Symbolique des antiennes Ô

Symbolique des antiennes Ô


La symbolique des Grandes antiennes « Ô » de l'Avent, appelées aussi Antiennes de Magnificat parce qu'elles étaient chantées avant et après le Magnificat, sont traditionnellement chantées aux Vêpres dans la semaine précédant Noël.

Sommaire

Calendrier des Antiennes «  Ô » avec références bibliques correspondantes

Le dénombrement de Bethléem, Pieter Bruegel le Jeune



O Sapientia

17 décembre : O Sapientia (Ô Sagesse)

Moines bénédictins de Olinda, Antienne « O Saptientia »

« O Sapientia, quæ ex ore Altissimi prodisti, attingens a fine usque ad finem, fortiter suaviter disponensque omnia: veni ad docendum nos viam prudentiæ.

O Sagesse, sortie de la bouche du Très-Haut, qui enveloppez toutes choses d'un pôle à l'autre et les disposez avec force et douceur, venez nous enseigner le chemin de la prudence »

«  Le Verbe éternel, la Sagesse éternelle, ayant résolu dans le grand conseil de la Sainte-Trinité, de se faire homme pour réparer l'homme perdu, fit connaître à Adam, comme il est croyable, et promit aux anciens patriarches, comme la sainte Ecriture le marque, qu'il se ferait homme pour racheter le monde. C'est pourquoi, pendant les quatre mille ans qui se sont écoulés depuis la création du monde, tous les saints personnages de l'ancienne loi ont demandé le Messie avec d'instantes prières. Ils gémissaient, il pleuraient, ils s'écriaient: "O nues, pleuvez le juste! ô terre, germez le Sauveur! O Sapientia, quae exore Altissimi prodiisti, veni ad liberandum nos." Mais leurs cris, leurs prières et leurs sacrifices n'avaient pas assez de force pour attirer la Sagesse éternelle, ou le Fils de Dieu, du sein de son Père. Ils levaient leurs bras vers le ciel; mais ils n'étaient pas assez longs pour atteindre jusqu'au trône du Très-Haut. Ils faisaient continuellement des sacrifices même de leurs cœurs à Dieu; mais ils n'étaient pas d'un assez grand prix pour mériter cette grâce des grâces .  »

— Louis Marie de Montfort , Amour de la Sagesse éternelle, 104


Cette invocation rappelle les textes des Saintes Ecritures, et aussi la Vierge Marie vénérée par l'Eglise comme Sedes sapientiae, Siège de la Sagesse :

  • « C'est pourquoi j'ai prié et l'intelligence m'a été donnée, j'ai invoqué, et l'esprit de sagesse m'est venu, . Je l'ai préférée aux sceptres et aux trônes, et j'ai tenu pour rien les richesses, comparées à elles . Je l'ai préférée aux sceptres et aux couronnes, et j'ai estimé de nul prix les richesses auprès d'elle. Je ne lui ai pas égalé les pierres les plus précieuses, car tout l'or du monde n'est auprès d'elle qu'un peu de sable, et l'argent, à côté d'elle, doit être estimé comme de la boue » ( Sag. 7,7-8)
  • La Sagesse fait son propre éloge (...) "Je suis issue de la bouche du Très-Haut" » (Siracide 24:1.3)
  • « L'Esprit du Seigneur reposera sur lui, l'Esprit de Sagesse et d'Intelligence, l'Esprit de conseil, de connaissance et de crainte du Seigneur. Sa joie sera dans la crainte du Seigneur. » (Isaïe 11: 2-3)
  • « Il est conseiller merveilleux et sagesse. » (Isaïe 28:29)
  • Sagesse de Salomon 8: 1 : Lire le Livre de la Sagesse (1 et 7)

« En effet, les pensées perverses séparent de Dieu, et sa puissance, quand on la met à l'épreuve, accuse les insensés. La sagesse n'entre pas dans une âme qui médite le mal, et n'habite pas dans un corps esclave du péché. L'Esprit-Saint, éducateur des hommes, fuit l'astuce; il s'éloigne des pensées dépourvues d'intelligence, et se retire quand approche l'iniquité. En effet, la Sagesse est un esprit qui aime les hommes, et il ne laisse pas impuni le blasphémateur pour ses discours, car Dieu est le témoin de ses reins, le véritable scrutateur de son cœur, et il entend ses paroles. Car l'Esprit du Seigneur remplit l'univers, et lui qui contient tout, sait tout ce qui se dit.» (Sag. 1.)

