Qusta ibn Luqa

Qusta ibn Luqa

Qusta ibn Luqa (plus précisément Qusṭā ibn Lūqā al-Ba'labakkī, c'est-à-dire en arabe Constantin fils de Luc, natif de Baalbek) est un médecin, également philosophe, mathématicien, astronome, naturaliste et traducteur, né à Héliopolis de Syrie entre 820 et 835, mort en Arménie vers 912. Il est, avec Hunayn ibn Ishaq, l'un des personnages-clefs de la transmission du savoir grec de l'Antiquité au monde arabo-musulman.

Né dans l'ancienne Syrie byzantine, c'était un chrétien de l'Église melkite, connaissant aussi bien le grec (sa langue maternelle) que l'arabe, et aussi le syriaque. Il fit des études de médecine et voyagea, y compris dans l'Empire byzantin. Il se rendit ensuite à Bagdad pour y faire carrière comme traducteur, et apporta avec lui des livres grecs. Il fut patronné par trois califes : al-Mustain (862-866)[1], al-Mutamid (870-892) et al-Muqtadir (908-932). A la fin de sa vie, invité par un noble arménien nommé Sanharib, il se rendit à la cour du roi Smbat Ier d'Arménie et mourut dans ce pays où on lui fit un tombeau.

Sommaire

Médecine

On lui attribue 55 ouvrages de médecine (certains conservés, d'autres non) :

  • De la structure de l'œil et de la manifestation de la Sagesse divine dans sa formation ;
  • De la structure de l'œil et de ses maladies, en deux parties ;
  • Des aliments ;
  • Du vin et de son usage dans les festins ;
  • Des bains ;
  • De la faiblesse des nerfs ;
  • De la faiblesse du cœur ;
  • Des causes de la mort subite ;
  • De la force et de la faiblesse ;
  • Du membre principal du corps humain ;
  • Du pouls ;
  • Du sommeil et des rêves ;
  • De la maladie des cheveux, en douze chapitres ;
  • De la croissance des cheveux (conservé) ;
  • Des quatre humeurs et de leurs rapports réciproques (conservé, et cité par al-Razi, comme les quatre suivants sur les humeurs) ;
  • Du flegme et des causes (série de six traités formant soixante-dix chapitres) ;
  • Du sang, en quarante chapitres ;
  • De la bile jaune, en vingt chapitres ;
  • De la bile noire ;
  • Du sens génésique ;
  • Des fièvres ;
  • Du diagnostic par l'analyse de l'urine ;
  • Régime à suivre pendant les voyages (conservé[2]) ;
  • De la saignée, en quatre-vingt-onze chapitres ;
  • Du foie, sa formation et ses maladies ;
  • Des antidotes ;
  • Des maux d'estomac ;
  • Des maux d'oreilles ;
  • Des maladies du nez ;
  • De la goutte ;
  • De l'hydropsie ;
  • De la cause de la brièveté de la vie et de la longévité (conservé) ;
  • Da la conservation de la santé et de la guérison ;
  • De la migraine ;
  • De la soif ;
  • Des veilles (conservé) ;
  • Des épidémies ;
  • De l'agacement des dents ;
  • La cause de la couleur noire des Éthiopiens ;
  • De l'ordre à suivre dans la lecture des livres médicaux ;
  • Sur le délire (deux livres de même titre) ;
  • Des maladies aiguës ;
  • Sur la circulation du sang ;
  • Sur le plaisir ;
  • De la teinture des cheveux ;
  • Des éléments ;
  • Des effluves ;
  • Les préliminaires de la médecine ;
  • Livre sur les laxatifs et la thérapeutique pour la diarrhée ;
  • De l'amélioration des laxatifs ;
  • Épître sur la prévention des rhumes et des congestions ;
  • Du surmenage ;
  • De l'engourdissement des membres selon la théorie de Galien et d'Hippocrate ;
  • De la contagion.

Il est également l'auteur d'un traité sur les amulettes, auxquelles il dénie toute force occulte (conservé seulement dans une traduction latine d'Arnaud de Villeneuve, intitulée De physicis ligaturis ou De incantatione).

En matière de traduction du grec à l'arabe, il serait l'auteur de celle du commentaire de Galien sur les Aphorismes d'Hippocrate.

