- Bombardement de la Normandie
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Les bombardements de la Normandie, entre le printemps et la fin de l'été 1944, avaient pour objectif la destruction des voies de communication allemandes dans les villes et villages normands. Cependant, très peu d'Allemands occupaient ces municipalités. La grande majorité était à l'extérieur de ces endroits stratégiques.
Caen est la cible des bombardements alliés à partir de 1942, en raison de la présence de l'usine de la Société métallurgique de Normandie. Les premiers grands bombardements commencent sur Caen à partir du mois de mars 1944, s'intensifiant à mesure que la date du débarquement approche.
Les bombardements de la Normandie avant et après le jour J furent extrêmement intenses. L'historien français Henri Amouroux dans La Grande Histoire des Français sous l’Occupation, établit que 20 000 civils furent tués dans le département de Calvados, 10 000 dans Seine-Maritime, 14 800 dans la Manche, 4 200 dans l'Orne, et environ 3 000 dans l'Eure. En tout, 50 000 civils furent tués. Les plus intenses et terribles des bombardements en Normandie furent ceux de Caen (6 juin-19 juillet 1944, environ 3 000 morts, certaines estimations allant jusqu'à 15 000), Lisieux (6-7 juin 1944, 700 morts), Vire (6-7 juin 1944, 400 morts), Le Havre (5-11 septembre 1944, plus de 5 000 morts)[1],[2]. Les bombardements ont détruit 96 % de Tilly-la-Campagne (Calvados), 95% de Vire (Calvados), 88 % de Villers-Bocage (Calvados), 82 % du Havre (Seine-Maritime), 77 % de Saint-Lô (Manche), 76 % de Falaise (Calvados), 75 % de Lisieux (Calvados), 75 % de Caen (Calvados)[3]. Le bourg d'Aunay-sur-Odon est entièrement rasé[4] et Évrecy, détruit à 86 %, perd un tiers de ses habitants[5].
L'importance des destructions est bien établie notamment dans la poche de Falaise.
Pour ce qui est de la destruction de Caen, en:Max Hastings dans son livre Overlord[6] décrit le bombardement de Caen « une des attaques aériennes les plus futiles de la guerre » car les Allemands étaient positionnés au nord de la ville et non dans la ville même.
Une exposition au Mémorial de Caen présente des lettres écrites par des soldats alliés qui mentionnent leur pauvre réception par les habitants. Le colonel L.F. Roker écrit dans son journal « C'était un choc de s'apercevoir que nous étions pas accueillis comme libérateurs par la population locale, comme nous nous l'avions mentionné... Ils nous voyaient comme des porteurs de destructions et de douleurs ». [7]
Pour beaucoup de familles qui vécurent cette guerre, c'était l'arrivée et le passage des soldats britanniques et américains qui fut l'expérience la plus traumatisante. « C'était profondément traumatisant pour le peuple de Normandie. Pensez à des centaines de tonnes de bombes qui détruisaient les villes entières et la vie des familles. Mais la souffrance des civils fut masquée pendant plusieurs années par une image outrepassé, ceux des Français qui accueillaient les libérateurs à bras ouverts[8]. »
Sommaire
Reconstruction après les bombardements
Article connexe : Reconstruction après la Seconde Guerre mondiale.La reconstruction de ces villes a duré plusieurs années, près de vingt pour les villes de Caen (1963) et du Havre (1964). Cela a été l'occasion pour les architectes du ministère de la Reconstruction et de l'Urbanisme, comme Auguste Perret, Marc Brillaud de Laujardière ou encore Henry Bernard, de mettre en œuvre un urbanisme moderne, d'inspiration néo-haussmannienne et reposant principalement sur l'utilisation du béton armé. Au Havre, ce choix résolu de la modernité par Perret conduit à l'inscription du centre-ville au patrimoine mondial de l'Humanité par l'UNESCO en 2005.
Références
- Henri Amouroux, La Grande Histoire des Français sous l’Occupation, volume 8.
- Roger Céré and Charles Rousseau, Chronologie du conflit mondial, SEFI, Paris, 1945, p. 253.
- Jean-Claude Valla, La France sous les bombes américaines 1942-1945, Librairie nationale, Paris, 2001.
- Normandie Mémoire : Aunay-sur-Odon. Consulté le 26 février 2011
- Site de la mairie d'Évrecy : bombardements 15 juin 44. Consulté le 26 février 2011
- Simon & Schuster, 1984) (ISBN 0-671-46029-3) Overlord: D-Day and the Battle for Normandy (
- William Hitchcock, The civilian impact of the campaign, Liberation, The Bitter Road to Freedom, Free Press, October 2008.
- Christophe Prime, Histoire de la Normandie durant la Deuxième Guerre mondiale, 2009.
Bibliographie
- Eddy Florentin, Le Havre 44 à feu et à sang, Presses de la Cité, Paris 1985 (ISBN 2-258-01655-X)
- Jean-Jacques Bertaux, Renaissance d'une ville, la reconstruction de Caen, Caen et Paris, Musée de Normandie et Éditions Delpha, 1994, 106 p.
- Bernard Garnier (dir.) et Michel Boivin (dir.), Les Victimes civiles de la Manche dans la Bataille de Normandie : 1er avril-30 septembre 1944, Saint-Lô, éd. du Lys, 1994, 336 p. (ISBN 978-2-908561-10-4)
- Bernard Garnier (dir.) et Gérard Bourdin (dir.), Les Victimes civiles de l'Orne dans la bataille de Normandie : 1er avril-30 septembre 1944 : récits des événements et liste mémoriale, Cormelles, éd. du Lys, 1994, 207 p. (ISBN 978-2-908561-08-1)
- Bernard Garnier (dir.) et Jean Quellien (dir.), Les Victimes civiles du Calvados dans la bataille de Normandie : 1er mars 1944-31 décembre 1945, Caen, éd. du Lys, 1995, 495 p. (ISBN 978-2-908561-16-6)
- Bernard Garnier (dir.), Michel Pigenet (dir.), M. Dandel, G. Duboc, A. Kitts et E. Lapersonne (préf. Antoine Rufenacht), Les Victimes civiles des bombardements en Haute-Normandie. 1er janvier 1944-12 septembre 1944, CRHQ-IRED-La Mandragore, 1997, relié, 350 p. (ISBN 978-2-912468-02-4)
- Paul Le Trévier, 17 août 1942 - Objectif Rouen, 176 p.
- Paul Le Trévier et Daniel Rose, Ce qui s'est vraiment passé le 19 avril 1944, Saint-Germain-en-Laye, Comever, 2004, 160 p. (ISBN 978-2-9522138-0-6) (OCLC 491919954)
Voir aussi
Liens externes
- DDay-Overlord - Les Normands face aux bombardements
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