Titia Brongersma

Titia Brongersma
Titia Brongersma
Gravure de J. Schijnvoet, représentant les fouilles à Borger par Titia Brongersma (à gauche) en 1685, publiée dans Schatkamer der Nederlandse Oudheden de Ludolph Smids en 1711
Gravure de J. Schijnvoet, représentant les fouilles à Borger par Titia Brongersma (à gauche) en 1685, publiée dans Schatkamer der Nederlandse Oudheden de Ludolph Smids en 1711

Activités Archéologue
Écrivaine
Poétesse
Naissance vers 1650
Dokkum
Provinces-Unies Provinces-Unies
Décès vers 1700
Groningue
Provinces-Unies Provinces-Unies
Langue d'écriture français
frison
néerlandais
Mouvement Baroque
Genres Poésie

Titia Brongersma, née à Dokkum en Frise, vers 1650 et décédée à Groningue, vers 1700, est une poétesse d'origine frisonne de la fin du XVIIe siècle, qui s'intéressa à l'archéologie. En 1686 est paru son recueil, intitulé De bron-swaan ; quasiment l'unique trace de ses activités littéraires[1].

Sommaire

Biographie

Sur Titia Brongersma, nous ne savons pas grand-chose. On sait qu'elle est née vers 1650 en Frise, à Dokkum, et que, plus tard, elle alla habiter à Groningue[1]. Elle était la fille de Bronger Wijtses, chirurgien, et Aeltien Koertsdochter[2]. De toute vraisemblance, Titia Brongersma ne s'est jamais mariée[3].

Elle était probablement issue de la bonne bourgeoisie, où les enfants reçurent une éducation multidisciplinaire. Selon ses amis, Brongersma sut écrire, dessiner, modeler, peindre, jouer des instruments et chanter[4], ce qui indique qu'elle avait reçu de l'enseignement privé. Ce serait, alors, par ce biais qu'elle aurait acquis sa connaissance de la littérature néerlandaise et française, ainsi que celle de l'Antiquité classique, bien qu'il ne soit pas exclu, voire même qu'il soit plutôt vraisemblable, qu'elle était autodidacte pour une bonne part. Sinon, il est difficile d'expliquer les nombreuses erreurs dans son travail[1].

Elle était probablement membre d'une famille frisonne considérable. Peut-être sa grand-mère était-elle la fille de Brongers Brongersma (1559-1626), secrétaire de Kollumerland ? Dans ce cas, elle avait des proches parents dans les milieux les plus en vue à Leeuwarden. Parmi eux : l'avocat Julius Brongersma, le bourgmestre Hillebrandt Brongersma et Geesje Brongersma, mari de Tobias Gutberleth, le recteur de l'école latine[4]. Ces liens familiaux pourraient expliquer les rapports qu'entretinrent Brongersma et des personnalités issues des élites sociales et culturelles de la Frise et de Groningue. À Groningue, elle aurait vécu dans la richesse : dans un de ses poèmes on trouve l'indication qu'elle disposait de son propre cabinet d'écriture, où elle put se retirer pour travailler[3].

Tout indique que Brongersma était une jolie femme indépendante. Célibataire toute sa vie, elle était en mesure de consacrer tout son temps à écrire. On ne sait pas comment elle fit sa vie, mais apparemment elle avait assez d'argent pour financer la publication d’un recueil de poésie de 240 pages. Au XVIe siècle et au XVIIe siècle, les écrivains ne se faisaient pas payer mais finançaient, en général, eux-mêmes leurs publications, payant des éditeurs pour le travail d'imprimerie et de distribution. Comme les droits d'auteur n'existaient pas à cette époque, les ventes ne rapportèrent guère[1].

