Couvent des Carmes déchaussés de Liège

Couvent des Carmes déchaussés de Liège
Vue partielle de la façade de l'église du Couvent des Carmes déchaussés de Liège, appelée maintenant Saint-Gérard

Le Couvent des Carmes déchaussés s'établit en Hors-Château à Liège dès 1617 aidé par le comte Jacques de Bellejoyeuse. Leur église est enfin achevée en 1654 après quelques péripéties. À la Révolution, un Carme le rachète et les pères carmes achèvent leur existence dans le couvent qui, plus tard, est vendu à M. de Sélys. L'église va servir de magasin général pour l'armée. L'église et l'Hôtel de Sélys attenant deviennent en 1838 la propriété des Pères Rédemptoristes qui la rendent au culte et la placent sous le vocable de Église Notre-Dame-de-l'Immaculée-Conception. Elle est ensuite consacrée à Saint Gérard. Elle est vendue à la ville en 1964.

C'est actuellement un des bâtiments de l'école d'hôtellerie de la Ville de Liège.

Sommaire

Historique

Origine

Les Carmes, qui suivait la règle des Carmes déchaussés, en wallon Cårmulins, viennent s'établir dans la rue Hors-Château en 1617, en même temps que les pères minimes, sur un vaste terrain joignant à la maison du bourgmestre de Liège Michel (de) Sélys. Le comte Jacques de Bellejoyeuse contribua dans leurs frais d'établissement pour une somme de 9 000 florins. En 1637, ils sont obligés de quitter la ville de Liège, la rumeur les accusant d'avoir trempé dans le meurtre du bourgmestre Sébastien La Ruelle[note 1]. La peuple liégeois, exaspérée par ce meurtre et apprenant les soupçons qui planaient sur les Carmes, se précipite et pille le couvent. Le conseil de la commune leur laisse six semaines pour prouver qu'ils n'ont participé en aucune manière au meurtre du bourgmestre, ce que n'ayant pu faire, ils sont forcés, par ordre du conseil de la commune, de quitter la ville de Liège, le 2 juin 1637. Ils n'obtinrent la permission de rentrer dans la cité qu'après la paix fourrée, en 1640, et ce n'est qu'alors qu'ils achevèrent leur couvent et mirent la dernière main aux travaux de leur église[1]. Leur église est enfin achevée en 1654[2]. tableaux qui en décoraient les murs, les riches autels de marbre, le tabernacle, chef-d'œuvre de Jean Del Cour, tout cela a disparu[3]

Vente à la Révolution française

Des commissaires se rendirent au couvent des Carmes[4], le 21 brumaire, an V, pour y dresser les états de séquestre de leurs biens. Le procès-verbal de cette opérations fut signé par seize membres du couvent, mais avec la restriction suivante:

En signant cet inventaire, nous n'entendons pas acquiescer ni directement ni indirectement à notre suppression; au contraire, nous réclamons contre, en vertu de la loi qui garantit la liberté du culte et l'inviolabilité des propriétés, voulant vivre et mourir dans notre état, et conformément à nos statuts...

Il fut passé outre de cette protestation[note 2] et le couvent des Carmes déchaussés fut déclaré propriété domaniale, et mis en vente en vertu de la loi du 16 brumaire an V.

Le 1er ventôse an V (19 février 1797), leur couvent d'une surface d'un bonnier, 11 verges grandes et 15 1/2 petites fut vendu 61 883 livres 10 sols à un ex-carme. Il paya en bons délivrés aux membres des corporations religieuses pour leur tenir lieu de pensions de retraite[5].

Fin du Couvent des Carmes déchaussés

La plupart des pères carmes achevèrent paisiblement leur existence dans le couvent qui, plus tard, fut vendu à Mr de Sélys. L'église, pendant les différents gouvernements qui se sont succédé en Belgique, servit constamment de magasin général pour l'armée; on y plaça tour à tour des objets d'armement, des vivres, des fourrages. L'église et l'Hôtel de Sélys attenant devient en 1838 la propriété des Pères Rédemptoristes qui la rende au culte et la placent sous le vocable de Église Notre-Dame-de-l'Immaculée-Conception.

