe parvenu clandestinement à l'île des Canaries par bateau, après avoir vécu « cachés » à Laâyoune. Les immigrés basent leur demande sur le fait qu'ils ont participé au campement de Gdim Izik et qu'ils craignent pour leur « intégrité physique » en cas de rapatriement, a rapporté le quotidien El Pais. Selon le journal ABC, les demandeurs ont expliqué aux autorités espagnoles qu'ils fuyaient « la répression » et qu'ils se « cachaient » depuis plusieurs semaines à Laâyoune[48].
Commission parlementaire marocaine d'enquête sur les événements
Le 12 janvier 2011, la commission parlementaire d'enquête sur les événements du camp de Gdim Izik et de la ville de Laâyoune, a présenté son rapport sur ces évènements, lors d'une séance plénière à la Chambre des représentants[49]. Pendant plus de 45 jours, la commission a entendu quelque 122 témoignages, notamment celui du wali régional, du procureur, et des ministres de l'Intérieur et des Affaires étrangères.
Buts et objectifs de la commission
Chronologie des événements
Chronologie détaillée depuis la genèse du mouvement de contestation jusqu'au démantèlement du camp Dates Événements Entre le 27 et le 30 septembre 2010 - Le mouvement de protestation commence avec la tentative d'établissement d'un premier regroupement de 9 tentes à 23 km au sud-est de la ville de Laâyoune. 44 cas de demandes d'emploi et de logement ont été identifiés et dont certaines ont été satisfaites. Le camp est ensuite démantelé.
- Deux jours après, des protestataires enclenchent une nouvelle tentative avec 108 demandes d’ordre social. Des promesses pour leurs résolutions ont été données avant que le dialogue ne s'interrompe à cause du climat tendu.
- Un autre camp de 10 tentes est érigé 16 km à l'est de Laâyoune et qui sera démantelé deux jours après.
Le 10 octobre 2010 - Un camp de 15 tentes est érigé sur la route de la ville de Tarfaya. En même temps, une autre opération similaire mais d’envergure plus importante est entreprise. Le campement de Gdim Izik à 12 km en direction de la ville de Smara a ainsi passé de 30 à 300 tentes en moins de 24 heures à cause des rumeurs incitant les habitants à se diriger vers le camp afin de profiter d’avantages.
- Le camp a été érigé de façon hermétique à l'intervention aux autorités : Les « terroristes » ont planté un cordon de tentes sur la forme d'un mur de protection afin de fortifier le camp par l’utilisation des femmes et personnes âgées comme boucliers humains pour parer à toute intervention éventuelle des forces publiques.
- Des fuites d'informations à partir du camp font état de personnes armées d'armes blanches, de bâtons et de fusils de chasse habitant le deuxième rang des tentes pour empêcher ceux du premier rang de fuir en cas d'intervention des forces de sécurité.
- Dans le même jour, les autorités procèdent à une première tentative de démantèlement du camp, et juste après l’arrivée des forces de sécurité sur place, elles constatent que les nombre des tentes a augmenté et que le nombre des protestataires a dépassé les 300 personnes. Les gendarmes et forces auxiliaires étaient en sous-effectif et ne pouvaient intervenir après s'être confrontés à des boucliers humains constitués de personnes âgées, de femmes et d'enfants.
Le 11 octobre 2010 - à 11 heures du matin, les chioukhs et notables se dirigent vers le camp de Gdim Izik afin d’ouvrir un dialogue avec les protestataires et de s'enquérir de leurs réclamations. Cependant, ils sont été reçus avec des violences verbales et un refus de discussion sous prétexte qu'ils n'ont rien à leur apporter et qu'ils ont amassé des fortunes colossales sur le compte des habitants et des démunis.
- Après cet échec, le wali donne son ordre de démanteler le camp, sauf que les autorités sécuritaires n'ont pas pu intervenir vu la disproportionnalité numérique entre les protestataires et les forces de l'ordre d'un part, et le pari sur la possibilité de parvenir à une solution par le dialogue.
