Mohamed Khodja

Mohamed Khodja

Mohamed Khodja, décédé le 21 février 1846[1], est un caïd, gouverneur et ministre tunisien.

Son père est un officier turc qui fait aussi office de clerc religieux au sein de la caste turque de Tunis. C'est ainsi qu'il éduque son fils dans le respect du savoir et de la connaissance. L'historien Ibn Abi Dhiaf note qu'il s'intéressait particulièrement à l'étude de l'histoire[1].

Il est nommé par Ali II Bey vers 1780 comme gouverneur du fort maritime de Bizerte chargé de surveiller la côte et le port[1]. Ses connaissances l'amènent à s'intéresser à l'ingénierie maritime et à la construction de navires où la Tunisie excelle depuis l'époque mouradite, lorsque les corsaires disposaient de puissants et nombreux navires. Le chef de la marine tunisienne à cette époque est l'amiral Mustapha Raïs auquel succède en 1825 Mohamed Sghaïer (Kchuk Mohamed en turc). Hammouda Pacha nomme quelques années plus tard Mohamed Khodja comme directeur des arsenaux militaires (amine el tarsikhana).

À la tête des arsenaux de La Goulette et Porto Farina, il sert la politique de mainmise sur la Méditerranée du bey et de ses ministres Moustapha Khodja et surtout Youssef Saheb Ettabaâ. Il fournit ainsi les riches armateurs corsaires de la régence et la marine du bey en navires rapides et facilement manœuvrables pour échapper à la puissance de feu des canons européens. En 1811, son rôle est déterminant lors de la révolte de la milice turque de Tunis contre la politique du bey. Par ailleurs, il participe plusieurs fois aux ambassades vers l'Angleterre et la France[1].

En 1819, une puissante escadre franco-anglaise, envoyée par les nations européennes réunies au congrès d'Aix-la-Chapelle, fait une démonstration de force dans le golfe de Tunis pour faire cesser toute activité des corsaires barbaresques ; Mahmoud Bey est contraint de céder et de mettre fin aux agissements des corsaires tunisiens.

Dès lors, Mohamed Khodja doit réformer la marine tunisienne et reconvertir les corsaires et leurs navires. Néanmoins, la faiblesse des moyens et des ressources résultant en partie de la disparition des larges bénéfices que procurait la course, empêche une évolution de la marine tunisienne vers une marine moderne. En effet, les matériaux, la fabrication et les compétences sont particulièrement coûteuses dans l'industrie navale, pour peu que l'on maîtrise les techniques et le savoir-faire. Le rôle de Khodja reste, après ces événements, de sécuriser les côtes et les ports tout en contrôlant les douanes du pays. Mais la zone d'influence de la marine se rétrécie progressivement face à la suprématie européenne, surtout au lendemain de la défaite navale ottomane de Navarin en 1827 où une grand partie de la flotte tunisienne, répondant à son devoir d'assistance à l'Empire ottoman, est coulée. L'amiral tunisien Mohamed Sghaïer y perd trois grandes frégates de cinquante canons construites sur des modèles modernes parmi d'autres navires de guerre plus petits.

Mohamed Khodja reste à ce poste, qui s'apparente de plus en plus à celui de ministre de la Marine, jusqu'à sa mort en 1846. Il est inhumé au cimetière du Djellaz à Tunis, en présence du souverain Ahmed Ier Bey, de tous ses ministres et des notables de la capitale selon Ibn Abi Dhiaf, saluant avec lui la fin de l'hégémonie de la marine tunisienne sur la Méditerranée occidentale[1].

Plusieurs de ses fils feront carrière au service de l'État beylical : Mahmoud qui lui succède à la tête du ministère de la Marine et Ahmed (mort en 1828) qui devient commandant du port militaire de Ghar El Melh[1].

Notes et références

  1. a, b, c, d, e et f Ibn Abi Dhiaf, Présent des hommes de notre temps. Chroniques des rois de Tunis et du pacte fondamental, vol. VIII, éd. Maison tunisienne de l'édition, Tunis, 1990, p. 60

Wikimedia Foundation. 2010.

Contenu soumis à la licence CC-BY-SA. Source : Article Mohamed Khodja de Wikipédia en français (auteurs)

Игры ⚽ Нужен реферат?

Regardez d'autres dictionnaires:

  • Khodja — ou encore Hodja, Khoja, Hoca, Xoja, Hoxha (du farsi « maître »), est un titre honorifique en usage dans les cultures islamiques. Il est souvent employé pour les imams et les muezzins. Langue Transcription Turc Hoca Turkmène Hoja Tadjik… …   Wikipédia en Français

  • Mohamed Bouzid — est un artiste peintre algérien né le 12 décembre 1929 à Lakhdaria (Bouira). Sommaire 1 Biographie 2 Jugement 3 Musées 3.1 …   Wikipédia en Français

  • Mohamed Salah Ben Mrad — Mohamed Salah Ben Mrad, né en 1881 à Tunis et décédé en 1979 à Hammam Lif, est un intellectuel, journaliste et théologien tunisien. Sommaire 1 Biographie 1.1 Jeunesse 1.2 Publication …   Wikipédia en Français

  • Mohamed Aksouh — est un peintre non figuratif algérien de la Nouvelle École de Paris, appartenant à la génération des fondateurs de la peinture algérienne moderne, né à Alger en 1934, installé en France depuis 1965. Sommaire 1 Biographie 2 Principales expositions …   Wikipédia en Français

  • Mohamed Arbi Zarrouk Khaznadar — (محمد العربي زروق خزندار), né vers 1760 au Bardo et décédé le 29 octobre 1822 au Bardo, est un homme politique tunisien. Sommaire 1 Biographie 1.1 Famille 1.2 …   Wikipédia en Français

  • Mohamed Bayram V — Portrait de Mohamed Bayram V Mohamed Bayram V, né en mars 1840 à Tunis et décédé en décembre 1889 à Helouane (Égypte)[1] …   Wikipédia en Français

  • Mohamed Salah Ben Mrad — Deuil sur la femme de Haddad by Mohamed Salah Ben Mrad Mohamed Salah Ben Mrad(1881–1979) was a Tunisian theologian, journalist and intellectual. In 1931 he published Deuil sur la femme de Haddad (ﺍﻟﺤﺪﺍﺩ ﻋﻠﻰ ﺍﻣﺮأﺓ ﺍﻟﺤﺪﺍﺩ), an important text in… …   Wikipedia

  • Mohamed Dib — Mohammed Dib Mohammed Dib (Tlemcen, 21 juillet 1920 La Celle Saint Cloud, 2 mai 2003) est un écrivain algérien de langue française, auteur de romans, de nouvelles, de pièces de théâtre, de contes pour enfants, et de poésie. Sommaire 1… …   Wikipédia en Français

  • Farid Khodja — (né le 13 février 1964 à Blida) est un artiste interprète algérien de musique andalouse. Biographie Farid Khodja fut bercé dès son jeune âge par les sons aussi voluptueux que mélodieux qui s échappaient du rabâb de son oncle Mohamed… …   Wikipédia en Français

  • Mahmoud Khodja — Mahmoud Khodja, décédé le 19 février 1857[1] à La Goulette, est un gouverneur et ministre tunisien. Son père, Mohamed Khodja, est ministre de la Marine sous le règne d Hammouda Pacha après avoir longtemps dirigé les arsenaux militaires tunisiens …   Wikipédia en Français

Share the article and excerpts

Direct link
Do a right-click on the link above
and select “Copy Link”