Doctrine de l'Église catholique sur la sexualité

Doctrine de l'Église catholique sur la sexualité

Au cours de son histoire, L'Église catholique a développé une doctrine en matière de sexualité puisée pour l'essentiel dans le travail de réflexion sur la morale de saint Augustin, reflétée dans l'encyclique Casti Connubii[réf. nécessaire]. Cette doctrine a évolué ou a été précisée au cours des siècles. Depuis 1992, la doctrine est résumée dans le Catéchisme de l'Église catholique (CEC).

Pour l'Église catholique, la sexualité et le plaisir sexuel sont des aspects de l'amour conjugal, un moyen de parfaire l'union corporelle et spirituelle entre homme et femme. Pour respecter le plan divin et la dignité humaine, la sexualité doit être un don total dans le cadre indissoluble du sacrement du mariage, et doit notamment rester ouverte à la procréation.

L'Église catholique rejette donc en particulier la sexualité hors mariage (CEC §2353), la contraception par des méthodes artificielles ([CEC §2370) et les rapports homosexuels (CEC §2357).

Sommaire

Doctrine contemporaine

Dans la doctrine officielle de l'Église catholique romaine[1], la sexualité au sein du mariage est un moyen de parfaire l'unité entre les époux, moyen auquel contribue directement le plaisir sexuel.

Pour l'Église catholique, la sexualité et le plaisir sexuel, qui sont des dons de Dieu, sont par conséquent positifs.

La sexualité n'est cependant positive que si elle est accomplie d'une manière qui ne met pas d'obstacle artificiel à la reproduction, afin de demeurer un don total de chacun. Dans la mesure où elle peut aussi conduire l'homme à s'asservir lui-même quand il la recherche pour des fins égoïstes, la relation sexuelle doit être vécue comme un don total de soi même : pour atteindre la vérité de cette relation, l'être humain ne doit pas se « prêter » à un échange sexuel, mais se « donner » entièrement dans un tel échange. De ce fait, elle considère que la communion de deux corps ne faisant plus qu’un ne peut pas se vivre sans un engagement définitif de vie commune - de même qu'un don ne peut pas être repris.

La théologie du corps développée par Jean-Paul II

Article détaillé : théologie du corps.

Sur ce sujet, Jean-Paul II a développé un enseignement sur la vision catholique de la sexualité au cours de plus d'une centaine d'audiences hebdomadaires entre 1979 et 1984. Connu depuis sous le nom de théologie du corps, ce corpus a été qualifié par l'auteur et biographe américain George Weigel de « bombe à retardement théologique » qui « sera probablement regardée comme un tournant, non seulement dans la théologie catholique, mais aussi dans l'histoire de la pensée moderne »[2]. Depuis, de nombreux auteurs ont tâché d'analyser et de développer la pensée de Jean-Paul II sur la sexualité (cf bibliographie).

Lien entre spiritualité et sexualité

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La critique de l'amour libre par le catholicisme est issue de considérations d'éthique en liaison avec une approche morale catholique.

Pour un catholique, le sens prioritaire de la vie est de se rapprocher constamment de Dieu, et d'éviter le péché, c'est-à-dire ce qui éloigne de Dieu. Dans ce contexte, le problème pour un catholique est de savoir quel est le but qu'il poursuit réellement, sa priorité à la fois par rapport à lui-même, et dans sa relation à son partenaire.

Dans le domaine de la vie sexuelle, la réflexion de l'Église part d'un double constat : d'un côté, l'homme et la femme sont des êtres sexués, pour lesquels une activité sexuelle est a priori une bonne chose ; d'un autre côté une pratique non maîtrisée ou non disciplinée de la sexualité[3] peut conduire à des impasses morales et à des blessures psychologiques[4]. Ces situations d'échec, dans une vision catholique, sont la manifestation de ce qu'on s'éloigne du plan de Dieu.

Pour l'Église catholique, une forme de vie sexuelle « libre », même si elle est compatible avec la nature biologique de l'homme, est jugée dangereuse parce qu'elle n'intègre pas de manière satisfaisante la dimension sociale de l'Homme (dans sa relation à l'autre) ni sa dimension spirituelle (dans sa relation à Dieu). Si une relation à deux se fonde sur une sexualité abordée de manière purement biologique (en quelque sorte, "comme des bêtes"), le partenaire se trouve de fait réduit à un objet sexuel[5], ce qui n'est pas admissible pour quelqu'un qui se considère comme le « temple de l'Esprit-Saint »[6] et qui veut reconnaître dans l'autre « l'image de Dieu »[7], ce qui est l'approche normalement revendiquée par un chrétien catholique.

Une forme "libre" de sexualité ne permet pas de se rapprocher de Dieu [8] donc est finalement à éviter pour rester cohérent avec sa foi.

Pour rester cohérent avec sa vie spirituelle, le chrétien catholique est donc conduit à rattacher sa vie sexuelle à sa vie spirituelle, en conservant la première place à la spiritualité. Vivre en cohérence avec la foi catholique implique avant tout que la relation sexuelle s'inscrive dans une relation qui respecte l'autre, en tant qu'être spirituel, et qui ne risque pas de le rabaisser à l'état d'objet[9].