  • « Qui [le Seigneur] a-t-il consulté qui lui fasse comprendre, qui l'instruise dans les sentiers du jugement, qui lui enseigne la connaissance et lui fasse connaître la voie de l'intelligence ?» (Isaïe 40:14. Dans la traduction latine de la Vulgate, l'expression est exactement la même: viam prudentiae)
Calligraphie médiévale du « O Sapientia »


  • Évangile de Luc, 2-40 : « L'enfant grandissait et se fortifiait, tout rempli de sagesse, et la grâce de Dieu était sur lui ».

On fait allusion à cette antienne ainsi qu'aux autres dans un ouvrage du XIIIe siècle de Perseus and Petrus intitulé Summa musice qui indiquait la manière de la chanter[1].

O Adonai

Vitrail de la cathédrale Notre-Dame de Laon : les préfigures de la Vierge et la vie de la Vierge. Moïse et le Buisson Ardent

18 décembre : O Adonai (Ô Adonaï : nom de Dieu dans la bible hébraïque = Hébreu : «  אֲדֹנָי Mon/Mes Seigneur, est la forme "plurielle" de "Seigneur" »).

« O Adonai, et Dux domus Israel, qui Moysi in igne flammæ rubi apparuisti, et ei in Sina legem dedisti : veni ad redimendum nos in brachio extento.

O Adonaï, guide du peuple d'Israël, qui êtes apparu à Moïse dans le feu du buisson ardent, et lui avez donné vos commandements sur le Mont Sinaï, armez votre bras, et venez nous sauver ».

Dans l'Ancien Testament le terme Adonaï est utilisé pour la première fois dans la Genèse, 15-2, il apparaît 434 fois dans l'Ancien Testament, surtout dans le livre d'Isaïe : Adonaï Jehovah et dans Ezechiel, 200 fois et 11 fois dans le livre de Daniel chapitre 9[2]. [3]

Antiphonaire, Köln, O Adonaï

Ce nom est en particulier employé dans la grande prière juive Chema Israël « : Chmâ, Israël, Ado-nay Elo-henou, Ado-naï Ehad' שְׁמַע, יִשְׂרָאֵל: יְהוָה אֱלֹהֵינוּ, יְהוָה אֶחָד. »  : Ecoute Israël, le Seigneur est notre Dieu, le Seigneur est UN . Il souligne bien l'unité entre le Nouveau et l'Ancien Testament et souligne la divinité de Jésus: Jésus est Seigneur, le Messie promis et annoncé par les prophètes, il est le Seigneur attendu, et de plus celui qui EST, le Verbe, le Fils de Dieu .

  • « Le Seigneur est notre juge, le Seigneur est notre règle, le Seigneur est notre Roi ; il nous sauvera.» (Isaïe 33:22)
  • « L'Ange du Seigneur apparut [à Moïse], dans une flamme de feu, du milieu d'un buisson » (Exode 3: 2)
  • « Le Seigneur dit à Moïse : "Monte vers moi sur la montagne et demeure là, que je te donne les tables de pierre - la loi et le commandement - que j'ai écrites pour leur instruction." » (Exode 24 : 12)
  • «  Tu te souviendras que tu as été en servitude au pays d'Egypte et que le Seigneur ton Dieu t'en a fait sortir d'une main forte et d'un bras étendu (Vulgate: brachio extento)» (Deutéronome 5:15, 26:8, etc.)

O Radix Jesse

Article détaillé : Arbre de Jessé.
Arbre de Jessé, ivoire, Bavière, v. 1200
O radix Jesse : Vitrail Arbre de Jessé Notre-Dame de Paris 20109 04.jpg Vitrail de la cathédrale Notre-Dame de Paris: l'arbre de Jessé. Détail: Moïse
Vitrail de la cathédrale Notre-Dame de Paris: l'arbre de Jessé. Détail: David.

19 décembre : O radix Jesse (Ô rameau de Jessé)

« O Radix Iesse, qui stas in signum populorum, super quem continebunt reges os suum, quem gentes deprecabuntur : veni ad liberandum nos, iam noli tardare.

O Fils de la race de Jessé, signe dressé devant les peuples, vous devant qui les souverains resteront silencieux, vous que les peuples appelleront au secours, délivrez-nous, venez, ne tardez plus ».

