Rodolphe de Maistre

Rodolphe de Maistre
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Rodolphe de Maistre
Naissance 22 septembre 1789
Chambéry (Savoie).
Décès 5 février 1866 (à 76 ans)
Borgo-Cornalese (Piémont).
Allégeance Flag of Russia.svg Empire russe, Drapeau du Royaume de Sardaigne. Royaume de Sardaigne

Rodolphe de Maistre (Anne André Rodolphe, comte de Maistre) né le 22 septembre 1789 à Chambéry, mort au château de Borgo, près de Turin, le 5 février 1866. est un militaire et fonctionnaire sujet du Royaume de Sardaigne. Lieutenant-colonel au service du tsar de Russie, général au service du roi de Sardaigne, gouverneur de la ville et du comté de Nice, chevalier de l'Annonciade, chevalier de l'ordre de Saint-Louis, grand-croix de l'ordre des Saints-Maurice-et-Lazare. Chevalier de Saint-Vladimir et de Sainte-Anne de Russie. Grand Croix de la couronne de Fer d'Autriche, chevalier de l'Epée d'or (courage militaire).

Sommaire

Biographie

Le comte Rodolphe de Maistre est savoisien. Sa famille était originaire du comté de Nice. Son grand-père paternel, François-Xavier de Maistre (1705-1789), s'est fixé définitivement en Savoie comme président du souverain sénat de Savoie. Rodolphe est le fils de Joseph de Maistre (1753-1821) et de Françoise de Morand de Saint-Sulpice (1759-1839). Son grand-père maternel, Jean-Pierre de Morand (1703-1759) était colonel du régiment de Chablais. Il a deux sœurs, Adèle, l'aînée et Constance, la cadette[1].

Né le 22 septembre 1789, place Saint-Léger à Chambéry, baptisé à Saint-François par son oncle, le chanoine André de Maistre, cet enfant, fils unique du sénateur Joseph de Maistre, était destiné à vivre une jeunesse paisible en pays de Savoie, éloigné des orages de la Révolution française qui ne concernait pas le royaume de Sardaigne, gouverné par Victor-Amédée III, auquel appartenaient le Piémont, le duché de Savoie et le comté de Nice. Et pourtant, l'invasion de la Savoie en 1792 par les révolutionnaires français, aux ordres de Montesquiou[Note 1], va bouleverser sa vie ainsi que celle de toute sa famille.

Dès sa naissance, le jeune Rodolphe est placé en nourrice à Vimines, sous la surveillance attentive de sa tante, Thérèse de Maistre, qui habitait Les Echelles. Le 20 septembre 1792, à l'approche de l'ennemi, la comtesse Joseph de Maistre, emmenant avec elle Adèle et Rodolphe, âgés respectivement de 5 ans et de 3 ans, part pour Moutiers où elle va rejoindre son beau-frère, le chanoine André de Maistre, en attendant son mari[2]. C'est le début d'un périple qui va durer plus de vingt ans. La famille de Maistre va se réfugier dans la cité d'Aoste, puis revenir à Chambéry en passant en plein hiver, sous la neige, par le col du Grand Saint-Bernard. Les enfants sont transportés à dos d'homme, enveloppés dans une couverture à l'intérieur d'une hotte de vigneron. Les Maistre vont tenter en vain en 1793 , sous le régime de la Terreur imposé aux savoyards par les révolutionnaires français, de sauver leur patrimoine qui sera vendu comme bien national. Entre temps naîtra à Chambéry un troisième enfant, Constance, qui sera confié à sa grand-mère maternelle Anne de Morand. Cette dernière subira deux années de prison en tant que mère d'émigré, cependant que le ménage de Maistre reprend son exode avec les deux aînés en direction de Turin, puis de Lausanne.

Joseph est très attentif à l'éducation de son fils et lui prodigue des leçons suivies. Le Ier avril 1797, il note sur son carnet : Aujourd'hui, j'ai 44 ans. J'ai beaucoup respiré mais point du tout vécu ; et pour moi tout est dit en ce monde.- A vous Mr Rodolphe !- De retour à Turin en 1797, la famille de Maistre doit à nouveau s'exiler devant l'invasion française et se dirige vers Venise en s'embarquant sur un petit bateau pour descendre le . Vers Casal, l'embarcation fut déportée vers un poste militaire français de contrôle: les soldats menaçaient de faire feu sur Rodolphe et sur sa sœur qui jouaient sur le pont[3]. Libérée de cet embarras, la famille de Maistre parvient à Venise où elle passe un an. Puis, Joseph de Maistre rejoint Cagliari en 1798 avec sa femme et ses enfants, pour exercer les fonctions de régent de la chancellerie. Il est envoyé en 1803 à Saint-Pétersbourg comme ministre plénipotentiaire du roi de Sardaigne et doit se séparer, la mort dans l'âme, de sa femme et de ses enfants qui repartent en Savoie[Note 2].

