- Polyandrie
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La polyandrie est pour une femme le fait d'avoir plusieurs époux simultanément. Plus généralement, la polyandrie désigne la situation d'une espèce animale dans laquelle la femelle s'accouple avec plusieurs mâles. La polyandrie se distingue de la monogamie séquentielle qui désigne la situation où une femelle se reproduit avec plusieurs mâles au cours de sa vie mais en ayant un unique partenaire sexuel à chaque fois.
Sommaire
Polyandrie dans les sociétés humaines
La polyandrie était courante autrefois chez les Guanches aux îles Canaries. Elle est également attestée à Sparte (placée sous l'autorité de son législateur légendaire Lycurgue) dans l’Antiquité, au témoignage de Xénophon, de Nicolas de Damas et de Plutarque, alors que Polybe la décrit en sa forme adelphique ou fraternelle. On la retrouve à la même époque chez les Scythes, peuple nomade originaire des steppes de l'Asie centrale[1]. César attribue cette pratique aux Bretons[2]. Elle était encore pratiquée au XXe siècle entre autres chez les Lélé du Kasai, chez les Abisis et d’autres tribus du centre du Nigéria, les Zo´es de la forêt amazonienne et les Guayaki du Paraguay. Elle est toujours légale, mais peu pratiquée, au royaume du Bhoutan.
La disparité entre la polygynie, plus courante dans les sociétés humaines, et polyandrie, plus rare, n'est pas bien expliquée par les sociologues. Néanmoins, quelques pistes ont été proposées :
- le léger déséquilibre numérique entre hommes et femmes favorise la polygynie
- à l'inverse, des cas de polyandrie sont relevés de nos jours en Inde, imposés aux femmes (rapt éventuel) dans les régions où elles manquent. (voir article sur la démographie de l'Inde).
- les sociétés matriarcales (qui semblent à certains une exigence préliminaire de la polyandrie, cf. point précédent) sont rares parce que l'homme aurait une primauté liée à sa capacité musculaire.
- en termes de reproduction, certains pensent qu'à cause de la durée de la grossesse, une femme n'a guère besoin de plusieurs hommes simultanément et les organisations sociales favoriseraient ainsi pour les femmes plutôt le changement de partenaire sexuel que le cumul; un autre point de vue tout aussi empirique invoque les changements hormonaux de la grossesse pour expliquer une polyandrie naturelle en réponse aux sauts hormonaux qui donnent à beaucoup de femmes enceintes un appétit sexuel plus grand.
- la forme adelphique ou fraternelle de la polyandrie favorise le non-partage de la propriété familiale entre plusieurs frères par le sang, ou même classificatoires (Tibet, Népal, Inde).
Polyandrie chez les espèces animales
À l'échelle de l'ensemble du règne animal, la polyandrie n'est pas un phénomène exceptionnel avec de nombreux exemples documentés (insectes sociaux, crapauds, oiseaux, chimpanzé, phoque gris). De nombreuses femelles de mammifères solitaires, comme le putois d'Europe, peuvent consentir à des accouplements avec plusieurs mâles de suite. Plus souvent, on observe une forme de polyandrie sexuelle dans un système sexuel monogame. Ainsi chez certains oiseaux vivant de façon monogame (avec un seul autre individu), on a pu observer un grand nombre de femelles se reproduisant avec un mâle qui n'était pas celui avec lequel elle partageaient le nid (plus de 10% chez la mésange bleue et jusqu'à 76% chez le mérion superbe). Dans les espèces plus strictement polyandres, les rôles sociaux sont souvent inversés : les mâles assurent souvent la majeure partie de l'investissement parental et les femelles présentent des caractères sexuels secondaires plus exubérants que les mâles (comme chez le phalarope).
Les principales explications pour expliquer la polyandrie dans le règne animal repose sur l'avantage évolutif pour la femelle de se reproduire avec différents mâles. D'une part, cela peut être un moyen d'obtenir des avantages de la part du mâle courtisan qui peut offrir de la nourriture, de l'aide ou sa protection, lors de la parade nuptiale, ou alors ce peut être une façon pour la femelle d'économiser des ressources énergétiques sinon consacrées à repousser les avances des mâles. D'autre part, il peut s'agir d'une stratégie pour la femelle d'améliorer le sort de sa descendance quand, par exemple, le mâle courtisan subvient à la protection ou à l'alimentation des petits nés de l'accouplement de la femelle avec un précédent mâle.
La polyandrie animale trouve directement son origine dans le conflit sexuel (Voir aussi la guerre des sexes chez les animaux) et pose des problèmes à la théorie néodarwinienne de l'évolution. On considère toutefois, la principale force évolutionnaire expliquant la polyandrie résiderait dans l'intérêt pour la femelle qu'il y a à augmenter la qualité génétique de sa descendance :
- Amélioration : Il peut s'agir d'une stratégie de coping (ou de remédiation) par laquelle la femelle se reproduit avec un mâle de meilleur qualité que le mâle avec lequel elle s'était accouplée au préalable
- Diversification : Le fait de se reproduire avec plusieurs mâles augmente la diversité génétique dans la descendance de la femelle
- Compatibilité génétique : la femelle cherche par ce biais le mâle dont les caractéristiques génétiques sont les plus compatibles avec son propre génome.
- Sélection postcopulatoire : En mettant ainsi le sperme de plusieurs mâle en compétition, elle s'assure que celui qui fécondera ses gamètes sera celui disposant du meilleur capital de fertilisation.
Notes et références
- Michel Rouche, Attila : la violence nomade, Éditions Fayard, 2009.
- De bello Gallico, V, 14. Alors qu'à Sparte les enfants appartenaient en commun aux maris, ici les enfants sont réputés appartenir au premier homme qui a épousé la femme.
Voir aussi
Bibliographie
- Sur la polyandrie en Inde et plus particulièrement sur les « femmes manquantes » en Asie, voir le livre de Bénédicte Manier, Quand les femmes auront disparu : l'élimination des filles en Inde et en Asie, Éditions La Découverte, 2006.
Articles connexes
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