Ce nom souligne lui l'humanité de Jésus ancrée comme la Vierge Marie et Joseph dans une généalogie, des ancêtres, des aïeux.

  • « Un surgeon entrera dans la souche de Jesse et une branche doit croître de ses racines. » (Isaïe 11: 1)
  • « Ce jour-là la racine de Jessé doit reposer comme un signe pour les peuples ». (Isaïe 11 : 10)
  • « Devant lui des rois resteront bouche close...(Vulgate: super ipsum continebunt reges os suum)». (Isaïe 52:15)
  • Également (Isaïe 45:14), et (Romains 15 : 12)

Jessé était le père du roi David et Michée avait prophétisé que le Messie serait de la maison et de la lignée de David et être né dans la ville de David, Bethléem (Michée 5: 1).

O Clavis David

Etoile de David, Cathédrale de Metz

20 décembre : O clavis David (Ô clé de David)

« O Clavis David, et sceptrum domus Israel ; qui aperis, et nemo claudit ; claudis, et nemo aperit : veni, et educ vinctum de domo carceris, sedentem in tenebris et umbra mortis.

O Clef de la cité de David, sceptre du royaume d'Israël, vous ouvrez, et personne alors ne peut fermer ; vous fermez, et personne ne peut ouvrir ; venez, faites sortir du cachot le prisonnier établi dans les ténèbres et la nuit de la mort »

Ce serait aussi le symbole caché synonyme de l'Étoile de David qui est resté celui du Judaïsme.

Cette antienne insiste sur le rôle de « libérateur » de Jésus qui si dira de Lui : «  Je suis la Porte des brebis » (Jean 10 :7) (David était berger).


Clef de voûte ou Pierre d'angle ( voir antienne rex gentium), Jésus est le Messie annoncé par le Livre des psaumes de David ( Cf Evangile d'Emmaüs)

La clef peut évoquer le pouvoir et le règne (le sceptre) mais aussi la Ville, comme la Ville de David c'est-à-dire Bethleem d'où vient David, et non Jérusalem.


1.Les aveugles attendent le Sauveur et les captifs aussi d'être visités et délivrés .

2.L'humanité est prisonnière, et aveugle, comme Samson ou Saül, enfermée dans la faute originelle (métaphore de la prison) et attend son baptême (saint Jean-Baptiste meurt en prison) et la délivrance des ténèbres de la mort .

  • Nombres : « Un astre se lève, issu de Jacob, un sceptre se dresse, issu d'Israël. »
  • Michée 5, 2 : « Et toi, Bethléem Ephrata, petite entre les milliers de Juda, De toi sortira pour moi Celui qui dominera sur Israël, Et dont l'origine remonte aux temps anciens, Aux jours de l'éternité » :
  • Isaïe :
    • « Je place sur son épaule la clé de la maison de David ; S'il ouvre nul ne fermera ; il ferme nul ne peut ouvrir. » (Isaïe 22 : 22)
    • « Son autorité grandira sans cesse, et il aura paix sans fin pour le trône de David et de son royaume. » (Isaïe 9: 7)
    • «.. .Pour ouvrir les yeux des aveugles, de faire sortir les prisonniers du cachot et ceux qui siègent dans l'obscurité de la prison.» (Isaïe 42:7 et 22 : 22)
    • « Son autorité doit grandir sans cesse, et il doit y avoir de paix sans fin pour le trône de David et de son royaume. » (Isaïe 9: 7)
    • « Moi, le Seigneur, je t’ai appelé dans la justice, je t’ai saisi par la main, et je t’ai modelé, j’ai fait de toi l’alliance du peuple, la lumière des nations, pour ouvrir les yeux des aveugles, pour extraire du cachot le prisonnier, et de la prison ceux qui habitent les ténèbres. Je suis le Seigneur, tel est mon nom !.» (Isaïe 42:7)

« Tu es Pierre et sur cette pierre je bâtirai mon Église et les portes de l’Hadès ne tiendront pas contre elle. Je te donnerai les clefs du Royaume des cieux : quoi que tu lies sur la terre, ce sera tenu dans les cieux pour lié, et quoi que tu délies sur la terre, ce sera tenu dans les cieux pour délié. »

« Écris à l'ange de l'Église de Philadelphie : Voici ce que dit le Saint, le Véritable, celui qui a la clef de David, celui qui ouvre, et personne ne fermera, celui qui ferme, et personne n'ouvrira ».

