Louis Kermabon

Louis Kermabon

Louis Kermabon, né le 23 mars 1898 à Quéven et décédé le 21 septembre 1983 à Lorient, était commerçant et maire de Quéven de 1940 à 1947.

Sommaire

Biographie

Louis Kermabon naît au sein d'une famille de commerçants, son père est marchand de grains. Son frère aîné Joseph meurt en Champagne en 1915 ce qui le marquera à vie.

Dès 1929, il devient conseiller municipal de Quéven, puis adjoint au maire. Julien Moëllo (1860-1946), maire depuis le 15 mai 1904, après 35 années de son mandat de maire et à l'âge de 80 ans, décide de démissionner le 30 novembre 1940[1]. À cette date, Louis Kermabon assure l'intérim de la fonction de Maire[2],[1]. Son mandat de maire est confirmé par décret en date du 14 mars 1941[3],[4].

En tant que maire, il fait face à l'Occupant, et avec son équipe municipale, s'entoure de personnalités de haute valeur, Gabriel Pin[5], le professeur René Lote (1883-1944), qui traduit utilement les documents de mairie, le docteur Yves Diény (1911-1944) qui œuvre pour la population sinistrée, et qu'il reçoit quotidiennement en mairie[6] où ils entrent en contact avec le commandant Pierre Barbotin, chargé de mission par le général Maurice Guillaudot, l’un des chefs de la Résistance morbihannaise.

Pendant son mandat, Louis Kermabon doit comparaître à plusieurs reprises à la Kommandantur, à Vannes, et est, en tant que maire, pris personnellement comme responsable des faits et gestes de ses administrés[7]. À titre familial, il est touché, son fils aîné est déporté au STO, sa maison est la première incendiée par les Allemands, lui-même, sa femme et son plus jeune fils sont sinistrés.

À partir du 16 août 1944, les Allemands décidèrent l'évacuation totale de tous les habitants de la commune[8]. Le conseil municipal se réunit à Pontivy. Bouleversé, comme tous les Quévenois, par la destruction de la commune, Louis Kermabon propose l'adoption de Quéven par une autre ville. Une annonce est passée dans Ouest-France : "Une commune à adopter - Quéven - Les habitants sont dans le dénuement absolu". Il ne reçois pas de réponse mais fréquente Alphonse Viros, Ariègeois, inspecteur de l'enseignement technique, réfugié également à Pontivy, qui lui suggère de s'adresser directement à une grande ville comme par exemple Toulouse. Un courrier est adressé le 23 décembre 1944 à la municipalité de Toulouse. Dans un courrier en date 15 janvier 1945, le député-maire de Toulouse Raymond Badiou informe que la ville de Toulouse accepte le parrainage de Quéven[9],[10]. En reconnaissance mutuelle, Quéven inaugure le 10 juillet 1955 une "place de Toulouse" et Toulouse une "rue de Quéven"[11].

Après guerre, en attendant les élections municipales prévues les 23 et 30 septembre 1945, le Comité départemental de libération du Morbihan reconstitue le 22 juin 1945 à titre provisoire le conseil municipal de 1935 avec Julien Moëllo comme maire et Louis Kermabon comme adjoint[12]. À 85 ans, Julien Moëllo, décide à nouveau de démissionner, ce qui est accepté par le préfet par arrêté du 21 juillet 1945[12]. À la suite de cette démission, le conseil municipal élit le 8 août 1945 Louis Kermabon comme maire[13]. Les premières élections d'après guerre sont organisées le 23 septembre 1945. Louis Kermabon est élu et reconduit dans ses fonctions de maire le 7 octobre 1945[13]. Il œuvre pour la reconstruction et le retour des Quévenois.

De nouvelles élections, les premières sous la 4e République, sont organisées les 19 et 26 octobre 1947. Les socialistes arrivent en tête et Joseph Kerbellec est élu maire le 2 novembre 1947[13].

Retiré de la vie publique, Louis Kermabon meurt le 21 septembre 1983[14] et est inhumé au cimetière de Quéven.

Une rue de Quéven perpétue son souvenir.

Notes et références

  1. a et b Les Quévenois - De la Guerre à la Paix, p. 91.
  2. En vertu de l'article 84 de la loi du 5 avril 1884.
  3. En vertu de la loi du 16 novembre 1940 selon laquelle pour les communes de plus de 2 000 habitants le maire et les adjoints ne sont plus élus mais désignés par le Gouvernement.
  4. Les Quévenois - De la Guerre à la Paix, p. 92.
  5. Selon ses propres dires, Gabriel Pin admet que lui-même, le professeur Lote, le docteur Diény et Louis Kermabon, s'ils ne firent pas, à proprement parler, "partie d'un réseau quelconque, ils faisaient le point de ce qui pouvait être entrepris et, chaque fois qu'ils le purent, aidèrent les mouvements de Résistance avec lesquels ils avaient des contacts" - cité dans "Les Quévenois - De la Guerre à la Paix", page 131.
  6. Les Quévenois - De la Guerre à la Paix.
  7. Les Quévenois - De la Guerre à la Paix, p. 116.
  8. Les Quévenois - De la Guerre à la Paix, p. 165.
  9. Les Quévenois - De la Guerre à la Paix, p. 233-234.
  10. voir la "Liberté du Morbihan" du 26 janvier 1945.
  11. Les Quévenois - De la Guerre à la Paix, p. 235.
  12. a et b Les Quévenois - De la Guerre à la Paix, p. 281.
  13. a, b et c Les Quévenois - De la Guerre à la Paix, p. 282.
  14. Dominique Baudis, alors maire de Toulouse, saluera par un télégramme son action.

Voir aussi

Sources

Ouvrage utilisé pour la rédaction de l'article : Ouvrage utilisé comme source pour la rédaction de cet article

  • Comité Historique de Quéven (préf. Jean-Yves Laurent, maire de Quéven), Les Quévenois - De la Guerre à la Paix - 1939-1960, Lorient, Éd. à compte d'auteur, 1995, 336 p. (ISBN 2-9503379-2-9) Ouvrage utilisé pour la rédaction de l'article 

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