Belschatsar

Belschatsar

Balthazar (roi)

Page d'aide sur l'homonymie Cet article concerne le dirigeant de Babylone. Pour l'œuvre lyrique d'Haendel, voir Belshazzar.
Cette peinture de Rembrandt, Le Festin de Balthazar (1635) représente la scène biblique de L'inscription sur le mur. National Gallery, Londres.

Balthazar (de l'akkadien Bel-sarra-usur) ou Belshatsar est un prince de Babylone, fils de Nabonide, le dernier roi de l’empire néo-babylonien, selon le Livre de Daniel (Tanakh).

Dans les chapitres 5 et 8 du Livre de Daniel, Belshatsar est décrit comme le roi lors de la prise de la ville par les Mèdes et les Perses.

Sommaire

Sources babyloniennes contemporaines

Belshazzar est le fils de Nabonide, qui, après un règne de trois ans, se retire dans l'oasis de Tayma afin de se consacrer au culte de Sîn. Nabonide nomma Belshazzar corégent en 553 av. J.-C., le laissant en charge de la défense de Babylone[1].

En l'an 540 av. J.-C., Nabonide revint de Tayma, espérant pouvoir défendre son royaume contre les perses, qui prévoyaient de marcher sur Babylone. En 539 av. J.-C., Balthazar défendait Babylone afin de tenir la capitale, tandis que Nabonide, conduisait ses troupes vers le nord pour rejoindre Cyrus.

Le 10 octobre 539 av. J.-C., Nabonide se rend et fuit vers Cyrus. Deux jours plus tard, soit le 12 octobre 539 av. J.-C., les armées perses prennent la ville de Babylone.

Autres sources historiques

Hérodote

Hérodote nomme le dernier roi de Babylone Labynetos, également le nom de son père. Pour l'historien grec, la mère du jeune Labynetos était la reine Nitocris décrite comme ayant réellement le pouvoir.

Elle est généralement considérée[Qui ?] comme la fille de Nabuchodonosor tandis que Labynetos serait une variation du nom Nabonidus ; Labynetos — le jeune — serait alors identifié à Belshazzar.

Les opinions divergent cependant sur comment concilier au mieux le texte d'Hérodote avec les sources babyloniennes et ce point de vue alternatif selon laquelle le plus jeune Labynetos serait Nabonide.

Flavius Josèphe

Flavius Josèphe, historien d'origine juive du premier siècle de notre ère, donne un récit de Belshazzar recoupant largement le Livre de Daniel mais note que les babyloniens l'appellent Naboandelus. Les historiens bibliques[Qui ?] y voient un glissement du nom Nabonidus. Si cela était avéré, deux hypothèses coexisteraient alors :

  1. une confusion dans le chef de Flavius Josèphe ;
     
  2. une corroboration de l'interprétation selon laquelle le plus jeune Labynetos cité par Hérodote serait Belshazzar. Flavius Josèphe cependant connaît également Nabonide, qu'il nomme Nabonnedus, dans son récit de la capture de Cyrus par Bérose. Il se réfère pour cela à la reine de l'époque (Nitocris chez Hérodote) comme étant la grand-mère de Belshazzar, ce qui confirme la théorie selon laquelle le plus jeune Labynetos, fils de Nitocris est Nabonide.

Dans le Livre de Daniel

Article détaillé : L'inscription sur le mur.

Le chapitre 5 du livre de Daniel décrit la scène du festin de Balthazar, festin ayant lieu dans l'argenterie du Temple de Salomon, ramenée de Jérusalem par Nabuchodonosor II , lors de l'exil à Babylone. Le récit se déroule avec en toile de fond l'arrive imminente des armées perses.

« Un jour, le roi Balthazar organisa un banquet en l'honneur de ses mille dignitaires et se mit à boire du vin en leur présence. Excité par le vin, Balthazar ordonna d'apporter les coupes d'or et d'argent que Nabuchodonosor, son père, avait rapportées du Temple de Jérusalem. Il avait l'intention de s'en servir pour boire, lui et ses hauts dignitaires, ses femmes et ses concubines. Aussitôt, on apporta les coupes d'or qui avaient été prises dans le Temple de Dieu à Jérusalem, et le roi, ses hauts dignitaires, ses femmes et ses concubines s'en servirent pour boire. Après avoir bu du vin, ils se mirent à louer les dieux d'or, d'argent, de bronze, de fer, de bois et de pierre. »


La main écrivit « mene mene tekel upharsin », ce que ni les devins, ni les magiciens, ni les astrologues ne purent interpréter.*

Certaines interprétations rabbiniques, dont une partie est reprise dans le Talmud de Babylone considèrent que ces mots sont un code, par exemple de l'atbash.

