- Luc O'Shiell
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Luc O'Shiell, né en 1677 à Dublin[1], mort le 18 février 1745 à Nantes[2], est un réfugié jacobite irlandais de Nantes, devenu un des principaux armateurs nantais du XVIIIème siècle.
Sommaire
Biographie
Origine
Il est le fils de Neil O'Shiell[3], marchand de Dublin, et de Marie O'Shiell (vers 1661-1717[4]).
Il arrive à Nantes en 1689 à l'âge de 12 ans[5]avec ses parents. Vient aussi à Nantes Anne O'Shiell, qui est une tante de Luc, sœur soit de Neil O'Shiell, soit de Marie O'Shiell[6]. Anne O'Shiell est depuis 1677 l'épouse de James Clarke (les liens entre les familles O'Shiell et Clarke, renouvelés en 1753[7], sont donc antérieurs à leur venue en France).
Luc O'Shiell se fera naturaliser en 1707.
Carrière
A son arrivée à Nantes, il est certainement mis en apprentissage chez un autre armateur, mais ce point n'est pas documenté. Il apparaît dans la documentation en 1703 comme armateur au grand cabotage[8]. De 1703 à 1708, il pratique cette activité, surtout vers l'Irlande, mais aussi ver la Suède (Stockholm) et les Pays-Bas espagnols.
À partir de 1706, il commence le commerce en droiture (il ne s'agit donc pas de trafic négrier) avec les Antilles ; 20 expéditions en droiture sont recensées entre 1706 et 1715, dont 10 en association avec des partenaires, surtout irlandais : Jean O'Riordan, Thobie Clarke (1679-1759), fils de Jacques Clarke, avec lesquels les O'Shiell ont d'ailleurs des liens familiaux (infra.) et 2 seules[9], ainsi que le Français Nicolas Bertrand. Grâce à la protection de la cour jacobite à Saint-Germain en Laye, il réussit à obtenir le droit de transporter des marchandises d'Irlande en Amérique sans avoir à les faire passer par Nantes.
Il commence la traite négrière en 1714 et réalise neuf expéditions de ce type jusqu'en 1721[10]. Il s'associe d'abord avec des Nantais déjà habitués du commerce triangulaire, à une époque où il est le seul Irlandais de Nantes à le pratiquer. En 1717, il finance seul l'expédition du Saint Luc. En 1721, il subit la perte de trois navires, ce qui l'amène à se retirer de cette activité.
Par ailleurs, en 1708, Hélène Skerrett, veuve de Jean Ier Stapleton, se tourne vers lui pour en faire son procureur à Nantes, alors qu'elle doit partir pour les Antilles mettre un peu d'ordre dans ses affaires. Il prend alors probablement le relais d'un partenaire commercial de Jean Ier Stapleton, le marchand irlandais Jacques Rutlidge, qui a subi une faillite en 1703, dont il a du mal à se relever.
En 1722, il devient consul des marchands de Nantes.
En 1739, avec ses compatriotes Nicolas Luker et Antoine Walsh, il crée la première compagnie d'assurances françaises[11].
Famille et descendance
Le 11 novembre 1709[12], il épouse Agnès Vanasse (1690-1724), fille de Pierre Vanasse, d'une famille d'origine allemande. Luc O'Shiell apporte 100 000 livres de capital dans la corbeille de mariage, contre 20 000 pour l'épouse. La famille réside à la Fosse, paroisse Saint-Nicolas, comme la plupart des négociants nantais.
De ce mariage, naîtront plusieurs enfants dont quatre arriveront à l'âge adulte : Agnès, Anne, Marie et Luc-Nicolas.
- Agnès (1713[13]-1791[14]) épouse en 1733[15] Jean II Stapleton, fils Jean Ier Stapleton avec 250.000 livres de dot.
- Marie (née en 1715[16]) épouse en 1741[17] Antoine Walsh, fondateur de la Société d'Angola, autre figure des Irlandais de Nantes et de l'armement nantais au XVIIIe siècle (dot : 80.000 livres).
- Anne (1720[18]-1793[19]) épouse, elle aussi en 1741[20], le négociant et armateur nantais Guillaume Grou (1698-1774), fondateur de la société d'armement Grou et Michel, avec une dot de 100 000 livres[21].
- Luc Nicolas (1721[22]-1796) épouse en 1753[23] Marie Clarke, fille de Thobie Clarke et de Marie O'Riordan.
Propriétés foncières et noblesse
A Nantes, la famille O'Shiell est installée dans le quartier de la Fosse, paroisse Saint-Nicolas, comme la plupart des armateurs nantais.
Luc O'Shiell a aussi acheté le manoir de la Placelière à Château-Thébaud[24], à 10 km au sud-est de Nantes, dans le Vignoble. Un acte de vente de terres dépendant du domaine de La Placelière de 1747 établit que Château-Thébaud[25] appartient aux quatre héritiers de Luc O'Shiell[24].