La solution retenue par la spiritualité catholique est de "se donner" dans le mariage: on accepte d'être soi-même objet donné, pour ne pas transformer l'autre en objet. Dans le mariage, l'activité sexuelle n'est pas prise pour elle-même, mais est mise au service d'un but spirituel (créer un centre d'amour mutuel, contribuer au bien mutuel des époux, fonder une famille, ...) qui en devient la valeur première. La théologie du mariage s'appuie bien entendu sur des références bibliques, mais le nœud du problème est que le mariage catholique est un don mutuel permanent, essentiellement parce que toute autre solution conduit fatalement à "chosifier" le partenaire. Mais cette logique du don ne peut fonctionner que s'il est réciproque, et aussi -parce que c'est un don- s'il est permanent. Sinon, il n'est pas authentique.

l’amour, qui devient alors une véritable découverte de l’autre, dépassant donc le caractère égoïste qui dominait clairement auparavant. L’amour devient maintenant soin de l’autre et pour l’autre. Il ne se cherche plus lui-même – l’immersion dans l’ivresse du bonheur – il cherche au contraire le bien de l’être aimé : il devient renoncement, il est prêt au sacrifice, il le recherche même. (Benoît XVI - Deus Caritas est, §6)

Sexualité et chasteté

La chasteté est souvent confondue avec l'abstinence de relation sexuelle. En réalité, dans l'approche catholique, la chasteté consiste à vivre sa sexualité d'une manière conforme à son état : les relations sexuelles dans un couple sont "chastes" quand elles traduisent une relation authentique de ce couple.

« La chasteté signifie l'intégration réussie de la sexualité dans la personne, et par là, l'unité intérieure de l'homme, dans son être corporel et spirituel » (Catéchisme de l'Église catholique, §2337) « La vertu de la chasteté est placée sous la mouvance de la vertu cardinale de tempérance, qui vise à imprégner de raison les passions et les appétits de la sensibilité humaine » (ibid., §2341)

Sexualité et procréation

Dans la doctrine de l'Église catholique, l'accomplissement des relations sexuelles prend son sens dans la procréation, le don de la vie. Aussi la contraception artificielle n'est pas recommandée par l'Église. Elle préfère conseiller les méthodes dites de "régulation naturelle des naissances", qui reposent sur la maîtrise de la fécondité féminine[10].

Égalité dans le mariage

L'homme et la femme sont égaux par rapport à l’exigence du don de soi qui traverse toute la vie conjugale. L’origine de cette notion de devoir conjugal (une dette) se trouve chez saint Paul : « Que le mari rende à la femme ce qu’il lui doit, et que la femme agisse de même avec son mari. La femme n’a pas autorité sur son propre corps, mais c’est le mari ; et pareillement le mari n’a pas autorité sur son propre corps, mais c’est la femme »[11]. Thomas d'Aquin est fidèle à cet enseignement : il faut que l’homme rende son dû à sa femme et celle-ci son dû à son mari « parce qu’à cet égard ils doivent être jugés égaux ». Par le don réciproque, chacun des époux a renoncé à la propriété de son propre corps, ce qui permet à saint Thomas de réputer invalide tout vœu de chasteté qui serait prononcé postérieurement au mariage : « nul ne peut faire à Dieu le don de ce qui ne lui appartient pas ; or après la consommation du mariage, le corps du mari appartient à la femme ; il ne peut donc être offert à Dieu par vœu de continence – du moins sans l’autorisation de l’épouse ».

L’égalité de la femme et de l’homme s’inscrit originellement dans le cadre de l’égalité de tous les hommes. « il n’y a plus ni Juif ni Grec, il n’y a plus ni esclave ni libre, il n’y a plus ni homme ni femme ; car vous êtes tous un en Jésus-Christ »[12]

Historique

Chronologie

  • ~54-55 Première épître de Paul aux Corinthiens.
  • Clément d'Alexandrie (150-215) rédige Le pédagogue, Les Stromates
  • 305-306 Concile d'Elvire (actuelle Grenade) - les clercs doivent renoncer à la procréation, mais pas au mariage : "Tous les évêques, prêtres, diacres et tous les clercs qui ont une fonction liturgique doivent s'abstenir de leurs épouses et ne pas engendrer d'enfants"
  • 413-426 La cité de Dieu, ouvrage d'Augustin d'Hippone
  • 1120 Concile de Naplouse : codification du péché de chair
  • 1123 Premier concile du Latran : interdiction du mariage et du concubinage de prêtres
  • 1880 : Encyclique Arcanum divinae : Sur le mariage chrétien et la famille.
  • 1930 : Encyclique Casti Connubii : La première position moderne de l'église catholique sur le mariage.
  • 1968 : Encyclique Humanae Vitae : Très célèbre encyclique sur le mariage et la régulation des naissances, à l'époque de la révolution sexuelle, qui condamne notamment la contraception artificielle en tant que moyen de régulation des naissances. Cette encyclique, posée à l'explosion de la révolution sexuelle, sera (et est encore) à l'origine de nombreuses polémiques et critiques. Danièle Hervieu-Léger expose comment elle est le signal d'une désaffection du catholicisme y compris dans son vivier traditionnel : la ruralité. Selon elle, la publication de l'encyclique conduit un grand nombre de catholiques abandonner l'Église, parfois pour passer au protestantisme mais le plus souvent pour alimenter les courants libéraux des catholiques réformateurs [13]
  • 1981 : Exhortation apostolique Familiaris Consortio : sur la famille chrétienne dans le monde moderne ((en) en:Familiaris Consortio).
  • 1979-1984 : mise au point d'une présentation renouvelée de ces thématiques, la théologie du corps, parfois présentée comme une tentative de remédier à l'échec de la réception d'Humanae Vitae
  • 1995 : Encyclique Evangelium vitæ : Aborde notamment le thème de l'avortement.
  • 2005 : Encyclique Deus Caritas Est sur l'amour, la passion, la charité...