La notation des poids et mesure n'a que peu de sens : « deux mines, un shekel et deux parts ». Dans leur forme verbale, retenue par la traduction Louis Segond, ils signifient : mene, compter ; tekel, peser ; upharsin, diviser - littéralement « compté, pesé et divisé en deux ». Sous conseil de son épouse, Balthazar fait appel à l'hébreu Daniel qui donne une interprétation de la phrase. Il lit le dernier mot (prs) peres et non parsin. Ce choix fait et le texte décodé puis interprété par Daniel, il annonce au roi : «une mine»: Dieu a «compté» les années de ton règne et les a menées à leur terme. «Un sicle»: Tu as été «pesé» dans la balance et l'on a trouvé que tu ne fais pas le poids. «Deux demi-sicles»: Ton royaume a été «divisé» pour être livré aux Mèdes et aux Perses.[2]

Le dernier verset du chapitre nous indique que cette menace divine fut promptement réalisée puisque Balthazar mourut la nuit même. Darius le Mède accéda au trône.

Ce récit biblique est la source d'une phrase très populaire dans la littérature anglaise, the writing on the wall (littéralement l'inscription sur le mur), un idiotisme pour mentionner un châtiment imminent, si évidemment imminent que seul un fou ne le voit pas venir.

C'est également une hypothèse de l'origine de l'expression tes jours sont comptés.

Le livre de Daniel fait de Nabuchodonosor le père de Balthazar. La même mention se retrouve dans le livre de Baruch, un livre deutérocanonique, daté par la plupart des historiens[Qui ?] du second siècle avant Jésus-Christ. Il pourrait simplement s'agir d'une erreur de la part des auteurs. Certains commentateurs considèrent que ce passage peut se recouper avec des sources extra-bibliques en donnant à ce terme l'acception aïeul ou prédécesseur. Le mot hébreu pour père av est souvent utilisé dans le sens d'aïeul.

Littérature rabbinique

Balthazar apparaît dans de nombreux travaux de littérature rabbinique.

Le Talmud comporte la chronologie suivante des trois rois babyloniens (Meguila 11a-b) : « Nabuchodonosor régna quarante-cinq ans, Évil Merodac vingt-trois, et Balthazar fut monarque de Babylone pour deux ans, tué au début de la troisième année la nuit fatale de la chute de Babylone. »[3]

Les références du Talmud et du Midrash à Balthazar insistent sur son oppression des sujets juifs. Plusieurs passages du Nevi'im, le livre des prophètes, sont interprétés comme faisant référence à lui et à ses prédécesseurs. Ainsi dans le passage « Vous serez comme un homme qui fuit devant un lion et tombe sur un ours. » (Amos 5:19), le lion peut représenter Nabuchodonosor, et l'ours, tout aussi féroce si pas aussi courageux, est Balthazar. Le livre d'Amos fut cependant rédigé avant l'exil.

Ces trois rois de Babylone sont souvent présentés ensemble comme formant une succession de monarques impies et tyranniques oppressant Israël, entraînant ainsi leur disgrâce et destruction. De même, lorsque le livre d'Isaïe, chapitre 14, verset 22 indique « Je me lèverai contre eux, Dit l'Éternel des armées; J'anéantirai le nom et la trace de Babylone, Ses descendants et sa postérité, dit l'Éternel. », il peut y être fait référence à nos trois rois : le nom de Nabuchondonosor, la trace d'Evil-Merodach, Balthazar comme descendant et Vashti comme postérité.

Le commandement donné à Abraham de couper en pièces trois de ces ovidés[4] comme signe de l'alliance avec Dieu, est vu par les lecteurs de Daniel comme symbolisant Babylone, qui vit l'ascendance de trois rois, Nabuchodonosor, Evil-merodach, et Balthazar, dont la destinée est tracée par cet acte de découpe en morceaux[5].

La littérature de la Midrash entre plus en détails dans la mort de Balthazar. La tradition ultérieure précise que Cyrus et Darius étaient employés comme gardes des portes du palais royal. Balthazar, grandement alarmé par cette mystérieuse inscription manuscrite sur le mur, et appréhendant qu'une personne serait entrée dans le palais sous un quelconque déguisement, ordonne à ses gardes de décapiter toute personne tentant d'entrer en force à la faveur de la nuit, tant bien même cette personne se déclarerait le roi elle-même. Balthazar, indisposé, quitte le palais sans être vu par une porte arrière. À son retour, les gardes lui refusent l'entrée. En vain il plaide être le roi. Les gardes disent alors, « Le roi ne nous a-t-il point ordonné de mettre à mort quiconque tentera d'entrer dans le palais, tant bien même affirmerait-il être lui-même le roi ? » Joignant le geste à la parole, Cyrus et Darius saisissent une lourde décoration faisant partie d'un candélabre, et fracassent le crâne de leur maître et Roi[6].

Le festin de Balthazar, quelle origine ?

