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Barzaz Breiz
Le Barzaz Breiz, chants populaires de la Bretagne, sous-titré « recueillis et publiés avec une traduction française, des éclaircissements, des notes et les mélodies originales par Th. de La Villemarqué » est un recueil de chants recueillis dans la partie bretonnante de la Bretagne au XIXe siècle, traduits et annotés par le vicomte Théodore Hersart de la Villemarqué. La quasi-totalité des textes sont issus d'une collecte commencée par sa mère, Marie-Ursule Feydeau de Vaugien, et poursuivie à plus grande échelle par le jeune chartiste.
Barzaz Breiz, en breton, signifie littéralement « bardit, ensemble de poèmes de Bretagne ».
Sommaire
Diverses éditions
La première édition a été publiée en 1839 à Paris aux Éditions Delloye sous la forme de deux volumes in-12. La même édition porte parfois la date 1840 avec la mention Seconde Edition.
La Villemarqué publie une nouvelle édition considérablement augmentée en 1845. C'est dans cette édition qu'apparaissent les chants les plus fameux, ceux qui feront la gloire du recueil (Gourvil). L'édition de 1845, chez Didier et Cie, porte le plus souvent la date 1846 avec la mention Quatrième Edition. Le livre est ensuite paru, pour la première fois sous la forme d'un seul volume, en 1867 avec une mention : Sixième Edition. Ce tirage comprenait 2 000 volumes in-12 et 500 au format in-8. Il n'existe pas de Cinquième édition, du moins est-elle introuvable à ce jour.
La Septième Edition paraît la même année 1867 ; la Huitième en 1883 et la Neuvième (dernière parue du vivant de l'auteur) en 1893. Toutes les éditions parues depuis 1867, sont basées sur la sixième édition. L'édition de 1867 a été réimprimée de nombreuses fois par la Librairie académique Perrin (après avoir racheté les fonds de Didier et Cie), sans compter les nombreuses traductions anglaises (Taylor, Fleay...), allemandes (Keller-Seckendorf....), italiennes (Pascoli), polonaises, etc.
En 1981, un nouvel éditeur propose le Barzaz Breiz au format (presque) poche. En fait il s'agit d'un assez gros volume.
En 1989, l'éditeur breton de Lesneven, Mouladurioù Hor Yezh, a fait paraître sous le titre Barzhaz Breizh la seule édition ne comportant que le texte breton, celui-ci transcrit dans l'orthographe unifiée moderne, dite peurunvan. Les nombreuses erreurs du texte breton de La Villemarqué ont aussi été corrigées.
En 1996, Coop Breizh publie une véritable version format poche du recueil sans le texte breton conformément au vœu de Pierre Trépos (Au sujet d'une nouvelle édition du Barzaz Breiz, 1959).
En 1999, les Éditions du Layeur ont publié une réimpression de l'édition de 1867, présentée par Yann-Fañch Kemener, chanteur bretonnant et collecteur important, augmentée de l'avant-propos de l'édition de 1845 et de quelques traductions en vers dues à La Villemarqué. Le principal mérite est d'avoir mis les textes français et bretons en vis-à-vis en assurant une très grande lisibilité. Un disque compact accompagne l'ouvrage procurant une interprétation de 12 des chants par Yann-Fañch Kemener et la Maîtrise de Bretagne, seuls ou ensemble.
Rayonnement
Cette œuvre a connu un succès d'estime important auprès de la société littéraire parisienne, s'attirant une célèbre appréciation de George Sand qui mentionna «les diamants du Barzaz Breiz » et compara un des chants du recueil, Le Tribut de Nominoé, à l'Iliade d'Homère, jugeant même le chant breton supérieur au récit antique. L'auteur, qui n'avait que 24 ans, a vu son statut social s'élever et cela lui permit, en approfondissant ses travaux sur la langue bretonne et les vieilles tragédies bretonnes, de devenir une référence incontestée et de s'ouvrir les portes de l'Académie des inscriptions et belles-lettres en 1856. Il incita aussi de nombreux chercheurs dont Arbois de Jubainville et Luzel, qui allaient sur le tard devenir ses principaux contradicteurs, à se plonger dans les études celtiques.
La postérité du Barzaz Breiz est l'une des plus remarquables qui soit, par ses aspects littéraires, scientifiques et politiques. Il est encore la source d'inspiration d'artistes actuels, notamment des musiciens grâce au fait que la musique des chants est notée dans l'ouvrage.
La Querelle du Barzaz Breiz
Bien après la parution, François-Marie Luzel fit une critique en règle du travail de celui qu'il avait suivi pendant un temps, lors d'un congrès savant en 1868. Il estimait que les chants avaient pu être complètement fabriqués à la manière de James MacPherson, car, disait-il, il n'avait jamais lui-même rencontré des versions aussi élégantes et aussi exemptes de mots français. Le problème principal soulevé par ses contradicteurs était que, froissé, La Villemarqué refusait de montrer ses carnets d'enquête. Cependant, à la fin de sa vie, La Villemarqué et Luzel se réconcilièrent.