En 1805, Joseph de Maistre obtient à la fois de faire nommer son frère, Xavier de Maistre comme directeur du musée de l'Amirauté à Saint-Pétersbourg et son fils Rodolphe comme secrétaire de l'ambassade de Sardaigne. Puis en 1807, Rodolphe devient officier de l'armée du Tsar Alexandre Ier, dans le régiment des chevaliers-gardes. Il fait la campagne de 1807[Note 3], suivie de celle de 1808 en Finlande. Plus tard, il participe aux campagnes de 1812 à 1814. Il prend part à la Bataille de Leipzig (1813). Après une carrière militaire dans l’armée russe, il revient au Piémont en octobre 1817, au service du roi de Sardaigne, Charles-Félix, puis de son successeur Charles-Albert[4]. Il entre à l'état-major du gouvernement de Novare à son arrivée. Il commande la citadelle d'Alexandrie (Italie) après 1821, puis, il est appelé au secrétariat royal des Affaires Etrangères à Turin dont il sera nommé premier officier le 19 décembre 1825. En 1838 il commande les troupes sardes de la garnison de Gênes. Puis il est nommé gouverneur du comté de Nice, fonction qu’il exerça entre 1838 et 1848.

Au moment des "moti" du Piémont de 1847-48[Note 4], son intervention dans les polémiques du moment, et en particulier sa lettre au rédacteur du journal l'Écho des Alpes-Maritimes[Note 5] le rendent impopulaire auprès des libéraux[5]. Il est remplacé en février 1848 par le comte Hippolyte de Gerbaix de Sonnaz comme gouverneur du comté. En effet, Rodolphe de Maistre avait été prié dès octobre 1847 de donner sa démission, comme la plupart des conservateurs restés fidèles à l'ancien régime royal, opposés à la promulgation d'une nouvelle constitution. On savait très bien dans les ministère turinois dirigés par les libéraux que le comte de Maistre, en tant que gouverneur de Nice, ne se serait jamais prêté à l’expulsion des Jésuites ordonnée par décret, puis objet d'une loi votée le 21 juillet 1848, adoptée par le Sénat en août. C'est donc son successeur qui fut chargé de l'expulsion des religieux et de la réquisition de leurs biens qui tombèrent dans l'escarcelle de l'État[Note 6]. Il est mis en disponibilité et promu général par patentes du 9 février 1848. Une dépêche ministérielle du 26 octobre 1849 le met à la retraite[6].

Il entreprend des publications de lettres et écrits inédits[7],[8] de son père, Joseph de Maistre.

Il termine ses jours le 5 février 1866 au château de Borgo (commune de Borgo-Cornalese, près de Turin), résidence de sa sœur, Constance de Maistre, duchesse de Montmorency-Laval[Note 7].

Citations

« Le comte Rodolphe de Maistre est gouverneur militaire du comtat de Nice. Madame de Maistre est la femme forte de l'Ecriture, parce que la femme forte est douce et modeste, qu'elle soigne son ménage, élève ses enfants, honore son mari. Et son mari l'aime tendrement et fait son éloge avec quelque peu de faste: tous, ils appartiennent au dévouement des Jésuites pour la gloire de Dieu et du catholicisme. »

- Comtesse Praskovia Nikolaïevna Fredro, née Golonia. Minutes Péterbourgeoises. Citée par Philippe Barthelet dans Joseph de Maistre.

Union et Postérité[9]

Il épouse le 5 juin 1820 Charlotte Espérance Azélie de Sieyes, née en 1799, morte au château de Beaumesnil (Eure) le 9 mars 1881, fille du marquis François Frédéric de Plan de Sieyès de Veynes, contre-amiral, (1762-1836) et d'Azélie de Laurencin (1775-1805).