Introduction

L'influence de l'église catholique a souvent été critiquée pour être à l'origine d'aspects qui ont marqués la morale sexuelle occidentale [14]: l'assimilation de la sexualité au mal et au péché, la misogynie et l'assujettissement des femmes, l'exaltation de la continence sexuelle et la condamnation de l'homosexualité. Mais si l'église catholique a accueilli ou accompagné ces attitudes, à des degrés divers[réf. nécessaire], en particulier pendant le raidissement puritain de la société occidentale, qui va du XVIIe siècle à la première moitié du XXe siècle, en culminant au XIXe siècle, elle n'en est en fait pas à l'origine[réf. nécessaire]. Et « il faut se garder se schématiser et de ramener la doctrine chrétienne » des rapports conjugaux à la finalité procréatrice et à l'exclusion des plaisirs. En fait la doctrine sera complexe, sujette à discussion, et elle connaîtra de nombreuses variantes.  »[15]

Antiquité

L'opposition est souvent faite par rapport à une antiquité gréco-romaine qui aurait connu une sexualité libre et déculpabilisée[16]. En fait sur tous ces points le monde antique a connu des interdits moraux divers et variables selon les époques[17].. Pendant les premiers siècles de son développement, la doctrine chrétienne sur la sexualité subira une triple influence [18]. Celle des philosophies stoïcienne puis néoplatonicienne, qui se méfient de l'emprise du désir et du plaisir sur la volonté humaine, et qui entraineront pour part un raidissement moral au sein de l'Empire romain à partir du IIIe siècle [19].Celle d'un durcissement puritain et antiféministe du judaïsme rabbinique[réf. nécessaire]. Et enfin celle de la gnose orientale[non neutre].

Le christianisme des premiers siècles marque cependant une forte inflexion par rapport au stoïcisme et au judaïsme dans le sens d'un renoncement à la "chair" (assimilée au péché), tendance qui ne sera pas unanime et sera toujours débattu au sein même du mouvement chrétien[20]. Un fort courant va prôner la continence, inspiré à la fois par la caractère apocalyptique (ou eschatologie) du message chrétien (l'arrivée du royaume de Dieu étant imminent) et le souci de marquer la différence avec les interdits sexuels codifiés du judaïsme[21], interdits qui seront d'ailleurs souvent surévalués par les commentateurs chrétiens[22]. Cet ascétisme (ou encratisme), marquera également la secte juive puritaine des Esséniens, et le manichéisme. Dans le christianisme ce courant sera représenté par les Pères de l'église Tertullien (auteur d'une exhortation à la chasteté[23]), Tatien, Jérôme, Origène, Grégoire de Nysse, et culminera au IVe siècle avec les pères du désert précurseurs du monachisme. Ce mouvement conduira jusqu'à des castrations volontaires (le cas le plus célèbre étant Origène vers 206) qui seront suffisamment nombreuses pour que Hadrien (empereur de 117 à 138) les punissent de mort[24]. Cette survalorisation de la virginité coïncide avec le développement de la mariologie [25][non neutre]

Mais Clément d'Alexandrie qui inspiré par le stoïcisme, associe pourtant déjà la sexualité et le mal[réf. nécessaire], condamne l'homosexualité et exalte la continence [26], promeut une sexualité monogame et procréatrice, mais sans dénigrement du corps et du plaisir[27]. Ce sera également le cas de Jean Chrysostome défenseur du mariage, de l'amour conjugal et de la famille. D'une façon générale les évêques seront plus proches de cette position que les théologiens tenants de l'ascétisme [28].

Les premières lois d'interdiction de l'homosexualité par des souverains chrétiens ne sont pas prises sous l'influence des ecclésiastiques que ce soit par l'empereur byzantin Justinien en 533 (les seules personnalités sanctionnées étant d'ailleurs des évêques), ou par le roi des Wisigoths d'Espagne en 650 (qui prévoit la castration) [29].

Augustin d'Hippone

Augustin d'Hippone a eu une influence capitale sur la doctrine catholique en matière de sexualité. L'essentiel de sa doctrine est résumée dans La cité de Dieu et divers traités : de la concupiscence, de la sainte virginité, de l'excellence du veuvage, du bon mariage, des mariages adultérins.

La concupiscence

Pour Augustin, l'idée de chute et de péché originel est fondamentale. Ce n'est pas la sexualité ou le plaisir sexuel, qui existaient au paradis terrestre, qui sont mauvais en soi. C'est leur emprise sur la volonté humaine.[réf. nécessaire]

A l'article Augustin dans La Grande Encyclopédie[30] (du XIXe siècle)

"L'acte de génération lui apparaît comme essentiellement impur ; il appelle, chez tous les hommes indistinctement "concupiscence" l'attraction qu'il amène et il fait de la concupiscence le mode d'infection de l'humanité tout entière, le principe fatal de la propagation du péché originel, qu'elle transmet à toute la postérité d'Adam. D'ailleurs, à toutes les époques de sa vie, il se sentit vulnérable de ce côté ; jamais, après son ordination, il ne parla à une femme, sinon en présence d'un ecclésiastique."

Pour Augustin, toute perception des sens put être à l'origine de la concupiscence. En témoigne ce passage d'un ouvrage inachevé contre Julien[31] sous forme de dialogue :

