- Jean Michel (1908-1944)
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Le docteur Jean Michel (de son vrai nom Jean-Marie-Vital Michel et surnommé «le docteur du maquis»), né le 14 juillet 1908, est un médecin et chirurgien français de l'hôpital de Lons-le-Saunier, dans le département du Jura, arrêté, torturé et abattu par l'occupant allemand le 27 avril 1944 en représailles des soins apportés à des maquisards blessés.
Sommaire
Préambule biographique
Jean-Marie-Vital Michel, né à Vuillecin dans le département du Doubs, a suivi des études secondaires à Dole dans le Jura et à Versailles avant de fréquenter la Faculté de médecine de Lyon où il s'est spécialisé en chirurgie. Mobilisé en 1939, il est affecté dans le service de santé des armées. Après la défaite, il est nommé au poste de chirurgien dans la ville de Lons-le-Saunier où il est amené à soigner à de nombreuses reprises des Résistants blessés par l'occupant[1].
Actions et faits historiques
Pendant le séjour de Lucie et Raymond Aubrac dans le Jura, fin novembre 1943-février 1944, Jean Michel a assisté Lucie en instance d'accoucher durant les jours qui ont précédés leur départ pour l'Angleterre[2]. Il fut surnommé «le docteur du maquis»[2] pour avoir soigné plusieurs résistants blessés de la région. Recherchés activement par la Gestapo, le couple gagne Londres le 8 février 1944, avec leur petit garçon, Jean-Pierre. Lucie accouche quatre jours plus tard[3] le 12 février[4] d'une fille, Catherine, pseudonyme de sa mère, qui eut pour parrain le général de Gaulle[5].
Le 20 avril 1944 les maquisards des Groupes-Francs de Lons-le-Saunier abattent deux agents de la Gestapo[6] venus enquêter à Saint-Didier, entre Lons-le-Saunier et Bletterans[7], à la recherche d'informations sur le maquis local[8] (plusieurs habitants[9] seront abattus et le village sera en partie incendié[10] le 25 avril 1944 en représailles[11]. Un des maquisards, Jean-Paul Guyot dit « Guérin »[12], est gravement blessé, il trouve refuge chez ses parents. Mais comme le maquis de Saint-Didier ne dispose que d'un sommaire équipement sanitaire, le transfert de "Guérin" à l'hôpital de Lons le Saunier est aussitôt décidé[8]. Il est alors transporté clandestinement à l'hôpital où le docteur Michel le soigne.
Informée de l'attentat de Saint-Didier, la police allemande[13] arrête le docteur Jean Michel dans la nuit du 24 au 25 avril à son domicile (la rue où il habitait a été renommée en son honneur « rue du Docteur-Jean-Michel »). Il est ensuite interrogé et torturé avant d'être abattu de deux balles. Découvert lui-aussi par la gestapo, Guyot sera exécuté le 27 avril 1944. Le corps du docteur Michel sera retrouvé le 27 avril 1944 dans les bois de Pannessières, à quelques kilomètres au nord de Lons-le-Saunier[8].
Il est inhumé de nuit le 29 avril 1944 sur ordre de l'occupant qui craignait des troubles mais la foule a fleuri sa tombe dès le lendemain[8].
Honneurs posthumes
Le commissaire des Renseignements généraux (RG) du Jura consacrera dans son rapport mensuel daté du 7 mai 1944, presque une page[14] dactylographiée à l'assassinat du docteur Jean Michel. L'émotion causée dans la population par cette mort soudaine et tragique est tellement vive, qu'il convient alors de faire remonter les informations en haut lieu.
Un an après sa mort, l'hôpital de Lons-le-Saunier honore le médecin martyr en donnant son nom à l'une de ses salles. Le Président Vincent Auriol le décore, à titre posthume, de la Croix de guerre et le fait chevalier dans l'ordre de la Légion d'honneur le 5 novembre 1950.