Rodolphe de Maistre et Charlotte Espérance Azélie de Siéyes eurent onze enfants :

  • Emmanuel, 1822-1823
  • Céline-Françoise, 1821-1861 (Sans alliance).
  • Marie, 1823-1905 (comtesse Dominique Fassati Roero di San Severino).
  • Bénédicte, 1824-1851 (comtesse Jérôme Medolago Albani).
  • Joseph, 1825-1861. Il épouse en 1860 Marguerite-Christine Mary O'Byrne, dont il a un fils.(Branche Maistre de Savoie).
  • Élisabeth, 1828-1829
  • Charles, 1832-1897 Charles de Maistre hérite le château de Beaumesnil (Eure). Il épouse Marie-Françoise Asselin de Villequier, dont il a 11 enfants.(Branche Maistre de Normandie).
  • Eugène, 1834-1908, capitaine des zouaves pontificaux au service du Saint-Siège, hérite le château de Borgo près de Turin et le château d'Allerey en Bourgogne. Il épouse Bernardine Marie Valérie de Menthon, ( Maison de Menthon), dont il a 9 enfants.(Branche Maistre d'Allerey).
  • Philomène, 1836-1924. Elle épouse le comte Jérôme Medolago Albani, veuf de sa sœur Bénédicte. Veuve, elle se retire au couvent .
  • Xavérine, 1838-1871. Religieuse carmélite.
  • François, 1840-1926, capitaine des zouaves pontificaux au service du Saint-Siège, il épouse en première noce, Henriette de Lamoricière, fille ainée du général Christophe Louis Léon Juchault de Lamoricière, décédée en 1869, sans postérité. Il épouse en deuxième noce, Roselyne de Villeneuve-Bargemon, ( Maison de Villeneuve ), dont il a 7 enfants. (Branche Maistre de Vendeuil).

Œuvres

  • Maistre, Rodolphe de : Simple Récit des événemens arrivés en Piémont dans les mois de mars et d'avril 1821, par un officier piémontais éditeur-date Paris : Méquignon, 1822
  • Maistre, Rodolphe de : derniers jours de Joseph de Maistre (Les ). suivi de l'Abbé de Choisy Marie-Louise éditeur-date Paris : Revue universelle, 1921

Bibliographie

  • Anne de Maistre-Petit: Rodolphe de Maistre et les siens. Mémoire de Maitrise, Université de Nice. 1993.

