- Bataille de Roncevaux
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Bataille de Roncevaux
La mort de Roland au col de RoncevauxInformations générales Date 15 août 778 Lieu Col de Roncevaux, Pyrénées Issue Victoire des Vascons Belligérants Francs Vascons Commandants Charlemagne
RolandLoup II de Gascogne (supposé) Pertes Massacre de l'arrière-garde Reconquista Batailles Covadonga - Clavijo - Simancas - Barbastro - Sagrajas - Alcoraz - Bairén - Uclès - Valtierra - Congost de Martorell - Cutanda - Fraga - Ourique - Alarcos - Las Navas de Tolosa - Jerez - Puig de Cebolla - Tarifa - Grenade Guadalete • Toulouse • Covadonga • Bordeaux • Poitiers • Avignon • Narbonne • Berre modifier La bataille de Roncevaux est une bataille qui eut lieu le 15 août 778[1] quand l'arrière garde commandée par Roland, neveu de Charlemagne est attaquée par les Vascons (Basques). C'est une bataille de l'histoire de France qui a été rendue célèbre par l'œuvre médiévale la Chanson de Roland écrite trois siècles plus tard et qui fut enseignée dans les manuels scolaires français d'histoire. La réalité historique est bien différente.
Sommaire
Le contexte historique
Lors d'une assemblée tenue à Paderborn, le roi franc Charlemagne reçoit l'ambassade du gouverneur de Barcelone, Sulayman ben Yaqzan ibn al-Arabi (orthographié aussi Suleiman ou Soliman) qui, en révolte contre Abd al-Rahman Ier, l'émir de Cordoue, demande l'aide des Francs[2] pour tenir la ville de Saragosse afin qu'il puisse aller conquérir d'autres territoires, voulant ainsi en devenir le roi et allié de Charlemagne. Cela aurait ainsi permis de créer un État tampon, une marche entre le royaume et l'empire sarrasin d'al-Andalus afin de protéger le royaume franc des razzias[3].
Charlemagne a longuement hésité avant de se décider à envoyer une armée car les walis de Saragosse ont eu pendant un siècle une attitude ambiguë, tantôt alliée aux chrétiens, tantôt soumise à l'émir de Cordoue[4]. Cette hésitation, ainsi que le temps d'envoyer une armée sont en grande partie responsables de la suite de toute l'histoire.
La campagne et la bataille
La campagne
En avril 778, Charlemagne décide d'envoyer son armée prendre possession de Saragosse. L'armée arrive à Pampelune qui lui ouvre ses portes puis poursuit sa route. Suleiman étant de retour à Saragosse depuis fort longtemps et n'ayant pas eu de réponse de Charlemagne, a changé d'avis. Ainsi, quand l'armée arrive à Saragosse, les portes restent closes. Comme l'armée n'est pas équipée pour en faire le siège, elle prend le chemin du retour.
Le pillage
Ce chemin passe de nouveau par Pampelune, ville amie, chrétienne et basque. L'armée mit la ville à sac et fit raser les fortifications avant de poursuivre son chemin. Les Basques n'avaient pas d'armée permanente mais ils avaient une organisation leur permettant de lever une milice[5] dans de très brefs délais. Pour récupérer leurs biens, ils levèrent la milice et préparèrent une embuscade.
La bataille
On connait la date exacte grâce à l'épitaphe du sénéchal de Charlemagne Eggihard qui est mort le même jour que celui de cette bataille[6]. Le 15 août 778, les Vascons attendirent les pillards sur un chemin escarpé où l'armée, en file indienne ne pouvait se mettre en ordre de bataille. Cette bataille d’arrière garde est signalée dans les Annales royales, chronique du règne de Charlemagne où l'on évoque juste la mort de quelques nobles. Les Vascons, beaucoup plus légers, et profitant de la topographie, précipitèrent leurs ennemis dans le ravin et récupérèrent tout ce qu'ils purent. Il y eut sans doute peu de survivants parmi l’arrière garde de l'armée de Charlemagne. Pierre Narbaitz estime que ce sont de dix à quinze mille personnes qui ont péri. Cependant, Charlemagne et le reste de l'armée franque franchissent le col sans être inquiétés.
Le lieu exact de la bataille n'est pas connu avec précision. Comme aucune trace archéologique n'a jamais été trouvée, l'énigme du lieu exact reste entière. Ce qui est certain, c'est que ce n'est pas au col de Roncevaux car la route actuelle a été ouverte en 1881. Le nom de Roncevaux apparaît au XIIe siècle et n'existe dans aucun document d'époque. Il se nomme Orria ou Orreaga en basque. Le col d'Ibañeta, autre nom du col de Roncevaux se réfère au nom de la montagne proche. Le chemin utilisé est certainement l'un des anciens chemins utilisés par les pèlerins de Compostelle. Ils sont situés quelques kilomètres à l'est. Les cols de Bentarte, de Lepoeder ou un itinéraire par l'Astobizkar sont parmi les plus probables. On ne sait pas non plus si l'armée empruntait le chemin normal ou si celui-ci avait été suggéré par un guide local.
