- Limoniscus violaceus
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Taupin violacé Classification Règne Animalia Embranchement Arthropoda Sous-embr. Hexapoda Classe Insecta Sous-classe Pterygota Infra-classe Neoptera Super-ordre Endopterygota Ordre Coleoptera Sous-ordre Polyphaga Infra-ordre Elateriformia Famille Elateridae Sous-famille Elaterinae Genre Limoniscus Nom binominal Limoniscus violaceus
P. W. J. Müller, 1821D'autres documents multimédia
sont disponibles sur CommonsLe Taupin violacé (Limoniscus violaceus) est un insectes coléoptères, saproxylophage, caractérisé - comme son nom l'indique - par des reflets violacés (ou bleutée).
Il fait partie de la vaste famille des élatéridés, laquelle comporte environ 9500 espèces dans le monde, dont un faible nombre en Europe (Ex : 67 espèces pour tout le Royaume-uni). Ce coléoptère a des besoins encore plus spécifiques que la plupart des autres élatéridés, en particulier en termes d'alimentation et de condition de vie. Ces conditions étant de plus en plus rarement réunies, cette espèces semble être au bord de l'extinction [1].
Avec d’autres espèces des cortèges saproxyliques des forêts anciennes, il est considérée comme un des très bons bioindicateurs[2] de la valeur patrimoniale et écologique d'un milieu forestier ou prairial, et de son ancienneté dans cet état[3]
C’est une espèce est pour ces raisons désormais protégée (en Europe). Elle semple néanmoins déjà avoir disparu de nombreux pays et régions d'Europe [4].
Sommaire
Habitat
On le trouve (de plus en plus rarement[5]) dans les forêts anciennes ; dans des micro-habitats devenus « peu fréquent » (caries basses d'arbres sénescents, ou cavités basses du bois-mort). C’est cependant une des rares espèces qui semblent à la fois apprécier le couvert forestier et des milieux ouverts et ensoleillés comme la prairie. Les adultes sont très rarement observés, en avril-mai, par exemple sur l’aubépine Crataegus monogyna[1].
Sa larve se développe lentement (2 ans) dans le terreau très fin (qui doit avoir une consistance de « suie humide ») issu de la décomposition continue de l’intérieur de troncs d’arbres, mais aussi d’un mélange de feuilles, d’excréments et de nids d'oiseaux ou d'excréments ou restes d'autres organismes saproxyliques. On peut aussi la trouver dans le tronc, ou dans le sol au niveau du collet d'un arbre dont une partie du tronc est en décomposition.
L’espèce semble avoir besoin de conditions très particulières et d'un nombre assez importants et assez vieux, pas trop éloignés les uns des autres, et peu éloignés d'arbres plus jeunes qu'on laissera vieillir et mourir sur pied.
Avec d’autres espèces de saproxylophages, souvent également menacées, ce « taupin » contribue à la bonne décomposition du bois-mort et à la production de l'humus forestier.Répartition
C'est un insecte vivant dans le bois de feuillus des zones tempérées. Il est encore présent du Royaume-Uni à la Slovaquie et la Pologne (mais très rare et ayant disparu de régions entières). Par exemple, au Royaume-Uni, il a été récemment revu uniquement dans trois endroits: dans la forêt de Windsor (grand et ancien parc arboré du Worcestershire), sur les collines de « Bredon Hill », dans le Worcestershire et dans la forêt de Dixton dans le Nord-Gloucestershire [1].
Lors d’une étude[6] ayant comparé les insectes saproxyliques vivant sur de vieux chênes en Suède et en Turquie (insectes qui comptent parmi les plus menacées en Europe et en Turquie), les familles les plus représentées (en nombre d’espèces) étaient les Anobidae et les Tenebrionidae , le nombre total d'espèces de coléoptères saproxyliques était nettement plus important en Turquie qu’en suède, surtout pour les x Elateridae, Cleridae , Anobiidae et Tenebrionidae . Seules 14 (8%) des 166 espèces observées étaient présentes dans les placettes étudiées des deux pays (des Tenebrionidae surtout). Beaucoup des coléoptères trouvés appartenaient à des espèces rares et menacées dans tout ou partie de l’Europe, dont Limoniscus violaceus trouvé sur l'un des sites turcs étudiés[6]
Description
Mesurant de 10 à 12 mm, il est noir plutôt mat, mais avec des reflets bleutés à violacés. La tête, le pronotum (plus long que large) et les interstries des élytres sont pubescents. Ces poils (gris) sont plus abondant sur le scutellum.