Notes et références

  • Notes :
  1. Marquis Anne-Pierre de Montesquiou-Fézensac (1739-1798), général en chef de l'armée du midi en 1792.
  2. Des circonstances impérieuses de famille m'obligent à me séparer de moi-même. Aujourd'hui, ma femme et mes deux enfants me quittent pour rentrer en Savoie. Depuis le commencement de la Révolution, je ne me rappelle pas d'avoir éprouvé un moment si amer; - mes enfants, qui lirez ceci quand je ne serai plus, vous savez bien que je n'exagère pas. Ressouvenez-vous de cette cruelle séparation sur le môle. Ressouvenez-vous des larmes de votre mère, des vôtres, des miennes. Il me semblait que nous nous séparions pour jamais. Je ne puis vaincre les noirs pressentiments qui s'élèvent dans mon coeur. Devons-nous nous revoir tous les quatre ? Grand Dieu !-Les Carnets du comte Joseph de Maistre. 25 octobre 1802.Vitte. Lyon. 1923.
  3. Le 13 janvier 1807. Joseph de Maistre note dans son livre-journal:Mon fils est parti pour l'armée à 6h.1/2 du matin. Quelle séparation! Mais s'il revient, quels transports. Il était né pour être sénateur au Sénat de Savoie.
  4. En 1847, le roi Charles-Albert, sous l'influence des libéraux et des démocrates, réforme la censure et autorise la publication de journaux politiques. Le 4 mars 1848, il accorde à son peuple le statut fondamental de la monarchie de Savoie, dit Statut Albertin ou Statuto, qui institue une monarchie de type constitutionnel. L'entrée au pouvoir des Libéraux entraine le départ du ministre Clemente Solaro della Margarita et, à sa suite, celui d'un grand nombre de monarchistes conservateurs.
  5. L'Echo des Alpes Maritimes, fondé le 16 janvier 1848 par le banquier Augusto Carlone, exprime les idées libérales. Augusto Carlone en rédige les principaux articles. Lorsque le roi Charles-Albert promulgue le 8 février 1848 les premiers articles de la Constitution, L'Echo se fait enthousiaste : Le roi aime son peuple. Il nous fait libres. Le périodique loue le pragmatisme de son roi. Mais le journal proclame le 5 mars 1848, le lendemain de la publication du Statuto, que le mouvement constitutionnel étant une révolution, il faut subtituer aux hommes anciens des hommes nouveaux et de réclamer que notre gouvernement s'étant débarrassé des influences austro-jésuites, mette entre lui et elles une ligne de démarcation franche et nette . D'après l'étude de Thierry Cousin , docteur en Histoire de l'université de Nice. La pensée d'Auguste Carlone : De l'engagement politique à la Réflexion historique sur le Comté de Nice.
  6. Comme le lendemain de son arrivée à Gênes, Charles-Albert voulait aller à la messe chez les Jésuites, dont la chapelle était voisine du palais Durazzo, la foule se précipitait à sa rencontre en criant:Non ci vada, Maesta...Non ci vada...Viva Gioberti...Abassoi Gesuiti! (N'y allez pas, Sire...N'y allez pas...Vive Vincenzo Gioberti... A bas les Jésuites. "Jamais position plus extrême que la nôtre, écrivait Sonnaz; pour justifier l'infâme expulsion des Jésuites, on a imaginé un complot de ceux-ci contre la sûreté de l'État, contre la vie même du Roi....Ai-je à vous dire que toutes ces lâchetés n'ont d'autre but que de calmer des gens dont on ne sait plus que faire ? On accuse le roi, et le Roi est malade de désespoir. J'ai dîné à la cour, le jour de la lamentable exécution des Jésuites, le Roi faisait pitié. J'ai entendu un ministre, pour le consoler, lui souffler à l'oreille que c'était un sacrifice nécessaire". Les Dernières Années du Roi Charles-Albert par le marquis Costa de Beauregard. Plon 1895.
  7. Veuve d'Eugène-Alexandre de Montmorency-Laval, (1773-1851), dernier duc de Laval, mort sans postèrité.
  • Références :
  1. Philippe Barthelet, Joseph de Maistre, L'Âge d'Homme, 2005 (ISBN 2-82511-871-0, 9782825118719), p. 854 .
  2. Joseph de Maistre avant le Révolution. Souvenirs de la société d'autrefois (1753-1793). par François Descostes. Alphonse Picard et fils, éditeurs à Paris.1893.
  3. "Depuis la Polisela, la rive gauche du Pô était occupée par les Autrichiens, et la rive droite par les Français. A chaque instant la barque était appelée à obéissance, tantôt sur une rive, tantôt sur l'autre. Les glaçons empêchaient d'arriver, et les menaces qui partaient des deux bords alternativement ne facilitaient pas la manœuvre. La voiture de M. de Karpoff était sur le pont, et les deux enfants s'y étaient juchés...Le poste prend les armes et couche en joue les matelots. Enfin on aborde avec peine... Un des soldats, apostrophant le comte de Maistre : citoyen, vous dites que vous êtes sujet du roi de Prusse; cependant vous m'avez un accent...je suis fâché de n'avoir pas envoyé une balle dans cette voiture d'aristocrate! - Vous auriez fait une belle action, lui répondit M. de Maistre, vous auriez blessé ou tué deux jeunes enfants et je suis sûr que cela vous aurait causé du chagrin". Extrait de la notice biographique sur Joseph de Maistre, par son fils, le comte Rodolphe de Maistre. Paris. Emile Vaton.1851.
  4. Saint-Pétersbourg, le 23 septembre 1817... Rodolphe me quitte aujourd'hui, c'est lui qui portera ma lettre. Il a passé chez moi des jours bien tristes et je n'ai pu jouir de lui comme j'aurais voulu. C'est un excellent jeune homme qui a beaucoup d'esprit et de solidité de caractère. Le voilà lieutenant-colonel ; il fera son chemin suivant toutes les apparences. Lettre de Xavier de Maistre à son frère Nicolas.
  5. Nice Historique, Organe officiel de l'Academia nissarda, 17e année, N° 4-5, avril-mai 1914.
  6. Anne de Maistre-Petit. Rodolphe de Maistre et les siens, mémoire de maitrise, Université de Nice, 1993. Et: Indicatore Generale Militare dell' Esercito Piemontese per Matteo Dho, s.segretaro al Ministero di Guerra. Anno 1852. Torino. (Page 33: Ufficiali Generali in Ritiro).
  7. Lettres et opuscules inédits du comte J. de Maistre, précédés d'une notice biographique par son fils le comte Rodolphe de Maistre, 2 vol., A. Vaton, Paris 1851. Quatre chapitres inédits sur la Russie, par le comte Joseph de Maistre, publiés par son fils, le comte Rodolphe de Maistre, A. Vaton, Paris 1859, VII + 196 p.
  8. MAISTRE, Rodolphe de, "Les derniers jours de Joseph de Maistre", in: La Revue universelle, t. IV, n. 22, 15 II 1921, pp. 413-419.
  9. Armorial et nobiliaire de Savoie par le comte Amédée de Foras, 3e volume, pp. 317-319.

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