Œuvre

En 1685, Brongersma, passant les jours de Pentecôte chez des amis en Drenthe, entreprit des fouilles sur le site du grand dolmen de Borger[5], jadis déjà une attraction touristique. Un ami[1] archéologue[3] et écrivain, Ludolf Smids, raconta plus tard, dans son livre Schatkamer der Nederlandsse oudheden (Trésor des Antiquités néerlandaises)[6] de 1711, comment Brongersma commença à creuser dans la terre sur le site même[1]. Il s'agit de l'un des plus anciens rapports de fouilles archéologiques menées sur le site des dolmens néerlandais[3].

En présence du jeune Seigneur Lenting, chez le père duquel elle était logée, elle découvre d'abord de nombreux petits cailloux, posés les uns contre les autres, comme dans une rue. En dessous, elle trouvait de nombreux pots ronds de forme grossière et rebondie, peints dans des tons brunâtres/bleuâtres ou rouge foncé ; d'aucuns avaient deux anses, d'autres quatre. Dès qu'elle y toucha, les cruches tombèrent en morceaux en versant des ossements et de la cendre. Elle dut se contenter de subtiliser quelques morceaux méconnaissables. Brongersma décrivit ses sentiments dans un poème dans lequel elle se pose la question ce qu'est, en effet, un dolmen et si le mot, hunebed en néerlandais, est dérivé du nom du peuple des Huns, jadis si puissant, ou si, lors d'un combat contre les dieux mythologiques, les géants ont entassés cet amas de pierres par la suite détruit d'un coup de foudre par le forgeron des dieux ? Ou s'agit-il de tombes, comme les pyramides ? Elle décida d'y voir un temple de la Mère Nature qu'elle honora d'une couronne de feuilles de chêne[1].

Frontispice de De Bron-Swaan de Titia Brongersma, ouvrage publié chez C. Pieman à Groningue, en 1686

En 1686 parut de Brongersma le De bron-swaan, of mengeldigten, un recueil de 240 pages[3]. La préface de l'ouvrage confirme que c’était bien elle qui avait pris l'initiative de faire paraître ses poèmes, chose tout à fait incongrue dans ce temps là : lorsque des femmes voulurent publier leurs travaux, non seulement leurs époux ou des amis de sexe masculin prirent l'initiative de contacter un éditeur, mais c'étaient eux aussi qui écrivirent la préface. Le recueil est plein d'erreurs, ce qui signifie peut-être que Brongersma fit tout sans aide, et que les textes n'ont pas été relu par l'éditeur ou ses amis. De bron-swaan comprend de nombreux poèmes de circonstance, un genre populaire au XVIIe siècle[1].

Le titre De bron-swaan, of mengeldigten, se réfère à Brongersma même. Le mot bron-swaan signifie littéralement : cygne qui vient s'abreuver à une source. Mais un « cygne » est aussi une métaphore commune pour un poète. La source est l'Hippocrène de la mythologie grecque, sur l'Hélicon, le mont des poètes. Selon le récit mythologique, l'eau de l'Hippocrène fournissait aux écrivains l'inspiration pour leur travail. Mengeldigten était le terme par lequel on désignait, au XVIIe siècle, des poèmes sur des sujets divers, et figure ici comme sous-titre[1]. Dans ce cas, les genres, comme le sonnet et le rondeau[4], et les langues dans lesquelles ils ont été pratiqués (le néerlandais, le frison et le français) [5],[7] sont variés : outre les poèmes de circonstance, il y a des dialogues rimés entre bergers (en frison) et des odes adressées à des femmes célèbres dans l'histoire[1]. Hormis ces poèmes en l'honneur d'illustres femmes, des poèmes sur des hommes et des femmes de son propre entourage attirent l'attention[8] ; avant tout ceux dédiés aux poétesses Katharina Lescailje, Eelkje van Bouricius, Ida Maria Veelkers, Swaantje ter Horst et Klara Barthols[9]. Il y a aussi des poèmes d'amitié, pétrarquistes[10] et teintés d’érotisme, à l'adresse d'une certaine Elisabeth Joly, sans qu'on puisse en conclure qu'on a à faire avec une relation lesbienne[11]. Compte tenu du ton des poèmes adressés à des femmes, celles-ci ont dû remplir une fonction différente dans la vie de la poétesse que les destinataires de sexe masculin[12]. Peut-être écrivit-elle ses louanges à l'instar de Smids, qui avait publié une « galerie de femmes fortes » en 1685 (Gallery der uitmuntende vrouwen)[13] ? On n'a pas pu retracer l'identité[1] de tous les personnages, desquels certains portent un titre de noblesse[3], dont Titia fit l'éloge[1] de leurs talents artistiques tout en les encourageant à développer leurs capacités studieuses et d'écrivaines[8]. Brongersma a été l'une des premières femmes néerlandaises à publier un recueil de poésie à sujet non religieux. Dans la préface était exprimée l'ambition de faire paraître une seconde édition, améliorée[3].

