Les Saltimbanques (Gustave Doré)

Les Saltimbanques (Gustave Doré)
Les Saltimbanques
Image illustrative de l'article Les Saltimbanques (Gustave Doré)
Artiste Gustave Doré
Année 1874
Type Huile sur toile
Technique Courant artistique : Romantisme français
Dimensions (H × L) 224 cm × 184 cm
Localisation musée d'art Roger Quilliot, Clermont-Ferrand

Les Saltimbanques est un tableau de Gustave Doré, réalisé en 1874, qui représente une famille de saltimbanques frappée par la tragédie : un enfant sérieusement blessé à la tête est tenu dans les bras de sa mère, suite à un accident lors d'un numéro de funambule. Son père, assis et légèrement en retrait, assiste à la scène avec une profonde désolation.

Cette huile sur toile de 224 x 184 cm est exposée dans le département musée d'art Roger Quilliot à Clermont-Ferrand.

Sommaire

Description du tableau

Le clair-obscur

Article détaillé : Clair-obscur.

La partie la plus éclairée est centrée sur l'enfant et sa mère. À l'inverse, le fond du tableau, où s'est produit le drame (l'enfant qui est tombé de sa base de funambule) et où sont massés les curieux, est beaucoup plus sombre. On peut découper le tableau en deux parties, en traçant une diagonale imaginaire allant du coin supérieur droit au coin inférieur gauche ; d'ailleurs, la position de l'enfant épouse cette ligne, et elle est renforcée par la pâleur de sa peau.

Les couleurs vives des habits de cirque tranchent justement avec la pâleur de l'enfant blessé, pourtant éclairé comme s'il rayonnait avec sa mère qui le tient.

Les trois personnages

L'enfant et la mère, personnages en position centrale, sont donc en pleine lumière.

La mère, vêtue d'un long manteau bleue et la tête couronnée, fait penser à la fois à l'image de la bohémienne (peau mate et cheveux très bruns et frisés), de la cartomancienne (des cartes sont étalées devant elle) et de la sorcière accompagnée de sa chouette. Elle tient dans ses bras son fils mourant, contre elle. Les yeux fermés, une larme coule sur son visage pendant qu'elle embrasse son enfant.

Cette représentation rappelle un thème iconographique chrétien, celui de la Vierge Marie pleurant la mort du Christ - son fils - avant la mise au tombeau. Elle ressemble donc à une pietà.

L'enfant est largement dénudé et porte une culotte rouge qui souligne sa blessure à la tête, entourée d'un linge largement taché de sang. Sa peau est très pâle ; elle semble indiquer la mort approchant.

À gauche, le père assis et courbé regarde la scène. Il est impuissant, les bras ballants. Il est profondément triste ; une larme coule sur son visage. Lui aussi est habillé dans un costume de cirque entièrement rouge. Ses cheveux (ou son chapeau) sont également colorés en rouge. Il tient des chaussons de cirque : le numéro est bel et bien terminé à cause des circonstances dramatiques.

En arrière plan dans l'obscurité, à gauche du père sur le bord du cadre, une foule de saltimbanques et de curieux observent le recueillement de la mère et du père.

Les trois animaux

Le père est propriétaire d'un bouledogue (assis près de lui à sa droite) qui regarde lui aussi, l'air triste, en direction de l'enfant.

La mère possède un bichon. Il est recouvert d'un vêtement dont les motifs sont semblables à ceux de la robe de sa maîtresse, mais les couleurs bleutées, dorées et argentées sont inversés (en négatif). L'animal pose sa patte avant gauche sur elle et regarde aussi vers l'enfant.

Les deux chiens semblent compatir à la souffrance de leur maître et partager leur émotion.

Le seul animal qui n'observe pas la scène est une chouette. Elle est posée et enchaînée sur le rebord du tambour où la bohémienne est assise. Rien d'étonnant à ce qu'elle l'accompagne : le caractère nocturne de la chouette lui vaut aussi une connotation démoniaque et elle se retrouve être l'animal de compagnie des sorcières (dans le milieu forain ancien, la frontière est ténue entre bohémienne, sorcière, cartomancienne, etc.).

La chouette, les yeux grand ouverts, fixe l'horizon, donnant l'impression de regarder en direction des visiteurs du tableau.

La chouette symbolise la sagesse dans le monde antique ; ce serait une des raisons pour laquelle elle reste étrangère à la stupéfaction et à la tristesse de tous les personnages. Mais les Romains voyaient en elle l'arrivée de la mort car elle vole de nuit et niche en des lieux difficiles d'accès. Voir une chouette de jour devient alors un mauvais présage. Traditionnellement, dans certaines régions françaises, le cri de la chouette annonce le décès proche d'un membre de la famille. La chouette des Saltimbanques annonce-t-elle le trépas de l'enfant ? Ce serait un autre indice avec les cartes à jouer tirés par terre et l'as de pique en exergue (voir plus bas).

Les objets du cirque

En bas du tableau, autour de la scène dramatique (l'enfant et sa mère), plusieurs objets soulignent le métier des personnages : ce sont des saltimbanques. En effet, à l'extrémité droite du cadre, sont posés un tambourin, une trompette et des boules de jonglage.

  • Les cartes :

Aux pieds de la mère, des cartes à jouer sont étalées en demi-cercle. Au centre, dans l'axe des corps de la mère et de son fils, une carte est tirée et mise en avant : il s'agit de l'as de pique qui symboliserait la mort. La cartomancienne a-t-elle lu le destin de son fils ?

La diagonale rouge

Anecdote

En 2010, l'Association des amis des musées d'art et d'archéologie de Clermont-Ferrand a acquis, pour en faire don au Musée d'art Roger-Quilliot, un dessin aquarellé[1] de Gustave Doré lui-même reproduisant ce tableau. L'artiste l'avait dédicacé et offert à Amédée Beesau, avocat parisien, pour le remercier d'avoir écrit "La Chute", un poème inspiré par son tableau.

Voir aussi

Bibliographie

  • Marie-France Cussinet, « Bohémiennes et saltimbanques dans les musées d'Auvergne », dans Pascale Auraix-Jonchière et Gérard Loubinoux (dir.), La Bohémienne, figure poétique de l'errance aux XVIIIe et XIXe siècles, Clermont-Ferrand, Presses universitaires Blaise-Pascal, 2005, p. 315.

Références

  1. [1], le site de l'AM'A.

Article connexe

Lien externe


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Contenu soumis à la licence CC-BY-SA. Source : Article Les Saltimbanques (Gustave Doré) de Wikipédia en français (auteurs)

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