- Gilbert Pradet
-
Gilbert Pradet (1915 - 1980) est un résistant, écrivain et journaliste français. Sous le pseudonyme de Guy Vinatrel, il est surtout connu pour ses ouvrages sur l'URSS, les camps de concentrations soviétiques et la franc-maçonnerie, ainsi que par divers articles dans la presse libertaire, et sur l'Extrême-Orient ou le gaullisme.
Biographie
Gilbert Pradet descend d'un communard parisien, Martial Pradet, ouvrier maçon de Limoges, cité dans La Commune de Paris de Jean-André Faucher, 1960). Martial Pradet disparut après la victoire des Versaillais, fut peut-être déporté au bagne de Cayenne, ou dans une prison du sud de la France.
Gilbert Pradet est né à Paris en 1915. Il était parent par une tante maternelle d'un directeur-gérant du Bazar de l'Hôtel de Ville ; son père était marchand de chaussures, franc-maçon au Grand Orient de France, et sa mère catholique pratiquante, native des Vosges. Il fut élève des oratoriens (École Massillon) et étudiant à l'École nationale des Langues orientales à Paris, il apprit le russe.
Ruiné par la Première Guerre mondiale, son père devint huissier. Il mourut à Paris. Sa veuve trouva un emploi au Bazar de l'Hôtel de Ville.
Gilbert Pradet qui, jusqu'à la mort de son père, militait à la Jeunesse étudiante chrétienne, dans la mouvance sociale de la J.O.C qui s'opposait à l'antisémitisme (alors fréquent chez les étudiants parisiens, notamment chrétiens) et s'inquiétait de la montée du nazisme en Allemagne, rentre alors au Parti communiste français, à la cellule de son quartier (le quatrième arrondissement de Paris).
Il y découvre le marxisme et l'internationale communiste et fait partie des fondateurs de la première cellule du PCF au Bazar de l'Hôtel de Ville, ce qui lui vaut d'en être licencié[réf. souhaitée].
Très hostile au nazisme, Pradet-Vinatrel étudie cependant l'allemand. Il fait une demande de bourse d'étudiant pour Moscou, soutenu par sa cellule locale, puis part en formation à Berlin avant l'arrivée d'Hitler au pouvoir.
À Berlin, il perfectionna à la fois son allemand et son russe (nombreuse communauté étudiante russophone à Berlin) tout en perdant ses illusions sur Staline et les régimes autoritaires. À Berlin, il découvrit avec stupéfaction que des chefs communistes locaux étaient dénoncés aux nazis sur ordres venus de Moscou, Staline souhaitant limiter l'indépendance du parti communiste allemand vis-à-vis des soviétiques et qu'il y avait un parti "national bolchevik" qui par tactique coopérait avec les nazis.
De retour en France en 1932, Gilbert Pradet poursuivit ses études. Il fut exclu du PCF en 1933 pour s'être opposé aux accords militaires germano-soviétiques [Lesquels ?], mais sa demande d'étude en Russie suivant son cours, il partit cependant comme Boursier à Moscou en 1934. Il y découvrit la réalité de l'existence des goulags, certains de ses amis étudiants, fils d'apparatchiks, y furent envoyés. Suspect lui-même, il en était menacé, mais il put quitter l'URSS par la Mer Noire, l'Ukraine, la Grèce et revenir en France par le port de Salonique et Marseille. Il quitte alors définitivement le Parti communiste pour rejoindre la SFIO de Marceau Pivert, qui réclamait une plus grande autonomie pour les "indigènes" algériens.
Revenu en France en 1935, juste avant la création des brigades internationales, il fut responsable local des jeunesses socialistes à Paris et proche de Léon Blum. Au début de la guerre d'Espagne, il se porta volontaire dans l'armée républicaine espagnole qui s'organisait alors. Pradet participa aux combats avec les républicains et libertaires espagnols.
Revenu en France en 1936, il rejoignit le Grand Orient de France, puis fut envoyé par Léon Blum comme « observateur » et fut l'un des derniers à pouvoir quitter Barcelone encerclée.