"Julien: le démon s'empare aussi des corps par la vue, par le toucher, par l'ouïe, par l'odorat, par le goût. Enfin, enlève la racine de cette souche maudite et tu pourras te voir toute spirituelle. La racine de tous les maux, dit l'Ecriture. C'est la concupiscence. Tu vois dans quel esprit et pourquoi Manès attaque la concupiscence de la chair lorsqu'il dit qu'elle est une loi du péché laquelle, si elle était enlevée aux corps, laisserait voir à sa fille à qui elle écrit qu'elle est toute spirituelle.
Augustin : Manès trouve désignées par les paroles de l'Apôtre deux substances, l'une bonne et l'autre mauvaise, non pas une substance bonne et l'autre, corruption de cette substance bonne, contractée par la génération et par suite du péché du premier homme, et dont le remède est dans la régénération par la justice du second homme. Voilà ce que la foi catholique vous oppose, à vous et aux Manichéens, comme un trait invincible qui vous abat les uns et les autres.
Julien : Tu vois que nous dévoilons le fond de la doctrine des Manichéens, sur lequel s'appuie votre foi. Mais Manès continue de nous accuser, nous les Catholiques. "Vois donc combien sont insensés ceux qui disent que ce corps a été créé par le Dieu bon, eux qui savent bien qu'il est le fruit de la concupiscence".
Augustin : Les Manichéens nous reprochent, à vous et à nous, de dire que le corps a été créé par un dieu bon : mais ils disent que l'esprit de concupiscence est une substance mauvaise, non pas un vice qui flétrit une substance bonne et qui excite la révolte de la chair contre l'esprit, opinion que nous soutenons pour les réfuter, que vous rejetez, vous, pour leur prêter secours. Car puisqu'ils démontrent malgré vous que la concupiscence qui excite la révolte de la chair contre l'esprit est un mal ; si ce mal n'est pas, comme vous le croyez, un vice qui flétrit une substance bonne, il sera une substance mauvaise, ce qui est l'opinion des Manichéens, opinion que vous défendez et qui est contraire à la foi catholique."

Lutte contre les hérésies

On comprend que la question de la concupiscence n'est pas seulement une question d'éthique ("l'obsession de la sortie de la débauche" comme dit Alain Finkielkraut) mais aussi une question de politique interreligieuse. Augustin veut dégager les conceptions morales du christianisme du stoïcisme et du manichéisme. La continence sexuelle, qui semble un exploit, est construite comme une arme dans la lutte contre les hérésies quand elles promeuvent une sagesse morale du juste milieu.

Les dissidences chrétiennes qui mépriseront la procréation—et de ce fait répugneront à la sexualité-- (Cathare, par exemple) se référeront toujours à leur vision d'un christianisme des origines qui sera, selon les cas, plus ou moins manichéen ou plus ou moins docète. Elles utiliseront l'arme forgée par Austin pour lutter contre le christianisme forgé par Augustin[32].

L'excellence du veuvage

Le mérite du veuvage est rehaussé par l'infériorité du mariage; mais pour être meilleur et digne de louange, il ne faut pas que le mariage ne soit pas bon. (De l'excellence du veuvage, cité dans l'ascétisme chrétien DDB 1949),

On comprend qu'Augustin a du mal à savoir sur quel pied danser. Il faut dire que l'époque n'est pas très drole : les historiens la décrivent comme celle des invasions barbares. Vers 400, les Vandales sont aux portes de Carthage. Augustin précise toutefois sa position et, plus avant dans le même ouvrage, l'on pourrait en faire un partisan de la contraception :

VIII. Quant à vous, vous avez des enfants, et vous vivez en cette fin du monde où il est temps, non plus de jeter des pierres, mais d'en amasser, non plus d'embrasser, mais de s'abstenir des embrassements (Eccl. III,5). C'est pourquoi l'Apôtre s'écrie : "Voici ce que je dis, frères, le temps se fait court ; il faut donc que ceux qui ont une femme soient comme s'ils n'en avaient pas" (I Corinthiens, VII, 29) (...) Car le désir d'avoir des enfants, mais dans l'ordre, en toute honnêteté conjugale et non pas par la promiscuité, à la manière des chiens, n'est pas chez l'homme un sentiment digne de blâme ; cependant, l'âme chrétienne, préoccupée des choses du ciel, trouve plus de mérite à le dominer et à le vaincre.

Théorie du mariage

Au cours de ce traité, Augustin développe une théorie inégale du mariage, selon qu'on est homme ou femme. Il justifie la polygamie mais rejette l'idée même de polyandrie car le mariage est au service de la procréation et non du plaisir :

« VII. La part des saintes femmes était bien différente en ces temps prophétiques. C'est l'obéissance, non la concupiscence qui les obligeait au mariage pour que se développât le peuple de Dieu, où devaient être envoyés les prophètes. (...). Pour aider à la propagation de ce peuple, la loi prescrivait de tenir pour maudit celui qui refusait de susciter une descendance en Israël (Deutéronome, XXV, 5-10). C'est pour quoi ces saintes femmes brûlaient non du désir charnel, mais du pieux espoir d'enfanter : ce qui porte à croire très justement qu'elles n'auraient pas recherché les rapports conjugaux si un autre moyen eût pu leur procurer une postérité (...). D'autre part, aux hommes était accordé l'usage de plusieurs épouses : que le souci de la descendance et non la concupiscence de la chair fût la cause de cette disposition, cela ressort du fait que, s'il était permis aux patriarches d'avoir plusieurs épouses à la fois, il était défendu par contre aux saintes femmes de rechercher plusieurs époux à la fois; car elles eussent été d'autant plus déshonnêtes que cette recherche ne les eût pas rendues plus fécondes. »

À cette époque, le rôle de la femme dans la procréation est méconnu. Notons toutefois que St Augustin parle ici au passé, il ne semble donc pas prôner la polygamie.

Thomas d'Aquin

Dans la Somme théologique (prima secundae), Thomas d'Aquin présente la vision classique de l'amour (qu. 26 l'amour, 27 la cause de l'amour, 28 les effets de l'amour), du plaisir (qu. 31 le plaisir en lui-même, 32 la cause du plaisir, 33 les effets du plaisir) avant d'aborder la question 34: Bonté et malice des plaisirs :

1. Tout plaisir est-il mauvais?

L'homme tempérant ne fuit pas tous les plaisirs mais ceux qui sont excessifs et ne conviennent pas à la raison. Que les enfants et les bêtes recherchent les délectations, cela ne prouve pas que celles-ci soient universellement mauvaises, car il y a chez eux un appétit naturel venant de Dieu qui les pousse vers ce qui leur convient.