O Oriens

Nativity Jean II Penicaud Louvre OA4002.jpg

21 décembre : O Oriens (Ô toi qui te lèves...)

Ce terme, Participe du verbe orior (« se lever ») ce qui donné « soleil levant »,«  orient », a été traduit de différentes manières dans les textes : étoile ou « astre du matin », ou encore Soleil de Justice ( Christ Sol Justiciae, le nom aussi d'une ancienne liturgie d'origine mérovingienne) etc...

« O Oriens, splendor lucis æternæ, et sol iustitiæ : veni, et illumina sedentes in tenebris et umbra mortis.

O Orient, splendeur de la Lumière éternelle, Soleil de justice, venez, illuminez ceux qui sont assis dans les ténèbres et la nuit de la mort »

  • Liturgie Orthodoxe du dimanche précédant le Noël russe, comme l'avent / mais jour de l'épiphanie chez les catholiques romains :

« Ta naissance ô Christ, notre Dieu, a fait resplendir dans le monde la lumière de la connaissance. En elle les serviteurs des astres, enseignés par l'étoile, apprennent à T'adorer, Toi, Soleil de Justice, et à Te connaître, Orient d'en haut. Seigneur, gloire à Toi'' »

    • Textes bibliques:
Codex Bruchsal Rois Mages et Etoile
  • « Le Peuple qui marchait dans les ténèbres a vu se lever une grand lumière ... une lumière a resplendi. » (Isaïe 9: 2)
  • « [la Sagesse] est un reflet de la lumière éternelle... »(Vulgate: lucis aeternae)» (Sagesse 7:26)
  • « pour vous qui craignez mon Nom, le soleil de justice brillera...(Ce verset correspond dans la Vulgate à Ml 4:2: sol iustitiae)  » (Malachie 3: 20 dans nos Bibles actuelles)
  • Également (Isaïe 60:1 - 2)

« Debout, Jérusalem ! Resplendis : elle est venue, ta lumière, et la gloire du Seigneur s'est levée sur toi Regarde : l'obscurité recouvre la terre, les ténèbres couvrent les peuples ; mais sur toi se lève le Seigneur, et sa gloire brille sur toi. Les nations marcheront vers ta lumière, et les rois, vers la clarté de ton aurore » (voir aussi Rex gentium)

Et tu, puer, propheta Altissimi vocaberis :
praeibis enim ante faciem Domini ad parandas vias eius,
Ad dandam populo eius scientiam salutis
in remissione peccatorum eorum,
Per viscera misericordiae Dei nostri,
qua vistabit nos Oriens ex alto,
Ut illuminet eos, qui in tenebris et in umbra mortis sedent,
ut dirigat pedes nostros in viam pacis
.

« Et toi, petit enfant, tu seras appelé prophète du Très-Haut : tu marcheras devant, à la face du Seigneur, et tu prépareras ses chemins pour donner à son peuple de connaître le salut par la rémission de ses péchés, grâce à la tendresse, à l'amour de notre Dieu, quand nous visite l'astre d'en haut, pour illuminer ceux qui habitent les ténèbres et l'ombre de la mort, pour conduire nos pas au chemin de la paix » . Lumière des Nations est un nom du Christ.

  • Évangile de Luc : adoration des Mages

« Jésus étant né à Bethléem en Judée, au temps du roi Hérode, voici que des mages d'Orient arrivèrent à Jérusalem, et dirent : " Où est le roi des Juifs qui vient de naître ? car nous avons vu son étoile en Orient, et nous sommes venus pour l'adorer »

    • Liturgie :

Cependant le mot "Oriens" ne correspond pas complétement au latin "Lux" , lumière ou "stella", étoile. L'Orient est le côté où les juifs se tournaient pour faire leurs prières notamment dans l'attente du Messie. Plus tard le chrétiens aussi, pour la raison que la Christ se présente comme étant la «  lumière du monde » .

