- Petit-gris (écureuil)
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vair
Le petit-gris est le nom vernaculaire donné à plusieurs espèces d'écureuils et, par extension, désigne la fourrure de ces écureuils qui donnent le petit-gris et le vair (gros-vair et menu-vair), une parure vestimentaire réservée aux classes sociales les plus élevées.
Sommaire
Les espèces
Petit-gris est le nom fût donné par Buffon à une ou plusieurs espèces d'écureuils gris donnant la fourrure connue en Europe sous le nom de petit-gris[1],[2]. A l'origine c'était une variété grise nordique de l'espèce Sciurus vulgaris[3],[4].
Au Moyen-Âge cet animal est appelée petit-blanc (belka) en Russie tandis que l'Occident le nomme petit-gris ou vair selon la nuance[5].
Le menu-vair serait aussi fait avec la fourrure d'une autre espèce, un écureuil volant : le polatouche (anciennement Mus ponticus)[4],[6].
Le vair, fait d'écureuil, est parfois confondu avec l'hermine ou la zibeline qui sont pourtant des espèces très différentes[7].
Fourrure de petit-gris et vair
La fourrure de ces écureuils nordiques devient gris argenté en hiver et celle-ci conserve cette couleur même après leur mort. On fait de leur peau deux sortes de fourrures : le petit-gris et le vair[8],[7].
Le petit-gris est fait uniquement de dos assemblés[7].
Le vair était une fourrure blanche et grise, faite de l'alternance des dos gris et des ventres blancs de ces animaux, formant ainsi un luxueux damier bicolore[9]. On conservait soigneusement la raie noire mettant en valeur la blancheur du ventre, plus luisant encore que celui de l'hermine[7].
La distinction entre gros-vair et menu-vair pourrait indiquer une différence de proportion entre le gris et le blanc ou une espèce d'écureuil plus ou moins petit[4], mais le gros-vair désignait vraisemblablement une fourrure de qualité inférieure[4],[10]. On retrouve souvent la mention « fourré de menu vair » dans les inventaires de trousseaux médiévaux, indiquant que cette fourrure délicate était privilégiée pour la doublure des vêtements[11].
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Schématisation du vair en héraldique
Commerce
Au Moyen Âge il s'exportait des quantités énormes de peaux d'écureuil d'Europe du Nord vers le Proche-Orient. Une étude du commerce à Barcelone entre 1330 et 1430 cite par exemple l'expédition de 48.000 dos de vair rassemblées en huit balles, parties de Flandre vers Alexandrie[12].
Il est vrai que la consommation de ces peaux par les nobles était énorme au Moyen Âge. Par exemple, pour la doublure de leurs vêtements, Charles VI de France et Isabeau de Bavière ont utilisé respectivement la peau du ventre de 20 000 et 15 000 écureuils en 18 mois seulement[10].
Le petit-gris dans la culture
Signe social
Très prisée en particulier comme garniture ou en doublure, le vair, cette fourrure douce et délicate, presque aussi coûteuse que l'hermine, était réservée au Moyen-Âge aux nobles[13],[14],[15] et même, au XIVe sièce en France, au roi[12] : « Nul bourgeois ni bourgeoise ne portera vair, ni gris, ni hermine, et ils se déferont, de Pâques prochain en un an, de celles de ces fourrures qu’ils pourroient avoir présentement »[16].
L'offrande de livrées en fourrure de vair était un gage de reconnaissance et d'attachement au royaume de France. Ainsi, en 1340, Louis, roi de Navarre et comte d’Évreux distribua 350 parrures indiquant par leur nombre à chaque destinataires le degré de qualité, d'affinité et obligations vis-à-vis du roi-comte[17].
Au XIVe siècle, le clergé français ne pouvait en porter que comme garniture de chapeau à moins d'avoir une position élevée : « Nul clerc, à moins d’être prélat ou de rang à tenir maison, ne pourra porter vair ni gris, si ce n’est pour la garniture de son chaperon tant seulement »[16]. À l'inverse, l'aumusse, constituée de petit-gris ou de vair, ne pouvait pas être d'hermine ou autres fourrures blanches réservées aux dignités supérieures.
Plus tard le vair est aussi un signe distinctif de la magistrature française : « Aux audiences de robes rouges du Parlement de Paris, le premier président et les présidents à mortier paraissaient le chef couvert de leurs mortiers à galons d’or, vêtus de leurs épitoges d’hermine, de leurs manteaux écarlates entièrement fourrés de menu-vair »[15]
Héraldique
En héraldique, le vair, le gros vair, le menu-vair et le contre-vair sont des fourrures, c'est-à-dire des motifs destinés à obtenir certains effets colorés sur les blasons, inspirés par les motifs formés par la fourrure bicolore stylisés du petit-gris[9]. Ce motif se retrouve notamment souvent dans les armoiries des familles nobles françaises[7].
