État turc de Chypre

État turc de Chypre

Chypre du Nord

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Kuzey Kıbrıs Türk Cumhuriyeti (tr)
Drapeau turque Coat of arms of the Turkish Republic of Northern Cyprus.svg
(Drapeau) Armoiries
L'île de Chypre. La RTCN se situe au nord de la zone tampon de séparation sous contrôle des Nations unies (en gris sur la carte), et de la base de souveraineté britannique de Dhekelia qui prolonge cette zone tampon.
Administration
Statut politique Sécession de Chypre depuis le 15 novembre 1983, reconnue seulement par la Turquie
Capitale Lefkoşa (Nicosie)
35°10′N 33°21′E / 35.167, 33.35
Gouvernement
- Président
 - Premier Ministre

Mehmet Ali Talat
Ferdi Sabit Soyer
Géographie
Superficie 3 355 km²
Démographie
Population  (2006) 264 172 hab.
Densité 78 hab./km²
Langue(s) Turc
Économie
PIB (2004)
 · PIB/hab.
1,766 G$
8 095 $US
Monnaie Livre turque[1] (TRY)
Autres
Fuseau horaire UTC +2UTC+3 à l’heure d'été.
Domaine internet .nc.tr[2] ou .cy
Indicatif téléphonique +90 (392)[3]
Hymne İstiklâl Marşı[4]
Devise Yurtta sulh, cihanda sulh ou Yurtta barış, dünyada barış (paix dans le pays, paix dans le monde)

La République turque de Chypre du nord (RTCN, en turc : Kuzey Kıbrıs Türk Cumhuriyeti) est un État autoproclamé le 15 novembre 1983, après l’intervention militaire et l'occupation par la Turquie du nord de l’île de Chypre en 1974. Couvrant 37 % de la superficie de l'île, elle n’est reconnue que par la Turquie qui y maintient une force militaire de près de 30 000 hommes[5].

À partir de 1963, la Turquie, profitant des tensions inter-communautaires, revendique la partition de l'île. Partout où c'est possible, la communauté turque, fidèle à Ankara, met en œuvre ce programme de partition. En 1964, le chaos règne et les affrontements sont incessants. Le pouvoir politique tombe aux mains des Chypriotes grecs après l'abandon de leur siège par les représentants turcs.

L'intervention militaire turque de 1974 fut d'abord officiellement menée en réaction à un coup d'État des nationalistes grecs qui voulaient rattacher l'île (indépendante du Royaume-Uni depuis 1960) à la nation grecque (Énosis). La Grèce étant alors sous la dictature des colonels, ces événements dramatiques contribuèrent cette même année à l'effondrement de la dictature et à l'établissement d’un régime démocratique en Grèce.

Sommaire

Démographie

En 2001, la RTCN compte entre 90 000 et 117 000 habitants selon les sources. À ces chiffres, il est nécessaire d'ajouter 93 000 ressortissants turcs, provenant principalement d'Anatolie et envoyés pour essayer de modifier le rapport démographique largement favorable à la communauté chypriote grecque et aux fonctionnaires, militaires et policiers turcs stationnés dans l'île[6].

Par ailleurs, on estime que 130 000 Chypriotes turcs se seraient installés au Royaume-Uni[7].

Diplomatie

Certains États ont exprimé, de façon plus ou moins affirmée, une volonté de traiter la RTCN comme un État, notamment l’Azerbaïdjan (de tradition culturelle turque) et le Pakistan, mais aucun État autre que la Turquie n’a à ce jour procédé à une reconnaissance officielle. Depuis 2004, l’Organisation de la conférence islamique accorde à cette entité de facto, le statut d’observateur sous le nom de l’État turc de Chypre.

Les autres États et organisations internationales (dont le Conseil de l'Europe, l’Union européenne et l’Organisation des Nations unies) reconnaissent comme seul État légitime la République de Chypre, qui fait partie de l'Union européenne depuis 2004. Le territoire de la RTCN est considéré par la communauté internationale comme un territoire de la République de Chypre occupé par une puissance étrangère. Les deux territoires sont séparés par la ligne verte, une zone tampon surveillée par l'ONU.

