Calvi (cité)

Calvi (cité)

Calvi est située au nord-ouest de la Balagna, ancienne province génoise au nord-ouest de la Corse. Calvi a été une cité épiscopale romaine avant de devenir au XVIe siècle un préside avec les Génois.

Sommaire

Géographie

Panorama de la Haute-ville et de la Basse-ville de Calvi

Vers 1520, Calvi était l’une des principales places de Corse. Elle comptait environ 3 500 habitants. La cité fut la résidence du gouverneur génois de 1544 à 1548[1].

Calvi était le siège de juridictions couvrant toute la province génoise de Balagna, y compris le préside et son bourg. Son territoire était entouré :

  • au nord, par la province du Nebbio.
  • au sud-est, par la province d'Aléria
  • au sud, par la province de Corte.

Vers 1769, le Préside de Calvi et son bourg ne comptait plus que 1 062 habitants[2].

Histoire

  • 1268 - Sinucello Della Rocca, dit « Giudice della Rocca ou de Cinarca », est maître de la Corse (excepté le Cap Corse et Bonifacio) avec l'aide de Pise. La marine cap-corsine, Gênes et Giovanninello de Pietr'Allarretta portent la guerre en Balagna et occupent le site de Calvi, y édifiant une citadelle près des ruines de l'antique cité épiscopale romaine ravagée par un raid sarrasin au VIIIe siècle[3].
  • 1420 - Vers la fin de l'année, le roi Alphonse V d'Aragon arme une flotte importante et se rend en Sardaigne. Accueilli en souverain à Sassari, il fait voile aussitôt pour la Corse, et reçoit à son débarquement les hommages des principaux chefs.

« Calvi et Bonifacio, dont les populations étaient génoises, s'étaient préparées à la résistance ; cependant les Aragonais entrèrent dans Calvi presque sans coup férir, grâce à la trahison d'un habitant, Giacopo-Pietro da Montelupo qui leur en ouvrit les portes pendant la nuit. La ville ainsi occupée, presque sans protestation de la part de sa population pacifique de pêcheurs et de marchands, le roi distribua aux notables quelques faveurs et partit pour Bonifacio, ne laissant, pour garder la place, que soixante Catalans sous la conduite du capitaine Juan de Liñan. Grave imprudence, car les Calvais, privés de communications avec Gênes, principal débouché de leur commerce, et peut-être incommodés par la présence des soudards catalans, s'avisèrent d'un stratagème pour s'en débarrasser. Un navire chargé de marchandises avait jeté l'ancre au cap Saint'Ambrogio, à quatre milles de Calvi : ils firent miroiter aux yeux des soldats les avantages d'une prise facile, et décidèrent une partie de la garnison à courir sus au butin. Ce piège grossier réussit ; la garde de la citadelle réduite de moitié, ne put résister aux menaces de la population armée contre elle, et le capitaine Liñan s'estima heureux de pouvoir embarquer tous ses hommes à destination de Bonifacio. Ainsi, fait peut-être unique dans l'histoire, la prise d'une ville et sa délivrance s'effectuèrent presque sans effusion de sang. Quant à Montelupo, une délibération des habitants de Calvi réunis dans l'église San-Giovanni le 14 août 1421, le déclara traître à sa patrie, indigne d'habiter, de posséder ou de négocier à Calvi. Ses biens furent confisqués et le prix de leur vente affecté à l'acquisition d'armes, de cuirasses et de munitions pour la défense de la ville. C'est à partir de ce moment, dit-on, que Calvi ajouta en exergue à la croix de Gênes qu'elle portait dans ses armoiries la devise « Civitas Calvi semper fidelis » »[4].

Les juridictions génoises

Avant de passer sous l'administration militaire française en 1769, la province génoise de Calvi était sous l'autorité du gouverneur général à Bastia, siège de sa résidence. La Corse était alors divisée en 10 provinces et 4 fiefs : 6 provinces du « Deçà des monts », Capo Corso, Calvi, Bastia, Balagna, Aléria, et Corte, et 4 du « Delà des monts », Vico, Aiaccio, Sartène, et Bonifacio. 3 fiefs sont au Cap corse : Nonza, Brando, et Canari, et 1 du « Delà des monts », le fief d'Istria.

La justice était rendue en Corse par le gouverneur et par d'autres fonctionnaires, dont le nombre varia suivant les époques, et qui portaient le titre de « commissaire » ou de « lieutenant ». Calvi, Aiaccio et Bonifacio étaient chacune gouvernée par un commissaire. La province de Balagna était régie par un lieutenant.

Mais un certain nombre de villes jouissaient de privilèges spéciaux : Bonifacio, Saint-Florent, Bastia et Calvi.