Il n'est observé en vol qu'en fin d'après midi chaude, plutôt lourde et orageuse.
Il est parfois appelé click-beetles par les anglophones, en raison du bruit qui accompagne le mouvement de détente qu’il fait en sautant en l’air quand il est placé sur le dos ou qu’il est menacé. Ce bruit est produit par des organes situés au niveau du thorax et du pronotum.
Sa larve ressemble aux vers de farine
Alimentation
Elle est encore mal connue, mais l’adulte a été observé inspectant des aubépines pour s’y nourrir, et la larve n'est pas saproxylophage strict ; Elle peut être prédatrice (d’autres invertébrés) et nécrophages (cadavres d’oisillons tombés du nid, d’invertébrés tués par le gel, etc.), de nuit uniquement, ce qui explique sans doute que cette espèce est plus souvent trouvée dans les arbres où des rapaces, hiboux ou corvidés ont établi leurs nids plus en hauteur.
Cet insecte pourrait donc également jouer un rôle sanitaire en accélérant l’élimination de cadavres ou restes de nourriture perdus par les rapaces[1].Cet insecte se montre très sensible aux conditions thermohygrométrique de son environnement. La température et l’humidité du fin terreau qui se forme dans l’arbre doivent être stable, ce qui ne se produit que dans d’assez gros arbres qui bénéficient d’une bonne inertie thermique et dont le bois champignonné et riche en bactéries et mucilages peut conserver une bonne réserve en eau[1] [7].
Etat des populations, menaces, pressions réponse
Selon l'UICN, les menaces principales pour les saproxyliques sont « surtout l'exploitation forestière et le déclin dans le nombre d’arbres matures »[8]. Le manque de gros bois-morts ou d'arbres sénescents dans les forêts est un constat partagé par tous les experts[9], et notamment pour le chêne en forêts ou dans les prairie.
Cette espèce est en forte régression et elle est protégée, à cause de la disparition de ses habitats (gros bois-morts), mais aussi à terme cause du manque de renouvellement de tels habitats a proximité des populations existantes[1]..Une autre menace est le dessèchement de son milieu, ce qui peut arriver suite au foudroyement de l’arbre, à une tempêtes (qui a fendu ou cassé l’arbre en exposant son coeur aux intempéries ou à la chaleur) ou suite à la coupe du tronc ou d'une très grosse branche, pour raison de « mise en sécurité », suite à un étêtage brutal de l’arbre abritant un ou quelques uns de ces coléoptères. La destruction du substrat interne de l'arbre ancien, par des amateurs, qui - de bonne foi -le fouillant pour y vérifier l’éventuel présence d’insectes saproxylophages, est une autre source de menace[1].
Protection
C'est une espèce réglementée dans certains pays, dont en France[4] et en Europe (protégé par la Directive Habitats [10]
C'est pour préserver ce type d'espèces qu'en France, l'ONF a une instruction [11],[12] visant à restaurer et protéger une trame de vieux bois (Une autre instruction imposait de conserver au moins un arbre-mort par hectare). Cette trame doit s'appuyer sur les réserves biologiques domaniales et autres réserves naturelles, des îlots de vieux bois (îlots de sénescence ou de vieillissement) [13] ; de vieux arbres ou arbres morts disséminés à conserver pour la biodiversité.
Limoniscus violaceus fait l’objet dans certains pays de plans de conservation (en Grande-Bretagne, par exemple dans le Worcestershire[1] et devrait en France faire partie des espèces visée par plan de restauration dit Vieux-bois / Bois morts, à lancer, ou relancer dans le cadre des suites données au Grenelle de l'Environnement.
Les arbres anciens de vieux parcs (urbains, de château…) pourraient en abriter[14].
Certains composts artificiels de bois pourraient peut être lui servir d’habitat de substitution, comme pour d’autre espèces saproxylophages menacées[15].Confusion possible
On peut éventuellement le confondre avec
- Cidnopus pilosus var cyanescens (vit en milieu plus ouvert pour la larve, et plus en hauteur dans l'arbre pour l'adulte)
- Cidnopus minutus var cyanichrous (plus petit, de 6 à 7 mm)
Articles connexes
Liens externes
- (fr) Fiche Espèces/Natura 2000, Ministère en charge de l'Écologie
- (fr) Fiche INPN, 3 pages, PDF]
Bibliographie
- Mendel, H.; Owen, J.A. (1990) , Limoniscus violaceus (Müller) (Col.: Elateridae), the violet click beetle in Britain. The Entomologist 109(1): 43-46.