Le 12 octobre 2010 - Le nombre de tentes augmente à 800 et dépassera 6 000 tentes le 8 novembre 2010 et qui peuvent abriter plus de 20 000 personnes. La plupart de ces tentes n'étaient pas utilisées de façon permanente sauf les week-ends dans l’espoir de recevoir d'éventuels avantages.
Le 16 octobre 2010 Le Secrétaire général des Nations unies Ban Ki-moon effectue une visite au Maroc. Le 17 octobre 2010 Le secrétaire général du Front Polisario Mohamed Abdelaziz envoie une lettre au secrétaire général des Nations unies où il déclare que plus de 7 000 personnes protestent contre ce qu’il a appelé « la colonisation de leurs territoires ». Dans une autre déclaration, Mohamed Abdelaziz avance que les forces marocaines encerclent les protestataires avec des fils barbelés autour du camp et interdisent à ses occupants de s'approvisionner en nourriture, médicaments et eau potable. Le 18 octobre 2010 - Le dénommé Oueld Salek demande aux Nations unies d'intervenir immédiatement afin d'empêcher « Les forces d’occupation marocaines » de commettre un « massacre collectif ».
- Le dénommé Boukhari du Front Polisario envoie une lettre au président du Conseil de Sécurité l'avertissant de ce qu'il a appelé une catastrophe humanitaire et demande l'intervention du Conseil de Sécurité.
Le 19 octobre 2010 Le Ministère de l'Intérieur dépêche une commission de trois walis centraux à Laâyoune afin de diagnostiquer la situation et présenter des propositions et des solutions. Le 21 octobre 2010 - Une première rencontre est organisée avec le comité de coordination du camp constitué de 9 personnes qui ont affirmé leur attachement à leur marocanité que leurs réclamations sont strictement d'ordre social, n'ont aucun rapport avec les séparatistes et qu'ils ont des réserves sur les conseils des élus locaux.
- Après que l'administration centrale s’est engagée à donner suite certaines demandes, le comité a demandé un délai de 48 heures pour effectuer une opération de recensement du camp et a refusé en même temps l'aide de l'administration pour ce recensement et de signer le procès-verbal de l'accord sous prétexte qu'ils ne disposent pas de délégation dans ce sens.
Le 24 octobre 2010 - Le dénommé Djeyja Daouidi aux antécédents judiciaires est expulsé du camp suite à des actes de violence qu'il a commis sous l'emprise de la drogue et son altercation avec « la sécurité du camp ».
- Djeyja Daouidi se dirige vers la ville et revient avec cinq jeunes armés d'armes blanches à bord d'une voiture 4x4 en forçant le barrage des forces publiques, s'ensuit alors une course-poursuite pendant laquelle le jeune Al-Qarhi Al-Nagem est tué et quatre autres blessés (une enquête judiciaire a été ouverte).
Le 27 octobre 2010 - La commission d'administration territoriale se déplace sur place afin de superviser le recensement.
- Le comité de coordination demande un délai supplémentaire de 5 jours pour effectuer le recensement.
- La commission apporte au comité de coordination tous les outils logistiques pour faciliter l'opération de recensement.
Le 29 octobre 2010 Le Ministre de l'Intérieur tient une réunion élargie à Laâyoune avec les élus, chioukhs et des représentants de la société civile et s'engage à mettre en œuvre les propositions présentées par la commission d'administration territoriale. Le 31 octobre 2010 - La commission d'administration territoriale tient une quatrième réunion avec le comité de coordination, pendant laquelle ce dernier a fait part de son mécontentement de la décision des autorités de distribuer les avantages. En outre, il a élevé le seuil des ses réclamations comme la construction d'une autoroute entre Agadir et Laâyoune et d'une université, l'emploi de tous les jeunes sans exception et l'amnistie globale de tous les poursuivis en justice et recherchés pour tous les crimes.
- La commission d'administration territoriale se rend compte que le dialogue n'a plus d'intérêt, que le comité de coordination est dépassé et que les vrais commanditaires sont un « groupe de séparatistes avec ses alliés de repris de justice et des terroristes ».