Il est difficile de savoir si elle a publié un second recueil, intitulé Hemelsche orgeltoonen (Tons célestes d'orgue), auquel un poème de Smids fait peut-être allusion, mais dont aucun exemplaire est connu à ce jour[14]. Outre De bron-swaan, Brongersma publia un drempeldicht, un poème en guise d'introduction à une publication d'un autre auteur et fait à sa louange[4], dans un ouvrage de Smids de 1685, « Gallerye, ofte proef van syne dichtoefeningen »[15], et un poème sur un incendie qui avait ravagé en 1687 près de Sappemeer, dans les environs tourbeux de Groningue[4].

Notoriété

Brongersma fut très appréciée dans les provinces septentrionales de la République des Sept Pays-Bas-Unis. Ainsi, des écrivains comme Adriaan Tymens de Ljouwert et Ludolf Smids de Groningue la proclamaient Sappho frisonne[16],[1], et les professeurs Nicolaas Blancardus de Franeker, en l’estimant au-dessus de Virgile, Horace et Sénèque et Juvénal, et Johannes Mensinga de Groningue, chantaient sa louange en des termes non moins éloquents[17]. Même si cette référence fut un compliment souvent accordé aux écrivaines, il y avait tout de même des raisons explicites cette fois-ci. Brongersma avait un talent évident et n'hésita pas à suivre sa propre voie[1]. Modestement, elle prétendit pourtant, en écrit, qu'elle ne pouvait émettre que des sons secs et rauques : au Siècle d'or, il seyait aux femmes de ne pas trop se vanter[18].

Les auteurs du XVIIIe siècle et XIXe siècle, désapprouvant les poèmes de Brongersma, l'admiraient tout de même pour ses fouilles archéologiques[3]. Ainsi, J. Dirks traduisit son poème Lof op ‘t hunnebed en français pour le Dictionnaire Archéologique[19]. Van der Aa considérait De bron-swaan comme un recueil de peu d'importance (« een vrij onbeduidend bundeltje »)[5], tandis que les auteurs d’un carnet de voyage, Drenthe in vlugtige en losse omtrekken geschetst (Esquisse rapide et approximative de Drenthe) de 1843 étiquetaient ses vers comme « des rimes de mauvais goût » (« wansmakelijk gerijmel »).

Le jugement changea au début du XXe siècle lorsque ses poèmes frisons furent redécouverts. posthumément, elle acquit une certaine renommée internationale en 1924, quand W.E. Collinson traduisit sa poésie frisonne en anglais. Ces dernières années, un regain d'intérêt se manifeste sous l'influence de l'attention générale portée à l'écriture des femmes du passé. En particulier, les vers qu'avait écrits Brongersma pour ses amies, ont attiré l'attention : ils montrent que, à la fin du XVIIe siècle, dans la Frise et en Groningue, s'était développée une culture d'écriture et de lecture féminine[3].

Publications

  • De Bron-swaan of mengeldigten van Titia Brongersma, Groningue, 1686
  • Hemelse Orgeltoonen ( ? ; aucun exemplaire connu).

Liens externes

Sources

Références


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Contenu soumis à la licence CC-BY-SA. Source : Article Titia Brongersma de Wikipédia en français (auteurs)

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