- Pierre François Marie Boulanger
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Pierre Boulanger, né à Paris le 10 juin 1813 et mort à Paris le 1er juillet 1891, est un artiste français spécialisé en ferronnerie d'art.
Sommaire
Biographie
On dit que, tout petit, Pierre Boulanger s'étonna de voir que la porte centrale de la cathédrale Notre-Dame de Paris ne comportait aucune ferrure. Victor Hugo lui même s'était interrogé « Qui a osé encadrer cette fade et lourde porte de bois sculpté à la Louis XV, à côté des arabesques de Biscornette [1].» Son père lui raconta donc l'histoire de Biscornette ou Biscornet[2] qui avait fait alliance avec le diable pour achever les remarquables pentures des portails latéraux sans pourtant pouvoir réaliser ceux de la porte centrale. Sans hésiter il avait répondu à son père : "Eh bien! moi, je le ferai."
Pierre Boulanger était fils d’artisan serrurier, il aide très tôt son père à la forge et se passionne pour son métier. Jeune homme, il accomplit le Tour de France du compagnonnage avant sa conscription et 7 ans de service militaire.
A 37 ans, il se perfectionne dans l’art du fer forgé en accomplissant ses premiers travaux de restauration et de réfection où il fait preuve de ses talents et de son habileté en redécouvrant les techniques perdues de l’étampe du Moyen-age. C’est en étudiant des modèles anciens d’époque gothique qui lui sont confiés et en s’appliquant à les reproduire que Pierre Boulanger se distingue et conquiert le titre de « sculpteur sur fer ». Sa renommée et sa spécialité se répandent vite[3].
De 1844 à 1867, il collabore avec les grands architectes de l'époque à la restauration des édifices religieux: Eugène Viollet-le-Duc, Paul Abadie, Antoine-Nicolas Bailly, Jean-Baptiste-Antoine Lassus, Charles-Auguste Questel, Eugène Millet[4].
Entre 1859 et 1867, il réalise son vœu d'enfance, sous la direction de Eugène Viollet-le-Duc il restaure les portails latéraux de la cathédrale Notre-Dame de Paris et réalise les magnifiques ferrures du portail central du Jugement Dernier[5]. Pour perpétuer le souvenir de ce travail remarquable et prouver que le diable n'y était pas intervenu, il a gravé au revers des pièces de métal: "Ces ferrures ont été faites par Pierre-François Boulanger, serrurier, posées en août 1867, Napoléon III régnant, E. Viollet-le-Duc, architecte de Notre-Dame de Paris[6]."
En 1879, il marie sa fille, Marie Boulanger à Oscar Roty, médailliste, membre de l’Institut de France auteur de la « Semeuse » qui orne timbres et monnaies.
En 1883, il est nommé chevalier de l'Ordre national de la Légion d'honneur pour l’ensemble de ses travaux de fer forgé exécutés sur les monuments publics[7].
Maurice Genevoix a dit de lui: « Il me semble qu'il est équitable de relever et de signaler l'hommage involontaire qu'a rendu Viollet-le-Duc à ce colossal artisan. Le reléguer, comme il l'a fait, à un rôle de simple exécutant, c'était avouer ce qu'il lui devait. Car il était assez intelligent pour accroître sa propre culture à seulement regarder travailler un manuel comme Pierre Boulanger, un artisan "unique", dit encore justement Raymond Subes capable d'exécuter un travail comme celui-là[8]. »
Il est inhumé au cimetière du Montparnasse dans le caveau familial avec les membres de la famille d'Oscar Roty.
Le musée des Arts décoratifs de Paris conserve en réserve 39 œuvres de ferronnerie offertes par Pierre Boulanger en 1888 (ferrures de la porte de Notre-Dame de Paris, éléments de grilles des cathédrales de Troyes et de Bourges).
Œuvres
- Hôtel et musée de Cluny à Paris: pentures et serrures des deux portails, bouteroues du portail (disparues).