Le 2 et 3 novembre 2010 Une autre réunion entre le Ministre de l'Intérieur et les élus, chioukhs, représentants de la société civile et représentants des autorités locales, pendant laquelle il leur a fait part des derniers développements des négociations et des positions contradictoires du comité de coordination. Le 4 novembre 2010 - Le Ministre de l'Intérieur tient une réunion en deux rounds. A leur issue, un accord est rédigé pour la levée du sit-in en contrepartie de l'engagement de l'administration pour la mise en œuvre d'un certain nombre de demandes d'ordre socio-économique.
- Après que toutes les parties se sont mises d'accord sur une mouture définitive de l'accord, le comité de coordination revient sur sa position et refuse de signer procès-verbal de la réunion.
Le 5 novembre 2010 - « La sécurité du camp » refuse l'accès au camp au wali de la région et ses accompagnateurs pour l'exécution des clauses de l'accord.
- Un communiqué du Ministère de l'Intérieur affirme qu'un groupe de femmes et d'enfants sont séquestrés dans le camp et ne sont pas autorisés à le quitter. Il affirme aussi que des éléments étrangers sont présents dans le camp et qui sont appuyées par le Polisario et l'Algérie et que des étrangers s'y sont infiltrés, déguisés dans des habits sahraouis, dans les camions qui apportent les denrées alimentaires. Des monnaies étrangères comme l'Euro, le dinar algérien et le dollar américain ont été retrouvées par la suite.
- « La sécurité du camp » séquestre deux journalistes de Jeune Afrique et Reuters, les interrogent avant de les relâcher alors que les médias nationaux se sont vus refuser l'accès au camp. Devant cette situation, les autorités se sont rendu compte qu'il n'est plus opportun de poursuivre les négociations et qu'une intervention des forces de sécurité est nécessaire pour démanteler le camp.
Le 8 novembre 2010 - Les autorités locales informent le Procureur général de la décision d'intervention pour le démantèlement du camp.
- Le Procureur général du Roi donne son ordre pour le démantèlement du camp et dépêche un adjoint pour superviser l'opération et veiller à l'application et le respect des procédures légales.
- L'ordre est donné aux forces publiques de ne pas faire usage d'armes à feu.
- vers 6 heurs du matin, des hélicoptères de la gendarmerie royale survolent le camp et des haut-parleurs sont utilisés pour sommer les habitants à quitter les lieux immédiatement et dans le calme. Des bus ont été mis à leur disposition pour faciliter leur déplacement vers la ville.
- à 6 heures et demi, un premier groupe des forces publiques intervient et commence à démanteler le camp, à protéger les séquestrés et les aidant à quitter les lieux.
- Devant la résistance des éléments de « la sécurité du camp » et des affrontements avec les forces publiques, un deuxième groupe intervient muni de camions, canons à eau et des bombes lacrymogènes.
- Les émeutiers mettent le feu dans quelques tentes pour empêcher les forces de sécurité d’accéder au camp, tandis que des terroristes utilisaient des voitures 4x4 dans des attaques collectives où ils ont fauché un certain nombre d'éléments des forces publiques, un mode opératoire premier du genre.
- Les familles des habitants du camp dans la ville investissent l’avenue Smara et d'autres quartiers de la ville, suite à des rumeurs alléguant que des massacres ont été commis lors du démantèlement du camp. Un groupe d'individus masqués, dont la plupart avaient quitté le camp après son démantèlement, commettent des actes de violence et de vandalisme dans la ville, et qui ont été rejoints par des supporters avec l'aide de voitures 4x4 et armés de sabres, couteaux et cocktails Molotov.
- Les actes de vandalisme s'étendent à des bâtiments publiques, privés, commerces et habitations, des voitures sont brûlées, des personnes sont poignardées et battues à coups de pierres et bâtons, ainsi qu'une tentative de mettre le feu à un établissement scolaire abritant 300 élèves avec une tentative de les enlever et les séquestrer comme otages.
- Dans un accident de la circulation, une voiture de police fauche et tue un civil, Baby Hamadi Buyema, travaillant à Phosboucraa. Une enquête judiciaire a été ouverte.
- Un nombre d'éléments des forces publiques meurent, l'un d'eux est égorgé de façon barbare.
