Paul Poggionovo

Paul Poggionovo
Nom de naissance	Paul Poggionovo
Naissance	1924 Sollacaro
Décès	1944 (à 20 ans) Forêt de Ronchamp (Haute Saône)
Nationalité	Française

Poggionovo Paul, né à Sollacaro (1924-1944). Résistant, combattant de la Libération de la Corse, soldat dans l'armée d'Italie, a hissé le drapeau Français sur le Palais Farnèse le 5 Juin 1944, tué à l'ennemi le 29 septembre 1944 à l'âge de 20 ans, dans la forêt de Ronchamp (Haute-Saône).

Biographie

Jeunesse

1924. Le quatre avril, Sollacaro comptait un habitant de plus : Paul Poggionovo, le petit-fils de l'architecte Philipphe Poggionovo voyait le jour dans la famille d'un menuisier. D’une intelligence précoce, brillant dans ses études, il obligea ses parents à descendre à Ajaccio. C'est dans cette ville qu'il continua sa scolarité en 1938 au cours complémentaire de la rue Forcioli-Conti, qui fut une pépinière d’hommes de valeur.

Engagement au Front National

1942. Ajaccio. C'est l'occupation, les italiens tiennent les postes clés dans la ville. Le père de Paul travaille comme menuisier à la caserne Battesti, caserne de la Garde Mobile. Le Jeudi et les jours de vacances Paul l'aide à l'entretien de la boiserie. Les italiens décident un jour d'occuper les bâtiments de la caserne. Les gardes mobiles sabotent le matériel, brûlent les véhicules et détruisent les armes. Les italiens pénètrent dans l'enceinte où Paul se trouve coincé. Ne voulant pas sortir sans emporter un trophée, Paul enfile une épée dans la jambe de son pantalon et passe par la grande porte accompagné par son camarade de classe, François Zampini. Leur jeune âge laisse indifférent le peloton de garde et les deux sentinelles.

1942-1943. La résistance s'organise. Les patriotes travaillent dans l'ombre. Des ramifications s'étendent dans toute la Corse. Les responsables cherchent des partisans parmi les jeunes. A Ajaccio des groupes se forment, composés chacun de trois membres. Le travail est réparti, chacun en devient responsable et la tâche est lourde. Paul Poggionovo fait partie d'un groupe avec deux autres camarades, Marcel Mary et François Zampini, qu'ils ont baptisé "Stalingrad". Son rôle devient réel, ils glissent des tracts dans les voitures de l'occupant, ils dépistent les agents de L.O.V.R.A. (Gestapo Italienne)

Libération de la Corse

Appel à la lutte contre l'occupant pour la Libération totale de la Corse et de la France

Le 9 septembre 1943, devant la Préfecture, il prend part, avec les responsables du Front National, Maurice Choury, Martin BORGOMANO et Jean BESSIERE, debout sur le toit d'une ambulance, à l'appel à la lutte contre l'occupant pour la libération totale de la Corse et de la France. Paul n'a pas encore vingt ans. Il veut combattre, mais il faut le consentement de la famille, du père surtout. Il l'obtient, car il sait être convaincant. Le voilà dans les rangs du Bataillon de Choc débarqué à Ajaccio à bord du glorieux sous-marin CASABIANCA. Il porte le brassard blanc à tête de Maure des maquisards, et participe aux combats libérateurs. Au prix de durs affrontements, il participe activement à la Libération de la Corse en septembre-octobre 1943.

Entraînement en Afrique du Nord

La tâche des Patriotes ne faisait que commencer. Il fallait maintenant libérer le sol national qui, depuis trois ans, était foulé par l'occupant nazi. Aux accents de la « Marseillaise » et de « l'Internationale », la jeunesse Corse partit mobilisée. Que de volontaires, qui n’avaient pas vingt ans !... Paul Poggionovo était de ceux-là. C'est en Afrique du Nord que les appelés et les engagés volontaires firent leurs classes. Travail rude, rude apprentissage de la guerre que le jeune Paul fait avec entrain et bonne humeur, malgré la tristesse d’être éloigné des siens, lui qui n'avait jamais quitté le giron familial et qui se trouve maintenant dans cette lointaine Tunisie.

Mais, par dessus tout, c'est le Patriote farouche qui transparaît dans chacune des lettres écrites à sa famille. « Je suis, écrit-il le 22 mars, avec des anciens, ceux qui ont répondu présent au Général de Gaulle au lendemain de l'Armistice ; ce sont de bons combattants qui ont fait la Libye, Bir-Hakeim, El-Alamein, enfin ceux qui se sont battus pour sauver l’honneur de la France et sa Liberté ». Dans une autre lettre écrite à son frère, il donne des détails sur son apprentissage de la vie militaire : « depuis mon arrivée ici, on a travaillé dur ; on allait très souvent en manœuvre de jour et de nuit, et souvent pour plusieurs jours, nous avons eu des inspections de plusieurs généraux, nous avons été présentés au Drapeau de notre Bataillon (le Bataillon du Pacifique) Nous sommes avec des Tahitiens et des Calédoniens qui ont fait la Libye et gagné plusieurs batailles. Je fais partie du Bataillon qui s'est couvert de Gloire ».

