- Théorie du ruissellement
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La théorie du ruissellement (traduction de l'anglais "trickle down economics") est une théorie économique d'inspiration libérale selon laquelle, sauf destruction ou thésaurisation (accumulation de monnaie), les revenus des individus les plus riches sont in fine réinjectés dans l'économie, soit par le biais de leur consommation, soit par celui de l'investissement (notamment via l'épargne), contribuant ainsi, directement ou indirectement, à l'activité économique générale et à l'emploi dans le reste de la société. Cette théorie est notamment avancée pour défendre l'idée que les réduction d'impôt y compris pour les hauts revenus ont un effet bénéfique pour l'économie globale. L'image utilisée est celle des cours d'eau qui ne s'accumulent pas au sommet d'une montagne mais ruissellent vers la base.
Sommaire
La théorie du ruissellement et la politique économique libérale
Une conséquence de cette théorie est qu'une ponction étatique sur les revenus des particuliers transfère simplement, sous l'organisation de l'État, une redistribution qui serait naturellement assurée par le jeu de la consommation et de l'investissement des particuliers. Le gain en matière d'emploi ou de revenus salariaux est dès lors nul, même si les circuits et les destinataires diffèrent. À titre d'exemple, les impôts prélevés sur une personne fortunée servira à payer les dépenses de la collectivité (salaire des fonctionnaires, indemnisation des chômeurs, grands travaux, ...) ; mais non prélevée, cette même somme serait dépensée par cette même personne pour sa consommation et servirait à rémunérer différents prestataires de service, restaurateur, bijoutier, maçon… ou alors cet argent serait placée sur un livret de caisse d’épargne ou en bourse, contribuant à financer l'activité économique, la construction de logement sociaux ou le développement des entreprises. Ainsi, selon la théorie du ruissellement, les hauts revenus « n’engloutissent pas » des moyens au détriment des faibles revenus, ils se contentent de les redistribuer à leur guise, ou autrement dit, les riches ne sont pas riches aux dépens des pauvres.
Dans cette perspective, les prélèvements fiscaux (y compris pour les plus aisés) peuvent donc être diminués sans qu'il y ait un effet réel sur la redistribution des richesse des hauts revenus vers le reste de la population. Une autre conséquence est qu'un taux de prélèvement élevé détériore le mécanisme d'allocations des ressources en accordant un plus grand pouvoir de décision à l'État aux détriments des individus, en particulier des meilleurs créateurs de richesse. Ce faisant il bride la création de richesses et minore ainsi globalement celles redistribuées. Il crée donc de la pauvreté supplémentaire tout en diminuant éventuellement les inégalités par un nivellement vers le bas.
Critique de l'effet de ruissellement
Le pamphlétaire antilibéral Jean Ziegler argue que la théorie du ruissellement est erronée car elle est basée sur l'idée que l'accumulation de l'argent par les individus les plus riches se fait dans l'objectif d'être utilisé pour répondre à des besoins matériels alors que, selon lui, passé un certain niveau de revenus, l'argent devient plutôt un moyen de pouvoir[1]. Pour Richard Sennett, la théorie du ruissellement agit comme un fantasme promettant une vie meilleure aux pauvres, analogue à la promesse du paradis de la Bible[2].
Pour les critiques de la théorie du ruissellement, dont Ziegler, cet argument a été utilisé pour justifier les politiques libérales prônées notamment par Ronald Reagan et Margaret Thatcher dans la décennie 1980, caractérisée par une diminution drastique de l'impôt, notamment pour les revenus les plus élevés. Selon ces critiques, cette politique a entraîné une dérégulation de l'économie, assortie de déficits budgétaires abyssaux ou de démantèlement des services publics qui ont été à la source de la paupérisation croissante des couches inférieures des sociétés occidentales [réf. nécessaire].
Sources
- "Les nouveaux maîtres du monde", Jean Ziegler (2002)
- "Les nouveaux maîtres du monde", Jean Ziegler (2002)
Voir aussi
Catégories :- Théorie économique
- Concept libéral
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