- Croissant (viennoiserie)
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Un croissant est une viennoiserie à base d'une pâte feuilletée spécifique, la pâte à croissant, qui comporte de la levure et une proportion importante de beurre.
Sommaire
Histoire
L'existence du kipferl, ancêtre du croissant, serait attestée en Autriche depuis le XIIIe siècle[1], mais sans que l'on en connaisse la recette (salée ou sucrée) ni la pâte (feuilletée ou pas).
À Paris, les premiers croissants sont vendus au no 92, rue de Richelieu, entre 1837 et 1839[2], quand les autrichiens August Zang et Ernest Schwarzer y ouvrent une Boulangerie Viennoise. Leurs versions des kipferl (en forme de croissant) et des kaisersemmel (pain kaiser ou petit pain de l'empereur) ont vite inspiré une foule d'imitateurs, et le croissant est déjà cité en 1850 comme un pain habituel[3].
Toutefois, les historiens de la gastronomie et de la cuisine française constatent que la recette actuelle du croissant n'est devenu un symbole culinaire français qu'au XXe siècle. De plus, au vu de la documentation[4], et comme pour la viennoiserie en général, on peut dire que les diverses origines directes du croissant (données ci-dessous) sont des légendes ou des mythes.
En 2011, le croissant est un élément traditionnel du petit déjeuner en France et en Roumanie.
Légendes des origines
Il s'agirait pour certains[réf. nécessaire] d'une pâtisserie inventée à Vienne pour célébrer la fin du second siège de Vienne et la victoire des troupes polonaises, et des troupes autrichiennes sur les troupes ottomanes qui faisaient le siège de la ville (1683), d'où le terme de viennoiserie utilisé pour qualifier ce type de préparation. Alors que l'ennemi avait décidé d'attaquer la nuit afin de ne pas se faire remarquer, les boulangers viennois, levés avant l'aube, auraient donné l'alerte. C'est pour immortaliser cette victoire qu'il leur aurait été permis de confectionner le Hörnchen (« petite corne » en allemand) avec sa forme qui rappelle le symbole du drapeau ottoman. Cette même légende est parfois située à Budapest, alors partie du royaume austro-hongrois, mais c'est moins vraisemblable, puisque ce sont les Turcs qui étaient les assiégés dans la bataille citée (1686).
Une autre version existe[réf. nécessaire], aprés la bataille toujours en 1683. Des centaines de soldats et officiers reçurent des présents pour leur courage. Parmi eux, Jerzy Franciszek Kulczycki (un soldat, espion, diplomate, et marchand polonais propriétaire du premier café de Vienne du nom de "Zur blauben Flasche" qui obtint 300 sacs de grains noirs, inconnus à l'époque en Europe; un trésor que les Turcs avaient abandonné pendant leur fuite. Intrigué, Kulczycki fit moudre les grains de café et les proposa aux Viennois, sans succès. Lui vint alors l'idée de servir ce café accompagné d'une pâtisserie. Il commanda auprès d'une boulangerie de la ville une pâtisserie qui, par son originalité, serait capable d'assurer la promotion du café. Se souvenant de la cicatrice encore ouverte de l'invasion turque, il décida de fabriquer des viennoiseries en forme de croissant turc.
Une dernière tradition[réf. nécessaire] ferait de Marie-Antoinette d'Autriche, originaire de Vienne, celle qui aurait officiellement introduit et popularisé le croissant en France à partir de 1770. Cependant des gâteaux en forme de croissant semblent avoir déjà existé en France bien avant, puisque dans l'inventaire du patrimoine culinaire français réalisé par le Centre national des arts culinaires on découvre la mention de « quarante gâteaux en croissant » servis à l'occasion d'un banquet offert par la reine de France en 1549 à Paris. Il se peut que l'intention ait été alors de commémorer l'alliance quelques décennies auparavant de François Ier avec le Grand Turc.