En 1938, Vinatrel fut mobilisé dans l'armée française, sur le front de l'est, dans un régiment de cavalerie à cheval. Après la drôle de guerre, son régiment encerclé par l'armée allemande se réunit avec d'autres (notamment des goumiers marocains) et se replia secrètement (accords secrets franco-suisses) par la Suisse en direction de la Haute-Savoie, où tout aussi secrètement avait été construite une "ligne de blockhaus" (suite de la ligne Maginot) pour une éventuelle résistance dans les Alpes. Le général suisse Henri Guisan avait prévu de tenir deux ans dans les fortifications des Alpes suisses, alors qu'Hitler envisageait la disparition pure et simple de la Suisse, partagée avec l'Italie de Mussolini et que Churchill menaçait la Suisse de bombardement préventif en cas d'invasion.
Démobilisé, Vinatrel rejoint la résistance en Haute-Savoie, et une loge maçonnique locale [Laquelle ?] transformée en réseau d'information des alliés, pendant que son épouse participe à de nombreuses actions d'aide aux prisonniers évadés, réfractaires et diverses mission de résistance des réseaux "buckmaster" ou anglais, son domicile servant notamment de repère pour les parachutages aux divers maquis locaux.
Engagé dans l'armée du général De Lattre, Vinatrel participa ensuite à la libération de l'Alsace. Le parti communiste lui proposa un poste d'élu comme résistant de la première heure, ce qu'il refusa. Le PCF l'accusa par la suite [Quand ?] d'avoir été collaborateur, parce que son réseau de résistance l'avait envoyé (en 1941) dans une administration de Vichy -production industrielle-, où sa connaissance de l'allemand et du russe rendit de précieux services en permettant d'avertir les résistants ou les parachutages dénoncés par des "anonymes" (qui devaient signer avec leur nom et adresse). Bénéficiant d'un non-lieu après un an, il put reprendre sa carrière de journaliste parisien indépendant.
Il fut un conseiller apprécié de Jacques Chaban-Delmas, Edgar Faure, Jacques Soustelle et Georges Bidault, et l'un des fondateurs du "Club des montagnards", puis de revues [Lesquelles ?] proches des gaullistes de gauche avec Léo Hamon et Jacques Debû-Bridel, soutenant les relations avec le révérend père Riquet, entre les catholiques, le Vatican, et les francs maçons, ce qui lui valut l'hostilité active de tous. Il soutint la participation des salariés au conseil d'administration comme actionnaire afin d'être informés, la réforme de l'éducation nationale dans un sens plus progressiste, la prise en compte de l'acupuncture par la sécurité sociale, le secret légal accordé aux journalistes quant au secret de l'identité de leurs informateurs.
Il créa Le Courrier d'extrême-orient, axé sur la situation en Indochine et en Asie, divers périodiques lors des élections et les Lettres Mensuelles, surtout destinés aux milieux maçonniques et catholiques. Il traduisit Teilhard de Chardin d'après des textes allemands[réf. souhaitée], divers ouvrages qui font référence sur les goulags en URSS et sur les camps de concentration, ses souvenirs de la Guerre d'Espagne et Les Aventures du colonel Stepanov un jeune et dynamique capitaine du KGB "James Bond russe" qui aurait pu amener un jour la Russie à retrouver son prestige et sa liberté.
Il est mort en 1980 et a fait don de son corps à la science.
Publications
- Essais
- L’U.R.S.S. concentrationnaire - Travail forcé, esclavage en Russie soviétique, Spartacus, 1949. (ensemble de documents réunis par Guy Vinatrel)
- Communisme et franc-maçonnerie, Les Presses Continentales, 1961.
- Romans
- Les Aventures du colonel Stepanov
Traductions
- Elinor Lippe, Onze ans dans les bagnes soviétiques, traduit de l'allemand, Nagel, Paris, 1950.
Catégories :- Essayiste français
- Auteur sur la franc-maçonnerie
- Journaliste français du XXe siècle
- Résistant français
- Naissance à Paris
- Naissance en 1915
- Décès en 1980
Wikimedia Foundation. 2010.