La Cour européenne des droits de l'homme dans son arrêt Loizidou c/ Turquie a reconnu la responsabilité de la Turquie dans les dommages subis par la requérante (Chypriote grecque) à la suite de l'invasion de ce qui est aujourd'hui la RTCN.

Divisions administratives

Article détaillé : Subdivisions de Chypre.

Économie

L'économie de la zone nord est en 2001 sinistrée. Sa taille réduite et son isolement diplomatique constituent de lourds handicaps. Le commerce avec les Etats tiers est ainsi entravé depuis l'arrêt de la Cour de justice des Communautés européennes du 5 juillet 1994, qui précise que les certificats d'origine de la zone nord ne sont plus acceptés dans l'Union européenne. Dans la mesure où les « autorités » du nord ne souhaitent faire aucun pas qui irait vers une reconnaissance du gouvernement officiel, leur dépendance à l'égard de la Turquie s'est accrue et tous les produits de la zone doivent transiter par ce pays, ce qui accroît les frais administratifs et de transport.

Le secteur public joue un rôle disproportionné dans l'économie du nord, ce qui obère le développement du secteur privé. Les déficits publics sont très élevés (environ 20 % du PIB en 1999) et le budget de la « RTCN » est sous perfusion des transferts budgétaires d'Ankara, dont le montant reconnu représente de l'ordre de 20 % du PIB, ce qui permet de couvrir environ 40 % des dépenses publiques. Parallèlement, ce montant reconnu de l'assistance financière, quelque 200 millions de dollars en 1999, ne représente que 0,3 % des dépenses publiques consolidées de la Turquie. La dépendance vis-à-vis de la Turquie se retrouve dans l'ensemble de l'économie. Selon les autorités turques de l'île, plus de 80 % des 791 000 touristes[8] qui visitent la « RTCN » sont turcs ; ce secteur dispose d'ailleurs d'un potentiel de croissance considérable en raison de la richesse culturelle et balnéaire, qui reste importante malgré un entretien insuffisant. La plupart des banques sont des filiales de banques turques. Le système d'enseignement supérieur y est développé avec cinq universités et apporte des revenus précieux à la « RTCN » (70 % des étudiants sont turcs et 15 % étrangers[réf. nécessaire]).

L'union monétaire avec la Turquie entraîne une inflation importée très forte (environ 60 % en 1999) et le secteur bancaire connaît une crise grave : on estime que, durant le premier semestre 2000, 40 000 personnes auraient perdu tout ou partie de leurs économies. Confrontée elle-même à des difficultés financières importantes, la Turquie a demandé a cette date à la « RTCN » de mettre en place un plan drastique d'assainissement.

Depuis le projet de plan de réunification

Un plan de réunification proposé par l'ONU a été soumis à un référendum le 24 avril 2004. Ce plan fut accepté par 65 % des Chypriotes turcs mais il fut cependant rejeté par une très large majorité de l’électorat chypriote grec (75 %) qui y voyait des aspects injustes notamment concernant les règles relatives à l'acquisition de propriété dans le futur État ainsi que le maintien d'environ 80 000 à 120 000 colons anatoliens, selon les sources, arrivés depuis 1974. Les résultats du référendum empêchèrent de fait le rattachement de la RTCN à Chypre.

Techniquement, la zone turque n’entra pas non plus dans l'Union européenne le 1er mai 2004 bien que ce territoire en fasse partie juridiquement (et que leurs citoyens résidents aient été invités à participer au scrutin pour l’élection des représentants chypriotes au Parlement européen). Ainsi, Chypre du Nord, en tant que territoire militairement occupé non contrôlé par la République de Chypre, fait partie de l'Union européenne, mais la majeure partie de la législation européenne ne s'y applique pas, ce territoire étant exclu pour l’instant des unions économique, monétaire, fiscale ou douanière, et de l’espace Schengen.

Les positions turques sur Chypre (en contentieux avec la Grèce concernant le blocage de l’accès des navires turcs aux ports grecs, mesure opérée réciproquement en Turquie pour les navires grecs) peuvent constituer selon des sources diplomatiques européennes une entrave majeure à la poursuite des négociations sur l’entrée de la Turquie dans l'UE, lancées le 3 octobre 2005.