2. Étant admis que non, tout plaisir est-il bon?

Tout bien délectable n'est pas bon de la bonté morale que l'on apprécie selon la raison. [...] la fin peut être bonne ou mauvaise [...]. Il en va de même du plaisir.

Pour lui (q.17, 8) la sexualité n'est pas en soi quelque chose de bon ou de mauvais: Vertu et vice, louange et blâme, ne se rapportent pas ici aux actes mêmes des puissances génératives et nutritives, [...] mais aux actes de la partie sensitive de l'âme qui se réfèrent à ces actes comme le fait de désirer le plaisir de la nourriture ou des actes sexuels, et d'en user comme on le doit, ou non.

Il remarque (q.31, 5) que La plupart des hommes recherchent les plaisirs du corps parce que les biens sensibles sont mieux connus et de plus de gens. Et aussi parce que les hommes ont besoin des plaisirs comme remèdes à quantités de souffrances et de tristesses; la plupart, ne pouvant atteindre aux délectations de l'esprit, qui sont le propre des hommes vertueux, il en résulte qu'ils s'abaissent aux plaisirs corporels. Les plaisirs corporels relèvent de la partie sensible de l'âme, qui est réglée par la raison; c'est pourquoi ils ont besoin d'être tempérés et refrénés par elle.

(q72, 2) Il y a jusque dans les péchés de la chair un acte spirituel: l'acte de la raison. Mais si l'on nomme ainsi ces péchés, c'est parce qu'ils cherchent leur fin dans le plaisir de la chair. La Glose dit que d'une manière spéciale, dans le péché de fornication, l'âme devient l'esclave du corps, "à ce point qu'elle n'est plus capable sur le moment de songer à rien d'autre". Le plaisir de la gourmandise, bien que charnel aussi, n'absorbe pas à ce point la raison. On pourrait dire encore qu'il y a dans ce péché une injustice envers le corps, du fait qu'on le souille d'une façon contraire à l'ordre; cela explique que l'on attribue à cette faute-là uniquement de "pécher contre son propre corps".

XXe siècle

La doctrine sur le mariage a beaucoup profité du concile Vatican II, notamment de la constitution Gaudium et spes.

En 1968, la parution d'Humanae Vitae de Paul VI créa de vives réactions dans toute l'Église. Cette encyclique sur le mariage et la contraception, écrite rapidement à cause des événements de mai '68, n'a pu profiter entre autres, des expertises du cardinal Karol Wojtyla, en matière de théologie morale.

Grâce à son livre Amour et responsabilité, publié alors qu'il était cardinal, mais surtout grâce à son long enseignement sur ce qu'il a appelé la Théologie du corps, Jean-Paul II a certainement grandement contribué à changer le regard de l'Église sur la sexualité, et du monde sur la doctrine de l'Église. Tout en restant fidèle à la tradition, notamment en ce qui concerne les conséquences morales, Jean-Paul II a cependant refondé le sacrement du mariage dans une véritable théologie descendante, qui trouve en Dieu lui-même l'origine et l'accomplissement du mariage, et non seulement dans la nature humaine. Vu son ampleur et sa relative nouveauté, mais aussi le cadre discret dans lequel a été donné cet enseignement (les audiences du mercredi sur la place Saint-Pierre), la Théologie du corps reste inconnue du large public et d'une bonne part des fidèles catholiques.

En bref, on pourrait résumer de façon très succincte, ce large enseignement du pape ainsi : En réponse au don de leur création commune, l’homme et la femme s’unissent l’un à l’autre dans le don d’eux-mêmes et acceptent de transmettre ce don reçu de la vie. Ils réalisent ainsi dans la chair l'image de Dieu, qui dans son être même est don et relation.

Jean-Paul II cependant va insister sur le fait que le péché est venu briser la relation pure et profonde qui existaient entre l'homme et la femme aux origines. Partant du principe personnaliste, il démontre que l'homme, plutôt que de considérer la femme comme son égale en dignité, a eu dans l'histoire tendance très souvent à réduire celle-ci à un objet pour son propre plaisir ou pour la simple reproduction. Ainsi, c'est la concupiscence qui règle souvent les rapports entre l'homme et la femme, et les deux en viennent à ne plus se voir comme des personnes, mais à considérer l'autre et soi-même comme un objet pouvant être conquis, utilisé, possédé. Cependant, le Christ, par son œuvre de Rédemption, redonne toute sa valeur et une dignité encore plus grande au mariage humain en en faisant un sacrement de la nouvelle alliance, et l'image de ses propres épousailles avec l'humanité, telle que décrites par saint Paul en Éphésiens 5.

La Théologie du corps de Jean-Paul II peut être considérée à juste titre comme un approfondissement théologique et une explication d'Humanae Vitae.

Influence législative et sociale de la doctrine catholique

Introduction

Le christianisme et en particulier l'Église catholique romaine et les Puritains dans le protestantisme a eu une influence manifeste sur la société occidentale. Cette influence s'est traduite dans la morale et la législation de la civilisation occidentale. Selon certains critiques[réf. nécessaire],

  • Le lien entre sexualité et péché[réf. nécessaire], et la condamnation de l'homosexualité, ont conduit à des législations pénales sanctionnant des comportements sexuels jugés amoraux[33].
  • Les nombreux interdits sexuels bibliques ont pu conduire à des refoulements et une pratique névrosée de la sexualité ou de l'abstinence[34].
  • En outre, la position sociale de la femme décrite par la Bible a pu être utilisée pour justifier une certaine misogynie institutionnalisée[35].

Divers

L'approche de la sexualité par l'Église passe inconditionnellement par le mariage. Il faut attendre l'encyclique Deus Caritas Est pour voir l'amour et le désir abordés en tant que tels.

