- Jussani
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Jussani (Ghjunsani en corse) était une pieve de l'en « Deça des Monts », territoire correspondant à peu de chose près à l'actuel département de Haute-Corse.
Sommaire
Géographie
Jussani (s'orthographie de nos jours Giussani) était une pieve située au sud-est de Calvi.
La pieve était ceinte par :
- au nord, les pievi de Santo Andrea, Tuani et Ostricone
- à l'est, la pieve de Petralba (non limitrophe)
- au sud, la pieve de Caccia,
- à l'ouest, la pieve de Olmia et
- au nord-ouest, la pieve de Pino.
Vers 1520 la pieve comportait les lieux habités suivants[1] :
- la Cappella, village de Cappella
- l’Olmo, village d'Olmi qui fusionna au XVIIIe siècle avec Cappella formant la commune d'Olmi-Cappella
- Lecciole, hameau d'Olmi-Cappella au nord-est d'Olmi
- lo Musuleo, Mausoléo
- Valica, Vallica
- li Porcili, Porcili village aujourd'hui hameau de Pioggiola
- la Piogiola, Pioggiola.
Ces communautés occupent un territoire appelé encore aujourd'hui Giunssani (ou Giussani), une vaste « cuvette » au nord du Parc naturel régional de Corse, entourée d'un remarquable cirque de montagnes formé par plusieurs sommets de plus de 2 000 m tels que Punta Radiche (2 012 mètres - Mausoléo), Capu a u Dente (2 029 mètres - Mausoléo), Monte Corona (2 144 mètres - Calenzana), Capu a u Corbu (2 082 mètres - Asco), Cima di a Statoghia (2 305 mètres - Asco) et Monte Padro (2 390 mètres - Olmi-Cappella), le sommet emblématique de la microrégion.
Histoire
Pour assurer une meilleure tranquillité du commerce, Pise et Gênes combattent les bases sarrasines qui restent en Corse en 1015 une fois la reconquête de la Corse achevée : le dernier épisode étant le départ aux environs de l'an 996 du 'dernier des 6 rois maures, Nugolone, de son château de Corduvella près Montemaggiore, pour les Baléares, où son ami le roi Saoud donnera son trône et sa sœur Aïcha à Salim, fils de Nugolone lequel avait pour épouse Cinna, originaire de Mausoléo di Giussani[2].
Au XIe siècle, le marquis Alberto aurait chassé les Sarrasins de Rome et contribué à la défense de la Corse. Ses descendants, marquis de Massa ou de Parodi, sur le continent, joignirent constamment à leurs titres celui de marquis de Corse. Le pouvoir des marquis de Massa di Corsica s'étendait sur tout le « Deçà-des-Monts ». Appauvris par leur accroissement, affaiblis par la révolte de leurs vicomtes, il leur reste encore en 1250, plusieurs pievi dont celle du Giussani (Olmi-Capella)[3].
Au début du XVIIIe siècle, avant les événements qui, dès 1729, agitèrent cette région pendant la grande révolte des Corses contre Gênes, l’abbé Francesco Maria Accinelli à qui Gênes avait demandé d'établir à des fins militaires une estimation des populations à partir des registres paroissiaux, avait rapporté (texte en italien) : « Giurisditione di Algagliola e Calui : II. Pieue di Giussani : Poggiolo, e Porcili 303. Mausoleo 96. Uallica 68. Olmi, e Capella 344. »[4]. Selon ses estimations, Giussani (di quà da monti) comptait 811 habitants.
En 1769, la Corse passe sous l'administration militaire française. La pieve de Giussani prend le nom de pieve de Patro, du nom du monte Padro représentatif de la microrégion. Après la Révolution, par décret de la Convention du 1er juillet 1793 la pieve de Padro devient le canton de Padro. Par décret du 18 avril 1811 de Napoléon 1er qui fusionna les départements du Golo et du Liamone, le canton du Padro devint celui d'Olmi-Capella.
La piévanie
Au Moyen Âge existaient les deux seules communautés de Cadigliana et de San Giovanni. La piévanie était à San Giovanni, aujourd'hui un lieu-dit d'Olmi-Cappella, situé à un kilomètre au sud de Cappella et à un kilomètre à l'est de Mausoléo. De mémoire d'homme, les gens de la communauté de San Giovanni partirent s'établir au lieu-dit Piana al Mulinu, un site 200m plus bas que l'actuel village de Mausoléo, bâti au XIVe siècle, emportant avec eux la statue de Saint Jean-Baptiste, patron de leur paroisse.
Ce n'est que plus tard qu'Olmi-Cappella, Pioggiola et Vallica furent créés.
La pieve du Jussani était située dans le ressort de la juridiction d'Algajola et Calvi et non pas de celle de Calvi (Calvi a été le siège du diocèse de Sagone entre 1576 et 1790).
Sur le plan religieux, le Jussani relevait du diocèse d'Accia et Mariana bien que la cité de Mariana soit détruite (l'évêque avait transféré sa résidence à Bastia). L'évêque d'Accia et Mariana avait autorité sur 16 pievi. « Dice L’Ughelli T.IV contenere la Diocesi di Mariana 87 parochie con 23 conuenti di frati essere li abitanti di questa diocesi Anime 40600, cioè compreso le due diocesi unite Accia, e Mariana »[4].
Au XVIe siècle Mausoléo devient le centre de la Pieve. Jusqu'en 1811, les villages actuels constituèrent le canton de Padro.
L'église San Salvadore
L'église pievane San-Salvadore (Saint-Sauveur) a été bâtie au XVIe siècle sur un sanctuaire ancien. Elle a été remaniée au XVIIIe siècle. Elle présente un petit clocher massif, en pierres apparentes. Elle renferme plusieurs œuvres remarquables mais aucune n'est classée :
- une statue de saint Jean-Baptiste en bois d'olivier,
- des fonts baptismaux en bois,
- un tabernacle en bois sculpté et donné par un moine de Corbara (voir image),
- un tableau toile peinte Intercession de la Vierge et de Saint Jean-Baptiste auprès de la Trinité pour les âmes du purgatoire daté de 1680,
- une bannière de procession, etc.
À noter la présence d'une arca (fosse commune). En 1130, sous l'influence de l'Église, les morts jusque là enterrés aux bords des routes, sont inhumés autour et dans les églises. Ce n'est qu'en 1812 que, les morts ne devant plus inhumés dans les églises, chaque paroisse a dû ouvrir un cimetière.
Toutefois, on peut lire sur une plaque commémorative en marbre apposée en façade : « Ci-gît l'Abbé Antoine Giudicelli professeur au petit séminaire d'Ajaccio décédé à Olmi-Cappella le 16 mai 1921 à l'âge de 38 ans. Requiem ».
Notes et références
- Corse : Éléments pour un dictionnaire des noms propres
- Alérius Tardy in Fascinant Cap Corse, Bastia-Toga 1994
- Colonna de Cesari-Rocca et Louis Villat in Histoire de Corse Ancienne librairie Furne Boivin & Cie, Éditeurs 5, rue Palatine Paris VIe 1916
- XVIIIe siècle - Transcription d’un manuscrit de Gênes - ADECEC Cervioni et l’Association FRANCISCORSA Bastia 1974 Francesco-Maria ACCINELLI L’histoire de la Corse vue par un Génois du
Voir aussi
Articles connexes
Catégorie :- Paroisse de la Corse
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