Zone libre

Zone libre
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La France coupée en quatre : zone libre, zone occupée, zone annexée (Alsace-Moselle) et zone placée sous administration militaire allemande de Bruxelles (Nord de la France).

La zone libre est, pendant la Seconde Guerre mondiale, après la signature de l'armistice du 22 juin 1940, la partie du territoire français située au sud de la ligne de démarcation, la zone occupée étant située au nord de cette ligne.

La zone libre est, comme l'ensemble du territoire et l'Empire, sous l'autorité du gouvernement de Vichy dirigé par le maréchal Pétain, qui porte le titre de chef de l'État français (voir : « Origine de la zone libre »).

La zone libre est envahie le 11 novembre 1942 (opération Attila) par les Allemands et les Italiens à la suite du débarquement allié en Afrique du Nord le 8. Dès lors, la zone libre est appelée « zone Sud » et la zone occupée est appelée « zone Nord ».

Sommaire

Origine de la zone libre

Article détaillé : Armistice du 22 juin 1940.

À la suite de la bataille de France, la convention d'armistice signée le 22 juin 1940, à la clairière de Rethondes, en forêt de Compiègne, entre le représentant du Troisième Reich allemand, le maréchal Keitel et celui du gouvernement français du maréchal Pétain, le général Huntziger stipule en son article 2 :

« En vue de sauvegarder les intérêts du Reich allemand, le territoire français, situé au nord et à l'ouest de la ligne tracée sur la carte ci-annexée, sera occupé par les troupes allemandes. [...][1] »

La ligne de séparation du territoire français en deux zones, est définie par un tracé figurant sur une carte annexée[1] :

« [...] commence, à l'est, à la frontière franco-suisse, près de Genève, et est jalonnée ensuite par les localités de Dole, Paray-le-Monial et Bourges, jusqu'à environ vingt kilomètres à l'est de Tours. De là, elle passe à une distance de vingt kilomètres à l'est de la ligne de chemin de fer Tours-Angoulême-Libourne, ainsi que, plus loin, par Mont-de-Marsan et Orthez, jusqu'à la frontière espagnole[1]. »

Cette ligne de séparation du territoire prend effet le 25 juin 1940[2]. Elle prendra par la suite le nom de ligne de démarcation[3].

La souveraineté française s'exerce sur l'ensemble du territoire, y compris la zone occupée, l'Alsace et la Moselle, mais dans la zone occupée, la convention d'armistice, en son article 3[1], stipule que l'Allemagne exerce les droits de la puissance occupante :

« Dans les régions occupées de la France, le Reich allemand exerce tous les droits de la puissance occupante. Le Gouvernement français s'engage à faciliter par tous les moyens les réglementations relatives à l'exercice de ces droits et à la mise en exécution avec le concours de l'Administration française. Le Gouvernement français invitera immédiatement toutes les autorités et tous les services administratifs français du territoire occupé à se conformer aux réglementations des autorités militaires allemandes et à collaborer avec ces dernières d'une manière correcte[1]. »

La zone libre regroupait un territoire de 246 618 km2 (soit 45 % du territoire français) eLa ligne de démarcation traversait treize départements : Basses-Pyrénées (Pyrénées-Atlantiques depuis 1969), Landes, Gironde, Dordogne, Charente, Vienne, Indre-et-Loire, Loir-et-Cher, Cher, Allier, Saône-et-Loire, Jura, Ain[4],[2]. Sur un total de 90 départements, l'Armée allemande (la Wehrmacht) en occupait entièrement 45, 13 partiellement et 35 qu'elle n'occupait pas.

La zone libre et l’Italie

Une zone d’occupation italienne a été instituée par l’armistice du 24 juin 1940[5] signé à la villa Incisa, à Olgiata près de Rome, entre les représentants de la France et de l’Italie. Ce nouvel armistice est signé peu après l’armistice du 22 juin 1940 entre la France et l’Allemagne.

Cette zone d'occupation italienne se résume à quelques zones frontalières conquises par les troupes italiennes, dont Menton. Cette zone est d’importance réduite : 800 km2, 28 000 habitants[6], mais jouera un rôle essentiel dans la sauvegarde des Juifs et la relative protection qu'elle offrait aux résistants. Quatre départements français sont ainsi partiellement occupés : Alpes-Maritimes, Basses-Alpes (Alpes-de-Haute-Provence depuis 1970), Hautes-Alpes, Savoie[6].

En outre, une zone démilitarisée était établie en territoire français sur une largeur de 50 km à vol d’oiseau à partir de la zone d'occupation italienne en France.