- Hôtel du Timbre, rue de la banque, Paris: tympans à claire-voie des portes cintrées
- Basilique Sainte-Marie-Madeleine de Vézelay pentures et serrures des portes à l'intérieur du narthex et de la porte extérieur d'accès à la nef.
- Église Saint-Paul de Nîmes: pentures et serrures de toutes les portes extérieures et intérieures de l'église[9].
- Église Saint-Séverin à Paris: pentures du portail St Martin et de la porte latérale droite[10].
- Abbaye de Saint-Gilles: pentures, heurtoirs et serrures des portes.
- Église de Saint-Restitut: pentures du portail.
- Collégiale Notre-Dame de Semur-en-Auxois: restauration des pentures de la porte des Bleds.
- Basilique Saint-Denis: crête en plomb sur le comble, deux crosses de suspension en fer forgé, nombreux travaux de serrurerie et ferronnerie.
- Louvre: restauration du balcon de Charles IX[11].
- Cathédrale Saint-Pierre-et-Saint-Paul de Troyes: table de communion et grille de clôture de deux chapelles[12].
- Cathédrale Saint-Étienne de Châlons: table de communion du chœur.
- Basilique Notre-Dame de Bonsecours: table de communion de la chapelle de la Vierge.
- Église St Pierre de Châteauneuf-sur-Charente: pentures, serrures et heurtoirs
- Sainte-Chapelle à Paris: divers travaux de serrurerie et de réfection.
- Cathédrale Saint-Pierre de Beauvais: grilles des chapelles.
- Église Saint-Étienne de Beauvais: pentures du portail nord.
- Église de Sassetot-le-Mauconduit: restauration de la grille du chœur.
- Cathédrale Saint-Jérôme de Digne: pentures des trois portes de façade.
- Cathédrale Saint-Étienne de Bourges: grille du chœur
- Bourges: grille de la cathédrale remontée au foyer St François, 11 rue Joyeuse.
- Basilique Saint-Jacques-le-Majeur de Neuvy-Saint-Sépulchre: restauration des anciennes pentures.
- Église Saint-Jean-Baptiste de Belleville à Paris: pentures des portes.
- Cathédrale Saint-Étienne de Saint-Brieuc: pentures de la porte du Martray.
- Cathédrale Notre-Dame de Paris: pentures du portail central du Jugement Dernier, restauration des pentures des portails latéraux, serrurerie de la sacristie[13].
Galerie
Notes et références
- Notre-Dame de Paris, Victor Hugo, 1831 Lire en ligne
- Lire en ligne La France pontificale, H. Fisquet, 1864
- Lire en ligne Annales archéologiques, Volume 14, Adolphe Napoléon Didron,Edouard Didron,Xavier Barbier de Montault
- Lire en ligne Annales archéologiques, Adolphe N. Didron, Edouard Didron, Volume 15, Librairie Archéologique de Didron, 1855
- Lire en ligne Rapports du Jury international,Exposition universelle, 1867
- Le Petit Journal, Petit Pierre, août 1867 La légende de Biscornet,
- Dossier Pierre François Marie Boulanger sur la base LEONORE
- Raymond Subes, Presses du Compagnonnage, Paris 1961 Pierre Boulanger, Préface,
- Lire en ligne Encyclopédie théologique, Jacques-Paul Migne, 1856
- Lire en ligne Jean-Baptiste Lassus 1807-1857, Librairie Droz
- Balcon de Charles IX
- Lire en ligne. Serrurerie du moyen-age. Les ferrures de portes, Jean Hippolyte Raymond, Bordeaux, 1858
- Lire en ligne Jean-Baptiste Lassus (1807 - 1857) ou Le temps retrouvé des cathédrales, Librairie Droz
Liens externes
Sources
- Pierre Boulanger par Raymond Subes de l'Académie des beaux-arts, Presses du Compagnonnage, Paris 1961
Catégories :- Artisan d'art
- Technique de transformation des métaux
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