Même si ce récit et ces détails sont hors de tout cadre historique, le festin dont il est question en trame de fond dans l'argenterie désacralisée du temple de Jérusalem est inspiré des pratiques du culte de l'empire néo-babylonien. À Babylone, des repas étaient quotidiennement servis à l'image de Marduk, accompagnés de musique et de coupes de fruits joliment disposés. Après le repas du dieu, de l'eau était versée dans un bassin et offert à l'idole pour lui rincer les doigts. Selon plusieurs descriptions exhaustives, les repas présentés à l'image étaient ensuite envoyés au roi pour sa consommation personnelle. Cette nourriture était bénie de par la proximité du dieu, et cette bénédiction était ainsi transférée au roi. Une tablette retrouvée à Uruk mentionne qu'à titre exceptionnel, un prince couronné — il s'agissait de Balthazar — bénéficiait de ce privilège royal.

Toute l'importance de ce rituel se ressent dans cette inscription attribuée à Sargon II : « Les citoyens de Babylone [et de] Borsippa, le personnel du temple, les chercheurs [et] les administrateurs du pays qui le regardaient (Merodach-Baladan II) comme leur maître m'apportaient désormais les restes de Bēl [et de] Sarpanitu [de Babylone et de] Nabû [and] Tasmetu [de Borsippa] à Dur-Ladinni et me demandaient d'entrer dans Babylone. »[7].

Les idoles des cités conquises étaient usuellement rapportées à Babylone pour y être placées comme révérant Marduk en son temple. Les juifs, n'ayant pas d'idole de leur dieu, furent forcés de remettre l'argenterie du temple de Salomon, qui pouvait ête utilisée pour préparer les repas de Marduk rituellement partagés par Balthazar.

Balthazar dans la culture populaire

Georg Friedrich Haendel composa un oratorio à la fin de l'été 1744, Belshazzar.

Le poème de Robert Frost, The Bearer of Evil Tidings donne le récit d'un messager à la cour de Balthazar. Après avoir appris le renversement imminent de Balthazar, le messager fuit en Himalaya plutôt que d'affronter le courroux du monarque.

La poète américaine Emily Dickinson relate la réception d'une lettre par Balthazar. Ce court poème de huit vers[8] fut écrit en 1879.

William Walton écrivit un oratorio intitulé Festin de Balthazar.

Dans le jeu vidéo Spaceship Warlock, le vaisseau Belshazzar, est abordé par des pirates de l'espace.

Le chanteur et compositeur Johnny Cash est l'auteur d'une chanson intitulée Belshazzar, inspirée du récit biblique. Ele fut enregistrée au Sun Studio à Memphis dans le Tennessee en 1957.

Le parolier juif Harold Rome écrivit en 1937 pour la comédie musicale Pins and Needles une chanson gospel, Mene Mene Tekel Upharsin, faisant un parallèle entre Balthazar et Hitler, parlant du Babylon-Jerusalem Axis. Interprétant l'inscription sur le mur, Daniel résume cela avec concision : « King, stop your fightin' and your flauntin'./You been weighed, and you're found wantin'. »

Durant l'élection présidentielle américaine de 1884, le candidat républicain James Blaine dînait dans un restaurant new-yorkais avec de riches dirigeants d'entreprises comme William Henry Vanderbilt ou Jay Gould. Les journaux publièrent des caricatures Le Festin de Balthazar Blaine ... (The Feast of Belshazzar Blaine...), avec l'inscription « Mene Mene Tekel Upharsin » sur le mur.

Au début des années 70, le magazine Esquire, dans sa section Dubious Achievement Awards, publia une photo de nonnes potant des habits religieuses et de courtes jupes avec en légende « MENE MENE TEKEL UPHARSIN ».

Robert E. Howard, l'auteur de Conan le Barbare, se plaisait à parsemer ses écrits pseudo-historiques de noms historiques. Il écrivit ainsi Blood of Belshazzar' (littéralement le sang de Balthazar), adaptée ultérieurement par Roy Thomas comme une histoire de Conan, publiée chez Marvel Comics dans le volume 27 de Conan the Barbarian sous le titre The Blood of Bel-Hissar. Howard utilisa également le nom de Nabonide (le père de Balthazar) dans l'histoire Rogues in the House publiée dans le volume 11.

Annexes

Bibliographie

  • (en) Adolph Leo Oppenheim, Ancient Mesopotamia: Portrait of a Dead Civilization

Notes et références

  1. Cyrus takes Babylon: the Verse Account
  2. Dn 5:26-28
  3. (Meg. 11b)
  4. Gn 15:9
  5. Midrash Genesis Rabbah XLIV
  6. Cant. R. iii. 4).
  7. Oppenheim, pp 188ff
  8. http://www.bartleby.com/113/1025.html

Source

  • (en) Cet article est partiellement ou en totalité issu d’une traduction de l’article de Wikipédia en anglais intitulé « Belshazzar ».

Voir aussi

Articles connexes

Liens externes

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