Le département de la Corse[7] n'est ni occupé ni démilitarisé lors de cet armistice.

La fin de la zone libre

La zone libre est envahie le 11 novembre 1942[8] (opération Anton, variante du plan Attila) par les Allemands et les Italiens suite au débarquement allié en Afrique du Nord le 8, et prend le nom de « zone Sud ». Cette zone Sud est partagée entre les deux envahisseurs[5],[9].

À partir de novembre 1942, une zone recouvrant pratiquement toute la région est du Rhône (rive gauche) est donc attribuée aux Italiens.

Après la capitulation italienne rendue publique le 8 septembre 1943 (armistice de Cassibile), les troupes italiennes se retirent de la zone Sud qui retrouva ainsi son « unité ».

Appellation et conjecture sur le découpage

Autres appellations de la zone libre

Jusqu'en novembre 1942, les Allemands appelaient cette zone libre Unbesetztes Gebiet c'est-à-dire la « zone non occupée » car la Wehrmacht n’occupait pas cette partie de la France.

La zone libre était surnommée la « zone nono », pour « non occupée ». Par un jeu de mot franco-allemand, puisque « nono » voulait dire « non-non », la zone occupée était en conséquence surnommée « zone jaja » (c'est-à-dire « zone oui-oui »).
La zone libre a aussi été surnommée le « royaume du maréchal » par Jacques Delperrié de Bayac[6].

Conjectures sur le découpage des zones

Pour l'historien Éric Alary[10], le découpage de la France en deux zones principales (zones libre et occupée) s'est inspirée en partie de l'imaginaire des écrivains pangermanistes, notamment de l’ouvrage d’un certain Adolf Sommerfeld publié en 1912 et traduit en français sous le titre Le Partage de la France, qui comporte une carte[11] montrant une France partagée entre l’Allemagne et l'Italie selon un tracé qui épouse en partie celui de 1940.

Henri Espieux indique[12] : « Pendant l'occupation, les franciens furent séparés des occitans par la trop fameuse « ligne de démarcation ». Nous avons longtemps pensé que le tracé de cette ligne avait été suggéré à Hitler par les romanistes de son entourage. »

Notes et références

  1. a, b, c, d et e La convention d'armistice, sur le site de l'Université de Perpignan, mjp.univ-perp.fr, consulté le 29 novembre 2008.
  2. a et b [PDF]« La ligne de démarcation », collection « Mémoire et Citoyenneté », no 7, sur le site du ministère de la Défense defense.gouv.fr, consulté le 24 octobre 2008.
  3. Le nom : « Ligne de démarcation » ne figurant pas dans la convention d'armistice, il sera donné par la suite en traduction de l'allemand : Demarkationslinie.
  4. Éric Alary, La Ligne de démarcation (1940-1944), PUF, collection « Que sais-je ? », no 3045, 1995, p. 4.
  5. a et b Giorgio Rochat (trad. Anne Pilloud), « La campagne italienne de juin 1940 dans les Alpes occidentales », Revue historique des armées, no 250, 2008, p. 77-84, sur le site du Service historique de la Défense, rha.revues.org. Mis en ligne le 6 juin 2008, consulté le 24 octobre 2008.
  6. a, b et c Jacques Delperrié de Bayac, Le royaume du maréchal – Histoire de la zone libre, Éditions Robert Laffont, 1975, p. 14.
  7. Scindé en deux départements en 1976.
  8. « Invasion de la zone libre », sur le site histoire-en-questions.fr, consulté le 24 octobre 2008.
  9. [PDF]« L’occupation italienne », sur le site resistance-en-isere.com, consulté le 24 octobre 2008.
  10. Éric Alary, « Les racines pangermanistes du compartimentage de la France », dans La Ligne de démarcation – 1940-1944, éd. Perrin, Paris, 2003, 429 p. (ISBN 2-262-01598-8 et 978-2262015985), p. 35-37.
  11. Cette carte est reproduite page 12, dans Éric Alary, La Ligne de démarcation (1940-1944), éd. Presses Universitaires de France, collection « Que sais-je ? », no 3045, 1995, 128 p. (ISBN 2130474160 et 978-2130474166).
  12. Henri Espieux, Histoire de l’Occitanie (préf. Robert Lafont, trad. de l'occitan par Jean Revest), éd. Centre culturel occitan, Agen, 1970, 245 p., note 1, p. 218.

Voir aussi

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Bibliographie

Articles connexes



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