Autres sciences

Il a écrit d'autre part les traités d'astronomie/astrologie suivants :

  • Sur l'usage du globe céleste, en soixante-cinq chapitres (existe en arabe en deux recensions différentes, et dans une traduction latine du XIVe siècle intitulée De sphæra solida) ;
  • Sur la configuration des corps célestes ;
  • Introduction à la science de l'astronomie/astrologie (titre cité dans le Kitab al-Fihrist, perdu) ;
  • Introduction à la configuration et aux mouvements des corps célestes et des étoiles (cité dans le Kitab al-Fihrist, perdu, ou peut-être le même que le second, mais Ibn Abi Usaybi'a les distingue) ;
  • Sur l'usage de l'astrolabe sphérique (perdu, ou le même que le premier) ;
  • Sur l'usage de la sphère armillaire (perdu, ou le même que le premier).

Il a d'autre part traduit en arabe le traité Sur la taille et la distance du soleil et de la lune d'Aristarque de Samos, les Sphériques et les Habitations de Théodose de Tripoli (traductions elles-mêmes traduites en latin par Gérard de Crémone), les Levers et couchers des astres d'Autolycos de Pitane, le traité De l'ascension des signes zodiacaux d'Hypsiclès, et la Petite astronomie, un recueil de textes de géométrie introduisant à l'astronomie de Ptolémée ; également le De horoscopo d'Asclépios.

Dans le domaine de la mécanique, il a aussi traduit les Pneumatiques de Héron d'Alexandrie (qui ne nous sont connus que dans cette traduction arabe). Son nom est également associé à la traduction en arabe (traduction partielle ou révision de traductions existantes) de la Physique d'Aristote, de commentaires d'Alexandre d'Aphrodise (sur les livres IV, V et VII de la Physique) et de Jean Philopon (quatre premiers livres du commentaire sur la Physique), des Éléments d'Euclide, de l'Arithmétique de Diophante et des Géoponiques de Cassianus Bassus. Il a écrit d'autre part un commentaire du troisième livre d'Euclide, un autre sur Diophante, et une Introduction à la géométrie (ces derniers textes perdus).

Autres disciplines

Il a écrit un traité de psychologie sur la différence entre l'esprit et l'âme, traduit en latin au XIIe siècle par Jean de Séville (De differentia spiritus et animæ) et qui faisait partie au XIIIe siècle des livres canoniques de la Faculté des Arts de l'Université de Paris (où Qusta était appelé Constabulus et était d'ailleurs confondu avec Constantin l'Africain) ; un traité sur les causes des différences que présentent les hommes dans leurs caractères, leur conduite, leurs passions et penchants[3] ; un traité sur la différence entre l'animal raisonnable et l'animal non raisonnable ; une introduction à la logique ; une explication de la philosophie des Grecs ; un traité sur la morale des philosophes ; un livre sur la politique.

Qusta était aussi l'auteur d'une histoire universelle intitulée Le paradis de l'histoire, dont nous ne connaissons que le titre. Il a d'autre part rédigé une apologie du christianisme, en réponse au savant musulman Ahmad Abû 'Îsâ al-Munajjîm, qui avait écrit un traité intitulé La preuve où il prétendait démontrer « par des preuves géométriques » la vérité de la prophétie de Mahomet, et demandé à Hunayn ibn Ishaq et à Qusta de le réfuter s'ils en étaient capables, ce qu'ils firent l'un et l'autre.

Éditions

  • K. Samir et P. Nwiya (éd.), Une correspondance islamo-chrétienne entre Ibn Al-Munaggim, Hussain Ibn Ishaq et Qusta Ibn Lûqa, Patrologia Orientalis, t. 40, fasc. 4 (n° 185).

Bibliographie

  • Dimitri Gutas, Pensée grecque, culture arabe, Aubier, 2005.
  • Raymond Le Coz, Les chrétiens dans la médecine arabe, L'Harmattan, 2006.