«  Or, (478) nous prions, dans les églises, la face tournée vers ('orient, ce qui s'observe pour trois raisons, d'après le Damascène, (l. IV, c. V) : 1° pour montrer que nous cherchons notre patrie ; 2° pour regarder du côté de Jésus-Christ crucifié ; 3° pour montrer que nous attendons la venue du Souverain Juge. Voici ses paroles : « Dieu plaça le paradis dans Eden, du côté de l’Orient, d’où il fit sortir l’homme pour l’en exiler, et il le fit habiter devant le paradis, du côté de l’Occident. Occupés à rechercher notre patrie et à regarder vers elle, nous adorons Dieu du côté de l’Orient. » Il y a plus : c'est que Notre-Seigneur, sur la croix, regardait l’Occident, et nous adorons en cette posture pour le regarder. Quand il monta au ciel, il fut emporté en l’air vers l’Orient ; les apôtres l’adorèrent, tournés aussi de ce côté, et il viendra de la même manière qu'ils l’ont vu allant au ciel. C'est donc pour montrer que nous l’attendons, si nous l’adorons tournés vers l’Orient. » (Saint Jean Damascène.) IV.  »

— Jacques de Voragine, Légende Dorée

«  Suis ce soleil, et voyons si tu ne marcheras pas dans les ténèbres. Voici qu'il se lève et vient vers toi ; en suivant sa route, il se dirige vers l'occident ; mais toi, tu dois marcher vers le soleil levant qu'est le Christ.

»

— Saint Augustin

O Rex gentium

'

Article détaillé : rex gentium.

22 décembre : O Rex gentium (Ô roi des nations)

Les rois mages (XIVe siècle

« O Rex gentium, et desideratus earum, lapisque angularis, qui facis utraque unum : veni, et salva hominem, quem de limo formasti.

O Roi des nations, objet de leur désir, pierre d'angle qui de tous faites un seul peuple, viens sauver l'homme que tu as façonné de l'argile »

  • « Qui ne te craindrait, roi des nations ? » (Jérémie 10:7)
  • « J'ébranlerai toutes les nations, alors afflueront les trésors de toutes les nations et j'emplirai de gloire ce Temple, dit le Seigneur » (Aggée 2:7) en latin, il n'est pas question des "trésors de toutes les nations" mais d'une personne : veniet desideratus cunctis gentibus, « il viendra, le désiré de toutes les nations  » (Verset correspondant: Aggée 2:8; il s'agit de l'expression exacte de l'antienne)
  • «  la construction que vous êtes a pour fondations les apôtres et prophètes, et pour pierre d'angle (lapis angularis) le Christ Jésus lui-même. » (Ephésiens 2:20)
  • «  c'est lui [le Christ Jésus] qui est notre paix, lui qui des deux peuples n'en a fait qu'un (qui fecit utraque unum), détruisant la barrière qui les séparait, supprimant en sa chair la haine.» (Ephésiens 2:14)
  • « Alors le Seigneur Dieu modela l'homme avec la glaise du sol (de limo terrae)» (Genèse 2:7)

L'homme créé comme Adam a besoin du Sauveur pour trouver la paix entre peuples dressés les uns contre les autres avant la naissance du Messie et Prince de la Paix.

O Emmanuel

23 décembre : O Emmanuel (Ô Dieu-avec-nous)

« O Emmanuel, Rex et legifer noster, exspectatio gentium, et Salvator earum : veni ad salvandum nos, Domine, Deus noster.

O Emmanuel, notre roi et législateur, attente de tous les peuples et leur Sauveur: viens nous sauver, Seigneur notre Dieu ! »

Antiphonaire, Köln, O Emmanuel

Emmanuel en hébreu עִמָּנוּאֵל signifie « Dieu avec nous » (« El » signifiant Dieu[4]). El אל est le nom du Dieu de Jacob. C'est une référence directe à la plus grande prophétie concernant Jésus et Marie, dans le livre d'Isaïe. Le Christ étant le Verbe incarné, il mangera et il boira comme tout homme et tout enfant (comme le Dieu de Gédéon et celui d'Abraham) . Le lait et le miel symbolisent Israël, la terre promise d'où devait couler le lait et le miel (Exode), la fécondité et l'abondance, la bénédiction, sans doute la douceur du nom de Jésus doux comme le miel (les doux auront la terre en héritage selon les Béatitudes) et la douceur vertu évangélique du Nouveau Testament.