Thèmes litigieux sur la sexualité

Compréhension de la vision catholique de la sexualité en dehors de l'Église

Certains estiment que l'Église catholique a eu une position ambiguë sur la sexualité et qu'elle a fait preuve dans l'histoire (et continue dans une certaine mesure) d'entretenir bon nombre de tabous sexuels rigides.

L'Église catholique romaine a un discours fort (et souvent perçu comme dérangeant et à contre courant) sur la sexualité : La chasteté (à ne pas confondre avec l'abstinence) est une vertu, alors que la luxure (plaisir sexuel recherché pour lui-même) est un péché capital, et de ce fait la masturbation, la fornication et la pornographie sont condamnées. L'image qui s'en dégage est celle d'une vision idéalisée à caractère fortement restrictif de la sexualité, issue d'une époque alors jonchée d'interdits.

La citation suivante s'inscrit en faux contre cette image : "Le christianisme, le catholicisme, n'est pas une somme d'interdits, mais une option positive. Et il est très important que cela soit à nouveau visible, car aujourd'hui cette conscience a presque totalement disparu"(Benoît XVI)[36].

Homosexualité

La position de l'Église catholique concernant l'homosexualité est clairement définie, malgré les revendications de quelques groupes militants en son sein. Elle considère que les pratiques homosexuelles ne rentrent pas dans le plan originel de Dieu, et ne sont pas moralement acceptables.

Cette condamnation ne porte que sur la pratique homosexuelle, non sur la pulsion qui peut y conduire. L'Église reconnaît en effet que l'orientation sexuelle peut relever de circonstances dont la personne n'est pas responsable, et qui n'engagent pas sa responsabilité.

L'Église respecte les personnes homosexuelles et leur recommande, comme à toutes les personnes célibataires, de demeurer chaste dans la continence.

Contraception

L'Église insiste sur l'idée que la sexualité, pour ne pas être pervertie en un plaisir vécu pour lui-même, doit en principe rester ouverte à la possibilité de la fécondité.

Depuis l'encyclique Humanae Vitae de Paul VI, l'Église recommande les méthodes naturelles et a posé solennellement l'interdiction des méthodes artificielles de régulation des naissances.

Cette interdiction porte sur la fin (il ne faut pas, par principe, refuser la procréation), et donc indirectement sur les moyens (préservatif ou pilule contraceptive). L'utilisation d'un moyen de contraception pose effectivement un problème de principe, et doit conduire à un examen moral, mais elle reste légitime quand sa finalité est elle-même moralement acceptable. C'est notamment le cas quand un préservatif est nécessaire pour éviter une contamination (ce qui est évidemment le cas du SIDA), ou quand une grossesse mettrait en danger immédiat et certain la vie de la mère[37].

L'Église insiste sur le fait que la sexualité doit être responsable, et ne doit pas conduire à des naissances qu'il ne serait pas possible d'assumer, en particulier sur le plan économique. Dans la mesure où une naissance peut être une lourde charge sociale, il est donc souhaitable de ne pas se mettre en position de la provoquer. L'abstinence périodique est pour cette raison légitime, et de plus, se révèle un facteur précieux de dialogue et de respect mutuel dans le couple.[réf. souhaitée]

Préservatif et prévention des MST

Enfin, les fidèles ne doivent pas oublier que la norme affichée par l'Église est celle qui permet de juger les saints. Il faut rappeler avant tout que l'Église expose un "chemin de sainteté", c'est-à-dire un guide pour celui qui veut devenir saint (ce qui est en principe la vocation de tout baptisé). L'Église appelle tous les hommes sur le chemin de la sainteté ; mais il appartient à chacun d'y répondre en fonction de ses possibilités réelles.

Dans ce contexte (celui du discours de l'Église), l'usage d'un préservatif est un indice montrant que quelque chose peut poser problème, et généralement la raison réelle (libertinage sexuel, refus de procréer, ...) traduit une attitude qui "éloigne de Dieu", donc quelque chose que ne veut pas accepter quelqu'un qui veut être saint. Mais chacun y répond en fonction de sa moralité personnelle.

  • Pour ceux qui revendiquent une "liberté sexuelle" (indépendamment de la critique que l'Église en donne, qui la condamne), il est évident que l'usage d'un préservatif est fortement recommandé : ceux qui pratiquent le tourisme sexuel doivent mettre un préservatif, c'est même une responsabilité morale vis-à-vis de leurs partenaires.[réf. souhaitée]
  • Un catholique peut être plus ou moins avancé sur son chemin de sainteté. Si à son niveau il ne comprend pas en quoi l'usage d'un préservatif peut poser problème, il est admissible qu'il en emploie un en conscience, du moment que ce n'est pas un rejet de principe de l'enseignement de l'Église.[réf. nécessaire]
  • Enfin, un couple dont un membre aurait été contaminé par le SIDA peut évidemment continuer à avoir une activité sexuelle (puisque la sexualité est ordonnée non seulement à la procréation, mais également "au bien commun des époux") mais doit se protéger de la contamination. La solution dans un tel cas est évidemment de mettre un préservatif, sans aucun problème de morale[38].

Cette position n'est pas affirmée directement (Jean-Paul II n'a par exemple jamais cité le mot préservatif), mais passe par des principes.

