Maison Coignard

Maison Coignard

48°50′39″N 2°23′49″E / 48.84417, 2.39694

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À Paris, il y avait, au n° 35 de la rue de Picpus, le couvent des chanoinesses régulières de Saint-Augustin : cette communauté, fondée en 1647 et appelée à cette époque Notre-Dame-de-la-Victoire-de-Lépante, présentait la particularité de célébrer le 7 octobre l’anniversaire de cette victoire de 1572 sur les Turcs.

Sommaire

Historique

À la Révolution, en 1792, on chassa les quarante religieuses de leurs deux hectares de jardins. Sous la Terreur, à la fin de 1793, un certain Eugène Coignard y ouvrit une maison de santé pour recevoir de riches "suspects," détenus dans les différentes prisons de Paris, que l'on faisait passer pour malades. Non loin de là, rue de Charonne[1], un ancien miroitier du nom de Belhomme l'avait précédé en créant dès 1769 une maison du même genre. Moyennant une pension exorbitante, la plupart de ces privilégiés échappaient à la guillotine.

Naturellement, des intermédiaires rançonnaient ces détenus de luxe au prix fort et négociaient avec les autorités leur transfert dans ces maisons. Il n'y avait pas juste la corruption ; l'influence de membres du Comité de sûreté générale ou du Comité de salut public, soucieux de protéger leurs amis prisonniers, s'exerçait également.

Les détenus les plus célèbres furent le marquis de Sade et Choderlos de Laclos, l'auteur des Liaisons dangereuses qui y résidèrent ensemble du 27 mars au 15 octobre 1794. Le rival et voisin de Coignard, Belhomme, condamné à six ans de fers pour avoir un peu trop abusé de la situation, s'y retrouva pensionnaire .

En juin 1794, des terrassiers ouvrirent une grande brèche dans le mur d’enceinte et creusèrent une fosse de 8 mètres sur 5 au fond du jardin : cette fosse était destinée à recevoir les corps des guillotinés. Les protestations de Coignard ne servirent à rien. Un tombereau commença à apporter les corps que l’on exécutait chaque jour sur la place du Trône toute proche (aujourd’hui place de la Nation) - en fait à la barrière du Trône. [2]

Les aides du bourreau dénudaient les cadavres, tandis qu’à côté on y brûlait du thym et du genièvre pour atténuer l’odeur de putréfaction des corps déjà entreposés. Puis, les dépouilles étaient tirées à terre jusqu’aux fosses, où on les tassait le plus possible par manque de place. Les têtes étaient jetées comme des boules pour remplir les vides.

Au début, les fosses restèrent ouvertes en permanence sans qu’aucun lit de chaux n’y soit étalé. L’odeur était effroyable. Plus tard, on établit au-dessus un plancher en charpente percé d’une trappe. Du 13 juin au 28 juillet, on y jeta de trente à cinquante personnes chaque jour. Le nombre officiel fut de 1306 inhumations.

Les policiers Jean-Baptiste Marino, François Soulès, Nicolas André Marie Froidure et François Dangé y furent enterrés le 17 juin 1794 sous le nez de plusieurs hommes qu’ils avaient arrêtés : MM de Dampierre, Le Picard, Sabatier et Desprez, le couple Titon. Le bourreau Sanson avait battu ce jour-là son record : 54 personnes en 24 minutes, ce qui lui valut une gratification des députés.

Après le 9-Thermidor, les prisonniers firent leur possible pour être transférés au plus vite, la maison ne fit plus recette : les épouvantables fosses ne furent comblées qu’en juin 1795, un an après. Depuis longtemps la maison Coignard avait fermé ses portes.

En 1805, les familles des personnes inhumées à cet endroit s’associèrent pour racheter le couvent et y installèrent une congrégation de religieuses. On créa aussi un cimetière privé, le cimetière de Picpus, où ces familles se firent enterrer pour reposer près de leurs parents assassinés. Au milieu de ces tombes surchargées d’écussons se trouve celle de G. Lenotre, historien de la Révolution française. .

Références

  1. au no 157
  2. Une plaque est apposée sur le bâtiment sud de la barrière du Trône, situé place de l’Île-de-la-Réunion.

Filmographie

Sources

Liens internes


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