Bameka

Bameka

Bameka est située en plein cœur du pays bamiléké dans la région ouest du Cameroun, dans le département des Hauts-Plateaux (chef-lieu Baham), arrondissement de Bamendjou. Peuplée d’environ 17 000 habitants, Baméka est la ville d'origine de nombreux émigrés à travers le monde et notamment en Europe.

Comme tous les villages bamilékés du Cameroun, Bameka est organisée autour d’une chefferie qui fonctionne suivant des structures très hiérarchisées et complexes. Le chef représente la plus haute autorité aussi bien sur le plan politique, économique que moral et social. L’agriculture prédomine dans l'économie de la ville. Une partie de la production est destinée à la commercialisation et, dans les années de grande production, à l’exportation ; il s'agit essentiellement de café. Pour l'essentiel, il s'agit de cultures vivrières : banane plantain, maïs, arachide, soja, haricot, macabo, tarot, igname, manioc, pomme de terre, patate douce, tomate, haricots verts, piment, potiron, vin de raphia, avocat…

L’élevage domestique, chèvres, porcs et gallinacés, prédomine sur l’élevage semi-intensif, volaille ou porc.

L’artisanat est essentiellement à vocation utilitaire. Les objets fabriqués sont utilisés au quotidien : calebasses, marmites, mortiers, assiettes, corbeilles, sacs en raphia, greniers en bambou de raphia. L’artisanat sacré, statues et masques, ainsi que l’artisanat d’ornement, calebasses perlées, tabourets, statuettes perlées, fibre de raphia teintée, queues de cheval...,tiennent également une place importante dans la vie de la ville.

Enfin, Bameka est une ville qui a la volonté de maintenir son niveau en matière d’infrastructures socio-éducatives. En effet, on y trouve cinq centres de santé, trois dispensaires, une maternité, de nombreuses écoles élémentaires et deux lycées (enseignement de la sixième à la terminale). Par ailleurs, les jeunes de Bameka peuvent faire le choix de suivre des études supérieures à l’université des Montagnes (Bangangté), à l’IUT de Bandjoun ou encore à l’université de Dschang.

Historique

Les fondateurs de quatre groupements de l'ancien département de la Mifi sont Bamendjou, Baméka, Bamoungoum et Bansoa, qui parlent le nguemba ce qui veut dire "je dis que eh ..." C'étaient les enfants d'une famille de la dernière vague des populations bamilékés chassées par les Bamoun, eux-mêmes poussés par les Tikar vers le XVIIe siècle. Les appellations des villages suscités viennent des noms que les parents de ces enfants leur donnèrent du fait de certains traits caractéristiques de leurs comportements, ou de leur statut même dans la famille.

C'est ainsi que le premier-né, enfant naturel, ne devait pas être bien accepté par son père adoptif, chef de famille. À chaque bêtise, le père s'exclamait : "JÔ MU'NDJWO WA LET LA'LA" ce qui veut dire "voici un petit malheur qui me colle à la peau". Ses frères prirent donc l'habitude de l'appeler "Mu'djwo", "petit malheur". De là vint le nom du village qu'il fonda plus tard et qui est aujourd'hui appelé Bamendjou.

Le second (premier né du couple) aimait beaucoup pouponner son petit frère. Ce faisant il le serait tellement fort contre lui que leur maman s'exclama un jour : "MANA'H NKATCHE MÈ TA CHIA", c'est-à-dire "cet enfant étreint trop le bébé". Dès lors ses frères l'appelèrent "MU NKATCHE" (diminutif de MU-NKA), ce qui donna le nom "MU-NKA" au village qu'il fonda plus tard aujourd'hui appelé BAMÉKA. Le troisième était gentil et serviable, qualités qui lui valaient d'avoir toujours un peu plus que les autres et d'être par conséquent rassasié. Un jour sa maman s'en émut et dit : "MANA'H NKWONG NGOUGOUM NE TSIT TA TCHIA" ce qui veut dire :"cet enfant aime faire le malin pour être rassasié". On l'appela dès lors "MU-NGOUGOUM", "petit malin" d'où vint le nom MU-NGOUM du village qu'il fonda plus tard aujourd'hui appelé BAMOUGOUM. Le quatrième très querelleur, était souvent source de confits et de tension entre ses frères .Un jour ses parents l'appelèrent et lui intimèrent cet ordre : " TCHO YI SATCHE PEUMEMA POH", ne sème plus la discorde entre tes frères. De "NE SATCHE" = désunir viendra le nom "SSA" qu'on donna à cet enfant qui fonda plus tard le village le village "NSAAH" aujourd'hui appelé BANSOA.

Face à l'insuffisance des terres cultivables et de terrains de chasse dans leur région d'origine, les quatre frères quittèrent leurs parents et vinrent s'installer sur l'emplacement actuel de BAMÉKA où ils vécurent ensemble pendant quelques années avant de se séparer à cause des conflits qui les opposaient régulièrement.

Le premier alla s'installer au Sud-Ouest de BAMEKA et fonda le village BAMENDJOU.

Le second resta sur place et fonda le village BAMÉKA.

Le troisième alla fonder au Nord de BAMÉKA le village BAMOUGOUM.

Le quatrième se retira au Nord-Ouest de BAMEKA pour fonder le village BANSOA.

