- Guerre d'indépendance de l'Estonie
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Guerre d'indépendance estonienne Informations générales Date Novembre 1918 – février 1920 Lieu Estonie Issue Indépendance de l'Estonie Belligérants Estonie RSFS de Russie et la Commune des travailleurs d'Estonie Duché balte uni
Russes blancs volontairesmodifier La guerre d'indépendance de l'Estonie (estonien : Vabadussõda, c'est-à-dire « guerre de la Liberté ») également connue sous le nom de guerre de Libération de l'Estonie est un campagne défensive menée par l'Estonie et ses alliés, notamment la Grande-Bretagne, la Finlande, la Suède et le Danemark, pour repousser l'offensive de l'Armée rouge de 1918-1920 sur le front occidental déclenchée dans le cadre de la guerre civile russe. L'Estonie défendait son indépendance nouvellement acquise après la désintégration de l'Empire russe. Le conflit se conclut par la victoire de l'Estonie formalisée par le traité de Tartu.
Sommaire
Contexte
En novembre 1917, alors que l'Empire russe se désintègre, la diète de l'Estonie, dont les représentants ont été élus la même année, se proclame l'organe officiel du pouvoir en Estonie au cours de la seule session qu'elle tiendra. Peu après un comité militaire révolutionnaire d'Estonie d'inspiration bolchevique dissout l'assemblée, prend le pouvoir et contraint le gouvernement estonien à rentrer dans la clandestinité. Les négociations de paix entre Allemands et Russes traînent et l'Allemagne repasse à l'offensive envahissant le 18 février l'Estonie. Durant la brève vacance du pouvoir qui sépare le départ des bolcheviques de l'arrivée des allemands, le Comité de salut public qui a été désigné le 19 février par le Comité des Anciens pour diriger le pays proclame symboliquement l'indépendance de l'Estonie dans ses frontières historiques et ethnographiques. La Russie soviétique, dont les armées ne peuvent résister à la poussée allemande, accepte le 3 mars de signer le traité de Brest-Litovsk en août 1918. En août de la même année il accepte dans le cadre d'une clause additionnelle de renoncer à sa souveraineté sur les provinces baltes. Les germano-baltes reprennent les commandes de la région sous la tutelle des autorités militaires et annulent toutes les mesures prises en faveur des estoniens depuis le début de la révolution. Environ 2 000 bolchéviques et nationalistes estoniens sont exécutés. Un grand-duché balte (Baltikum) dépendant de l'empereur allemand qui restitue le pouvoir à la minorité germano-balte est créé en novembre 1918[1].
Le déclenchement du conflit
Le 11 novembre, alors que les Allemands vaincus sur le front occidental déposent les armes, le gouvernement provisoire estonien sort de la clandestinité et Päts, qui a été libéré, en prend la tête. Le 21 novembre les occupants allemands lui remettent officiellement le pouvoir alors que le régime impérial allemand s'effondre[2]. Les dirigeants de l'Union soviétique tentent de profiter de la nouvelle situation et dénoncent le traité de Brest-Litovsk le 13 novembre. Mi-novembre, un Comité révolutionnaire provisoire d'Estonie se proclame seul pouvoir légal en Estonie et demande à l'Armée rouge de {{citation|libérer le pays]]. Le gouvernement provisoire estonien tente de mobiliser sans grand succès les Estoniens et de faire appel à l'aide de la Finlande et du Royaume-Uni. Une division est mise sur pied ; Konstantin Päts est nommé ministre de la Guerre, Andres Larka chef d'état-major et le commandement de l'armée est confié à Aleksander Tõnisson.