  • Catéchisme de l'Église catholique[39] :
    • 2399 : « La régulation des naissances représente un des aspects de la paternité et de la maternité responsables. La légitimité des intentions des époux ne justifie pas le recours à des moyens moralement irrecevables (p. ex. la stérilisation directe ou la contraception). »
    • 2370 : « La continence périodique, les méthodes de régulation des naissances fondées sur l’auto-observation et le recours aux périodes infécondes (cf. HV 16) sont conformes aux critères objectifs de la moralité. Ces méthodes respectent le corps des époux, encouragent la tendresse entre eux et favorisent l’éducation d’une liberté authentique. (...) »
    • 2370 : « Au langage qui exprime naturellement la donation réciproque et totale des époux, la contraception oppose un langage objectivement contradictoire selon lequel il ne s’agit plus de se donner totalement l’un à l’autre. Il en découle non seulement le refus positif de l’ouverture à la vie, mais aussi une falsification de la vérité interne de l’amour conjugal, appelé à être un don de la personne tout entière.(...) »
  • Mgr di Falco, ancien porte-parole de la Conférence des évêques de France (20 avril 1995) :
    • « L’Église croit que la sexualité est belle, et fragile, et qu’elle est indissociable de l’amour. (...) Elle préfère appeler à la fidélité, pas d’abord comme moyen de combattre le SIDA mais avant tout comme moyen de trouver le bonheur en couple. »

Le cardinal Alfonso Lopez Trujillo, président du conseil familial pontifical du Vatican, a affirmé, le 9 octobre 2003 sur la chaîne BBC, que « parler du préservatif comme une sécurité revient à jouer à la roulette russe ». Il préconise de mettre un avertissement sur les boîtes de préservatifs[40].

Les arguments de l'Église et de ses défenseurs sont [réf. nécessaire] que, d'une part, les dons ne couvrent actuellement qu'une infime part des besoins africains en termes de préservatifs. Et que par ailleurs, la distribution seule de préservatif inciterait aux comportements sexuelles à risque alors que dans ces régions, la prévalence du virus est tres forte. L'Église préconise, dans le même temps, de ne pas utiliser de préservatifs et d'être fidèle à son conjoint. La fidélité conjugale protège efficacement d'une infection sexuelle par le VIH, sauf si un conjoint est déjà infecté.

Dans le cas où le conjoint est infecté, l'usage d'un préservatif devient légitime, pour que la sexualité puisse s'épanouir « pour le bien mutuel des époux » sans mettre en danger l'époux non contaminé (cardinal Daneels).

En 1996, la Conférence des évêques de France a déclaré que le préservatif était un moyen nécessaire, quoique insuffisant, pour lutter contre l'épidémie. Le cardinal Georges Cottier, théologien personnel de Jean Paul II, a déclaré, en 2005, que l'usage du préservatif pouvait être légitime dans certaines limites strictes[41].

L'avortement provoqué

Article détaillé : Positions du christianisme à l'égard de l'avortement.
« La vie humaine doit être respectée et protégée de manière absolue depuis le moment de la conception. Dès le premier moment de son existence, l’être humain doit se voir reconnaître les droits de la personne, parmi lesquels le droit inviolable de tout être innocent à la vie. »

L'Église catholique condamne donc l'interruption volontaire de grossesse dans tous les cas et considère comme excommuniés latæ sententiæ, c'est-à-dire de façon automatique, tous les médecins et membres du personnel médical le pratiquant ou l'assistant, et toutes les femmes le subissant volontairement[42]. Elle exclut cependant les cas où la volonté n'est pas libre (personne mineure, privée de raison, cas de légitime défense, contrainte ou ignorance) et distingue entre avortements direct et indirect, ce dernier n'étant pas puni d'excommunication.