Une pâtisserie en forme de croissant est probablement traditionnelle en Autriche depuis au moins l'an 1000. Ce serait une pâtisserie faites dans les couvents au moment de pâques mais la pâte est alors une simple pâte levée non feuilletée proche des kipferls actuelles.
Usage en français
Le terme « croissant » se retrouve pour la première fois dans un dictionnaire en 1863. Littré le mentionne ainsi : « Petit pain ou petit gâteau qui a la forme d'un croissant » ; Pierre Larousse indique, dans le Grand Dictionnaire universel du XIXe siècle, tome cinquième, de 1869, « Petit pain dont la forme est celle d'un croissant : Les croissants se font avec de la farine de première qualité travaillée avec une eau qui contient des œufs battus ».
La première recette a été publiée en 1891, mais elle était différente de celle que l'on retrouve aujourd'hui. La première recette d'un croissant feuilleté a été publiée en France pour la première fois en 1905 et ce n'est que dans les années 1920 que cette « viennoiserie » rencontra le succès. Il apparaît pour la première fois dans le Larousse gastronomique en 1938.
Fabrication
Le croissant était fabriqué à l'origine avec une pâte voisine de celle de la brioche, mais le goût des consommateurs pour les croissants croustillants a conduit, avec le temps à l'utilisation d'une pâte plus proche de la pâte feuilletée. Le terme de cette tendance est le croissant au beurre, dont la forme droite fait qu'il n'a plus la forme d'un « croissant ».
Comme pour le pain, le croissant se cuit idéalement dans un four à sole qui saisit la pâte et lui donne un croustillant qui est la véritable marque de qualité du croissant. Avec les fours ventilés à cuisson minutée, on assiste à une homogénéisation qui, selon le chef Yves Camdeborde, « ne tient plus compte de la quantité de levure ni des différentes farines » et « enlève toute la touche humaine, la personnalité et le savoir-faire, le coup d'œil de l'artisan. »
Il y a au total, selon le chef-pâtissier Christophe Felder, « cinquante paramètres à maitriser pour faire un bon croissant » dont « la qualité de la farine et du beurre utilisés, (...) le temps de fermentation de la pâte, la façon d'incorporer le beurre, de façonner le croissant, la chaleur du four, la durée de cuisson... »
Aujourd'hui, la faible rentabilité de ce produit, le manque de temps et de main d'œuvre qualifiée, conduisent certains boulangers et hôteliers à remplacer le beurre par de la margarine, ou à fabriquer leurs croissants avec des pâtes surgelées (le plus souvent à base de margarine), qu'il leur suffit de faire décongeler et de faire lever avant de passer les croissants au four.
Des chaines de produits surgelés proposent également aux particuliers des sacs de croissants surgelés à cuire.
Notes et références
- (de) Jacob Grimm and Wilhelm Grimm, Deutsches Wörterbuch von Jacob Grimm und Wilhelm Grimm 11
- « Schwarzer (Ernest) », Biographie universelle ancienne et moderne, Louis-Gabriel Michaud (dir.), 38, p. 492, Paris, c. 1860. Jim Chevallier hésite entre les date de 1938 et 1839 dans son ouvrage autoédité : August Zang and the French Croissant: How Viennoiserie Came to France, North Hollywood, (CA), 2010 (2e éd.), p. 17-18 (partiellement en ligne). Voir plutôt dans Alan Davidson, supra, si plus de précision. Cf. Gustav Rümelin,
- en ligne) : « nos petits pain de fantaisie dits viennois, de dextrine, de gruaux, croissants » (souligné par l'auteur même). Mémoires d'agriculture, d'économie rurale et domestique, publiés par la Société nationale et centrale d'agriculture. Année 1850, Ire partie, Paris, Bouchard-Huzard, 1850, p. 588 (
- croissant » (p. 228), « culinary mythology » (p. 232) et « viennoiserie » (p. 829). Cf. Alan Davidson, The Oxford Companion to Food, Oxford, 2006 (2e éd.), articles «
Articles connexes
- Recettes de pâtisserie
- Oranais (croissant aux abricots)
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