- Forêt ancienne
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Une forêt ancienne est - dans le langage courant - une forêt présentant un degré important de naturalité et dont les arbres sont manifestement vénérables.
- Il s'agit parfois aussi d'une forêt exploitée qui est simplement restée dans l'état de forêt depuis longtemps, en terme foncier et d'occupation du sol;
- Il ne s'agit pas nécessairement d'une forêt primaire (qui n'a jamais été significativement exploitée ni fragmentée ni directement ou manifestement influencée par l'homme ;
- Il peut s'agir de forêt secondaires (c'est souvent le cas dans les pays industriels et hors zones équatoriales ou tropicales très enforestées).
Ces forêts ont pris une importance particulière depuis la conférence de Rio, en 1992 avec la signature d'une convention internationale sur la biodiversité et d'une déclaration sur la forêt, suivie pour l'Europe d'une déclaration interministérielle dite d'Helsinki (1993) sur la forêt engageant les états et les forestiers à protéger la biodiversité forestière. Elles deviennent des indicateurs de développement durable, de soutenabilité de l'exploitation forestière et à ce titre sont prises en compte par les observatoires de la biodiversité et les écolabels et écosociolabels (ex : FSC) concernant la gestion forestière. Dans les pays industrialisés certaines de ces forêts sont mises en réserve naturelle intégrale (ex : Réserve naturelle de la forêt de la Massane en France[1])
Sommaire
Définition relative
Leur définition scientifique, quand elle existe, peut varier selon les pays (À titre d'exemple, toute forêt restée à l'état de forêt (sans défrichement puis régénération) depuis l'année 1600 est dite « old forest » au Royaume-Uni). De plus, les modes de cartographie de ces forêts ainsi que les principes de calcul de leur degré de naturalité sont encore discutés.
Hamish Kimmins estimait en 2002 que le concept de forêt ancienne tient encore autant des impressions que de la science. Pour Alton Harestad, le seuil de 12% de réserve naturelle ou de forêt ancienne protégée, qui sert souvent de référence pour la gestion soutenable des forêts, n'a que peu de fondement biologique. Elle traduirait plutôt la proportion de forêts que nos sociétés pensent être capables de protéger.Les 200 délégués d'un symposium canadien de 2002[2] ont reconnu qu'il fallait distinguer les forêts primaires (jamais exploitées) des forêts secondaires (exploitées mais régénérées), et que les deux types pouvaient devenir des forêts anciennes sans toutefois afficher les mêmes qualités ou les mêmes processus écologiques, et qu'il faut préserver les processus naturels dans les forêts primaires à titre de référence.
- Dans les forêts primaires, ces processus se poursuivraient sans fin, même après que des perturbations naturelles auraient éliminé les vieux arbres d'origine.
- Lee Frelich estime que la surface et/ou le paysage de réserves de forêts primaires devraient être fixé selon l'ampleur des processus écologiques qui s'y déroulent au sein d'un type forestier donné.
- D'autres insistent sur le fait que l'état de « forêt ancienne » ne décrit pas une situation statique, mais qu'il s'agit plutôt un continuum dynamique, propre à chaque type forestier, et caractérisée par des pas de temps différents selon les cas[3].
Critères
Ils varient selon le type de forêt et de contexte biogéographique. Une forêt où la plupart des arbres dominants ont plus de 700 ans sera considérée comme ancienne en zone tropicale humide, alors que plus près des pôles, une bétulaie dominée par des bouleaux de 180 ans sera considérée comme très ancienne, notamment dans les zones où les incendies de forêt naturels sont fréquents.
Le cas des forêts décidues de zones tempérées.
