Bamilékés

Bamilékés
Bamiléké
Statue d'un chef coutumier à Bana.jpg
Statue d'un chef coutumier à Bana
Populations
Population totale plus de 3 500 000[réf. nécessaire]
Drapeau du Cameroun Cameroun
Autre
Langue(s) Bamiléké
Religion(s) Christianisme, islam, Religion traditionnelle
Groupe(s) relié(s) Bamoun

Les Bamilékés forment le plus important des groupes ethniques du Cameroun (20%)[réf. nécessaire]. Avec les Tikar et les Bamoun, ils composent le groupe des Semi-Bantou. Ils sont basés dans l'ouest du Cameroun. Certains historiens pensent que les bamilékés sont des "néo-soudanais" (voir Noubas)

Sommaire

Histoire

Les Bamiléké sont descendants baladis partis de l'Égypte médiévale au IXe siècle de notre ère. Ils arriveront en région tikar vers le milieu du XIIe siècle avant de se diviser vers 1360 à la mort de leur dernier souverain unique: le roi Ndéh. Yendé, premier prince, refusa le trône et alla traverser le Noun pour fonder Bafoussam. Sa sœur ira vers la région de Banso (il existe près d'une trentaine de villages bamiléké dans le Nord-Ouest anglophone). Deux décennies plus tard, Ncharé, le cadet, descendra dans la plaine du Noun pour fonder le pays bamoun. De Bafoussam naîtront quasiment tous les autres groupements bamiléké entre le XVe siècle et le XXe siècle (Bansoa est né en 1910 à la suite de l'exil forcé de Fo Taghe de Bafoussam)[1],[2].

Dans une période englobant largement l'année de l'indépendance (1960), des Bamilékés participèrent à un mouvement de résistance avec le parti de l'Union des populations du Cameroun, avec des représailles qui s'ensuivirent extrêmement sévères pour les Bamilékés.

Linguistique

Les Bamiléké parlaient une langue unique, le bamiléké, jusqu'à leur démembrement au milieu du XIVe siècle, à la mort de leur souverain. Du bamiléké naîtront le bamiléké-bafoussam et le bamoun. Le bamoun se ramifiera en une vingtaine de sous-variantes dialectales avant de se voir unifié par le sultan Njoya au début du XXe siècle. Pour sa part, le bamiléké-bafoussam continuera à se ramifier pour donner naissance, au fil des siècles, à de dizaines de variantes dialectales, elles-mêmes possédant de sous-variantes plus ou moins négligeables. Le bamiléké-bafoussam est donc la langue-mère des autres dialectes bamiléké, hormis le bamoun.

Il existe cinq sous-groupes dialectaux bamiléké: le gham'a-lah (grande Mifi); le medumba (département du Ndé); le fè-fèè (Haut-Nkam); le yemba (Menoua) et le ngombaa (Bamboutos). Les conclusions des travaux de Ethnologue et de SIL semblent dépassées en la matière[1].

Exemple de texte en bamiléké-bafoussam

Extrait de l'évangile selon Matthieu 22,35-40, la Bible (Nouveau Testament)

Texte original Traduction en bamiléké-bafoussam[3]

"[et] l’un d’eux [Pharisiens], docteur de la loi,
lui posa cette question, pour l'éprouver:
Maître, quel est le plus grand commandement de la loi?
Jésus répondit : Tu aimeras le Seigneur, ton Dieu, de tout ton cœur,
de toute ton âme, et de toute ta pensée.
C’est le premier et le plus grand commandement.
Et voici le second, qui lui est semblable:
Tu aimeras ton prochain comme toi-même.
De ces deux commandements dépendent toute la loi et les prophètes".

 Moo Phalicien wé le be docta mtcho’a
le we go djuité Yesso honté gue:
«Fo, kwa me tchouô be ne mtcho Sîh be yiè na?»
Yesso le pa’ gue: « Kouong Tsapo Sîh, Sîh-o, poua gouon netsəm-tsoû,
gouon jua-yoû, gouon mkouənté-moû.
Abe donbe ké be yiə kwiə ne gouon mtcho Sîh.
Yo yé a bouèté ké bo houə-é la yoo:
O go kouon fouè-o wa-ha o kouong you touə néh'a.
Gouon miətsé mtcho, ba m’yəng-fa’ Sîh, benn mbou mtcho-moo meba’a.»

Note sur la grammaire

La langue bamiléké-bafoussam possède presque tous les modes de conjugaison classiques : l’indicatif, le subjonctif, le conditionnel, l’impératif et le participe. Le mode indicatif possède neuf temps, qui sont : le présent (de l’indicatif), le passé immédiat, le passé récent, le parfait, l’imparfait, le plus-que-parfait, le futur immédiat, le futur proche et le futur lointain. « O go kouong’é » (littéralement traduit : tu vas aimer, tu aimeras [à un moment très proche]) est l’un des trois futurs de l’indicatif en bafoussam. Il s’agit du futur immédiat, les deux autres étant le futur proche (« O ti kouong’é ») et le futur lointain (« O lah kouong’é »). Pour rappel, l’infinitif des verbes porte toujours la particule « né » : né kouong = aimer) [1].

Religion

Case typique de l'architecture Bamileke
Article détaillé : Chefferie Bamiléké.

Les toitures de chefferies bamiléké sont le plus souvent sous forme pyramidale, et à juste titre (lire D. Toukam, par ex.)