Le Seigneur envoya le prophète Isaïe dire au roi Achaz :

« Demande pour toi un signe venant du Seigneur ton Dieu, demande-le au fond des vallées ou bien en haut sur les sommets. »

Acaz répondit : « Non, je n’en demanderai pas, je ne mettrai pas le Seigneur à l’épreuve. »

Monastère Sainte Catherine du Sinaï , 13° siècle, icône grecque, Isaïe et la Vierge, icône du Sinaï « on l’appellera Emmanuel »

Isaïe dit alors :

« Écoutez, maison de David !
Il ne vous suffit donc pas de fatiguer les hommes :
il faut encore que vous fatiguiez mon Dieu !
Eh bien ! Le Seigneur lui-même vous donnera un signe :
Voici que la vierge est enceinte,
elle enfantera un fils,
et on l’appellera Emmanuel,
c’est-à-dire : Dieu avec nous.
Il mangera de la crème et du miel,
Jusqu'à ce qu'il sache rejeter le mal
et choisir le bien »

(Is 7,10-14 ; cf. aussi 8,10)

  • « Oui, le Seigneur est notre juge, il est notre législateur (legifer). Le Seigneur est notre roi (rex), c'est lui notre sauveur (salvator)» (Isaïe 33, 22)
  • «  Le sceptre ne s'écartera pas de Juda, ni le bâton de commandement d'entre ses pieds jusqu'à ce que vienne celui auquel il appartient et à qui les peuples doivent obéissance. » (Genèse 49,10) Le latin a une version différente: donec veniat qui mittendus est et ipse erit expectatio gentium, jusqu'à ce que vienne celui qui doit être envoyé, et lui sera l'attente des nations: expectatio gentium de l'antienne. David, son descendant Joseph l'époux de Marie, et donc aussi Jésus (au moins légalement) étaient de la maison de Juda.

Interprétations anciennes

D'après Jean Grancolas, les antiennes O symboliseraient chacune un des sept dons du Saint Esprit : par exemple O sapientia, le don de Sagesse . « Les antiennes de l'Avent, avant Noël, sont appelées majeures, parce qu'elles sont répétées en entier (duplicantur) avant et après le cantique; on les dit, non au Benedictus qui est le cantique propre de l'Avent, mais au Magnificat, car le Christ est venu ad mundi vesperam (vers le soir). Elles sont au nombre de sept et forment, avec la veille de Noël, une sorte d'Octave avant la Nativité du Sauveur, comme une préparation à la célébrer dignement. Sous le rapport symbolique, elles signifient la grâce septiforme de l'Esprit saint dans le Christ : Docteur, contre l'ignorance humaine ; Rédempteur, par rapport aux peines éternelles; Libérateur de la servitude du diable; l'Illuminateur, dans nos ténèbres ; Sauveur, qui ramène les exilés au sein de la patrie, tant des Gentils dont il est question dans la sixième antienne, que des Hébreux dont il est parlé dans la septième.» [5]


D'après la Gemma animae d' Honoré d'Autun  ; le Christ est appelé 1° Sapientia en raison de son esprit de Sagesse, 2° Adonaï nom sous lequel il se fit connaître à Moïse rachetant l'humanité par esprit d' intelligence. 3° Radix Jesse in signum populorum ; c'est le signe de la Croix par lequel il est venu délivrer l'humanité avec l'esprit de conseil. 4° Clavis David, qui ouvre le ciel et ferme l'enfer, en esprit de force. 5° Oriens, qui éclaire avec l'esprit de science. 6° Rex gentium et Lapis angularis, qui sauve tous les hommes avec l'esprit de crainte en donnant à tous l'onction de la charité. »

Interprétation par Jacques de Voragine

Jacques de Voragine interprèta ainsi dans la Légende Dorée[6] les grandes antiennes « Ô » de l'Avent :