Critères de naturalité et de structure forestière : En 2006, le Groupe de travail sur les écosystèmes forestiers exceptionnels (Direction de l’environnement forestier du Canada)[4]a défini les forêts anciennes (Old-growth forest) canadienne à partir d'une définition "« adaptée de la littérature scientifique »" (adaptation faite en 1996) à partir de critères approuvés par un comité d’experts externes en 2001, publiés et révisés par les pairs en 2003. Pour ce groupe, une forêt décidue tempérée est dite « ancienne » si:
- elle a une origine lointaine, et qu'elle est peu perturbée et peu affectée par l’homme ;
- des arbres d’âge très élevé (compte tenu du milieu et de l’espèce) sont dominants ;
- on y trouve simultanément des arbres jeunes, matures et sénescents, des chicots et de gros débris de bois-mort au sol ;
- sa structure est inéquienne ou au moins irrégulière ;
- elle abrite des essences typiquement tolérantes à l’ombre.
Critères d'âge, taille et diamètre :
- Le bouleau jaune est dans ce contexte (canadien) considérée comme marqueur d'une « forêt ancienne » quand il a au moins 180 ans, un diamètre DHP[5] de 60 cm et/ou qu'il mesure au moins 25 m de haut.
- L'érable à sucre doit avoir au moins 175 ans, et mesurer 55 cm de diamètre et plus de 27 m de haut.
- L'épinette blanche aura plus de 170 ans, 40 cm de DHP[5] au moins et plus de 19 m de hauteur.
- L'épinette rouge pourra être plus jeune (135 ans au moins et 40 cm de diamètre et/ou 22 m de hauteur.
- Le sapin baumier sera lui considéré comme marqueur de forêts anciennes à partir de 95 ans, 35 cm de diamètre et 24 m de haut;
Dans le monde
Les forêts anciennes sont dans le monde moins rares que les forêts primaires, mais elles restent peu fréquentes dans l'ancien monde (Eurasie) tout particulièrement en Chine et dans les pays industrialisés.
En Amérique du Nord, elles ont également fortement régressé, avec de fortes différences géographique : Ainsi au Canada, l'Île-du-Prince-Édouard a perdu presque toutes ses forêts anciennes, alors que la Colombie-Britannique a su en conserver de nombreux vieux peuplements incluant de très vieux arbres (plus de 500 ans), dont surannés et dépérissants, accueillant une forte biodiversité saproxylique et épiphyte.
En France, la réserve naturelle nationale de la forêt de la Massane est un des rares exemples de forêt ancienne, souvent présenté comme pouvant donner une idée de ce que pourrait être une forêt primaire de montagne pyrénéenne.
Intérêt écologique et économique
Ces forêts sont souvent des conservatoires de biodiversité et de diversité génétique pour les graines ou plants forestiers qu'on peut y trouver.
Certains experts en matière de naturalité, tels Akira Miyawaki ont montré que les parcs boisés de certains châteaux, temples ou cimetières anciens pouvaient également parfois, ou dans certains pays jouer ce rôle.
Voir aussi
Liens internes
- Forêt boréale et forêt amazonienne (les plus grandes forêts vierges au monde)
- Produit forestier, autre que le bois
- Akira Miyawaki
Liens externes
- (fr) Gestion de la naturalité en forêt (PowerPoint téléchargeable, de RNF)
- (fr) Naturalité et gestion forestière au canada (du point de vue de l'Industrie sylvicole)
- (fr) Note INRA sur les "fragiles reliques de la forêt européenne" (Biodiversié, Science et Gouvernance, Paris 2005)
Notes et références
- Fiche INIST/CNRS
- symposium sur les forêts anciennes du Canada ; 15-19 octobre 2001, Sault Ste. Marie, Ontario, destiné à faire le point sur la recherche sur les forêts anciennes menés au Canada de 1992 à 2002
- résultats préliminaires de la conférence Les forêts anciennes : un point de vue scientifique -
- Inventaire des écosystèmes forestiers exceptionnels du territoire du Triton, 18 décembre 2006 ([http///www.crecn.qc.ca/pdf/Foret/Triton_12_06_print.ppt Présentation PowerPoint])
- DHP est l'abréviation de « diamètre à hauteur de poitrine ».
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