« Les Calvais pouvaient concourir dans une certaine mesure à l'administration de la justice : le commissaire que la République envoyait à Calvi était assisté, en matière civile, de trois « consuls » tirés au sort périodiquement (tous les six mois, puis tous les trois mois) dans une liste — un bussolo — de trente-six membres élus par les Calvais eux-mêmes. Le tribunal n'était composé de la sorte que pour les procès entre Calvais, et même les consuls jugeaient seuls et sans l'assistance du commissaire les procès champêtres ; pour les causes dans lesquelles intervenaient des gens étrangers à Calvi, le commissaire jugeait seul. — St-Florent jusqu'au début du XVIIe siècle, Bastia de 1584 à 1645 eurent également des faveurs spéciales »[4].

Juridiction de Calvi

Panorama de la cité d'aujourd'hui

La juridiction de Calvi s'étendait sur :

  • le préside de Calvi et son bourg (1 062 habitants),
  • Lumio (590 habitants),
  • la pieve d'Olmia (1 239 habitants) et
  • la pieve de Pino (2 416 habitants).

Juridiction d'Algajola et Calvi

La juridiction d'Algajola et Calvi s'étendait sur 5 pievi :

  • Pieve d'Ostricone : Algagliola 412, Novella 227, Ortaca et Palasca 523, soit 1 362 habitants,
  • Pieve du Giussani : Poggiolo et Porcili 303, Mausoleo 96, Vallica 68, Olmi et Capella 344, soit 811 habitants,
  • Pieve de Santo Andrea : Muro 423, Feliceto 228, Nessa 157, soit 808 habitants,
  • Pieve d'Aregnu : Occhi 66, Lavataggio 263, Reparata 588, Aregno 439, Cattari 239, Avapessa 162, Corbara 1 125, S.Antonino 276, Monticello 476, soit 3 634 habitants,
  • Pieve di Tuvani : Belgodere 595, Occhiatana 334, Costa 103, Speloncato 594, Ville 402, soit 2 028 habitants[2].

La Corse française

  • 1769 : la Corse passe sous l'administration militaire française
  • 1789 : le département de Corse est créé
  • 1790 : 26 février, par décret la Corse qui était divisée en onze juridictions royales (Aiacciu, Aleria, Bastia, Bonifaziu, Calvi et Balagna, Capicorsu, Corti, A Porta d’Ampugnani, Nebbiu, Sartè et Vicu), est partagée en neuf districts (ex-juridictions) : Bastia, Oletta, A Porta, Cervioni, Corti, l’Isula Rossa, Aiacciu, Tallà et Vicu. Le district est partagé en cantons (ex-pievi), le canton en communes.

Le diocèse

Vers l'an 400 la Corse comptait une quinzaine de diocèses dont celui de Calvi. La cité épiscopale sera ravagée par les Sarrasins au VIIIe siècle.

1092 - Le pape Urbain II nomme archevêque Daibertus évêque de Pise qui devient métropolitain-suzerain des 6 diocèses corses. Gênes obtient en 1133 du pape Innocent II ceux de Nebbio, Mariana, Accia, Pise conservant Sagone, Ajaccio et Aleria. La paroisse (calquée sur la pieve civile) de Calvi relève du diocèse de Sagone.

La Pro-cathédrale Saint-Jean-Baptiste de Calvi a été le siège du diocèse de Sagone entre 1576 et 1790, date de sa suppression et de son rattachement au diocèse d'Ajaccio.

Au début du XVIIIe siècle, il y avait cinq tribunaux en matière ecclésiastique : Bastia, Aléria, Ajaccio, Nebbio, Sagone.

Avant 1790 la Corse qui comptait cinq diocèses (Bastia, Aléria, Ajaccio, Nebbio et Mariana), le 7 juillet 1790 n’aura plus qu’un seul évêque dont le siège est fixé à Bastia par l'Assemblée nationale. Depuis le 29 novembre 1801, Ajaccio est le siège épiscopal de Corse.

La cathédrale Saint-Jean-Baptiste

Intérieur de l'église Saint-Jean-Baptiste

L'église primitive devait dater du début de la Renaissance. Elle fut vraisemblablement détruite en 1555, lors du siège de la ville par les Français alliés aux Turcs, dont les flottes bombardèrent la citadelle. En 1567, elle fut détruite par la foudre tombée sur les magasins à poudre de la citadelle. Elle fut reconstruite vers 1600 ; le chœur fut achevé en 1628 et le reste de l'édifice entièrement achevé en 1747[5].

Notes et références

  1. A-D Monti in Corse : Éléments pour un dictionnaire des noms propres ADECEC Cervione
  2. a et b Francesco-Maria ACCINELLI in L’histoire de la Corse vue par un Génois du XVIIIe siècle - Transcription d’un manuscrit de Gênes - ADECEC Cervioni et l’Association FRANCISCORSA Bastia 1974
  3. Alérius Tardy in Fascinant Cap Corse, Bastia-Toga 1994
  4. a et b Colonna de Cesari-Rocca et Louis Villat in Histoire de Corse Ancienne librairie Furne Boivin & Cie, Éditeurs 5, rue Palatine Paris VIe 1916
  5. Notice no PA00099171, sur la base Mérimée, ministère de la Culture

Voir aussi

Articles connexes


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