«  C'est la raison pour laquelle l’Église, dans les sept antiennes qu'elle chante avant la Nativité de Notre-Seigneur, montre l’innombrable complication de ces maladies et réclamé pour chacune d'elles l’intervention du médecin : car, avant la venue du Fils de Dieu en la chair, nous étions ignorants ou aveugles, engagés dans la damnation éternelle, esclaves du démon, enchaînés à la mauvaise habitude du péché, enveloppés de ténèbres, enfin des exilés chassés de leur patrie. Nous avions donc besoin d'un docteur, d'un rédempteur, d'un libérateur, d'un émancipateur, (4) d'un éclaireur et d'un Sauveur. Comme nous étions des ignorants et due nous avions besoin d'être instruits par le Fils de Dieu, voilà pourquoi tout d'abord, dans la première antienne, nous chantons : « O Sapientia ... O sagesse sortie de la bouche du Très-Haut... venez nous enseigner la voie de la prudence. » Mais à quoi eût servi d'être instruits, si nous ne dussions pas être rachetés ? aussi demandons-nous que le Fils de Dieu nous rachète, quand nous lui crions dans la seconde antienne : « O Adonaï ... O Adonaï , chef de la maison d'Israël... venez, étendez votre bras pour nous racheter. » Mais à quoi bon avoir été instruits et rachetés, si après notre rédemption nous eussions encore été retenus captifs? C'est alors que nous demandons d'être délivrés, quand, dans la troisième antienne, nous chantons : « O radix Jesse... O rejeton de Jessé... venez nous délivrer; ne tardez pas. » Mais être délivrés et être rachetés, qu'était-ce pour des captifs, s'ils n'étaient cependant pas encore dégagés de tout lien, de manière à ne pas s'appartenir et ne pouvoir librement aller où ils voudraient? Il était donc peu avantageux qu'il nous eût rachetés et délivrés, si nous restions encore enchaînés. C'est pourquoi nous demandons à être dégagés de tous les liens du péché, quand, clans la quatrième antienne, nous disons à haute voix : « O clavis David... O clef de David... venez, faites sortir de sa prison le captif assis dans les ténèbres et à l’ombre de la mort. » Or parce que ceux qui sont restés longtemps dans une prison, ont les yeux troubles et ne sauraient distinguer les objets, libérés alors de la prison, il nous reste à être éclairés (5) pour voir où nous devons aller, et dans la cinquième antienne nous nous écrions : « O oriens... O orient, splendeur de lumière éternelle... venez et éclairez ceux qui sont assis dans les ténèbres et à l’ombre de la mort. » Mais que sert d'être instruits, rachetés, délivrés de tous nos ennemis et éclairés, si nous ne devions être sauvés? Donc dans les deux antiennes suivantes, nous demandons d'être sauvés, en disant : «O Rex Gentium... O Roi des Nations... venez sauver l’homme que vous avez formé du limon. » Et encore : « O Emmanuel... O Emmanuel... venez nous sauver, ô Seigneur notre Dieu. » Par la première, nous demandons le salut des, nations, en disant : « O Roi des Nations. » Par la seconde, nous réclamons le salut des Juifs, auxquels Dieu avait donné la loi; en sorte que nous disons : « O Emmanuel, notre roi et notre législateur.  »

Notes et références

  1. The Summa Musice : A Thirteenth-Century Manual for Singers, ed. Christopher Page, Cambridge Musical Texts and Monographs (Cambridge: Cambridge University Press, 1991), 139-211. in : Thesaurus Musicarum Latinarum TLM sur le net. METRUM EIUSDEM «  Sciendum est etiam quod antiqui primo inter claves A re et post B mi [cantabant], et sic ascendendo invenerunt secundum cursum litterarum in abecedario. Postquam vero considerabant cantum aliquem usque ad A re descendere, sicut antiphonam O sapientia et similia, sed non potuit esse notabile spacium nisi certis limitibus interclusum, et propter hoc adinvenerunt gamut quod ipsi A re suppositum removet errorem. Videtur enim errare quicumque itineris vel cuiusque sui laboris.  »
[-160-]

«  Protus plagalis quatuor habet inicia seu principia: A C D F A re ut Ecce advenit; C ut hic Fuit ad tempus; D ut O sapientia ; F ut Consolamini. Et descendit cantus huius toni in [Gamma], quod in aliis non reperitur, ut in Collegerunt et in principio sequentie Eya dic nobis; et invenitur ascendere in d acutum, ut in responsorio Omnis pulchritudo, septem claves super suum finalem.  »

[-179-]

«  Alleluia 'Nativitas'; a ut Quodcumque ligaveris; g ut Repleti sunt omnes; c in linea ut Erat enim. Et ascendit in a peracutam ut in graduali Miserere, ibi omnia ossa. Descendit autem in C in qua incipit predicta antiphona Sapientia clamitat, et semper in eodem terminatur, scilicet in G sol re ut, sicut dictum est supra. »

[-180-]

Voir aussi

Articles connexes

Bibliographie

  • [lire en ligne] Clement III - Commentaire des antiennes de l'Avent commençant pr Ô.in : Epistolae et privilegia ordine chronologico digesta , texte latin.
  • [lire en ligne] ''Réflexions sur les O de l'Avent, en forme d'homélies: Ouvrage utile aux fidèles pour les préparer au mystère de la naissance de Jésus-Christ, François Louis Gauthier, Éditeur Lottin, 1780. Ouvrage ancien .
  • Dom Guéranger l'Année Liturgique

Liens externes


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