La pantoufle de « verre »
Article détaillé : Controverse sur la composition des pantoufles de Cendrillon.La célèbre pantoufle de Cendrillon, l'héroïne d'un des contes de Perrault, Cendrillon ou la Petite Pantoufle de verre, aurait été de vair et non pas de « verre », selon l’opinion exprimée par Balzac, citation reprise par Littré, et contredite par Anatole France[13].
Couleur petit-gris
Le pelage de petit-gris a donné son nom à une couleur gris ardoise qui rappelle la teinte de la fourrure de cette variété d'écureuil[8].
Peinture
Article détaillé : Petit-gris (pinceau).Le poil d'écureuil de Russie ou du Canada sert à faire les pinceaux en petit-gris, appréciés notamment comme pinceau à aquarelle pour leur bonne rétention de l'eau et leur souplesse. Par extension, un « petit-gris » peut désigner tout pinceau long et fin utilisé pour le trait[18].
Notes et références
- le Petit-Gris et plusieurs écureuils Georges Louis Leclerc Buffon (comte de), Daubenton (Louis Jean Marie, M.), Philibert Guéneau de Montbéliard, La Cépède (Bernard Germain Etienne de La Ville sur Illon, M. le comte de), Histoire naturelle, générale et particulière: avec la description du Cabinet du roy ... Volume 10. Édition de l'Imprimerie royale, 1763. Original provenant de l'Université du Michigan, Numérisé le 16 janvier 2009. Consulté en avril 2010 :
- Petit-gris et un Petit-gris de Sibérie Gravures de Buffon représentant un
- Lire le document numérisé de l'original provenant de l'Université d'Oxford. René Primevère Lesson, Manuel de mammalogie: ou Histoire naturelle des mammifères. Éditeur Roret, 1827.
- Notice sur un volume de comptes des ducs de Bourgogne, publié par Mr de la Borde.. In: Bibliothèque de l'école des chartes. 1850, tome 11. pp. 232-257 Doüet d'Arcq Louis. Page 237 de
- Lire en ligne. Robert Delort, Les animaux en Occident du Xe au XVIe siècle, chapitre Connaissance et imaginaire, page 22. Dans Actes des congrès de la Société des historiens médiévistes de l'enseignement supérieur public, 1984. Volume 15. pp. 11-45.
- Encyclopédie méthodique: Histoire naturelle des animaux ... Volime 1 Ed. Panckoucke librairie, 1782. p. 226 Jacques Thevin dans
- Lire en ligne Louis François Jauffret, Petite école des arts et métiers, contenant des notions simples et familières sur tout ce que les arts et métiers offrent d'utile et de remarquable, Volume 2. Éditions A. Eymery, 1816. Pages 20-21.
- lexicographiques et étymologiques de « petit-gris » du CNRTL. Définitions
- Les couleurs du blason et les fourrures héraldiques sur le site Le Héraut d'armes.
- (en) Julia Emberley, The cultural politics of fur, Éditions Cornell University Press, 1997. 249 pages. ISBN 0801484049, 9780801484049. Lire en ligne p. 48
- menu-vair sur Google Scholar Voir
- Fourrures et peaux p. 402 du livre de Damien Coulon, Barcelone et le grand commerce d'orient au moyen âge: un siècle de relations avec l'Égypte et la Syrie-Palestine, ca. 1330-ca. 1430, Casa de Velázquez, 2004. ISBN 8495555638, 9788495555632.
- lexicographiques et étymologiques de « vair » du CNRTL. Définitions
- lexicographiques et étymologiques de « menu-vair » du CNRTL. Définitions
- Le costume de la magistrature, Considérations historiques et critiques, Octobre 1936, sur le site de la Cour de cassation Discours de monsieur Léon Lyon-Caen, avocat général à la Cour de cassation,
- XIVe siècle (Costumes des hommes et des femmes au) d’après un article paru en 1846. Sur le site La France pittoresque
- Lire en ligne) Philippe Contamine, Noblesse française, nobility et gentry anglaises à la fin du Moyen Âge. Une comparaison p. 105-131 dans les Cahiers de recherches médiévales et humanistes, 2006. Consulté le 19 novembre 2011 (
- Grand dictionnaire terminologique de l’Office québécoi de la langue française. Voir définition donnée par le
Voir aussi
Catégories :- Rongeur (nom vernaculaire)
- Nom de mammifère ambigu
- Textile
- Matériel de peinture
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