- Une partie du siège de la radio et télévision régionale de Laâyoune est dégradée. Une tentative de son contrôle a été avortée par l'intervention des forces de sécurité.
- Un groupe d'individus masqués se dirigent vers la prison de Laâyoune dans une tentative de libérer les prisonniers. Le directeur de l'établissement est informé des intentions de ce groupe et la prison est alors fermée et les visites familiales interdites.
- à 13 heures, les renforts commencent à arriver à la ville et parviennent à contrôler progressivement la situation.
Analyse, conclusions et recommandations
Le camp a été instauré en une organisation structurée de deux groupe : Un premier groupe de 27 personnes supervise la gestion des affaires intérieures du camp, et un comité de 9 personnes assurait le dialogue avec les autorités. Ce comité, chargé des négociations avec les autorités, ne figurait pas dans l’organisation officielle du camp, certainement pour lui ôter la légitimité nécessaire à la prise de décision au cours du dialogue. En revanche, d’autres unités organisationnelles ont été mises en place :
- une unité chargée de la sécurité générale du camp ;
- une unité qui s’occupe des affaires intérieures ;
- une unité responsable de l’inspection générale du camp.
Le camp a été structuré en 6 arrondissements, plusieurs quartiers avec des gardes intérieure et extérieure . Une telle organisation montre que l’objectif sous-jacent des groupes terroristes et séparatistes était la pérennisation du camp et son exploitation auprès des organisations internationales au profit d’un agenda politique servant des intérêts étrangers.
Les données recueillies révèlent que le camp était composé de plusieurs catégories de population. Environ 20% des habitants des camps peuvent être considérés comme des victimes légitimes de la marginalisation par rapport aux avantages sociaux. D’autres catégories sociales ont regagné le camp pour des considérations diverses :
- le groupement des familles sahraouies sans logement, ni revenu ;
- le groupement de l’Office Chérifien des Phosphates ;
- le groupe de la promotion nationale ;
- le groupe des jeunes diplômés en chômage ;
- le groupe des Achbal (lauréats) Hassan II ;
- le groupe des veuves et des divorcées ;
- le groupe de l’institution de bienfaisance islamique ;
- les ouvriers de la société en faillite, Fleurs de Mer ;
- le groupe des RME en retour d’Espagne à la suite de la crise économique ;
- le groupe des séparatistes en va et vient entre l’Algérie et le Maroc ;
- le groupe des recherchés par la justice, des criminels au regard du droit commun, des conterbandiers de (chameaux, cigarettes, drogue, immigration clandestine, armes à feu)et leur relation avec le terrorisme au Sahel.
Ces deux derniers groupes sont entraînés dans l’utilisation des 4 x 4 pour franchir les terrains les plus difficiles et de matériel de télécommunication de pointe ; une catégorie dont les intérêts ont été affectés par la convention entre le Maroc et l’Union Européenne relative à la lutte contre l’immigration clandestine, le trafic de drogue, le terrorisme, qui a conduit au démantèlement de 35 réseaux.
