- Signature (botanique)
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Le principe de signature, ou théorie de la signature est une croyance répandue en Europe, de l'antiquité jusqu'au XVIIIe siècle, selon laquelle la forme et l'aspect des plantes est à rapprocher de leurs propriétés thérapeutiques. Ce concept relevant de l'alchimie a été repris par de nombreux médecins, chirurgiens et botanistes.
Sommaire
Historique
Dioscoride est un des premiers à véhiculer cette idée, au Ier siècle av. J.‑C. Il décrit notamment les effets de la pulmonaire dans le traitement des affections respiratoires, qu'il relie à l'aspect des feuilles, évoquant les alvéoles des poumons. Un autre exemple est celui de l’Hermodacte, ou « Doigt de Mercure », une mystérieuse racine[1], dont la forme évoque celle des doigts, et qui était utilisée pour les affections des membres, et, de manière générale, des articulations, notamment pour la goutte, ainsi que le décrit Henri de Mondeville (1260 † 1320) : « Hermodactylus en grec, Doigt de Mercure, Colchicon, en arabe Surandjan ; on dit qu'il est le Thériaque des articulations ».
L'idée de la signature a été reprise durant la renaissance par Paracelse, et séduit de nombreux auteurs de l'époque, entraînant une multiplication des Tractatus de Signaturis, plus ou moins sérieux. Selon les alchimistes, le principe de signature relève d'une notion d'équilibre astral. L'un des plus fervents suivants de cette théorie est Jean-Baptiste Porta (1539 † 1615), auteur d'un Phytognomonica qui décrit longuement les analogies repérées entre le règne végétal et le règne végétal, et les conséquences qu'il convient d'en tirer quant à leurs applications.
Le principe de signature se révèle, bien souvent, erronée, et la plupart de ses applications, sont, à l'instar de l'hermodacte, inefficaces, voire dangereuses, si l'on considère la possibilité que les bulbes de colchiques aient bien été utilisées en ce sens. Cependant, il arrive que par coïncidence, des applications thérapeutiques réelles soient découvertes par ce biais, comme les propriétés expectorantes de la pulmonaire, ou encore les propriétés hémostatiques de la pimprenelle (Sanguisorba officinalis, du latin, « qui absorbe le sang »), supposée dès l'antiquité de par la couleur rouge foncée des fleurs
Quelques espèces concernées
- Pulmonaria officinalis, la pulmonaire officinale : utilisée pour le traitement des affections respiratoires, pour la ressemblance de ses feuilles avec des alvéoles pulmonaires. Propriétés émollientes, expectorantes et astringentes.
- "Hermodacte" : racine évoquant la forme des doigts, peut-être Hermodactylus, ou une colchique ; utilisée pour les affections des articulations, comme la goutte. Sans efficacité, certaines espèces qui peuvent avoir été utilisées dans ce sens sont toxiques.
- Sanguisorba officinalis, la pimprenelle. On pensait que sa couleur rouge était due à sa capacité d'absorber le sang, d'où son nom. Elle aurait des propriétés hémostatiques.
- Hepatica nobilis, l'hépatique à trois lobes : utilisée pour le traitement des affections du foie, en raison des feuilles au dessous rougeâtre, à trois lobes, comme cet organe.
- Chelidonium majus, la chélidoine : utilisée dans le traitement des jaunisses, à cause de la couleur de son latex. La plante présente bien des propriétés thérapeutiques, mais est également toxique.
- Sagittaria sagittifolia, la sagittaire, étaient utilisée pour guérir les plaies occasionnée par les flèches, à cause de la forme de ses feuilles.
- Echium vulgare, la vipérine, était réputée guérir les morsures de serpent, à cause de la ressemblance de la fleur avec la tête de l'animal.
- Les plantes à latex étaient préconisées dans les problèmes de lactation.
- Les plantes pubescentes étaient recommandées pour traiter la calvitie.
- Les Orchis, et tout particulièrement l'Orchis bouc (Himantoglossum hircinum) étaient évoqués lors d'épisodes d'orchites, en raison de l'aspect des deux tubercules, rappelant des testicules.
Voir aussi
Articles liés
Références
- Paul Fournier, Les quatre flores de France, Dunod
- Jean-Baptiste Porta, Phytognomonica, 1560
- Davy de Virville A., . De l'influence des idées préconçues sur les progrès de la botanique du XVe au XVIIIe siècle . In: Revue d'histoire des sciences et de leurs applications. 1957, Tome 10 n°2. pp. 110-119.
- F.V. Mérat & A.J. De Lens, Dictionnaire universel de matière médicale et de thérapeutique générale ; contenant l'indication, la description et l'emploi de tous les médicamens connus dans les diverses parties du globe, ed. J-B. Baillière, Méquignon-Mauvis, Paris, 1831
Notes
- colchique Il s'agit peut-être d’Hermodactylus, ou d'une espèce non identifiée de
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