Robert Molimard

Robert Molimard

Robert Molimard[1], né le 16 décembre 1927 à Cournon-d'Auvergne, est un médecin français à la retraite, professeur honoraire à la Faculté de médecine Paris-Sud. Il est un des pionniers de la recherche en tabacologie en France[2].

Sommaire

Biographie

Robert Molimard accomplit ses études secondaires au lycée Blaise-Pascal de Clermont-Ferrand. Éclaireur de France, il entre en résistance à 16 ans en portant des messages et distribuant des tracts.

Étudiant de la Faculté de médecine de Paris à partir de 1946, il est Interne des hôpitaux de Paris en 1952. Il se spécialise en rhumatologie et en médecine interne dont il devient chef de clinique. En même temps, il se consacre à la recherche au laboratoire de physiologie de l'UFR biomédicale des Saints-Pères, s'intéressant au contrôle de la régénération du foie chez le rat. Sa thèse sur le sujet lui vaut la médaille d'argent de l'internat.

Recherche et enseignement

Agrégé de physiologie en 1961, son activité se répartit entre un enseignement de Physiologie à Poitiers, la recherche bénévole sur le foie qu'il poursuit au laboratoire de chirurgie expérimentale de l'hôpital Paul-Brousse à Villejuif et une fonction d'assistant vacataire en médecine interne au CHU Kremlin-Bicêtre, où il s'intéresse particulièrement à la cirrhose du foie.

Il est engagé comme conseiller par le laboratoire pharmaceutique Jacques Logeais dont il organise le service de recherches pharmacologiques. La vision de l'intérieur de l'activité de cette industrie et de la place, envahissante, qu'y prennent, selon lui, les commerciaux sera une expérience enrichissante expliquant ses prises de position ultérieures.

En 1977, il réussit le concours de chef de service de médecine interne de l'hôpital de Nanterre. Il est confronté à la misère absolue des malades dont il a la charge, en grande majorité des sans-abri. Son poste de professeur de physiologie étant transféré à Paris, il y dirige ensuite un laboratoire à l'UFR biomédicale des Saints-Pères, intitulé "Laboratoire de Médecine expérimentale" en hommage à Claude Bernard.

Constatant le rôle néfaste considérable de l'alcool et du tabac, il décide de se consacrer au phénomène de dépendance qui le sous-tend. Il essaiera alors d'habituer des rats à boire de l'alcool et à s'injecter de la nicotine ou des extraits de tabac, et ouvre dans son service hospitalier une consultation pour fumeurs qu'il assure personnellement.

De 1988 à 1990, il reçoit par l'intermédiaire de l'association Naturalia & Biologia une subvention de Philip Morris afin de maintenir l'activité de son laboratoire[3].

Fondation de la tabacologie

Il juge faible la recherche scientifique sur le tabagisme. Pour tenter de mobiliser les chercheurs éventuels, il organise à Paris le 11 décembre 1982 la Première Journée de la Dépendance tabagique : c'est le prélude à la fondation en 1983 de la Société d'étude de la dépendance tabagique et des phénomènes comportementaux apparentés qu'il présidera. Cette société savante a pour but de promouvoir la recherche sur le tabagisme en orientant de jeunes chercheurs et leurs laboratoires d'accueil vers ce domaine alors inexploré en France. En 1986 il crée à l'Université Paris-Descartes le Diplôme d'université d'étude de la dépendance tabagique et des phénomènes comportementaux apparentés, destiné à former des chercheurs et des praticiens. C'est le premier enseignement mondial structuré sur le sujet[4].

Il engage alors une négociation avec le Conseil National de l'Ordre des médecins pour que celui-ci reconnaisse officiellement le diplôme d'université de Tabacologie. L'aide du Pr Maurice Tubiana fut décisive pour obtenir cette reconnaissance, sous la forme d'un diplôme inter-universitaire. Pour l'Île de France, ceci fut réalisé par un accord entre les universités Paris XI et Paris XII (Créteil).

Fondation et démission de la "Société de tabacologie"

En 1989, il propose le néologisme de Tabacologie, qu'il attribue à la désormais Société de Tabacologie et au diplôme, devenu en 1996 Diplôme inter-universitaire de tabacologie. Le succès de la Société de tabacologie et de ses "Journées de tabacologie", le souci d'indépendance et l'esprit critique qu'elle revendique suscitent l'opposition de firmes qui commercialisent les aides pharmaceutiques à la cessation du tabagisme. Il démissionne en 2004 pour ne pas cautionner ce qu'il estime être une dérive mettant la Société sous l'influence des industriels. La Société changera par la suite de nom en Société française de tabacologie.

Militant de l'indépendance vis-à-vis des firmes pharmaceutiques

Suite à sa retraite universitaire en 1995, il ouvre un autre laboratoire au sein l'hôpital Paul Guiraud à Villejuif (Val-de-Marne) en échange d'une prise en charge du tabagisme dans l'établissement et de l'ouverture d'une consultation.

Déçu cependant par le peu de résultats de ses efforts pour stimuler une recherche indépendante et par l'influence de l'industrie pharmaceutique sur l'enseignement, il découvre en 2005 l'association Formindep, association citoyenne fondée par un groupe de médecins généralistes qui plaide pour que la formation médicale se dégage de cette influence qui constitue selon elle un risque sanitaire[5]. Le Formindep - dont il devient membre du conseil d'administration - le sort de son isolement en accueillant favorablement son combat en faveur d'un traitement scientifique indépendant de la question du tabagisme. L'association lui ouvre les colonnes de son site où, sous une rubrique Alter Tabacologie[6], il publie des analyses critiques contre la tabacologie actuelle, objet d'une médicalisation qu'il considère comme une trahison de ses intentions initiales.

Bien que retraité, la Faculté de Médecine Paris-Sud lui permet de continuer bénévolement à organiser et assurer l'enseignement du diplôme. Estimant que la politique en vigueur à l'égard des fumeurs tient plus de la barbarie que d'une réelle politique de santé, il édite un site où il dispense un enseignement complet de tabacologie[7] accessible à tous.

Publications

  • La fume : Smoking, Éditions De Borée (2011, 2e édition)
  • Petit manuel de Défume : se reconstruire sans tabac, Éditions De Borée (2011, 2e édition)
  • Pr Robert Molimard est auteur de nombreuses contributions[8], notamment aux publications de l'INSERM et en dernier lieu dans l'expertise collective Tabac : comprendre la dépendance pour agir[9].

Liens externes

Déclaration d'intérêts 2011 (format PDF) de Robert Molimard.

Notes et références


Wikimedia Foundation. 2010.

Contenu soumis à la licence CC-BY-SA. Source : Article Robert Molimard de Wikipédia en français (auteurs)

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