Campagne d'Italie

Paul Poggionovo hissant le drapeau Français au palais Farnèse

En avril 1944, sa division, la 1re Division Française Libre (1re D.F.L.) quitte la Tunisie et débarque en Italie. Pour Paul et tous ses jeunes camarades, la guerre, la « vraie » guerre, commence...

La route qui mène à Rome est longue et semée d'obstacles, de périls. Paul combat avec vaillance et son moral est toujours excellent.

Le 5 juin le corps expéditionnaire entre à Rome. Le drapeau Français flotte à nouveau sur le balcon du Palais Farnèse, siège de l'ambassade de France. Un soldat de la 1re D.F.L., devait avoir l'honneur d'envoyer les couleurs de la France au combat. Cet honneur, c'est à Paul Poggionovo, jeune « engagé volontaire », qu'il échut. C'est lui qui hissa le drapeau tricolore sur le fameux balcon d'où Mussolini, alors triomphant, avait prononcé tant de discours enflammés ; pour la France, pour la Corse à tort revendiquée par le « César de Carnaval », quelle éclatante revanche !

Débarquement en Provence

16 août 1944, il participe au débarquement en Provence en accostant, vers 22 heures, dans le sable de Cavalaire. La campagne de France commence pour lui et ses camarades de la 1re D.F.L.. Il écrit dans une lettre datée du 24 août à ses parents ; « Vous ne pouvez penser, chers parents combien je suis content à présent. Vous savez les nouvelles : On se bat sur le sol de France, en Méditerranée. Eh bien ! Je suis sur le sol de la Patrie. J'ai vu pleurer des hommes, des femmes à notre arrivée. Ils sortaient des abris sous le feu ennemi pour nous voir. Ils nous appellent les libérateurs et ils pleurent de joie ; ils sont libres. Ils voient à présent des soldats avec de bons sourires aux lèvres à la place de ces dures têtes de b... Ils croient que c'est un rêve ; vous ne pouvez vous figurer, chers parents combien est belle la France, et les Français gentils. Je suis bien content et j'espère que ma joie vous rendra un peu plus heureux. Vous vous figurez, d'entendre parler Français, des fleurs, des pleurs, des rires, tout cela accompagné avec toutes sortes de fruits, du bon raisin de France, des bouteilles sortent du fond des caves, couvertes de poussière. « Il a 17 ans », nous dit le propriétaire en nous l'offrant. « Ils ne l'ont pas eu et je l'ai gardé pour vous. D'autres nous apportent des tonneaux tout pleins sur notre passage. Ils sont tous là sur notre parcours pour nous applaudir, et nous remercier. Ils sont là au feu, ils soignent les blessés, ils sont là pour nous soutenir, nous aider, on est bien chez nous et on le voit bien. Ils veulent nous faire dormir dans leurs lits, ils veulent veiller pour nous, on passe des moments pathétiques, on est des dieux, des libérateurs comme ils disent en pleurant de joie. Enfin, bientôt c'est fini car ils agonisent, les b... et nous les tenons. Ils ont peur de nous. « Les français, ce sont des démons », disait un officier b... à un curé. Oui la France était impatiente de recevoir ses libérateurs ».

Vallée du Rhône

Paul Poggionovo sera toujours à l'avant-garde, ce qui est conquis sera jalousement gardé, défense de céder du terrain. Il adresse une lettre à sa sœur et lui dit : « Le jour de Saint-Roch, moi je posais le pied sur la terre de France. Cela m'a fait plaisir et peur en même temps : je m’attendais à voir toutes ces belles villes démolies, mais heureusement, elles n'ont pas trop souffert. Bientôt nous irons, nous aussi, tirer nos obus sur le territoire de l'ennemi ; nous porterons la guerre chez eux, et ils comprendront ce que c'est que la guerre ».

Paul ne verra pas le jour de la Victoire pour laquelle il a sacrifié sa jeunesse, sa vie ... Le 29 septembre 1944 dans le bois de Ronchamp (Haute-Saône), en voulant détruire un nid de mitrailleuses ennemi, il prend une rafale en écharpe et meurt quelques secondes plus tard.

Le Général de Goislard de Monsabert le citera ainsi : « Bon soldat qui a toujours fait preuve de courage et de sang froid dans les situations difficiles au combat. Déjà cité en Italie par sa conduite exemplaire au feu. En voulant détruire un nid de mitrailleuses ennemi est tombé glorieusement le 29 septembre 1944 dans le bois de Ronchamp (Haute-Saône), après un duel de quelques mètres »

Son corps reposa provisoirement au cimetière Divisionnaire de Villerxecel, parmi des centaines d'autres camarades. Aujourd’hui, Paul repose en paix dans le petit cimetière de Sollacaro, son village natal, dans sa chère Corse aux mille parfums ; et libre à jamais.

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  Paul hissant le drapeau Français au palais Farnèse

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  Plaque commémorative

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  Sollacaro

Liens externes

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