Dans une thèse soutenue en 1959 et publiée en 1960, Francis Gourvil soutenait que le Barzaz Breiz était un faux et que La Villemarqué avait écrit lui-même la plupart des chants les plus remarquables du recueil. Dans une thèse soutenue en 1974 et publiée en 1989[1], Donatien Laurent rejette en grande partie ces accusations en démontrant l'authenticité de la matière de l'ouvrage grâce à la découverte par le général de La Villemarqué, en 1964, des carnets de collectage de son ancêtre. En outre, des travaux d'universitaires et de linguistes ont démontré que nombre des prétendues fautes de breton relevées par F. Gourvil s'expliquait parfaitement par les traits dialectaux de la langue du sud de la Bretagne d'où était originaire La Villemarqué et les chants incriminés (Gourvil étant lui du nord). Une des hypothèses les plus vraisemblables est que La Villemarqué a procédé à des remaniements pour enjoliver et/ou établir une version-type des légendes collectées, comme ont pratiqué à la même époque les frères Grimm et Luzel lui-même. Dans sa thèse publiée en 2006, Nelly Blanchard conclut que le travail de Donatien Laurent a mis un terme à cette question en montrant que le Barzaz-Breiz est bien basé sur un travail de collecte de chants populaires, mais que l'auteur a parfois arrangé des chants, compilé plusieurs versions, ajouté des éléments et quelquefois, semble-t-il, inventé des textes
Musique bretonne
Le Barzaz Breiz a eu une grande influence sur beaucoup de chanteurs et musiciens bretons. Alan Stivell lui emprunte plusieurs musiques et textes (Marv Pontkalleg, An Alarc'h, Silvestrig, Jenovefa, Bale Arzur et Diougan Gwenc'hlan), de même Tri Yann (Distro euz ar Vro-Saoz), Gilles Servat, etc.
Citations
- "Le Barzaz Breiz est sans doute un beau livre pour un adulte averti; mais il faut avoir le courage de dénoncer la malfaisance de ceux qui voudraient en faire un livre de chevet pour la jeunesse." François Falc'hun, Le Progrès de Cornouaille, 1 Mai 1954
- « L'Europe lettrée se pâma devant la beauté de ces chants populaires collectés dans les campagnes armoricaines. George Sand, notamment, clama son émotion et inventa, pour qualifier ces pièces, l'expression de "littérature orale" : "Une seule province de France est à la hauteur, dans sa poésie, de ce que le génie des plus grands poètes et celui des nations les plus poétiques ont jamais produit : nous oserons dire qu'elle le surpasse. Nous voulons parler de la Bretagne. Mais la Bretagne, il n'y a pas longtemps que c'est la France. (...) Génie épique, dramatique, amoureux, guerrier, tendre, triste, sombre, moqueur, naïf, tout est là !..." (La Filleule) ». Michel Treguer, Espèce d'Homme ! Essai sur l'identité, Editions du Temps, 2007.
Notes et références
- ↑ Aux sources du Barzaz-Breiz : la mémoire d’un peuple, Ar Men, 1989
Bibliographie
- Nelly Blanchard, Barzaz-Breiz une fiction pour s'inventer ; Rennes, Presses universitaires de Rennes, 2006, 308pp [ISBN 2753502250]
- Collectif, Barzaz-Breiz - Les chanteurs et les puissances morales dans les montagnes, revue du C.G.H.P.[réf. nécessaire], numéro 14, juin 2005.
- En ur lenn Barzhaz Breizh, Abeozen, Preder. Veut réfuter les thèses de Gourvil.
- Francis Gourvil, Sur un passage de la neuvième série du Barzaz-Breiz ; Rennes, Ogam, 1954 ; Extrait de Ogam - Tradition celtique.
- Francis Gourvil,Théodore-Claude-Henri Hersart de la Villemarqué (1815-1895) et le Barzaz-Breiz (thèse) ; Rennes, Oberthur, 1960.
- Francis Gourvil,La langue du Barzaz-Breiz et ses irrégularités. Solécismes, syntaxe, tournures insolites ; Rennes, Imprimeries réunies, 1966.
- Francis Gourvil,Notre contribution à l'histoire du Barzaz-Breiz, in Annales de Bretagne, Rennes, 1982.
- Jean-Yves Guiomar, Le Barzaz-Breiz de Th. H. de La Villemarqué, in P. Nora : Les lieux de mémoires, III/2, P., Gallimard, 1992, pp 526-565.
- Bernard Lauer & Bärbel Plötner, Jacob Grimm und Th. Hersart de La Villemarqué. Ein briefwechsel aus der Frühzeit der modernen Keltologie ; Kassel, Jahrbuch der Brüder Grimm-Gesellschaft, I, 1991, pp 17-83.
- Donatien Laurent, Théodore Hersart de La Villemarqué et la découverte d'une littérature du peuple (thèse) ; 1974.
- Donatien Laurent, Aux sources du Barzaz Breiz. La mémoire d'un peuple ; Douarnenez, éd. Ar Men, 1989.
- Donatien Laurent, La Villemarqué et les premiers collecteurs en Bretagne , in F. Postic (dir.) : La Bretagne et la littérature orale en Europe ; Brest, Crbc, 1999, pp 153-167.
- Léon Le Berre, La querelle du Barzaz-Breiz, in La Dépêche de Brest, 12 IX 1935.
- F.-M. Luzel, De l'authenticité des chants du Barzaz-Breiz de M. de La Villemarqué ; St-Brieuc, Guyon, 1872.
- Bernard Tanguy, Aux origines du nationalisme breton. Le renouveau des études bretonnes au XIXe siècle (2 vol.) ; P., U.G.E. (coll. 10-18), 1977.
Discographie
- Tradition Chantée en Bretagne - Les Sources du Barzaz Breiz Aujourd'hui, compilation, Coop Breizh, 1998.
- Barzaz Breiz chanté par Andrea Ar Gouilh, Excalibur, 1998.
Lien externe
- [pdf]Barzaz Breiz en pdf, 4° édition de 1846 (équivalente à l'édition de 1845)
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