Liens et références

Notes

  1. Sexualité humaine
  2. (George Weigel, Jean-Paul II, Témoin de l'espérance, Jean-Claude Lattès, 2005. (ISBN 978-2709627412), p. 427)
  3. Cf Catéchisme de l'Église catholique, §2351 : « La luxure est un désir désordonné ou une jouissance déréglée du plaisir vénérien. Le plaisir sexuel est moralement désordonné, quand il est recherché pour lui-même, isolé des finalité de procréation et d'union. »
  4. A.Isnard Amour, Tendresse et Bonheur Dépôt légal 1983, ISBN 2901656013
  5. En fait, dans le temple, les prostituées, qui doivent donner l’ivresse du Divin, ne sont pas traitées comme êtres humains ni comme personnes, mais elles sont seulement des instruments pour susciter la « folie divine » : en réalité, ce ne sont pas des déesses mais des personnes humaines dont on abuse. C’est pourquoi l’eros ivre et indiscipliné n’est pas montée, « extase » vers le Divin, mais chute, dégradation de l’homme. Il devient ainsi évident que l’eros a besoin de discipline, de purification, pour donner à l’homme non pas le plaisir d’un instant, mais un certain avant-goût du sommet de l’existence, de la béatitude vers laquelle tend tout notre être. (Benoît XVI - Deus Caritas est, §4)
  6. « Ne savez-vous pas que vous êtes un temple de Dieu, et que l'Esprit de Dieu habite en vous ? » 1Cor 3:16
  7. « Dieu créa l'homme à son image, à l'image de Dieu Il le créa ; mâle et femelle il les créa. » Genèse 1:27.
  8. Voir Catéchisme de l'Église catholique, § 2353 : « La fornication est l'union charnelle en dehors du mariage entre un homme et une femme libres. Elle est gravement contraire à la dignité des personnes et de la sexualité humaine [...] »
  9. Cf. Familiaris Consortio, §11: « La sexualité [...] n'est pas quelque chose de purement biologique, mais concerne la personne humaine dans ce qu'elle a de plus intime. Elle ne se réalise de façon véritablement humaine que si elle est partie intégrante de l'amour dans lequel l'homme et la femme s'engagent entièrement l'un vis-à-vis de l'autre jusqu'à la mort. »
  10. http://www.contraception.fr/catholf.htm
  11. I Co, 7:3-4.
  12. Galates 3:28.
  13. Danièle Hervieu-Léger, Catholicisme, la fin du monde ?
  14. (Guillebaud 1990, p. 177) qui reprend une synthèse de (Foucault 1984)
  15. (Foucault 1984)
  16. (Guillebaud 1990, p. 169-171). Guillebaud se fait là l'interprête du sens commun. En fait, la sexualité greco-romaine était libre sur des points où la sexualité "catholique" (pour dire vite) ne l'est pas et culpabilisée sur des points où elle l'est moins. La poésie latine (Catulle, Ovide) en témoigne
  17. (Guillebaud 1990, p. 171-199) La différence entre la culpabilité dans la sexualité antique et la sexualité médiévale et moderne se situe dans la sanction des comportements déviants. La première n'est stigmatisée que par la fama, matérialisée dans les épigrammes, la rumeur publique comme le montre Florence Dupont dans "l'érotisme masculin dans la Rome Antique". au contraire, la sexualité médiévale ou moderne, quand elle est déviante, peut être sanctionnée par la prison, la mort, le lynchage (Foucauld, surveiller et punir)
  18. (Guillebaud 1990, p. 215)
  19. (Guillebaud 1990, p. 177) qui renvoie à Paul Veyne
  20. (Guillebaud 1990, p. 216)
  21. (Guillebaud 1990, p. 220)
  22. Collectif dont Peter Brown, histoire de la vie privée, tome 1, collection Points Seuils
  23. http://fr.wikisource.org/wiki/Exhortation_%C3%A0_la_Chastet%C3%A9
  24. (Guillebaud 1990, p. 217-221)
  25. (Ranke-Heinemann 1990)
  26. dans le pédagogue (Guillebaud 1990, p. 207) qui cite (Foucault 1984)
  27. (Guillebaud 1990, p. 226)
  28. (Guillebaud 1990, p. 227) qui cite Jean Daniélou : L'église des premiers temps
  29. (Guillebaud 1990, p. 252)
  30. La Grande Encyclopédie, Paris, Lamiraut et Cie, éditeurs.
  31. écrit vers 410 contre Julien, évêque marié qui fasait l'éloge du désir. Oeuvres complètes, tome 32, Péronne et alii, Paris - 1869-1878
  32. Ulrike Ranke-Hanneman, op.cit.
  33. Homosexualité: En 1791, la France est le premier pays à dépénaliser l'homosexualité au nom des principes pénalistes classiques, la Constituante ne retient pas le "crime de sodomie" dans le code pénal. Adultère: Ancien article 337 du code pénal: "La femme convaincue d'adultère subira la peine de l'emprisonnement pendant trois mois au moins et deux ans au plus." Viol: Article 222-23 du code pénal sur le viol.
  34. Totem et Tabou, voir aussi [1].
  35. Sur ce thème voir par exemple [2]
  36. Benoît XVI entretien télévisé - 13 août 2006.
  37. L'usage du préservatif comme prophylactique, s'il n'est pas recommandé, est accepté par l'Église catholique. L'encyclique Humanæ vitæ L'encyclique Humanae Vitae sur le site du Vatican précise ainsi : « L'Église, en revanche, n'estime nullement illicite l'usage des moyens thérapeutiques vraiment nécessaires pour soigner des maladies de l'organisme, même si l'on prévoit qu'il en résultera un empêchement à la procréation, pourvu que cet empêchement ne soit pas, pour quelque motif que ce soit, directement voulu. »
  38. Encyclique Humanae Vitae §15 : «  L'Eglise, en revanche, n'estime nullement illicite l'usage des moyens thérapeutiques vraiment nécessaires pour soigner des maladies de l'organisme, même si l'on prévoit qu'il en résultera un empêchement à la procréation, pourvu que cet empêchement ne soit pas, pour quelque motif que ce soit, directement voulu ».
  39. Le Saint-Siège - Archive - Catéchisme de l'Église Catholique
  40. dépêche AFP rapportant les propos du cardinal Trujillo
  41. Golias, 16/12/2006
  42. Pro-abortion politicians excluded from Communion: Pope sur Catholic Worls News ; Under Vatican ruling, abortion triggers automatic excommunication sur National Catholic Reporter Online

Liens internes

Bibliographie

  • Uta Ranke-Heinemann, Des eunuques pour le royaume des cieux. L'Église catholique et la sexualité, Robert Laffont, 1990 
  • Xavier Lacroix, Le corps de chair. Les dimensions éthiques, esthétiques et spirituelles de l'amour, éd° du Cerf, Paris, 1992
  • Alphonse d'Heilly, Aimer en actes et en vérité, Saint-Paul, 1996. (ISBN 978-2850496660)
  • E. Fuchs, Le désir et la tendresse, éd° Labor et Fides, Genève, 1999
  • Pierre Debergé, L'amour et la sexualité dans la Bible, éd° Nouvelle cité, Montrouge, 2001. (ISBN 2-85313-397-4). Si ce livre ne traite pas spécifiquement de la doctrine catholique, il est écrit par le doyen de la faculté de théologie de l'Institut Catholique de Toulouse.
  • Jean-Paul II, Amour et responsabilité, éditions Stock, 1985 et 1998 (ISBN 978-2234018778)
  • Jean-Paul II, Homme et femme il les créa : Une spiritualité du corps, Cerf, 2004. (ISBN 978-2204075893)
  • Yves Semen, La Sexualité selon Jean-Paul II, Presses de la Renaissance, 2004. (ISBN 978-2750900366).
  • Mary Healy, Hommes et Femmes Viennent d'Eden. La Théologie du Corps de Jean-Paul II, Béatitudes, 2006. (ISBN 978-2840242642)
  • Olivier Florant, Ne gâchez pas votre plaisir, il est sacré : Pour une liturgie de l'orgasme, Presses de la Renaissance, 2006. (ISBN 978-2750901677)

Liens externes


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