Réception du rapport de la commission
Notes et références
- « Événements de Laâyoune : 67 individus devant le procureur général du Roi », dans Maghreb Arabe Presse, 12 novembre 2010 [texte intégral]
- « Evénements de Laâyoune : Un autre élément des forces de l'ordre succombe à ses blessures », dans Maroc journal, 17 novembre 2010 [texte intégral]
- « Les tensions reprennent », dans Courrier international, 16 novembre 2010 [texte intégral]
- Trois morts dans les événements de Laâyoune L'Économiste
- Sahara occidental: une semaine après les émeutes, Laâyoune sous le choc
- « Sahara occidental : un mort et cinq blessés aux abords d'un camp de Laâyoune », dans Jeune Afrique, 25 octobre 2010 [texte intégral]
- Le parquet général de Laâyoune ordonne l’ouverture d’une enquête judiciaire : Plainte contre les fauteurs de troubles
- Maroc: un jeune tué et cinq blessés à Lâayoune
- Maroc. Il faut une enquête sur l’homicide dont a été victime un Sahraoui âgé de 14 ans aux abords d’un site de protestation sur amnesty.org, Amnesty international. Mis en ligne le 26 octobre 2010
- Sahara Occidental : tension après les émeutes sur www.lefigaro.fr
- Les forces de l'ordre procèdent à la libération des personnes âgées, des femmes et des enfants dans la camp de Gdim Izik
- Sahara occidental: une semaine après les émeutes, Laâyoune sous le choc, 15/11/2010 sur www.lepoint.fr
- Vidéo sur
- Sahara Occidental : tension après les émeutes
- Six Marocains tués et 70 autres blessés dans un camp au Sahara occidental
- Sahara occidental : Les forces de sécurité marocaines ont soumis des détenus à des mauvais traitements , 26/11/2010 sur www.hrw.org
- Début des pourparlers informels sur le Sahara dans la banlieue de New York
- M.Cherqaoui:Les forces de l'ordre n'ont tiré aucune balle, ni dans le campement de Gdim Izik ni dans les rues de Laâyoune
- Premières images d'un Policier Marocain poignardé au Cou par les Séparatistes et terroristes Pro-Polisario
- YouTube.com
- Communiqué 80-2010. DÉCÈS DE BABY HAMADI BUYEMA
- Le Point : Sahara occidental: une semaine après les émeutes, Laâyoune sous le choc
- L'Express - Le Polisario demande une enquête de l'Onu sur Laayoune
- Le Monde, 12 novembre 2010 Isabelle Mandraud, « Sahara occidental : "jour de guerre" au camp d'Agdim Izik », dans
- (en)The Washington Post : U.N. asked to investigate violence in Western Sahara
- Maroc Journal MAP : Evénements de Laâyoune: HRW "soutient largement" le bilan des morts fourni par les autorités marocaines (Washington Post)
- Rapport de la commission d'enquête sur les événements de El Aaiun sur diasporasaharaui.blogspot.com
- Halte aux expulsions forcées et aux retraits des accréditations des journalistes étrangers, 12/11/2010 sur fr.rsf.org
- Bernard Kouchner dénonce "les incidents très graves" au Sahara occidental
- Sahara occidental: une opération des forces marocaines fait 5 morts
- (es) Photo
- (es) La fotografía de los niños heridos del Sáhara fue tomada en Gaza en 2006
- (en) Three Palestinian Children Killed and 15 Others Wounded in a Failed Extra-Judicial Execution Attempt Carried out by IOF
- L'agence officielle "EFE" implique la presse Espagnole dans une nouvelle diffamation à l'égard du Maroc
- (es)Antena3.com - Vídeos - Guerra de cifras en el Sahara
- De fausses images de Lâayoune diffusées par des médias espagnols
- YouTube.com : Journal télévisée de la chaîne marocain 2M
- MAP : Le gouvernement réitère sa forte condamnation des dérives haineuses de certains médias espagnols
- Le Polisario demande une enquête de l'Onu sur Laayoune
- Le gouvernement s'oppose à une commission d'enquête sur les événements de Laâyoune
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- Sahara occidental: les députés pour une enquête indépendante des Nations Unies
- MAP : Le Maroc va prouver au Parlement européen le caractère partial, injuste et déséquilibré de sa résolution (Taib Fassi Fihri)
- Le roi Mohammed VI nomme un nouveau gouverneur à Lâayoune
- Mohammed VI tend la main et nomme un sahraoui gouverneur de Laâyoune
- L'Express : Manifestation pour la défense du Sahara "marocain"
- MAP : Le gouvernement marocain dénonce vigoureusement le comportement malhonnête des journaux espagnols "El pais" et "El Mundo"
- Espagne: demande d'asile politique par un groupe d'immigrés sahraouis
- Événements de Laâyoune : la commission d'enquête rend sa copie
Voir aussi
Liens externes
- TelQuel : La vérité sur les insurgés de Laâyoune (N°446 du 05/11/2010)
- (fr) Rapport de la commission parlementaire d'enquête sur les événements du camp de Gdim Izik et de la ville de Laâyoune [PDF] (1,4 Mo)
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