La séparation entre les deux États est toujours sous la surveillance de casques bleus, mais aussi du Royaume-Uni (qui participe à cette surveillance), ce dernier ayant conservé deux bases de souveraineté à Chypre où il maintient des bases militaires à Akrotiri (dans la partie Sud grecque) et Dhekelia (à la zone frontière où vivent aussi des chypriotes turcs et grecs ruraux). La question de l’attribution territoriale de ces bases n’étant pas tranchée, ces bases britanniques (situées dans la zone frontière) sont sous une double administration conjointe partagée entre les deux États chypriotes, avec une législation différente pour les résidents britanniques, mais un système légal civil largement calqué de celui de l’État chypriote grec, avec des aménagements pour les résidents chypriotes turcs de Dhekelia.

Ces zones de souveraineté britanniques (où la législation chypriote grecque ne peut totalement s’appliquer, puisqu’il n’y a encore jamais été souverain, et que le Royaume-Uni est tenu de conserver une certaine neutralité pour intervenir dans les missions de paix et de surveillance dans la zone frontière avec les casques bleus) servent aussi de lieu d’échange, de négociation et de passage entre les deux communautés de l’île ; mais si elles font normalement partie de l’Union européenne, elles ne le sont pas non plus techniquement, bien que Chypre et le Royaume-Uni en soient tous deux membres.

Le 21 mars 2008, lors d'une entrevue entre le nouveau président de la République de Chypre Dimitris Christofias et son homologue de la partie turque, Mehmet Ali Talat, il est annoncé l'ouverture d'un point de passage dans la rue Ledra, grande rue commerçante de Nicosie. Ce nouveau « check point » s'ajoute aux cinq autres ouverts depuis 2003 sur plusieurs points de la « ligne verte ». Un autre point de passage serait ouvert à Limnitis dans la partie nord-ouest de l'île coupée en deux depuis 1974.

Le 3 avril 2008, malgré l'opposition de l'armée turque, la rue Ledra dans le centre de Nicosie, coupée en deux par un mur depuis 1964, est rouverte et devient le premier point de passage du centre de la ville[9].

Le parti nationaliste UBP emporte les élections législatives du 19 avril 2009, ce qui ouvre une période de cohabitation entre son leader Dervis Eroglu qui devient premier ministre, et le président en fonction, Mehmet Ali Talat, issu des rangs des pro-européens du Parti républicain turc (CPT)[10].

Politique

Partis politiques (par ordre alphabétique) :

  • CTP (Centre gauche – au pouvoir)
  • DP (Centre droit – participe à la coalition au pouvoir)
  • UBP (Droite)

Tourisme

En 2007, la république turque de Chypre du Nord estime avoir accueilli 791 000 touristes dont 80 %, soit 635 000, étaient originaires de Turquie. Parmi les touristes non turcs, les britanniques arrivent en première position avec 82 000 touristes, devant les allemands (20 000)[8].

Notes et références

  1. Également monnaie de la Turquie.
  2. Domaine de second niveau de la Turquie.
  3. Indicatif régional de la Turquie.
  4. Également hymne national de la Turquie.
  5. (fr) « La candidature de Chypre à l'Union européenne », Rapport d'information du Sénat Français, 29 mai 2001.
  6. Gérard Chaliand, Atlas du nouvel ordre mondial, Robert Laffont, Paris, 2003 (ISBN 2-221-10039-5) p. 124-125.
  7. (en) Viv Edwards, « Turkish today » sur BBC [lire en ligne (page consultée le 10 novembre 2008)].
  8. a  et b http://www.ekonomiveturizmbakanligi.com/index.php?tpl=shownews&id=142
  9. « La rue Ledra, symbole du conflit chypriote, est rouverte » dans Le Figaro, 3 avril 2008 [lire en ligne (page consultée le 5 avril 2008)]
  10. Guillaume Perrier, Chypre : victoire des nationalistes dans la partie turque, in Le Monde, 20/04/09, article en ligne

Voir aussi

Articles connexes

Liens externes

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