La légende et l'histoire
Le travail d'historien[3] le plus exhaustif a été réalisé par Pierre Narbaitz. Son livre Orria ou la bataille de Roncevaux (15 août 778) publié en 1978 est actuellement l'ouvrage le plus complet sur le sujet. Il se base sur les sources les plus anciennes. La cinquantaine de documents actuellement connus[7] et se rapportant à cet épisode, dont un bon tiers d'origine sarrasine, y sont répertoriés et analysés. Il est peu probable qu'il puisse en exister d'autres. Dans un livre écrit trois ans plus tôt, Le Matin basque ou histoire ancienne du peuple vascon, de nombreuses pages[8] sont consacrées à cet épisode et une bibliographie abondante y figure déjà[9].
Ce qu'écrit l'historienne Béatrice Leroy, professeur d’histoire médiévale, dans La Navarre au Moyen Âge est plus succinct mais est en parfait accord avec les travaux de Pierre Narbaitz.
Parmi les documents les plus anciens on trouve les Annales royales[10], ainsi que dans la biographie de Charlemagne : Vita Karoli Magni rédigée par Eginhard.
On ne sait pas exactement pourquoi l'armée mit Pampelune à sac. Problème de ravitaillement ? Parce que le chef saxon Widukind s'approchait du Rhin ? Ou les deux ?
Il semble aussi que les Vascons ont d'abord attaqué l'arrière garde commandée par Roland, préfet de la marche de Bretagne ainsi qu'Anselme le preux, comte du palais.
On peut estimer d'après plusieurs recoupements (comme le nombre de généraux) que l'armée devait compter entre dix et quinze mille personnes, ce qui était considérable pour l'époque et ce qui explique le choc émotionnel qui resta dans les mémoires. Trois siècles plus tard, des troubadours donnèrent une dimension épique à cette bataille avec la Chanson de Roland. Cette version très édulcorée de l'histoire était aussi la plus politiquement acceptable pour le royaume de France[réf. nécessaire].
Les manuels scolaires français ont, jusque dans les années 1980, confondu la Chanson de Roland avec la réalité historique. Contrairement à la légende, il n'y avait pas de Sarrasins à Roncevaux et le preux Roland n'était en l'occurrence que le chef des pillards de Pampelune[réf. nécessaire].
Bibliographie
- Pierre Narbaitz, Orria ou la bataille de Roncevaux (15 août 778), éditeur Zabal, 1978 (ISBN 8440049269) 239 pages.
- Pierre Narbaitz, Le Matin basque ou Histoire ancienne du peuple vascon, Librairie Guénégaud 1975.(ISBN 978-2-85023-009-7) 520 pages.
- Béatrice Leroy, La Navarre au Moyen Âge, Albin Michel, 1984 (ISBN 2-226-01883-2)
- Georges Bordonove, Les rois qui ont fait la France : Charlemagne, Pygmalion, 2008 (ISBN 978-2-7564-0187-4)
- Jean Claret, La Unarde, le mystère de Roncevaux, Editeur RABIOU, 2010 (ISBN 978-2-7466-1919-7) 43 pages.
Liens externes
Notes et références
- Philippe Sénac, Les Carolingiens et al-Andalus (VIIIe-IXe siècles), Maisonneuve et Larose (ISBN 2-706-816-597), 2002 [lire en ligne], p. 55, note 14 de bas de page.
- Jean-Pierre Barraqué, Bulletin du musée basque n° 165, 1er semestre 2005, pages 3 à 20
- Pierre Narbaitz, Orria ou la bataille de Roncevaux (15 août 778), éditeur Zabal, 1978 (ISBN 8440049269) 239 pages
- ISBN 2-226-01883-2) p24 Béatrice Leroy, La Navarre au Moyen âge, Albin Michel 1984 (
- Philippe Veyrin, Les Basques, Arthaud 1975 page 159
- Philippe Sénac op. cit., p. 55.
- chanson de Roland a servi à écrire tous les autres. Cette cinquantaine de documents, dont la
- Pierre Narbaitz, Le Matin basque (ISBN 978-2-85023-009-7) pages 283 à 326
- ISBN 978-2-85023-009-7) pages 323 à 326 Pierre Narbaitz, Le Matin basque (
- (la) ANNALES REGNI FRANCORUM voir l'année [778]
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