Pendant la seconde moitié du XVIIIème siècle, le manoir de la Placelière[24] est un lieu de réception pour toutes les familles d'origine irlandaise établies à Nantes : O'Shiell, Stapleton, Walsh, Clarke, O'Riordan, Murphy, Browne, White, Hay de Slade.
Dix ans après sa mort, la famille O'Shiell est reconnue d'origine noble par un arrêt du conseil et par lettres patentes de 1755. En 1781, deux lieutenants du régiment Walsh viennent de la famille.
Le blason de la famille est d'argent, au lion de gueules, accompagné en chef de deux gantelets et en pointe d'une étoile du même[26].
Bibliographie
- Guy Saupin, "Les réseaux commerciaux des Irlandais de Nantes", dans David Dickson, Jan Parmentier et Jane Ohlmeyer, Irish and Scottish Mercantile Networks in Europe and Overseas, Academia Press Scientific Publishers, Gand, 2006, 520 pp [ISBN 978-90-382-1022-3], pages 115-146 (sur Luc O'Shiell : pp. 136-140).
Il s'agit des actes du colloque d'octobre 2003 à Trinity College, Dublin.
Disponible en ligne : cf. Google Books. - Patrick Clarke de Dromantin, Les réfugiés jacobites dans la France du XVIIIe siècle, Presses universitaires de Bordeaux, 2005, 525 p. [ISBN 2-86781-362-X]. Cf. Google Books
- Natacha Bonnet, L’Investissement colonial au XVIIIe siècle Approche méthodologique à partir de l’étude des comptes de quatre plantations sucrières à Saint-Domingue. Cf. [2]
- Etienne Hervé, Une famille de négociants irlandais à Nantes au XVIIIè siècle : les O'Shiell (1689-1799), mémoire de maîtrise, Université de Nantes, 2003.
Notes et références
- [1]. La date de 1677 est attestée par sa lettre de naturalité. Cf. site généalogique
- AMN Registres paroissiaux Acte de sépulture de "Luc Shiell" (19 février 1745) : Saint-Nicolas, vue 24, cf
- Cf. acte de mariage infra. Neil O'Shiell meurt avant 1745, peut-être avant 1717.
- Acte de sépulture de "dlle Marie Shiel, fe (ou : "vve" ?) de n. h. Neil Shiel, marchand" (4 août 1717) : St-Nicolas, vue 31. L'acte de sépulture (décès le 3 août), fait en présence de Luc, indique qu'elle est âgée de 56 ans, soit une naissance entre le 4 août 1660 et le 3 août 1661.
- Lettre de naturalité, 1707, ADLA.
- Le site généalogique cité la donne comme sœur de Luc O'Shiell. Ce n'est pas possible, puisque James Clarke et Anne O'Shiell ont un premier enfant, Thobie, dès 1679. Anne O'Shiell étant née au plus tôt vers 1662, elle ne peut pas être la fille de Marie O'Shiell, épouse O'Shiell, née vers 1661.
- Cf. infra, mariage de Luc Nicolas O'Shiell avec Marie Clarke.
- Saupin, page 136.
- Les 8 autres ne sont pas connues en détail.
- Saupin, page 137
- Bretagne et Irlande du Vème au XXIème siècle
- Acte de mariage de Luc Schiel avec Agnès Vanasse (11 novembre 1709) : St-Nicolas, vue 53.
- Acte de baptême d'Agnès O'Shiell (11 octobre 1713) : St-Nicolas, vue 42.
- Acte de sépulture d'Agnès (18 janvier 1791, St-Martin de Chantenay).
- Acte de mariage d'Agnès avec Jean Stapleton (16 février 1733), St-Nicolas, vue 6.
- Acte de baptême de Marie O'Shiell (1° décembre 1715) : Saint-Nicolas, vue 54.
- Acte de mariage de Marie avec Antoine Walsh (10 janvier 1741) : St-Nicolas, vue 5.
- Acte de baptême d'Anne O'Shiell (20 novembre 1720, née le 18) : St-Nicolas, vue 47.
- Acte de décès d'Anne (30 juin 1793) : Nantes, Table décennale, vue 170 ; Section Montagne-Scevola, Table annuelle, vue 150 ("Anne ÔSchiel, veuve Grou") ; acte non repéré dans le registre. Anne meurt au moment de la bataille de Nantes, alors que sont enregistrés les décès de nombreux combattants.
- Acte de mariage d'Anne avec Guillaume Grou (17 janvier 1741) : St-Nicolas, vue 8.
- Cf. Natacha Bonnet.
- Acte de baptême de Luc Nicolas O'Shiell (8 décembre 1721) : St-Nicolas, vue 42.
- Acte de mariage de Luc Nicolas avec Marie Clarke (12 février 1753) : St-Nicolas, vue 26. Parmi les témoins : Thomas Montaudouin, époux d'Anastase Clarke, sœur de Marie.
- Site Infobretagne
- C'est-à-dire la seigneurie de ce lieu.
- Site héraldique. Blason blanc avec un lion rouge, au dessus deux gantelets rouges, au dessous une étoile rouge. Cf.
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