Notes

  1. Cependant, il semble qu'il y ait une confusion d'identité entre ce calife, qui s'appelait en fait Abû al-'Abbas Ahmad ibn Muhammad ibn al-Mu'tasim, et un de ses oncles, également nommé Ahmad, fils d'al-Mu'tasim, qui eut pour précepteur le philosophe al-Kindi et est le destinaire d'un grand nombre des lettres de ce dernier.
  2. Commandé par un ministre du calife al-Mutamid ; édité par G. Bos, Qustâ ibn Lûqâ's Medical Regime for the Pilgrims to Mecca, E. J. Brill, Leyde, 1992.
  3. Édité avec traduction française par Paul Sbath, « Le livre des caractères de Qosta ibn Louqa, grand savant et célèbre médecin du IXe siècle », Bulletin de l'Institut d'Égypte 23, 1941, p. 103-169.

Wikimedia Foundation. 2010.

Contenu soumis à la licence CC-BY-SA. Source : Article Qusta ibn Luqa de Wikipédia en français (auteurs)

Игры ⚽ Нужно сделать НИР?

Regardez d'autres dictionnaires:

  • Qusta ibn Luqa — (820–912) (Costa ben Luca, Constabulus)[1] was a Melkite physician, scientist and translator, of Byzantine Greek extraction. He was born in Baalbek. Travelling to parts of the Byzantine Empire, he brought back Greek texts and translated them into …   Wikipedia

  • Mansur ibn Ilyas — From: Mansur ibn Ilyas: Tashrīḥ i badan i insān. تشريح بدن انسان. Manuscript, ca. 1450, U.S. National Library of Medicine. Manṣūr ibn Muḥammad ibn Aḥmad ibn Yūsuf Ibn Ilyās ( منصور ابن محمد ابن احمد ابن يوسف ابن الياس) was a late 14th century… …   Wikipedia

  • Mas‘ud ibn Muhammad Sijzi — was a Persian physician who lived before 1334CE in eastern Iran. Little is known of the life of Mas‘ud ibn Muhammad al Sijzi, only that he must have been working sometime before 1334CE. His only treatise, an Arabic medical compendium with… …   Wikipedia

  • Nafi ibn al-Harith — bin Kalada al Thaqafi (in Arabic نافع بن الحارث بن كلدة الثقفي ) (died 670 AD) was an Arab physician of the Banu Thaqif and was recommended by prophet Muhammad and treated Sa d ibn Abi Waqqas, and when Abu Bakr was dying, he designated his… …   Wikipedia

  • Ali ibn Ridwan — Abu l Hasan Ali ibn Ridwan Al Misri (c. 988 – c. 1061) was an Egyptian Muslim physician, astrologer and astronomer, born in Giza. He was a commentator on ancient Greek medicine, and in particular on Galen; his commentary on Galen s Ars Parva was… …   Wikipedia

  • ʿAlī ibn ʿĪsā al-Kahhal — ʿAlī ibn ʿĪsā redirects here. For the 9th century astronomer, see ʿAlī ibn ʿĪsā al Asṭurlābī. ʿAlī ibn ʿĪsā al Kahhal (fl. 1010 CE), surnamed the oculist (al kahhal) was one of Islam s most famous ophthalmologists. He was known in medieval Europe …   Wikipedia

  • 'Ali ibn al-'Abbas al-Majusi — (died 982 994), also known as Masoudi, or Latinized as Haly Abbas, was a Persian physician and psychologist most famous for the Kitab al Maliki or Complete Book of the Medical Art, his textbook on medicine and psychology. Contents 1 Biography 2… …   Wikipedia

  • Muhammad ibn Zakariya al-Razi — Al Razi redirects here. For the Islamic theologian and philosopher, see Fakhr al Din al Razi. For other uses, see Razi (disambiguation). Muhammad ibn Zakariyā Rāzī Razi was the preeminent pharmacist and physician of his time. Full name Muhammad… …   Wikipedia

  • Muhammad ibn Mahmud Amuli — Muhammad ibn Mahmud al Amuli was a medieval Persian physician from Amol, Iran. He wrote an Arabic commentary on the epitome of Avicenna s The Canon of Medicine that had been made by Yusuf al Ilaqi. Between 1335 and 1342 Amuli also composed a… …   Wikipedia

  • Muhammad ibn Yusuf al-Harawi — For other uses, see Harawi (disambiguation). Muhammad ibn Yusuf al Harawi (fl. 1492 1518 and died 1542) was a Persian late 15th century physician from Herat, now part of Afghanistan. In 1518 he composed, in Arabic, an alphabetical medical… …   Wikipedia

Share the article and excerpts

Direct link
Do a right-click on the link above
and select “Copy Link”