Les Bamiléké sont, en matière spirituelle, d'une grande complexité : ils ont une religion bipolaire héritée de l'Égypte antique: le culte des ancêtres et le culte des divinités. S'ils reconnaissent que Dieu peut être atteint au travers de ses anges (divinités), ils savent aussi - grâce notamment aux oracles et médiums - que leurs ancêtres décédés peuvent intercéder auprès du divin pour leur cause. Jésus, par conséquent, n'est pas "la seule voie" pour atteindre le Seigneur comme le pensent les Chrétiens. Pour rappel, les Bamiléké sont monothéistes [1],[4].

Topographie

Les hauts plateaux bamiléké de l’Ouest-Cameroun sont connus pour leurs paysages de bocage. Dans un contexte topographique de hauts plateaux étagés, caractérisé par une succession de collines dominées par quelques montagnes isolées pouvant atteindre ou dépasser 2 000 m d’altitude, l’exploitation du sol est fondée sur une judicieuse association de l’agriculture et de l’élevage du petit bétail. L’espace utile, support du peuplement et des activités est appréhendé au travers des distances en rapport avec les temps de déplacement entre les lieux sociaux et/ou de production : éloignement ou rapprochement à partir du lieu de résidence, du siège des institutions traditionnelles, du « point central » de la chefferie… Ces lieux sociaux à partir desquels s’organise la vie des communautés locales sont eux-mêmes différenciés par rapport à leur position topographique : soit sur le haut (toutes parties hautes qu’elles soient sur colline ou sur montagne) ou vers le bas (dépressions, vallées, parties avals des versants). Cette conception dipolaire de l’espace a prévalu lors de l’occupation de la région et au découpage de l’espace en chefferies traditionnelles (une centaine de chefferies sur environ 6 000 km²). A l’intérieur des différentes chefferies, le découpage administratif traditionnel en quartiers s’est largement appuyé sur les notions de haut et de bas. Il en a été de même pour l’implantation des unités d’habitations familiales, pour l’édification et l’extension des haies vives et pour l’aménagement paysager de l’espace.

Notes et références

  1. a, b, c et d Extrait de : Dieudonné Toukam, Parlons bamiléké. Langue et culture de Bafoussam, Paris, L'Harmattan, 2008, 255p.
  2. Dieudonné Toukam,Histoire et anthropologie du peuple bamiléké (2010), L'Harmattan, 242p.
  3. Traduction de Dieudonné Toukam
  4. Dieudonné Toukam, Histoire et anthropologie du peuple bamiléké (2010), L'Harmattan, 242p.

Voir aussi

Articles connexes

Liens externes

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Bibliographie

Topographie
  • Jean-Marie Fotsing, Le haut et le bas dans l’occupation et l’aménagement de l’espace rural Bamileke (Ouest Cameroun), une perception uniscalaire des territoires
Sociologie/anthropologie; Histoire
  • Dieudonné Toukam, Histoire et anthropologie du peuple bamiléké, Paris, l'Harmattan, 2010, 242p. (ISBN 9782296118270)
  • Dieudonné Zognong, La question Bamiléké pendant l'ouverture démocratique au Cameroun : retour d'un débat occulté

Langue

Dieudonné Toukam, Parlons bamiléké, Paris, l'Harmattan, 2008, 255p. (ISBN 9782296074415)

Autres
  • Gabriel Hamani, Les notables bamiléké de l'Ouest-Cameroun : rôle et organisation dans les institutions traditionnelles, L'Harmattan, 2005, 166 p. (ISBN 9782747582919)
  • Raymond Lecoq, Les Bamiléké, Présence africaine, 1998, 221 p. (ISBN 9782708706668)
  • De Jean Hurault, La structure sociale des Bamiléké, Mouton, 1962, 133 p.
  • Enock Katté Kwayeb, Les institutions de droit public du pays Bamiléké, Cameroun : évolution et régime actuel, Pichon et Durand-Auzias, 1960, 199 p.
  • Martin Nkamgang, Sop Nkamgang Martin et Patrice Kayo, Les proverbes bamiléké, Edition des auteurs, 1970, 63 p.
  • Charles-Henry Pradelles de Latour, Ethnopsychanalyse en pays Bamiléké, Epel, 1991, 259 p. (ISBN 9782908855029)
  • Sylvain Djache Nzefa, Les chefferies bamiléké dans l'enfer du modernisme--: réflexion sur l'état actuel des chefferies bamiléké : --une chefferie de demain-- : renaissance, recherche et affirmation d'identité : architecture, art, ethnologie, MENAIBUC-DILA 1994, 202 p.(ISBN 9782950828309)
  • Tabapssi Famndié Timothée, Le modèle migratoire bamiléké (Cameroun) et sa crise actuelle : perspectives économique et culturelle, Research School of Asian, African and Amerindian Studies, Leiden University, 1999, 241 p. (ISBN 9789057890338)
  • Pierre Kamé Bouopda et Bouopda Pierre Kamé, De la rébellion dans le Bamiléké, L'Harmattan, 2008, 143 p. (ISBN 9782296052369)
  • Claude Tardits, Contribution à l'étude des populations Bamiléké de l'ouest Cameroun, Berger-Levrault, 1960, 135 p.
  • Shanda Tonme, La France a-t-elle commis un génocide au Cameroun ? Les Bamiléké accusent, L'Harmattan, 2009, 176 p.
  • Dieudonné Toukam, "Parlons bamiléké. Langue et culture de Bafoussam", Paris, L'Harmattan, déc. 2008, 256p.(ISBN 9782296074415).
  • Van Dievoet, Grietje, "Tintin chez les Tontines" of een studie van de informele financiëre sector bij de Bamileke van West-Kameroen. - LIC : Doom : 1988-1989 (Université de Gand).

Wikimedia Foundation. 2010.

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