À l'occasion du trentième anniversaire de sa mort, le 27 avril 1974, son nom est donné au nouveau lycée de Lons-le-Saunier : d'abord lycée de jeunes filles, le lycée Jean-Michel est aujourd'hui un lycée général et technologique public mixte. Le centenaire de la naissance du docteur Jean Michel a été commémoré dans les locaux du lycée, en présence de Raymond Aubrac, les 21 et 22 avril 2008[15].
Voir aussi
- Chaire Lyonnaise Des Droits De L’Homme, Avril 2007 | Lucie Aubrac et l'esprit de résistance (Expose de conférence en [PDF][16].
- N.B. : L'histoire du docteur Jean Michel nous donne ici un éclairage à ce passage « Le couple vit, de refuge en refuge, dans l'attente d'un avion qui les emporte finalement avec leur petit garçon à Londres, le 8 février 1944. ». Cette formule est souvent reprise dans sa biographie sans explicatif.
Bibliographie
- André Besson, Une Poignée de braves : épisodes de la Résistance franc-comtoise, 1940-1944 publié par Les Nouvelles éditions jurassiennes (1965). Réédition[17] : Les Presses du Belvédère (ch) annoncée en 2009, repoussée en librairie au 14/09/2010.
Notes et références
- Lycée Jean Michel : Qui était le Docteur Jean Michel ? sur le site de l'Académie de Besançon - consultation du 21 juin 2010. Cf.
- Compte-rendu des journées mémoires 2010 consultation du 21 juin 2010. Cf.
- histoire : Lucie Aubrac : une incarnation de la Résistance Article de l'humanité consultation du 22 juin 2010. Cf.
- Laurent Douzou, Lucie Aubrac, 2009, op. cit., p. 143-163.
- ISBN 2-221-09997-4), p. 353-354. Laurent Douzou, article « Lucie Aubrac », dans François Marcot (dir.), Dictionnaire Historique de la Résistance, Robert Laffont, 2006 (
- Copie de la lettre de dénonciation trouvée sur l'un des 2 agents de la Gestapo tués à Saint-Didier consultation du 21 juin 2010. Cf.
- Carte du maquis de Bletterans / CDDP Jura consultation du 21 juin 2010. Cf.
- La mort du docteur MICHEL Article de Jean Michel Guyon d'après le vire d'André Besson consultation du 21 juin 2010. Cf.
- Citation pour la Croix de guerre attribuée au village de Saint-Didier (A.D.J.) / Photo CDDP du Jura consultation du 21 juin 2010. Cf.
- Saint-didier après l'incendie par les allemands / Photo CDDP du Jura consultation du 21 juin 2010. Cf.
- Centre de documention pédagogique du Jura : Les maquis du Jura consultation du 21 juin 2010. Cf.
- [1] : Jean-Paul GUYOT (1922-1944), originaire de Mandeure, est un instituteur qui exerça à Valentigney puis à Montbéliard. Il refuse le travail obligatoire en Allemagne et rejoint la Résistance dès 1942 dans le Jura. Résistant actif et courageux, il est gravement blessé en 1944, trouve refuge chez ses parents à Mandeure ?, puis transporté à l'hopital de Lons-Le Saunier. Trahi, il est repris, puis torturé et abattu par la police allemande le 27.04.1944. Une rue et le collège portent son nom à Mandeure. Voir
- Carte des représailles allemandes dans le Haut-Jura / CDDP du Jura consultation du 21 juin 2010. Cf.
- Extrait du rapport mensuel daté du 7 mai 1944 consulté le 18 juin 2010. Cf.
- Album photo : Raymond Aubrac honore le Docteur Jean Michel - Article de Association Nationale des Anciens Combattants et amis de la Résistance du Jura consultation du 21 juin 2010. Cf.
- Lucie_Aubrac-conf.pdf consultation du 22 juin 2010. Cf
- Les Presses du Belvédère consultation du 21 juin 2010. Cf.
Liens externes
Catégories :- Naissance en 1908
- Décès en 1944
- Résistant français
- Mort exécuté
- Titulaire de la Croix de guerre 1939-1945
- Chevalier de la Légion d'honneur
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