Comme dans chaque famille les enfants se regroupent très souvent par affinités naturelles. " MU-NDJWO " était très lié à " MU-NKATCHE " tandis que " MU-NGOUGOUM " s'entendait bien avec " SSA ". Ce regroupement deux à deux des quatre frères se perpétra en se consolidant même après leur séparation. Ceci explique sans doute pourquoi, tout au long de l'histoire, certains pratiques de la succession à la tête de ces quatre groupements sont restées bien établies, et même érigées en loi. C'est ainsi que le Chef BAMENDJOU " arrête " le Chef BAMÉKA et vis versa : le Chef BAMOUGOUM " arrête " le Chef BANSOA et vice versa.

De la création du village à nos jours seize chefs se sont succédé à la chefferie BAMÉKA. Le chef TAKOUKAM JEAN RAYMOND a succédé à FEUH NTCHINDA qui était le 18ème de la dynastie.

Organisation

Du fait que la succession se fait de père en fils ou de frère à frère, nous pouvons considérer les chefferies bamilékés comme des royaumes. Dès lors BAMÉKA devient naturellement le royaume BAMÉKA et le chef, le roi (même s'il y'a pas de couronne).

Tous les royaumes du GRASSFIELD (nom de baptême donné par les colons qui veut dire sol fertile et qui représente la région des hauts plateaux de l'ouest Cameroun, allant du MOUNGO au …….. en passant par …..) sont hyper structurés.

Dans chaque royaume, le roi représente l'autorité suprême. Il incarne le pouvoir spirituel et temporel. Son entourage proche se compose des serviteurs appelés TCHEUH-FEUH et NWOLAH. Les notables appelés " NKAM " assistent le roi dans l'administration et la gestion politique de son royaume.

La hiérarchie est de rigueur dans toute la royauté. Le roi est assisté des " NWOLAH ", de " TAAH MBA " et modestement de la " MEFOH NKWONG ".

1. NWOLAH TCHOUBUM : Il est le coordonnateur des activités administratives et politiques dans le royaume. En quelque sorte le Premier Ministre ;

2. NWOLAH NO'OH : Il est celui qui assure l'ordre et la sérénité à l'intérieur du palais, une sorte d'intendant qui veille sur les femmes et les enfants du roi. Il est assimilé au Ministre de l'intérieur.

3. NWOLAH KA : C'est celui pour qui les sociétés secrètes et les associations n'ont pas de secrets. Il fait le lien entre eux et sa majesté. C'est bien le Ministre Chargé des Relations.

4. TAAH MBA : C'est l'aide de camp de sa Majesté.

5. MEFOH NKWONG : C'est la première femme du Roi en quelque sorte la Reine. Chacun de ses Ministres est assisté de deux adjoints KUETCHE et NDEFEU. Jadis ils honoraient ses services très jeunes (14 ans à 20ans). Au bout de neuf ans de bons et loyaux services au près de sa majesté, ils reçoivent un titre de noblesse, femme(s) et bout de terrain dans le royaume en remerciement.

Dans les temps pas très lointain, les " NWOLAH ", " TAAH MBA ", et la " MEFOH NKWONG " accompagnaient le roi dans l'au-delà pour continuer à le servir par ce qu'un Roi ne meurt jamais il se repose.

Le roi se réfère souvent aux différents conseils des notables : le conseil des " sept " et le conseil des " neuf ". Les réunions des différents conseils se tiennent à la chefferie sous la présidence du Roi. Toutefois, les deux conseils peuvent être amenés à siéger ensemble à la demande du Roi. Le conseil des sept notables les " MEKAM SAAMBAH " ou les " NDZO " :

Avec le Roi ils sont considérés comme les fondateurs du village. Ils assument des fonctions religieuses. Tous les sacrifices aux dieux, l'entretien et l'animation des lieux sacrés appelés " NDAH-SI " leur incombent. Ce sont eux qui accompagnent le Roi vers sa dernière demeure.

1. MBA NDZOGANG au quartier PENG

2. NDZO TSINBOU au quartier LATSIT

3. NDZO TATSOKAM au quartier MESSENG

4. NDZO TACHUM au quartier LATSIT

5. NDZO DJOUBENG au quartier KOUOGOUO

6. TENE NDZOCHUM au quartier KOUOGOUO

7. NDZO DOUMKAM au quartier KOUOGOUO

Le conseil des neuf notables les " MEKAM-NEFEUH " ou les " MBÉ " :

C'est la plus haute chambre et la détentrice du pouvoir législatif et juridique. A cette chambre y siège sept notables assistés du Premier Ministre, le " NWOLAH TCHOUBUM " sous l'intendance du Roi. Outre la désignation du Roi, ils statuent sur la promotion d'un notable, la destitution d'un Roi s'ils le jugent incompétent ou s'ils estiment que le Roi ne suit pas la ligne directive qu'ils ont ensemble définie. C'est la plus haute juridiction. Sous la présidence du Roi, elle juge tout litige dont elle est saisi, et ne les transfère aux tribunaux modernes qu'en cas d'incompétence ou de refus du verdict par l'une des deux parties concernées.

Source

  • Textes tirés en majorité de www.bameka.com

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Contenu soumis à la licence CC-BY-SA. Source : Article Bameka de Wikipédia en français (auteurs)

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