- Whitehead, P.F. (2002). — Current knowledge of the violet click beetle Limoniscus violaceus (P.W.J. Müller, 1821), (Col., Elateridae) in Britain. Proc. 2nd pan-European conference on saproxylic beetles. Royal Holloway, University of London. People’s trust for endangered species.
- Smith, M (2002). Saproxylic beetles in Britain, an overview of the status and distribution of four Biodiversity Action Plan species. PTES, London.
- Whitehead, P (2002). Current knowledge of the violet click beetle Limoniscus violaceus in Britain. PTES, London.
- Iablokoff, A. K. (1943): Éthologie de quelques Élatérides du Massif de Fontainebleau. Mémoires du Muséum d´Histoire Naturelle, N.S. 18(3): 81-160.
A propos de l’habitat « Bois-mort »
- ONF, Dossier thématique : Le bois mort en forêt ; Rendez-vous techniques n° 25-26
- ONF, Dossier pratique : Biodiversité et gestion forestière ; Rendez-vous techniques n° 16
- ONF, Guide technique : Arbres morts, arbres à cavité. Pourquoi ? Comment ? ; ONF, DR Alsace, 1998
- ONF, BrustelL H. Coléoptères saproxyliques et valeur biologique des forêts françaises ; ONF, Dossiers forestiers n° 13, 2004
- Vallauri D., André J., Dodelin B., Eynard-Machet R. et Rambaud D. Bois morts et à cavité ; Une clé pour des forêts vivantes. Actes du colloque de
Chambéry 2004. Lavoisier, éditions TEC & DOC, 2005
Notes et références
- Violet Click Beetle Limoniscus violaceus Species Action Plan (PDF, 6 pages, en anglais)
- Schimmel, R. (1999): Xylobionte Elateriden - Bioindikatoren für wertbestimmende Trophie- und Sukzessionsstrukturen im Biosphärenreservat Pfälzerwald (Coleoptera: Elateridae). Mitt. Pollichia 86: 161-182.
- Brustel, H. (2004). — Coléoptères saproxyliques et valeur biologique de forêts françaises. L´Institut national polytechnique de Toulouse. & Les Dossiers Forestiers. No 13, Office national des forêts
- Fiche INPN, Inventaire national du Patrimoine naturel, Muséum national d'Histoire naturelle, [Ed]. 2003-2010 (Consulté le 17 décembre 2010)
- Répartition des données pour l'Europe, consulté 2010/12/17
- How similar is the saproxylic beetle fauna on old oaks (Quercus spp.) in Turkey and Sweden ? (et [https://people.ifm.liu.se/permi/Quercus/Nicklas%20Izmir%2006.pdf Poster, en anglais), Rev. Écol. (Terre Vie), vol. 63, 2008. Jansson Nicklas et Coskun Mustafa,
- Skidmore, P (2003). Saproxylic Insect Survey of the Virginia Water and Bishopsgate areas of Windsor Park. English Nature Research Report 514
- Papillons, Libellules et Coléoptères en déclin en Europe, ABPN, citant l'UICN, suite à la publication d'une Liste rouge européenne
- McLean, I.F.G. & Speight, M.C.D. (1993). — S aproxylic invertebrates - the European context. Pp 21-32 in: K.J. Kirby & C.M. D rake (eds), Dead wood matters: The ecology and conservation of saproxylic invertebrates in Britain. English Nature Science, Vol. 7. English Nature, Petersborough, UK.
- Directive Habitats-Faune-Flore : Annexe II)-Faune-Flore : Annexe II
- Instruction 09-T-71 : Conservation de la biodiversité dans les forêts publiques
- Instruction 10-P-3 : Politique environnementale de l’ONF
- Note de service ONF / 09-T-310 : Îlots de vieux bois
- Jonsell, M. (2004). — O ld park trees: a highly desirable resource for both history and beetle diversity. J. Arboricult., 30: 238-244.
- Whitehead, P.F. 1998 ; “Compost bins and other artificially created biotopes as biological conservation agents for xylophilous Coleoptera” ; Entomologist's Gazette Vol. No.v. 49(4) p. 257-2
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