Architecture de l'église des Carmes

Façade à trois étages

La façade de cet édifice consiste en trois étages surmontés de corniches et d'architraves. Le centre du premier est occupé par le portail placé entre six colonnes facées et couronné de deux lions de sable, par Jean Del Cour, supportant anciennement les armoiries du prince-évêque Maximilien-Henri de Bavière. Deux niches sont ménagée entre les colonnes, vides aujourd'hui, et deux fenêtres destinées à éclairer les nefs latérales. Aux deux extrémités de la corniche sont de petits minarets terminés par des étoiles. Le second étage, plus étroit, est aussi orné de colonnes, au milieu desquelles un vitrail éclaire la grande nef. Les extrémités sont embellies de volutes sur lesquelles reposent deux vases. Le troisième étage, encore plus petit que les deux premiers, soutient un fronton; le milieu est occupé par une grande niche où se trouve une statue de saint. Cette façade ressemble à celle de toutes les églises construites dans nos provinces par l'ordre des jésuites[note 3].

Intérieur de trois nefs

L'intérieur se compose du chœur, du transept et des trois nefs; celle du milieu est plus élevée que les deux nefs latérales, qui sont assez étroites. Les piliers qui soutiennent la voûte sont couronnés de blasons. Une galerie est pratiquée dans l'espace qui sépare les fenêtres de la grande nef des arcades formant les nefs latérales. Les feuillages et les autres ornements en relief qui décorent les murs sont assez simplement exécutés.

Le chœur est éclairé par deux rosaces latérales; à chacun des côtés de l'autel est une large tribune, pratiquée dans le mur et fermée par des rideaux; c'était anciennement là que les carmes venaient assister aux offices; et plus tard destinées aux novices. Le dallage est très fin, et l'autel était baroque. Le jubé, le balustre, et les confessionnaux, étaient placés provisoirement[6].

Église des Rédemptoristes

Rendue au culte le 9 janvier 1840 par les Rédemptoristes, cette église porte ensuite le nom de Notre-Dame, à qui elle est consacrée; les liégeois d'alors continue a l'appeler Église des Carmes.

Fin des rédemptoristes et restauration de la façade

En 1964, ils la cédèrent au collège épiscopal Saint-Barthélemy. Elle est aujourd'hui propriété de la ville de Liège et si la façade vient d'être récemment restaurée, l'intérieur n'est pas encore rénové.

Église Saint-Gérard

L'église est plus connue des Liégeois sous le nom d'Église des Rédemptoristes ou encore sous le vocable d'Église Saint-Gérard en raison du culte de saint Gérard Majella qui y fut introduit en 1889.

Liens connexes

Notes

  1. banquet chez le comte de Warfusée au cours duquel Sébastien La Ruelle fut assassiné.
  2. comme sur toutes celles qui furent faites, vers la même époque, à la république
  3. Par exemple, à l'ancienne église des Jésuites, à Namur, et à celle du même ordre, à Liége, démolie

Références

  1. Matthieu Lambert Polain, Manuscrit inédit sur l'histoire de Liège, in Liége pittoresque: ou Description historique de cette ville, p. 192
  2. Saumery, Délices du pays de Liège, p.
  3. Description du mobilier dans les Délice du Pays de Liège
  4. En exécution de l'article 2 de la loi du 15 fructidor an IV
  5. Procès-verbaux d'adjudication , n° 16 de la première affiche
  6. Matthieu Lambert Polain , ibidem, p. 96

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Contenu soumis à la licence CC-BY-SA. Source : Article Couvent des Carmes déchaussés de Liège de Wikipédia en français (auteurs)

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