L'offensive de l'Armée Rouge à l'ouest
Les soldats russes passent à l'attaque le 22 novembre dans la région de Narva mais sont repoussés par les armées allemandes qui n'ont pas encore quitté la région. Une nouvelle attaque le 28 novembre permet la prise de Narva et début janvier l'Armée Rouge occupe tout l'est de l'Estonie. Kignissep tente en vain d'organiser un soulèvement pro bolchévique à Tallinn contre le gouvernement. Une armée estonienne est finalement mise sur pied avec, à sa tête, le lieutenant-colonel Johann Laidoner un ancien officier de l'armée russe. Celui-ci reprend l'offensive à la tête d'une division estonienne assistée de volontaires plus ou moins organisés. Une escadre de la Royal Navy fait escale à Tallinn en décembre 1918 pour repousser toute tentative d'attaque soviétique par la mer et apporter de munitions et des armes tandis que la Finlande envoie du matériel et consent un prêt. Des volontaires lettons et scandinaves viennent prêter main-forte à l'armée estonienne. La contre-offensive estonienne se déroule le long des voies ferroviaires et est appuyée par des trains blindés. L'armée estonienne reprend d'abord le contrôle de l'axe Tallinn-Narva avec l'appui de commandos débarqués sur la côte, qui sèment la panique sur les arrières de l'ennemi. Puis l'armée estonienne se tourne vers le sud et progresse le long de la voie ferroviaire qui conduit à Riga. La jeune armée a le dessus au cours de deux accrochages à Voru et Valga.Le 1er février, cette coalition est parvenue à repousser l'Armée Rouge en dehors du territoire estonien[3].
Luttes sur le front sud
En février 1919, l'Armée rouge reprend l'offensive dans le Sud-Est. En mai, les Estoniens parviennent à repousser celle-ci en territoire russe où elle reçoit le soutien de l'armée des russes blancs de Nikolaï Ioudenitch. Mais l'entente entre les dirigeants des deux armées n'est pas parfaite car Ioudenitch, qui lutte pour rétablir l'Empire russe, est hostile à l'indépendance de l'Estonie. Une offensive conjointe contre Petrograd, soutenue par les alliés, échoue et l'armée estonienne réintègre ses frontières. Au sud, l'armée estonienne doit se battre contre les corps-francs allemands et la milice (Landswehr) composée de Germano-baltes commandés par le général allemand Rüdiger von der Goltz : ces armées, qui ont pris le pouvoir en Lettonie et tentent de reconstituer un état germanique avec l'appui officieux des dirigeants allemands, luttent à la fois contre l'Armée rouge et les nationalistes baltes. Les Estoniens, assistés d'un bataillon letton (5 000 hommes en tout), défont les Allemands le 23 juin 1919 au cours de la bataille de Wenden[N 1]. Cette victoire sur l'ennemi séculaire sera par la suite célébrée comme une fête nationale. En septembre 1919, l'Estonie engage des pourparlers de paix avec la Russie, mais la désapprobation des puissances occidentales et de leurs alliés baltes et scandinaves, qui espèrent restaurer l'Empire russe et ne veulent pas d'une reconnaissance implicite du régime bolchevique, fait échouer les négociations. L'Armée rouge repasse à l'attaque à Narva avec des effectifs renforcés, 160 000 hommes et 200 pièces d'artillerie, et l'armée estonienne la repousse avec difficulté. Les négociations reprennent en décembre 1919 et, après d'âpres discussions, les Estoniens signent avec les Soviétiques le traité de Tartu le 2 février 1920. La plupart des batailles qui opposaient souvent des Estoniens entre eux[N 2] mobilisait des effectifs peu nombreux (quelques centaines d'hommes), ce qui explique la modicité des pertes estoniennes finales, environ 3 600 tués[4],[5].
Le traité de paix de Tartu
Par le traité de Tartu, la Russie soviétique reconnaît l'indépendance de l'Estonie. La nouvelle frontière ajoute au territoire estonien une bande de terrain située sur la rive droite du fleuve Narva ainsi que l'ensemble du pays setu au sud-est, soit environ 5 % de la superficie totale de l'Estonie. Les Russes d'origine estonienne, dont le nombre est estimé à 200 000, sont autorisés à rentrer en Estonie : seule la moitié de ceux qui présenteront des demandes, soit 37 500 personnes, parviendront à revenir[4].
Notes et références
Notes
- Cesis ville proche du lieu de la bataille. Wenden est la traduction allemande de
- Au début de la Révolution, le mouvement bolchevique, qui bénéficiait encore d'une bonne popularité, avaient pu recruter massivement en Estonie.
Références
Voir aussi
Articles connexes
Bibliographie
Principales sources utilisées :
- Jean-Pierre Minaudier, Histoire de l'Estonie et de la nation estonienne, Paris, L'Harmattan, 2007 (ISBN 978-2-296-04673-3) (LCCN 2008410295)
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